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Politique Publié le samedi 9 avril 2011 | AFP

Gbagbo ne cède rien, situation humanitaire dramatique

© AFP Par Emma
Crise post-électorale: pénurie d`eau et coupures d`électricité dans certains quartiers d`Abidjan
Jeudi 7 avril 2011. Abidjan, Koumassi. Photo: corvée d`eau dans les puits du quartier, suite à la défection de la Sodeci
Le président sortant Laurent Gbagbo, toujours retranché dans sa résidence d`Abidjan défendue par des centaines d`hommes, n`a pas cédé un pouce de terrain vendredi, tandis que l`ONU qualifiait
d`"horrifiantes" les informations sur la situation dans l`ouest du pays.
Après avoir lancé la veille un appel solennel à l`unité, Alassane Ouattara,
le président internationalement reconnu, est confronté, après l`offensive
éclair de ses troupes jusqu`à la capitale, à l`immense défi de rétablir la
sécurité.
A Abidjan, l`ambassade de France a affirmé que la résidence de
l`ambassadeur avait été attaquée, pour la deuxième fois en moins de 48 heures,
par des forces loyales à Laurent Gbagbo. Le camp Gbagbo a aussitôt démenti.
Selon l`ambassade, la résidence a été la cible de deux tirs de mortier et
d`un tir de roquette "à partir de positions tenues" par des éléments loyaux à
M. Gbagbo, vendredi à 16h00 (heure locale et GMT).
Et l`ambassade a menacé: "La France rappelle que conformément à la
résolution 1975 du Conseil de sécurité de l`ONU, les Forces impartiales
(mission onusienne Onuci et force française Licorne) sont en droit de mettre
en oeuvre leur mandat afin de prévenir l`usage d`armes lourdes par toutes les
parties du conflit".
Mais Ahoua Don Mello, porte-parole de Laurent Gbagbo, a démenti toute
attaque.
"Nous démentons formellement l`attaque de la résidence de l`ambassadeur de
France. Toutes les armes lourdes de la résidence du président Gbagbo (qui
jouxte le bâtiment, ndlr) ont été détruites, eux-mêmes (les Français) l`ont
affirmé", a-t-il dit.
"Ce sont des manoeuvres dilatoires pour attaquer (la télévision d`Etat)
RTI, qui vient de reprendre, et la résidence du président Gbagbo", a ajouté le
porte-parole.
Selon des habitants, le signal de la RTI a effectivement repris vendredi
dans plusieurs quartiers d`Abidjan. D`après ces témoignages, la télévision
diffusait, outre des séries télévisées, un bandeau déroulant qui appelait à la
mobilisation et à la prière et qui démentait que les forces pro-Gbagbo aient
attaqué la résidence française.
A New York, le chef des opérations de maintien de la paix de l`ONU, Alain
Le Roy, a déclaré que les troupes fidèles à Laurent Gbagbo avaient renforcé
leurs positions et étaient toujours en possession de chars et d`armes lourdes.
Les forces pro-Gbagbo ne sont qu`à un kilomètre de l`hôtel dans lequel
Alassane Ouattara a son quartier général, a affirmé M. Le Roy, parlant à la
presse après une réunion du Conseil de sécurité de l`ONU consacrée à la crise
en Côte d`Ivoire.
Ce responsable a par ailleurs souligné que les Nations unies refusaient
d`être impliquées dans toute stratégie visant à "couper les vivres" à Laurent
Gbagbo.
"Nous n`avons rien à voir avec cela. Que les choses soient claires. Nous ne
soutenons en rien cela, et nous n`y prenons pas part", a insisté M. Le Roy,
alors que les forces pro-Ouattara ont évoqué l`idée d`affamer Laurent Gbagbo.
Vendredi en milieu d`après-midi et en début de soirée, des combats à la
mitrailleuse lourde et à l`arme légère ont fait rage dans le périmètre qui
englobe la résidence de M. Gbagbo, la RTI et l`école de gendarmerie, trois
bastions du président sortant, ont rapporté un journaliste de l`AFP et un
habitant.
Charles Blé Goudé, le leader des "jeunes patriotes" de Laurent Gbagbo, a
appelé vendredi à un "dialogue inter-ivoirien", dans un entretien à la chaîne
de télévision France 24.
"C`est la seule issue pour contrôler cette crise", a déclaré M. Blé Goudé,
surnommé "le Général de la rue" pour sa capacité à mobiliser les masses
estudiantines.
Après l`impasse politique née de l`élection présidentielle du 28 novembre
et l`enlisement militaire, Abidjan, livrée aux pillards, est confrontée à
l`urgence humanitaire.
"Abidjan est une tragédie humaine", a déclaré le représentant du Bureau de
coordination des affaires humanitaires de l`ONU (Ocha) en Côte d`Ivoire,
Carlos Geha, ajoutant que l`eau manquait depuis quatre jours.
"La plupart des magasins, toutes les petites épiceries ont été pillés,
tandis que le prix du pain, des cigarettes, du sac de blé... a triplé au cours
de ces dernières 48 heures, depuis qu`il y a eu une accalmie", a-t-il souligné.
Dans l`ouest du pays, contrôlé par les forces pro-Ouattara et où plusieurs
organisations humanitaires ont dénoncé des massacres de centaines de
personnes, les informations collectées par les enquêteurs de l`ONU sur les
droits de l`homme sont "absolument horrifiantes", a déclaré à Genève le Haut
commissaire aux droits de l`homme, Navi Pillay.
"Au cours de la seule journée d`hier, ils ont trouvé 118 corps dans les
trois villes de Duékoué, Bloléquin et Guiglo, dans l`ouest du pays", a indiqué
Mme Pillay dans un communiqué.
"Certaines des victimes semblent avoir été brûlées vives", a précisé son
porte-parole.
"La situation à Abidjan est également épouvantable", a déclaré Mme Pillay.
Les agences de l`ONU ont demandé l`ouverture de couloirs humanitaires pour
venir en aide aux populations fuyant les violences.
A Duékoué, quelque 30.000 personnes, souvent affamées, s`entassent dans une
mission catholique.
M. Ouattara a demandé à ses forces "de prendre toutes les dispositions pour
assurer le maintien de l`ordre et la sécurité des biens".
Faisant écho à une demande de M. Ouattara, l`Union européenne a annoncé
vendredi la levée des sanctions frappant les ports d`Abidjan et de San Pedro
(premier port d`exportation du cacao au monde), tout comme celles pesant sur
plusieurs entreprises liées notamment au secteur du cacao.
L`UE imposait jusque là un embargo sur les deux ports pour faire pression
sur Laurent Gbagbo et le contraindre à céder le pouvoir.
D`autre part, le regroupement des expatriés vers le camp militaire français
de Port-Bouët à Abidjan, près de l`aéroport international, par la Force
Licorne s`est poursuivi vendredi, ainsi que les évacuations vers plusieurs
pays de la région. L`ONU et les militaires français ont aussi poursuivi les
évacuations de diplomates étrangers.
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