Conseil Constitutionnel : Yao Paul N`Dré débarqué hier au palais présidentiel, Francis Wodié, nouveau président du Conseil constitutionnel

Le président du Conseil constitutionnel, Paul Yao N`Dré a perdu son poste. La décision lui a été signifiée hier lundi 25 juillet 2011 au palais présidentiel après une audience que lui a accordée le président de la République, Alassane Ouattara. Depuis un peu plus de 10h, le président du Conseil constitutionnel était au palais présidentiel, suivi, à 10h 46, par le Pr Ouraga Obou et à 10h 49 par le Pr Francis Wodié. Entre- temps, le chef de l`État recevait des membres du Conseil constitutionnel en l`occurrence Mme Hortense Angora Kouassi épouse Sess, Mme Suzanne Joseph Tohé épouse Ebah, Francois Guéi, Hyacinthe Kabogo Sarassoro et le ministre de la Justice, Me Kouadio Ahoussou Jeannot. Il est un peu plus de 11h20 lorsque celui qui est considéré jusque-là comme le président du Conseil constitutionnel descend les escaliers qui séparent la salle d`audience du hall de la Présidence. La mine grise, Yao Paul N`Dré est aussitôt assailli par les journalistes qui veulent en savoir davantage. Tout de suite, il interpelle l`un de ses collaborateurs avec qui il échange à voix basse avant de revenir sur ses pas. Il monte la deuxième marche des escaliers avant d`indiquer avoir eu des échanges avec le chef de l`Etat sur la situation sociale de la Côte d`Ivoire. « A proprement dit, ce n`était pas une réunion. Nous sommes venus nous concerter avec le président de la République. Dans une période post-électorale difficile, la sortie de crise doit être une affaire de tout le monde. Donc, nous avons discuté d`un ensemble de problèmes qui concernent le pays », a d`abord déclaré Yao N`Dré, visiblement mal à l`aise. Sous le feu roulant des questions des journalistes qui voulaient en savoir davantage sur les réelles raisons de la rencontre du jour, le président du Conseil constitutionnel répète: « nous avons discuté d`un certain nombre de problèmes qui concernent le pays ». Pas satisfaits, les journalistes reviennent à la charge et souhaitent savoir les problèmes qui ont fait l`objet de discussions. Yao N`Dré, l`air agacé, répond: « il y a trop de problèmes en Côte d`Ivoire! Nous devons aller dans la dynamique de la normalisation et de la réconciliation nationale ». A la question de savoir si le Conseil constitutionnel va changer de main, son président botte en touche. « Je n`en sais rien, je vous ai dit la teneur de la rencontre. Je vous remercie », lâche-t-il le visage crispé, avant de s`engouffrer dans son véhicule. Un confrère, qui connaît Yao N`Dré pour l`avoir côtoyé, lâche à son tour: « Je le connais, il n`est pas comme ça,quelque chose en va pas. Quelques minutes plus tard, les services de la communication de la Présidence se mobilisent. Un pupitre est placé juste au bas des escaliers et l`on annonce un communiqué du secrétaire général de la Présidence, Amadou Gon Coulibaly. Celui-ci se présente effectivement, muni d`un document, et se place en face des journalistes. Il lit les décrets signés par le chef de l`Etat portant nomination de nouvelles personnes à la tête et dans des institutions de la République. Yao Paul N`Dré est débarqué au profit de Francis Wanga Wodié qui prend, sans surprise, la tête du Conseil constitutionnel.

Restituer au Conseil constitutionnel son honneur et sa crédibilité

Il sera aidé par trois conseillers au Conseil constitutionnel pour une durée de six ans. Il s`agit du magistrat hors hiérarchie à la retraite Francois Guéi, de Hyacinthe Kabogo Sarassoro et de Emmanuel Kouadio Tanoh. Ensuite viennent Mme Hortense Angora Kouassi épouse Sess, Mme Suzanne Joseph Tohé épouse Ebah et Boniface Obou Ouraga, tous nommés pour une durée de trois ans. Le chef de l`Etat a par ailleurs procédé à la nomination de trois vice-présidents à la Cour suprême, que sont le président de la Chambre judiciaire, Mme Chantal Nanaba Camara, le président de la Chambre administrative, Pierre Claver Kobo et le président de la Chambre des comptes, Moussa Koné. Pour cette journée, Alassane Ouattara a bouclé la série de nominations par la désignation de N`Golo Fatogoma, président du Conseil général de Man, comme Médiateur de la République. La voix brisée par l`émotion, Francis Wodié, le nouveau président du Conseil constitutionnel a annoncé les couleurs: « Je découvre dans ces nominations un autre jalon significatif du mouvement général de renouvellement et de normalisation des institutions. S’agissant du Conseil constitutionnel de manière particulière, je dois dire que nous devons nous attacher à lui restituer son honneur et sa crédibilité », a déclaré le nouveau promu, qui avait du mal à maîtriser ses émotions: « Nous devons agir dans le cadre du statut du Conseil constitutionnel, en tant qu’organe indépendant et impartial oeuvrant à la consolidation de l’Etat de droit et de la sauvegarde du droit et des libertés. Vous savez, le Conseil constitutionnel est un peu comme le gardien de l’application de la Constitution. (...) Je m’y engage et c’est ce à quoi j’engage tous les membres du Conseil constitutionnel. Nous devons agir toujours avec un sens élevé du droit et du devoir », a-t-il ajouté. Quant à Ouraga Boniface Obou, il a dit toute sa satisfaction avant de remercier le président Alassane Ouattara pour la confiance placée en lui. En revanche, il a pris le parti de travailler avec intégrité de sorte à servir la nation et non une personne. « Je voudrais également remercier tous ceux qui m’aiment et tous ceux qui m’ont fait confiance. Et je demande à ceux-là d’être indulgents envers moi pour que je puisse avec abnégation et loyauté m’acquitter envers le chef de l’Etat et envers toute la nation mon devoir d’ingratitude », a-t-il relevé. Peu bavard, le nouveau médiateur de la République, N`Golo Fatogoma a annoncé les chantiers qui l`attendent, notamment la réconciliation nationale qu`il veut aider à réaliser.

Y.DOUMBIA
Légende: Avec son équipe, Wodié veut redorer le blason du Conseil constitutionnel
Code ph: Wodié nommé (Ph: K.P)