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Politique Publié le mercredi 19 janvier 2011 | Le Nouveau Courrier

Aux côtés de la FIRPAC…la FIRSO

Pour certains partisans d'Alassane Ouattara, son installation au pourvoir en Côte d'Ivoire, relève d'une question de principe. En effet, pour eux, la reconnaissance de la victoire de Laurent Gbagbo, proclamé vainqueur par le Conseil Constitutionnel, pourrait avoir un impact sur les prochaines élections en Afrique. L'Afrique s'attend à l'organisation d'une dizaine d'élections au cours de la seule année 2011. Il est à craindre que des chefs d'état au pouvoir soient tentés de s'appuyer sur leur Conseil Constitutionnel ou équivalent pour se maintenir au pouvoir.

Mais ce raisonnement n'est-il pas un simple alibi pour éviter la gêne des fraudes massives dont s'est rendu coupable l'état major de Ouattara et l'implication de l'ONU dans une si grossière forfaiture? Un tel argument peut-il résister à l'analyse des faits? D'abord, une simple crainte ou appréhension peut-elle servir à justifier l'élection d'un président contre la volonté de son peuple, cette élection devant alors légitimer des fraudes massives et la tricherie institutionnelle allant jusqu'à discréditer l'ONU? A cette allure et, risque pour risque, ce sont les indépendances africaines qui seront remises en cause par l'usage des rebellions.

Quelques milliers de dollars pour offrir des armes à une opposition locale minoritaire et le tour est joué! Un pays pauvre endetté pour servir de base arrière, combinée à l'instrumentalisation des différences ethniques ou des conflits intercommunautaires avérés ou supposés; ce n'est pas le plus difficile à trouver ou à mettre en place. Le terreau existe et est même fertile. Ce compost est obtenu par un mélange de la faiblesse de nos institutions, la pauvreté, en milieu rural comme urbain et surtout l’analphabétisme. Le peu d'instruction des masses africaines est le plus grand danger pour les pays du plus vieux continent et les puissances occidentales s'en donnent à cœur joie, heureuses, de compter sur la cupidité des cadres politiques locaux, coupables de traîtrise vis-à-vis des populations qui se sont saignées pour leur formation. Une formation dont ces populations attendaient pourtant beaucoup pour le décollage du berceau de l'humanité. Par notre faiblesse face à la corruption, nos différences qui devaient nous enrichir sont utilisées comme un obstacle à notre culture de l'amour et de la tolérance.

Or les fraudes opérées en zones CNO par le camp Ouattara ont été possibles à cause de la rébellion qui contrôle ces zones et qui n'a pas désarmé, malgré tous les accords qui prévoyaient le désarmement avant les élections. Aucune élection ne peut s'organiser sans quelques fraudes ou incidents. Mais dans le cas de la Côte d'Ivoire, c'est l'ampleur des fraudes et le rôle joué par l'ONU qui choquent. Et si les Ivoiriens résistent et sont prêts à être "conduits au TPI par vagues de bateaux", c'est bien parce que l'ONU et la communauté internationale sont allés trop loin. Ce n'est donc pas le rôle du Conseil Constitutionnel qui est ici en cause mais les conditions d'organisation des élections. Si les prochaines élections en Afrique sont organisées dans des pays divisés et dont la moitié Nord est aux mains d'une rébellion armée - protégée par ses alliés de la communauté internationale - au service exclusif d'un des candidats, alors elles conduiront à une crise postélectorale.

Lundi dernier, dans la commune du Plateau, c'est par centaines que les jeunes de la "Sorbonne" (espace au pied d'un immeuble squatté en plein cœur du Plateau) se sont spontanément retrouvés, en quelques secondes, dans les environs de l'agence nationale de la Bceao. Ils entendaient ainsi "défendre la prise de la Bceao" par un convoi de casques bleus, partis pourtant sécuriser l'arrivée du médiateur de l'UA attendu dans un hôtel jouxtant la Bceao. Pour se défaire de cette foule, les casques bleus ont dû recourir à des tirs de sommation. Dans un premier communiqué, l'ONUCI a présenté les faits tels que décrits plus haut. Mais à quelques heures du vote du projet de résolution sur la Côte d'Ivoire par le Conseil de sécurité, une autre version a été fournie, "accusant les FDS d'avoir ouvert le feu sur les casques bleus, obligeant ceux-ci à riposter".

Soit deux versions, en l'espace de 24 heures. Pour des faits qui se sont passés en plein jour et pendant le séjour du Médiateur. Evidemment, ce mensonge n'a pas suffit à la signature du projet de résolution qui s'est heurté au "niet" de la Chine, de la Russie, du Brésil et de l'Afrique du Sud.

L'ONUCI, voudrait porter un coup à sa crédibilité et desservir du coup son poulain Alassane Ouattara, qu'elle ne s'y prendrait pas autrement.
La leçon à tirer de cet incident se trouve aussi au niveau de la relation entre les mensonges de l'ONUCI et le renforcement de la résistance des Ivoiriens. Cet incident dessine aussi la forme de la résistance en cas d'attaque de la Côte d'Ivoire par des troupes militaires. On connaissait la FIRPAC (Force d'Intervention rapide para-commandos), unité d'élite mise en place par le Général Robert GUEI. Les Ivoiriens qui usent d'humour pour surmonter les coups durs, viennent de découvrir la FIRSO (Force d'intervention rapide de la Sorbonne). Aux côtés des forces régulières, les populations seront intraitables. Progressivement la résistance se met en place.

L'imparable rideau du nationalisme et du patriotisme dont parle Junior Lambert Depie dans l'émission "Raison d'état" n'a pas eu besoin d'être organisé. Si cela a été si spontané, c'est bien parce que le combat prend ses racines dans la vérité. Sans vérité, quelle conviction peut résister à l'usure du temps? La diabolisation à outrance de Gbagbo par le mensonge n'a pas pu venir à bout de la détermination des ivoiriens, jeunes et vieux, hommes et femmes. Car derrière le vocable de "jeunes patriotes" se cache tout le corpus social de la résistance. Les jeunes sont motivés par leurs parents et vice versa.

Dans les foyers des hauts cadres, ce sont les femmes qui sont omniprésentes pour maintenir la flamme militante de leur homme. Toute parole de découragement, toute remarque même minime par rapport aux erreurs commises par le régime est battue en brèche car pour leurs épouses, "ce n'est pas le moment, ni même le lieu". La Nation au-dessus des complaintes. Ce sont elles qui lisent et écoutent le plus les chaines de télévision, prêtes à relever l'injustice et à maintenir ainsi en alerte maximum leurs époux, engagés dans le combat de la liberté et de la dignité.

Par Sékou Assegoué Godpeace
fraternelleeburnie@yahoo.fr
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