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Politique Publié le jeudi 14 mai 2009 | Le Patriote

Election présidentielle en Côte d’Ivoire - Boureima Badini sur ‘’Africa 24’’“2009 est vraiment le dead line”

Il est magistrat de formation, ancien ministre de la Justice dans son pays, le Burkina Faso ; il a revêtu depuis 2007, la tunique de diplomate. Ambassadeur, Représentant Spécial du Président burkinabè Blaise Compaoré, le Facilitateur de la crise ivoirienne, Boureima Badini a pour mission de faire aboutir l’Accord Politique de Ouagadougou signé en mars 2007.


Africa 24 : Monsieur Boureima Badini, qu’est-ce qui retarde aujourd’hui, la tenue des élections en Côte d’Ivoire?
Boureima Badini : En fait, de mon point de vue, rien ne retarde la tenue des élections en Côte d’Ivoire. Il est évident que depuis la signature de l’Accord Politique de Ouagadougou, en mars 2007, nous aurions dû rendre le tablier parce que les résultats qui devaient conduire aux élections devraient être faits, mais nous avons été confrontés à des difficultés ; notamment des difficultés d’ordre financier. Comme vous le savez, pour sortir de la crise ce n’est pas facile. Nous avons pris le temps nécessaire pour mettre les petits plats dans les grands, afin que l’élection aboutisse dans la sérénité, la paix et donc dans la tranquillité.

Africa 24 : L’opinion publique a quand même des craintes légitimes. Ces élections ont été sans cesse reportées depuis plusieurs années?
Boureima Badini : C’est vrai, je suis entièrement d’accord avec vous, mais il est évident qu’après six ans de crise et après la signature de l’Accord Politique de Ouagadougou, nous sommes quand même dans une paix relative qui permet aux ivoiriens de vaquer à leurs occupations et aux politiciens de voir comment gérer cette question centrale qui a été posée : la question identitaire. Je crois que nous sommes dans toute la sérénité requise pour arriver à quelque chose d’assez efficient pour la sortie de crise.

Africa 24 : Alors, est-ce que vous avez un agenda, un calendrier précis pour la date des élections?
Boureima Badini : L’agenda sera bientôt déroulé par la Commission Electorale Indépendante ; c’est son rôle de pouvoir le faire. Nous pensons que 2009 est vraiment le dead line.

Africa 24 : L’ancien Président Henri Konan Bédié aura 75 ans en mai 2009 ; ce qui l’éliminerait de la course à l’élection présidentielle si l’élection n’a pas lieu à cette date.
Boureima Badini : Je dirais que la signature de l’Accord de Linas Marcoussis a réglé entièrement le problème. Pratiquement, tous les signataires de l’Accord de Linas Marcoussis pouvaient être candidats à l’élection présidentielle. Ainsi, donc la candidature de Monsieur Alassane Dramane Ouattara est réglée ; la question de l’âge à la retraite est aussi réglée pour Monsieur Henri Konan Bédié.

Africa 24 : Est-ce que dans ce cas précis, il faudra modifier la constitution ou alors, ces accords priment sur la constitution ivoirienne?
Boureima Badini : C’est un accord consensuel qui a amené effectivement à l’ajustement du code électoral qui permet à ces différents signataires de l’Accord de Linas-Marcoussis d’être candidats. Nous pensons que la question est déjà réglée.

Africa 24 : Donc, pour être précis, Henri Konan Bédié pourra être candidat à l’élection présidentielle même si elle avait lieu en 2010?
Boureima Badini : Je pense que si nous appliquons effectivement l’Accord de Linas-Marcoussis, entériné en cela par l’accord de Pretoria, il n’y aurait aucun problème.
Africa 24 : Peut-on organiser des élections sans que les parties belligérantes n’aient déposé les armes?
Boureima Badini : l’Accord Politique de Ouagadougou, notamment les accords complémentaire 3 et 4 ont précisé les questions militaires qui doivent effectivement conduire à l’élection présidentielle sans problème, notamment l’Accord 4 qui dit que le maximum sera fait pour qu’il n’y ait pas d’armes en circulation aussi bien au niveau des Forces Nouvelles qu’au niveau des miliciens. L’une de ces dispositions qui me semble tout à fait pertinente, il a été dit que les Forces Nouvelles auraient un cantonnement de 5.000 ex-combattants dans 4 casernes.

Africa 24 : Aujourd’hui où en êtes-vous?
Boureima Badini : Aujourd’hui, nous sommes à l’évaluation pour mettre en adéquation le lieu de cantonnement par rapport aux autres et donc les 5.000 ex-combattants seront cantonnés. 3.400 autres ex-combattants iront au Centre de Commandement Intégré (CCI) pour le compte de la sécurisation du processus électoral. Je pense que nous pourrons avoir le désarmement avant les élections. Le reste des ex-combattants sera démobilisé par rapport aux 500.OOO francs CFA que chacun aura. Il faut noter que le problème de financement reste posé, mais je pense que le budget ivoirien va se charger de résoudre cela dans le budget 2009.

Africa 24 :Avez-vous toute la garantie pour la sécurisation du processus électoral?
Boureima Badini : Vous savez, dans cet exercice de cette nature, on ne peut pas avoir toutes les garanties, mais nous pensons que nous mettrons tout ce qui est en notre pouvoir pour que la sécurisation du processus électoral se fasse de façon sereine, notamment le déploiement du Centre de Commandement Intégré, car comme vous le savez, ce sont les deux forces belligérantes, les Forces de Défense et de Sécurité de Côte d’Ivoire et les Forces Armées des Forces Nouvelles qui vont sécuriser en premier lieu le processus électoral. Ensuite vous avez les forces impartiales, les Forces de l’ONUCI appuyées par Force Licorne. Donc, nous pensons que le déploiement de toutes ces forces, non seulement à l’intérieur de la Côte d’Ivoire, mais aussi pour sécuriser les frontières ivoiriennes, permet d’être tout à fait serein pour la sécurisation du processus électoral.

Africa 24 : Aujourd’hui, comment est-ce que vous comptez arriver à bout de ces suspicions qui entourent la mise en place de ce Centre de Commandement intégré entre deux forces belligérantes ?
Boureima Badini : Mais en fait, il n’y a pas de suspicions ; Le Centre de Commandement Intégré est cogéré par les deux généraux qui commandent les deux forces belligérantes et ça se passe bien entre le Général Mangou et le Général Bakayoko. Ils se réunissent régulièrement à Yamoussoukro avec l’appui des forces impartiales. Moi-même, j’ai déjà assisté à certaines de leurs réunions et ils travaillent en bonne intelligence

Africa 24 : La Côte d’Ivoire peut-elle se passer aujourd’hui de la présence des troupes onusiennes sur son territoire ?
Boureima Badini : Je pense que non. La dernière résolution des Nations Unies est pertinente en la matière. On a réduit les effectifs, mais les forces sont toujours là. Comme je l’ai dit, les forces impartiales vont participer effectivement à la sécurisation du processus électoral. Ce sont des gens qui sont là, qui apportent plus de sécurité, plus de crédibilité dans le processus. Africa 24 : Est-ce que ça veut dire que les risques de reprise d’une guerre sont encore réels dans le pays ?
Boureima Badini : Non, je pense qu’il n’y a pas de risque de reprise de la guerre dans ce pays. Tout le monde est d’accord et nous sommes en train de voir comment faire le management nécessaire, surtout sur le plan politique pour sortir définitivement de la crise, mais pour ce qui est des armes, je pense qu’on ne pourra pas reprendre la guerre.

Africa 24 : Vous avez manifestement beaucoup de mal à mettre en œuvre l’accord complémentaire Ouaga 4 de décembre 2007, notamment sur les questions militaires. Pourquoi ça coince?
Boureima Badini : En Réalité, comme je le disais tantôt, ce sont des problèmes financiers qui sont à la base de cette affaire. Nous devons trouver 500.000 francs CFA pour chaque ex-combattant des Forces Nouvelles, 500.000 francs CFA pour chaque milicien ; c’est ce qui pose problème, mais je pense que le Premier ministre s’atèle à résoudre cette question et les choses pourraient se passer normalement.

Africa 24 : Est-ce que vous avez le sentiment, comme nous, que les partenaires financiers occidentaux rechignent à accompagner ce financement de sortie de crise?
Boureima Badini : Non. Chacun a son timing dans cette affaire. Il faut dire que c’était un filet de sécurité qui devait être donné dès le départ. Le filet de sécurité n’a pas bien donné parce que certaines parties avaient refusé cela, notamment les Forces Nouvelles, préférant les programmes de réinsertion. Malheureusement, ces programmes n’ont pas été financés à la hauteur des attentes par les bailleurs de fonds. Nous étions donc obligés de revenir au filet de sécurité, mais il se trouve que les bailleurs de fonds ont donc des programmes qu’ils sont en train d’exécuter pour les ex-combattants de Forces Nouvelles et pour les miliciens mais aussi pour la jeunesse ivoirienne. Donc, je pense que la partie ivoirienne va prendre en charge l’exécution du filet de sécurité, afin que le processus puisse se poursuivre dans toute la sérénité requise.

Africa 24 Nombreux sont ceux qui estiment que l’élection présidentielle ne va pas régler les problèmes de la Côte d’Ivoire. Est-ce également votre sentiment?
Boureima Badini : Vous savez, un pays vit toujours avec des problèmes. Mais c’est évident que c’est un problème qui a été posé et actuellement, nous sommes cantonnés à la résolution de ce problème qui a généré la crise ; c'est à dire le problème identitaire. Mais je pense que d’ici là, si ce problème est réglé, il est évident que les institutions républicaines vont prendre à bras le corps la résolution de ce problème. Chaque pays a ses problèmes. On ne voit donc pas comment l’élection présidentielle va régler tous les problèmes de la Côte d’Ivoire.

Africa 24 : Vous résidez en Côte d’Ivoire depuis plus d’un an. Est-ce que quand vous marchez dans la rue vous avez le sentiment que la crise identitaire est toujours réelle dans le pays?
Boureima Badini : Non. Je crois quand même qu’il y a des pas importants qui ont été faits. Les gens ont commencé à mieux se connaître, à se comprendre, à parler entre eux. Donc nous pensons que la crise a été pour quelque chose. C’est comme on le dit souvent, «à quelque chose, malheur est bon», mais ça permis aux ivoiriens de se réconcilier et honnêtement de regarder dans la même direction. Je crois que même s’il va avoir quelques résidus, il est évident que ça ne sera pas de grands risques encore, qui vont perturber la quiétude de la vie en Côte d’Ivoire. Donc, je pense que la situation va évoluer positivement. Il restera bien sûr, comme je le disais tantôt, d’autres problèmes comme tous les autres pays à travers le monde.

Africa 24 : Franchement, est-ce que vous n’avez pas l’impression de tourner en rond ici en Côte d’Ivoire? Il y a eu l’Accord Politique de Ouagadougou en 2007, Ouaga 2, Ouaga 3 et Ouaga 4 ; peut-être bientôt Ouaga5?
Boureima Badini : Non ; le Chef de l’Etat burkinabè a dit qu’il n’y aura pas de Ouaga 5. C’est son souhait et cela va se faire. J’ai confiance en ce que le Chef de l’Etat dit ; j’ai confiance aux acteurs politiques ivoiriens et ce que je peux dire, c’est que la volonté a été affichée et affirmée depuis longtemps par les deux signataires de l’Accord Politique de Ouagadougou, d’exécuter cet accord. Notamment le Président de la République, Monsieur Laurent Gbagbo, le Premier ministre Guillaume Soro, aidés en cela par les autres acteurs de la vie politique ivoirienne. Donc, jusqu’ici, je n’ai pas senti de perturbation ou d’hésitation en la matière. Donc je ne pense pas que nous tournons en rond. Nous avons quand même fait beaucoup d’efforts depuis. Nous avons organisé les audiences foraines, nous sommes actuellement à la phase de l’identification et de l’enrôlement. Aujourd’hui on parle d’élections, ce qui veut dire qu’on avance. Je pense que nous pouvons demeurer optimistes.
Transcription : Jean-Baptiste ILBOUDO (Service de communication Badini)
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