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Art et Culture Publié le lundi 19 mars 2012 | Nord-Sud

Grand-Bassam : Dur, dur d’être un artiste-peintre

La situation ne s’est pas encore améliorée pour les artistes-peintres de Grand-Bassam, après la crise postélectorale. Le secteur végète et se meurt à cause du manque de clients.


Les rayons du soleil de 10 heures, ce samedi 3 mars, n’arrivent pas à illuminer la maison des artistes de la ville historique de Grand-Bassam. La demeure des créateurs qui est au creux de la vague depuis une dizaine d’années, a été fortement affectée par la crise postélectorale. La bâtisse a besoin d’une seconde jouvence. Portes et fenêtres vétustes, murs lézardés par endroits, plafond qui suinte l’humidité. Le bâtiment est en désuétude. Ce vieux local, ex-bâtiment des chargeurs au temps colonial, n’est plus un joyau. Il est tombé dans une ruine avancée. « Nous craignons la saison des pluies. Le local est frappé par la vétusté. Nous avons des problèmes d’étanchéité », explique Mathurin Tanoh, jeune artiste-peintre. C’est tout naturellement une ambiance de cimetière qui y règne.

Emergence d’une clientèle locale

Démontrant ainsi que l’art plastique a pris du plomb dans l’aile. Les toiles accrochées au mur attendent en vain des acheteurs. Selon les informations reçues, la descente aux enfers remonte aux élections. Yao Georges, président de la maison des artistes-peintres de Grand-Bassam (Mapgb), accepte difficilement cette situation. «  Nos problèmes ont véritablement commencé après les élections de 2010. Au départ, on enregistrait une légère baisse de la clientèle. Mais aujourd’hui, la situation s’est aggravée », se plaint-il. Pour lui, le retour à la normale qui se matérialise par l’arrivée de touristes européens n’a pas encore d’impact sur les ventes. « Quand les touristes arrivent, ils visitent simplement nos articles. Mais, ne font aucun achat. C’est terrible », déplore-t-il. Le constat, d’après ses explications, est à un renversement de la tendance. « Au départ, nos clients étaient majoritairement des Européens. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Elle est plus abidjanaise », indique-t-il sans grande satisfaction. En effet, la clientèle venue de la capitale économique n’a pas le même pouvoir d’achat et le même amour des œuvres d’art que les Occidentaux. D’après les statistiques établies, la maison des artistes enregistre une trentaine de visiteurs par semaine. Et, les articles sortent difficilement des étals. Par exemple, d’octobre à mars, G. S., un jeune créateur, n’a vendu que trois tableaux. Avoisinant la somme de 200.000 Fcfa. Et depuis lors, plus rien. Pour Mathurin Tanoh, la déchéance a commencé avant 2010. « C’est à partir de 2009 qu’a commencé cette galère. Je suis passé de 30 tableaux peints par mois, à cinq. Malgré cela, aucun ne s’achète », souligne-t-il. La situation n’est pas meilleure dans la galerie de Michel Kodjo, artiste-peintre, premier créateur ivoirien à avoir fait une exposition personnelle. Sa galerie logée dans l’enceinte de la Maison du patrimoine est deserte. Ses activités connaissent une baisse de régime.

Les tentatives vaines
pour la relance

Seulement, le doyen préfère philosopher. «En Afrique, on ne comprend rien aux objets d’arts. Hormis toute autre forme de création, la peinture est presque inconnue du public. Avec la crise, les artistes-peintres ont beaucoup souffert et souffrent encore », soutient-il mélancolique. Le président du Mapgb, Yao Georges, n’est pas resté inactif face au manque d’intérêt pour les créations artistiques. « Nous avons participé à des expositions notamment à l’occasion de la fête de la musique en juin dernier. Nous avons sorti de nouvelles peintures pour capter l’attention des acheteurs. Ça n’a pas donné les résultats escomptés », explique-t-il désemparé. Le projet de réfection de leur demeure, entamé au moment où les affaires se portaient mieux est au point mort. « Quand nos activités se portaient mieux, on avait tenté des travaux. Ce qui avait permis de freiner un tant soit peu, la dégradation de cette bâtisse. Aujourd’hui, faute de moyens nous devons faire face à la ruine. Vraiment, notre crainte est grande », lâche Mathurin. Et, ce n’est pas sur la caisse de solidarité, instituée, qu’il faudra compter. « Nous avions une caisse de solidarité en vue de nous entraider. Aujourd’hui, cette caisse est vide », regrette le président du Mapgb.  


Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam
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