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Art et Culture Publié le lundi 3 juin 2013 | Le Mandat

Hommage : Tangara Speed Godha, 11 ans déjà !

Le 2 juin 2002, l’artiste Tangara Speed rangeait à jamais le micro. 11 ans après. Rétrospective sur la vie de ce Reggaeman hors-pair.

2 juin 2002-201 3, cela fait 11 ans que le reggaeman excentrique Tangara Speed Ghoda a quitté le monde des vivants. L'artiste s'est éteint après avoir gratifié les mélomanes de trois albums qui resteront gravés dans les mémoires pour leur caractère hard. Musulman pratiquant, Tangara aura droit à des obsèques selon les rites de l'Islam. Né D'un père malien et d'une mère ivoirienne (Baoulé), Tangara Speed Ghôda a hérité des riches traditions socioculturelles de ces deux communautés. Ses origines donnent à son reggae une véritable originalité et une puissance. Homme charismatique et véritable bête de scène, il s’est incroyablement engagé à travers ses textes. Porte-parole de sa génération, il a ainsi tenté de sortir les jeunes de la violence et de l’oisiveté. En prônant l’unité des hommes et la solidarité, Tangara Speed Ghôda a marqué son passage et restera à jamais une des icônes de la musique africaine. Un an après sa mort, une compil sonore de 14 titres inédits a été mise sur le marché à la mémoire de l’artiste. Cette galette sonore a battu tous les records de vente à travers toute l'Afrique en 2003.

Ses filles se souviennent

Né le 12 avril 1962 à Bouaké, il est l'aîné d'une fratrie de quatre (4) enfants. Tangara Speed Godha était un type tout à fait particulier. Un homme bizarre et parfois même, mystérieux. Même s’il avait entamé une carrière musicale prometteuse, il savait qu’il ne passerait pas un long temps sur la terre des hommes. Il lui est arrivé parfois de se confier à ses deux filles. Après sa disparition, Kady et sa sœur cadette, Nadia Tangara, se sont remises de cette perte douloureuse. Elles ont réussi à s’adapter à leur situation d’orphelines de père. Mais, ce qu’elles sont loin d’oublier, ce sont les terribles révélations de leur géniteur. Comme si cela datait d’hier, elles ont encore les prédictions de Tangara toujours gravées dans leur mémoire. « Je ne vivrai pas au-delà de 40 ans », ne cessait-il de leur dire. Avec lui, les jours se suivaient mais ne se ressemblaient pas. Parfois, lorsqu’il se réveillait dans un état second, il faisait des prédictions. Comme ce matin où il aurait approché ses filles pour leur révéler qu’il sentait sa fin proche. « Un matin, j’étais avec Nadia. Il est venu s’asseoir à côté de nous. Puis il a dit : les filles, je ne vais pas vivre au-delà de quarante ans. Et c’est une vibration que je ressens fortement dans mon corps. Alors, Nadia lui a dit : Arrête, Papa ! Tu aimes trop ça. Tu aimes trop te mystifier. Il a répondu ceci : je suis sérieux et je ne m’amuse pas », ont-ils échangé. Ses filles l’auraient chahuté pour banaliser cette révélation bien qu’elles fussent déjà sérieusement ébranlées. Au dire de Kady, en Août 2000, le maître du Hakiliso décroche un contrat de spectacle à Hanovre, en Allemagne. C’était à l’occasion de l’Expo Universelle. Le jour de son départ, il a tenu à ce que ses deux filles l’accompagnent à l’aéroport. « Nous avons plaisanté en disant qu’il aime trop fatiguer les gens ». Il nous a répondu en ces termes : “Je ne suis pas sûr de revenir. Alors, accompagnez-moi. Je l’ai donc accompagné”, raconte Kady. Et Nadia, d’ajouter. « Avant de prendre son vol, Papa m’a appelée pour me donner des conseils : Moi, je devais aller aussi au Japon avec mon groupe de danse, le Djolem. Donc, je n’ai pas pu l’accompagner à l’aéroport. Mais, cela ne l’a pas empêché de m’appeler. Il m’a dit que tant que tu n’as pas encore atteint tes objectifs dans la vie, ne te laisse pas engrosser avant ton mariage. Il voulait que je sois autonome avant mon mariage. Quand j’ai voyagé, on m’a appelée quelques mois plus tard, pour m’apprendre que mon père était gravement malade. A mon retour, je ne l’ai plus reconnu, tellement il était mal en point. Alors, j’ai commencé à pleurer ». Contrairement à Nadia, Kady était celle qui était tout le temps au chevet de son père. De son transfert de l’Allemagne à la cour familiale en passant par la clinique. Elle n’avait jamais été si proche de lui. Bien qu’il ait perdu l’usage de la parole, sa fille arrivait à communiquer quand même avec lui. Ne serait-ce que par un signe du regard. Elle devinait tout ce dont il avait besoin. « Je connaissais ses moindres désirs. Un jour, il était couché et un filet de larme coulait de ses yeux jusqu’à sa tempe. J’ai senti qu’il avait envie de fumer son herbe. Il m’a regardée et a détourné la tête. C’était pénible à voir. Peu de temps après, il a rendu l’âme. Il est mort à 40 ans et deux mois. Ça a été un coup dur pour nous ». Raconte Kady, la voix nouée par l’émotion. Avant de demander à tous de pardonner à son père : « Mon père n’a pas blasphémé. Il a dit des choses qu’il a lues et que certaines personnes n’ont pas appréciées. Alors, je demande pardon en son nom pour toutes ses offenses. Car mon père était un incompris », dit Kady.

A.F
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