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Politique Publié le samedi 11 juin 2011 | Nord-Sud

Nomination au gouvernement : Chaque région doit-elle avoir son ministre ?

Pour avoir apporté un soutien indéfectible à un candidat, des régions entières attendent de lui qu'il nomme leurs ressortissants à des postes ministériels. Quand cela n'est pas fait, c'est la déception et la levée de boucliers.Voilà qui soulève un problème de mentalité de nos populations.

Des militants fulminent après la formation du récent gouvernement. Ils dénoncent, tous ou presque, un partage inéquitable des postes ministériels. Non pas parce qu'ils attendaient que leurs partis politiques respectifs bénéficient d'un ou plusieurs ministères, mais parce qu'ils priaient pour qu'au moins un fils de leur région soit nommé ministre. L'avis d'un Ivoirien de la diaspora traduit aisément cette attente. «Je suis déçu de ce gouvernement. Comment Ado (Alassane Ouattara) peut-il ignorer la géopolitique à quelques mois des législatives?», rage Maurice Tuo, agent de sécurité à Évry (Essone, en France), selon Karim Waly, correspondant Europe basé à Paris de Nord-Sud Quotidien, le vendredi 3 juin. La géopolitique, le mot est lâché. Il s'accorde sensiblement avec « gouvernement d'union nationale » tel que promis par le président de la République, Alassane Ouattara. Mais est-ce que la géopolitique rime avec nomination région par région au sein du gouvernement ? Que non. A priori, pour ces grognons, une équipe gouvernementale est le reflet de la cartographie régionale d'un pays. Leur petit calcul les avait préparés à se féliciter d'un gouvernement semblable à un puzzle de 19 pièces : le nombre de régions que compte la Côte d'Ivoire. Les suivre dans leur logique reviendrait à penser comme eux que chacun des 59 départements ivoiriens doit aussi avoir son ministre. Pourquoi pas ? Dans ce cas, le gouvernement actuel ne serait plus « pléthorique », comme il a été critiqué, mais il serait astronomique. Inutile donc de prospérer dans l'arithmétique d'une région égale un ministre, parce qu'elle est dénuée d'objectivité et de réalisme. En effet, la Côte d'Ivoire qui sort d'une grave crise qui l'a désarticulée, l'attente est que des intelligences l'aident à relever notamment des défis énormes, notamment celui de la relance économique. C'est pourquoi le critère de la « compétence » avancé par Alassane Ouattara avait réjoui plus d'un Ivoirien. Pareil pour le caractère technocrate du gouvernement que l'on avait souhaité à cette équipe. Mais à la réalité, on comprend aujourd'hui que ces bases de recrutement n'étaient pas du goût des partisans de gouvernements politiques, à coloration régionale. Ces critères ont même ruiné leurs espoirs à en juger par la virulence de leurs critiques. Au moment où un nouveau régime vient expérimenter une « renaissance », faut-il encore rester attacher aux affinités dont les Ivoiriens et les spécialistes de la bonne gouvernance disent tant de mal ? Chaque région doit-elle vraiment avoir son ministre dans un pays où le tribalisme, le népotisme, le favoritisme et le régionalisme ont causé du tort au fil des gouvernements passés ? Est-ce parce qu'une région a voté massivement un candidat à l'élection présidentielle qu'il doit faire de ses ressortissants des ministres ? Si la réponse à ces questions est « Non », force est de réaliser que le régionalisme a toujours engendré l'équilibrisme en matière de formation de gouvernement. On nomme par reconnaissance pour contenter tout le monde. Pour ne pas décevoir. Pis, le régionalisme a souventes fois occulté la promotion des intelligences et favorisé le culte de la personnalité. La nomination de ministre (s) par région ne peut qu'engendrer un gouvernement d'obligés : des gens redevables à ceux qui les ont nommés ou fait nommer. Enfin, la conséquence du favoritisme sur fond de régionalisme construit des ministères ou de cabinets ministériels tribalistes, ethniques. Que l'on comprenne, en fin de compte, qu'on vote par conviction politique ; c'est-à-dire sur un programme de développement et non pour faire entrer un fils de région au gouvernement : c'est cela la démocratie. Et pas autre chose.

Bidi Ignace
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