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Société Publié le lundi 5 août 2013 | Le Patriote

La grande interview / Kouyaté Abdoulaye (Chef de Cabinet du ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement technique) : “Le bilan de l’année scolaire 2012-2013 est plus que positif”

© Le Patriote Par Atapointe
Baccalauréat 2013: Kandia Camara visite les centres d`examens
Mardi 25 juin 2013. Abidjan, lycée technique. Une délégation du ministère de l`education nationale et de l`enseignement technique avec à sa tête madame le ministre, effectue une visite dans les centres d`examens à l`occasion du début des épreuves écrites.
L’année académique 2012-2013 a pris fin. Une autre année scolaire va commencer. Avant d’entrer dans cette nouvelle année, Le Patriote a rencontré le chef de cabinet du ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement technique, Mme Kandia Camara. Dans cet entretien, M. Abdoulaye Kouyaté fait le bilan des deux années écoulées de la dynamique équipe dirigée par Mme le Ministre Kandia Camara, les résultats obtenus et sa volonté de faire de l’école ivoirienne une référence en Afrique et dans le monde comme ce fut le cas dans un passé récent. Une véritable interview-bilan dans laquelle où tout est dit. Jugez-en vous-mêmes.
Le Patriote : Les examens et concours au niveau de l’Education nationale viennent de prendre fin. Quels bilans faites-vous de l’année scolaire 2012-2013 ?
Kouyaté Abdoulaye : Il faut dire que nous venons de loin. Si je regarde les choses depuis le 18 avril 2011 où le Président de la République, Alassane Ouattara a instruit sa collaboratrice Kandia Camara de prendre les rênes du ministère de l’Education nationale, ce n’était pas facile. Nous venions de sortir fraichement de la crise. Elle a su mettre en place une équipe engagée et dynamique. Cette équipe s’est mise résolument au travail et c’est ce qui donne ces résultats. Revenant sur le bilan de l’année scolaire écoulée (2012-2013), l’on peut dire qu’il est largement positif. Pour le CEPE et l’entrée en 6ème, session 2013, nous avons enregistrés 67,3% contre 55,91 % en 2012. Depuis longtemps, on n’avait pas atteint de tels résultats à cet examen. Pour le BEPC, le taux de réussite est de 40,17% contre 17,14 % en 2012. Quant au Bac, on était à un peu plus de 20 % en 2011, 25% en 2012 et nous sommes à 33,58% en 2013. Ce qui est intéressant à remarquer cette année à tous les examens à grand tirage, c’est que d’année en année, la courbe devient ascendante. La preuve est ainsi faite que les reformes mises en place depuis fin 2011 ont commencé à porter leurs fruits. Tous les spécialistes de l’Education le savent. Quand vous mettez des reformes en place et qu’elles sont réellement amorcées, il faut attendre au moins trois années scolaires pour commencer à sentir les premiers résultats positifs.
On peut dire que Mme le Ministre et son équipe sont dans le tempo de la progression qualitative pour atteindre une véritable amélioration de notre système éducatif. Le bilan est donc positif. Evidemment, toutes nos attentes ne sont pas encore satisfaites. Mais il faut rappeler qu’il y a deux ans, il était inimaginable que l’école se fasse tranquillement, que des millions d’enfants partent dans les classes. Alors, si on tient compte d’un passé très récent, on peut dire que qu’un grand pas a été fait.

LP : Que répondez-vous à ceux qui, malgré vos efforts, soutiennent que la moisson est maigre ?
K. A : Il y a des personnes qui voient toujours le verre à moitié vide. Ils se classent parmi les personnes pessimistes, c’est leur droit. Mais, nous avons fait le choix de l’optimisme, nous choisissons de voir toujours le verre à moitié plein. Parce qu’au regard de la crise que nous avons traversée, depuis novembre 2010 à avril 2011, il était inimaginable que la rentrée scolaire 2010-2011 s’achève. Cette rentrée s’est achevée tranquillement et les examens se sont déboulés normalement. Ceux qui le disent, c’est tout à fait normal. Peut-être qu’ils sont beaucoup plus ambitieux, nous le sommes pas moins; mais qu’ils sachent d’où nous venons. J’insiste donc pour dire que ces résultats sont largement positifs. Par ailleurs, on ne rattrape pas en deux ans, tous les dégâts que notre système éducatif a connu en 10 ans voire 20 ans

LP : Quelles sont les actions qui ont été menées pour qu’on a arrive à ces résultats ?
K.A : Il y a eu un travail préalable qui a été fait. D’abord dès sa prise de fonction, Mme le ministre de l’Education nationale, Kandia Camara, a pris d’importantes mesures. La première mesure est le retour du port de l’uniforme. Sa suppression entrainait une certaine anarchie dans nos établissements d’enseignement, secondaires surtout. Les tenues diverses faisaient qu’on n’arrivait pas à faire la différence entre un élève et un citoyen lambda. Les établissements secondaires étaient en insécurité constante. Et puis, l’uniforme, contrairement à ce qu’on pourrait penser, est un outil démocratique. Puisqu’il permet un équilibre social entre l’élève qui n’a pas les moyens et celui qui en a. Sans l’uniforme, celui dont les parents n’ont pas les moyens viendrait en haillons et le fils du nanti viendrait très bien habiller et peut-être en costume cravate, puisque toutes les tenues sont permises. Cela a un effet psychologique négatif certain sur l’enfant qui vient à l’école toujours dans la même tenue.
La deuxième mesure est liée à l’arrêté qui a été pris pour interdire toutes activités syndicales et politiques à l’école. Cette décision n’a été prise au hasard. Madame le Ministre a consulté d’abord les juristes, les parents d’élèves et au cours des échanges, deux éléments ont prévalu.

LP : Lesquels ?
K.A : Dans un premier temps, pour les élèves qui sont dans les lycées et collèges, les plus âgés ont entre 19 et 20 ans. Or l’âge civil en Côte d’Ivoire est de 21 ans. Juridiquement, ils ne sont pas aptes à mener une activité syndicale, encore moins à militer au sein d’une formation politique.
Dans un second temps, il faut noter qu’un syndicat est une affaire de corporation. Que ce soit dans le secteur privé ou public, rien ne change. Ce sont des employés d’une entreprise, des fonctionnaires d’un secteur public donc un ensemble de travailleurs, qui s’organisent en corporation et forme un syndicat pour la satisfaction de leurs besoins matériels et moraux, pour l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie. Or l’école n’est pas un lieu de travail. Les élèves ne sont pas dans une association corporatiste, mais dans une situation d’apprentissage qui est ponctuelle. La durée d’études d’un élève, du CP1 à la fin des études universitaires (maîtrise par exemple) est de 17 ans. Celui d’un travailleur est de 25 ans minimum.
L’histoire récente de la Côte d’Ivoire montre que ces dix dernières années, des formations syndicales politisées ont fait trop de mal à l’école ivoirienne. Ce sont ces formations syndicales solaires et estudiantines qui en imposaient aux Proviseurs, au Directeurs régionaux, départementaux et aux inspecteurs.

LP : Quand est-il de la lutte contre la fraude ?
K.A : La lutte contre la fraude et le dialogue entre le Ministère et les formations syndicales du secteur Education-Formation ont également fortement contribué à améliorer les résultats scolaires de cette année. Je vous fais remarquer que le ministère de l’Education nationale a décaissé 85 millions FCFA en 2011 pour lutter contre la fraude. L’Inspection générale, le Cabinet, les Directions Régionales et Départementales, la Direction des Examens et Concours (DECO), chacune des ces entités, avec leurs équipes de supervision ont traqué jusque dans leurs derniers retranchements, les fraudeurs.
En 2012, le ministère a dégagé une enveloppe de 65 millions FCFA pour lutter contre la fraude. Et cette année, c’est presque le même montant. Nous sommes autour de 40 à 50 millions FCFA pour une lutte sans merci.
Mme le Ministre a instruit ses collaborateurs d’assainir les examens scolaires. Car nos diplômes n’étaient plus crédibles au plan international.
Vous savez qu’il y a les critères de convergences de l’espace UEMOA qui font que nos diplômes doivent avoir des équivalences à l’extérieur ; car, certains de nos enfants, après le Bac, vont s’inscrire dans les Universités ’étrangères.
A travers le combat contre la fraude, le Ministère veut donner des messages forts aussi bien au plan national qu’international. En tout état de cause, nous menons cette bataille sans relâche contre le phénomène de la fraude. Mais elle a la peau dure, cette fraude et elle est multiforme donc têtue. Les fraudeurs et tricheurs ont l’imagination extrêmement fertile. Mais nous nous battons, nous nous battrons avec opiniâtreté pour qu’elle disparaisse complètement. Du moins pour la minimiser au maximum.

LP : La réduction des grèves d’enseignants n’a-t-elle aussi rejailli positivement sur les résultats scolaires ?
AK : Si ! La réduction des grèves a aussi contribué à améliorer les résultats scolaires, c’est le pacte signé avec les syndicats d’enseignants. Evidemment, à la sortie de la crise en avril 2011, des promesses avaient été faites par l’ancien régime et au nom du principe de la continuité de l’Etat, le Gouvernement actuel a été informé par le ministre de l’Education nationale. Tous les points de revendications au plan salarial ont été portés à sa connaissance. Plusieurs démarches ont été entreprises. Naturellement, le monde syndical étant un monde actif, il y a eu des perturbations.
Le Gouvernement a pris des engagements qu’il a respectés. Pour rappel, au niveau du profil de carrière, il y avait un reliquat de 50% de glissement indiciaire relatif aux salaires, promis depuis 2009 par l’ex-régime.
Mais, au préalable, en interne depuis fin 2011, une analyse a été faite et le ministre de l’Education nationale a informé le Gouvernement. Des solutions avaient été déjà imaginées, suggérées, soumise au gouvernement et au chef de l’Etat par le Ministre Kandia Camara. Le gouvernement, par la suite, a pris des engagements qu’il a respectés en janvier et en mars 2013. A savoir le paiement total du reliquat des indemnités contributives de logement des instituteurs, les 25 % des 50% restant, le CAP 1988 et 1992 des instituteurs etc. Mieux, des points qui n’étaient pas inscrits initialement aux quatre points de revendications ont été satisfaits.
Notamment le paiement du carburant des Conseillers pédagogiques de secteur, les indemnités des maîtres d’application, des Directeurs d’écoles, etc. Donc en mars dernier, les 25 % de salaire promis par le gouvernement ont été payés avec rappel. Evidemment, il y a eu quelques petits retards dans ces paiements. Le Cabinet, sur instruction du ministre Kandia Camara a pris contact avec la Direction de la Solde et le ministère de la Fonction publique pour les cas des 8 à 9000 fonctionnaires qui n’avaient pas été pris en compte en mars 2013. Je crois que c’est chose faite maintenant depuis juin dernier car promesse ferme avait été faite aux syndicats en mai 2013, avant les examens. Les Syndicats eux aussi avaient promis d’observer une longue trêve afin que les examens se passent dans la tranquillité.

LP : Certes, le dialogue est désormais de mise entre ministère et syndicats. Mais est-ce que les salaires ponctionnés ont été reversés ?
K.A : On ne pas vouloir la normalité et être soumis à certains aspects de l’anormalité. Si le pays doit être normal, il faut que cette normalisation se sente dans tous ses aspects. Si vous faites un jour de grève, on vous fait une ponction d’un jour, ainsi de suite. Cette décision est connue par tous. Même si la grève est légale, même si les formations syndicales respectent toutes les procédures légales de la grève, la ponction est faite au prorata du nombre de jours chômés. Sur ce plan donc, la Côte d’Ivoire n’invente rien. Et ce n’est pas la première fois que cela se passe dans notre pays. Rappelons-nous, la célèbre grève de 1983 et celle de 1991, des ponctions ont été faites. En 2007 et 2009 aussi. La Côte d’Ivoire n’innove pas et ceci n’est pas une première dans notre pays.

LP : Où en est-on avec les démarches pour un éventuel reversement des salaires ponctionnés aux enseignants ?
K.A : Le problème, c’est qu’il y a des enseignants qui n’ont pas pris part à la grève, mais qui ont subi les ponctions. A ceux-là, le Premier ministre a instruit de reverser les salaires ponctionnés, ce sera fait sans problème puisque c’est une décision gouvernementale.

LP : Combien d’enseignants ont t-ils été recrutés, depuis que le ministre Kandia Camara est à la tête de du département de l’Education nationale ?
K.A : Au niveau du Secondaire en 2011, il y a eu le recrutement de 400 à 500 enseignants. En 2011, nous étions dans la logique du recrutement classique : 2500 enseignants du Primaire recrutés pour être dans les CAFOP. Mais, c’est à partir de 2012 que le Programme Présidentiel d’Urgence (PPU) a commencé à être véritablement mis en œuvre. Et avec la construction de 1500 classes (PPU), il y a eu le recrutement de 5000 enseignants du Primaire en 2012. Et cette année 2013, un recrutement de 8000 enseignants est en cours et ils iront dispenser les cours dans les écoles primaires.
Soit un total de 15.500 enseignants recrutés en deux ans. C’est une véritable grande première dans notre histoire éducative. En tout cas, avec les constructions des écoles, il faut s’attendre encore à des recrutements, surtout avec le projet de construction de 25 à 30.000 classes à l’horizon 2015.

LP : Qu’est-ce qui explique donc la suppression du Concours des Instituteurs Adjoints (IA) ?
K.A : Cette suppression est la suite d’un vieux débat relatif au relèvement du niveau des enseignants, depuis près d’une vingtaine d’années. Au cours de ce débat, il avait été question de recruter les enseignants du primaire à partir du Bac voire du DUEL 1 ou DEUG 1. Quant à ceux du secondaire général, il avait été proposé de les prendre à partir de la licence pour les professeurs de collège et de la maîtrise pour ceux des lycées. Tous ces recrutements devaient être suivis d’une formation pédagogique de deux ans à l’Ecole Normale Supérieure (ENS).
Mais objectivement, quand on regarde le niveau actuel de nos élèves des classes de troisième et leur âge, il est difficile de convaincre Mme le Ministre et certains de ses collaborateurs que ceux-là peuvent tenir une classe, même de CP1, et donner aux élèves un enseignement de qualité. L’enseignement n’est pas seulement une question de niveau, mais il aussi lié à la maturité de l’enseignant. En outre, il avait été constaté que les postulants étaient des personnes qui détenaient certes le BEPC, mais qui, depuis de longues années (6 voire 7 ans) n’avaient plus de contact avec l’école, donc qui n’avaient plus de prérequis. En ce temps-là, c’était aussi l’âge d’or de la tricherie et de la fraude. S’il faut relever le niveau de nos enfants, cela passe impérativement par le relèvement du niveau des enseignants. C’est pourquoi, nous n’avons retenu que les bacheliers. Ces derniers, au moins, ont un niveau. Il est un peu plus facile de faire leur recyclage.

LP : Comment s’est fait alors le recrutement des instituteurs volontaires ? Car d’aucuns soutiennent qu’ils n’ont pas le niveau requis.
KA : Ceux qui avancent cet argumentaire, ne connaissent pas le processus. Ils doivent savoir que la première chose qui a été faite, est l’authentification de tous les diplômes de tous les enseignants volontaires. Nous avons authentifiés les BEPC, Bac et licence. Ensuite pendant les vacances, bien qu’ils aient dispensé des cours pendant la période de la crise ( 2003 – 2010), ils ont suivi des formations pédagogiques et de relèvement de niveau pendant les vacances scolaires, à Abidjan, Bouaké et Daloa. Il serait bon que des gens ne s’abonnent pas à la critique facile, mais s’informent.

LP : Avez-vous découvert de faux diplômes ?
KA : Naturellement nous avons découvert près de 600 faux diplômes (Licence, Maîtrise) pour les enseignants contractuels. C’est pour toutes ces raisons que le processus d’intégration des enseignants volontaires a été long.

LP : Le système éducatif est un vaste secteur. Quelles sont alors les réformes entreprises par le ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement technique (MENET) pour la rentrée scolaire 2013-2014 ?
KA : Nous avons décidé de faire, dès maintenant, une programmation de toutes les activités préparatoires de la rentrée scolaire prochaine. Il y a une esquisse qui a été donnée par le Ministre Kandia Camara. C’est que c’est pendant les vacances qu’il faut préparer la rentrée des classes. N’oubliez pas que l’Education nationale, c’est au moins 4 millions d’élèves, d’écoliers et au moins 95 000 Fonctionnaires que nous gérons. Cela n’est pas facile. Lorsque vous avez une telle population à gérer, il faut s’y prendre tôt.
Déjà, depuis le 15 juillet dernier, les inscriptions en ligne ont commencé. C’est une grande réforme, car elle est un outil de maîtrise des effectifs et un instrument de planification. Avec cette méthode, les élèves vont s’inscrire pendant les vacances pour que les cours commencent effectivement le 16 septembre 2013. Du coup, on a des chances que le temps scolaire soit respecté. L’inscription en ligne, grâce à sa plate-forme, permet au Ministre d’être informée au jour le jour sur les inscriptions et donc de planifier les constructions.
Ensuite, Mme le Ministre a instruit de faire la publication des mutations des enseignants hors de leurs directions régionales d’origine dans les meilleurs délais. C’est ce que nous appelons exeat et les résultats seront publiés le 9 août prochain. Cela pour permettre aux fonctionnaires mutés de se préparer, de rejoindre leurs nouveaux lieux d’affectation et préparer ensuite la rentrée. Parce qu’il y a la scolarisation de leurs enfants, la préparation des différents cours.
Le 16 août 2013, il y aura la publication de résultats de la Commission Nationale d’Orientation (CNO). Un mois avant la rentrée, en 6ème et en Seconde, les enfants savent où ils sont affectés, automatiquement chacun prendra des dispositions. C’est une grande première depuis de longues années. Pour l’inscription au CP1 elle aura lieu du 2 au 9 septembre prochain. Cette inscription est gratuite. La rentrée des classes, quant à elle, est fixée au 16 septembre 2013.
L’autre innovation, c’est la distribution des kits et manuels scolaires. Ainsi, en 2011, il y a eu la distribution gratuite de près de 2,4 millions de kits scolaires. En 2012, il y a eu un peu plus de 2,5 kits distribués. Et en 2013, nous sommes en train de préparer la distribution de 3 millions de kits scolaires aux écoliers du primaire. Ils seront disponibles dès la rentrée des classes. Cette année, les kits seront accompagnés d’un cahier pédagogique de CP1 et CP2 pour renforcer non seulement la capacité des enseignants ; mais également pour donner un peu plus de tonus aux cours qui seront dispensés.
Il y a une reforme qui a commencé au niveau des examens. Nous avons commencé d’abord par le BEPC avec l’uniformisation des coefficients. Cette reforme a été entamée cette année. Le Ministre Kandia Camara a annoncé que cette reforme va se poursuivre jusqu’au niveau du Bac. Une autre reforme, c’est la volonté de respecter le quantum horaire. Selon les normes de l’UNESCO, une année académique est évaluée entre 26 et 35 semaines. Le quantum horaire normal est 1000 à 1100 heures. En Côte d’Ivoire, depuis l’année dernière surtout, il est de 615 heures. Au Burkina Faso, le quantum horaire est de 738 heures, au Sénégal 796 heures. Il nous faut être conforme aux normes de l’UNESCO. Par conséquent, les cours doivent démarrer le jour de la rentrée.
Concernant le volet technique et pratique, des constructions d’établissements sont en cours. Nous ambitionnons de construire, selon le Programme Présidentiel d’Urgence (PPU), entre 25 et 30.000 classes d’ici 2015.
Ce qui signifie qu’en 2014, il faut construire au moins 10.000 classes pour réduire les effectifs. Au niveau du Secondaire, le PPU envisage construire 99 lycées et collèges à l’horizon 2015. Mais, l’objectif pour 2014 est la construction d’au moins 40 lycées et collèges.
Cette année, 14 collèges sont disponibles et près à accueillir les élèves de 6ème. N’oublions que la barre d’admission en 6ème, cette année, est de 85 points. Ce qui signifie qu’il y a un gros contingent de plus de 200.000 d’enfants que nous attendons. Il faut par conséquent préparer les classes pour les accueillir.
L’autre réforme est l’instauration de la polyvalence au niveau des enseignants. Elle est nécessaire, importante et motivante. En effet, les 13 matières enseignées dans les Collèges modernes seront désormais regroupées dans cinq (05) blocs disciplinaires. Au lieu de dix-huit (18) enseignants actuellement, il en faudra dix (10) et toutes les matières seront effectivement enseignées, dans de bonnes conditions d’apprentissage. Ces professeurs enseigneront deux matières au moins et auront chacun vingt-une (21) heures de cours pleines par semaine. Cela aura pour effet de réduire le déficit chronique en enseignants.
Au niveau pédagogique, il y a la reforme de l’APC qui est en cours. Ce qui jouait sur les résultats, c’est que les enfants étaient évalués selon une méthode Pédagogique qui est la formation par compétence (FPC), à l’évaluation finale, que nous appelons dans notre jargon l’évaluation sommative, ils étaient évalués selon la méthode PPO (Pédagogie Par Objectif).
Donc, il y avait une incohérence entre l’évaluation formative et l’évaluation sommative. Nous sommes en train d’harmoniser tout cela. Les élèves sont évalués en classe selon une méthode pédagogique, et c’est sur cette même méthode qu’ils seront évalués. Par ailleurs, les programmes sont en train d’être réécrits par la Direction de la Pédagogie et de la Formation Continue (DPFC). Notre Programme pédagogique est jugé très ambitieux et il est inadapté au contexte du moment. Il faut le réécrire pour qu’il soit conforme à la réalité du 21ème siècle.
Les Nouvelles Technique d’Information et de la Communication (TIC) ne sont pas exclus. Elles entrent en ligne de compte comme une nouvelle discipline.
Une quarantaine d’établissements pilotes sont choisis pour un début. Parmi ces établissements, les CAFOP dans lesquels nous voulons commencer de telle sorte que les enseignants eux-mêmes s’imprègnent de ce nouvel outil. Les TIC doivent fonctionner désormais comme discipline et comme instrument de gestion du système éducatif. Son introduction est une recommandation forte du Chef de l’Etat et nous mettons tout en ?uvre pour réaliser cette recommandation.
Il y a l’Education aux Droits Humains et à la Citoyenneté (EDHC) qui remplace son ancêtre, l’ECM. Le Décret a été signé par le Chef de l’Etat. Son enseignement a commencé et se fera surtout dans les CAFOP ; car les notions de tolérance, d’acceptation de nos différences, en somme la culture de la paix doit être inculquée à l’enfant depuis le berceau.

LP : On parle de pays émergent à l’horizon 2020. Pensez-vous que dans ce vaste projet ambitieux du Président de la République, l’Education nationale a son rôle à jouer?
KA : J’aime bien cette belle réflexion d’un penseur qui dit : « Celui qui pense que l’Education coûte chère, qu’il essaie l’ignorance ». Peut-on objectivement parler de progrès économique, d’industrialisation, de performance technologique sans faire allusion à la formation de ressources humaines de qualité ? Qui va donc impulser ce dynamisme nouveau ? Au Japon, en Chine, quand on a fixé les objectifs des progrès économiques et technologiques, on s’est tourné prioritairement vers l’éducation Nationale. La Chine est aujourd’hui la 2ème puissance économique du monde après les Etats-Unis. Mais déjà en 2004, pour maîtriser l’esprit de l’économie et de la technologie du monde occidental, la Chine s’est fixé comme objectif la maîtrise des langues étrangères. A cette époque déjà, des étudiants mandarins étaient dans toutes les universités du monde pour maîtriser leur langue, après une formation de base dans les écoles secondaires et universités du pays. « Le véhicule de ta culture, c’est ta langue », a dit L.S. Senghor. Les économistes chinois disaient en 2006 qu’à l’horizon 2010, la chine serait émergente, elle l’est aujourd’hui. Cette réussite est due à la maîtrise de la culture économique des pays occidentaux, et cela, par l’éducation. C’est la preuve que l’Education est la base de cette émergence voulue par le Chef de l’Etat. Il ne saurait y avoir d’émergence, sans formation à la base, sans formation de cadres compétents. Pour terminer, nous lançons un appel aux parents d’élèves d’aller inscrire leurs enfants dès maintenant. Il ne faudrait pas qu’ils attendent le 14 septembre pour aller s’agglutiner devant les établissements. La rentrée scolaire et le démarrage des cours sont fixés au 16 septembre 2013.
En tout état de cause, les élèves qui ne seront pas inscrits à cette date seront considérés comme démissionnaires. Ce sont des instructions fermes de Mme le Ministre Kandia Camara et nous comptons les appliquer à la lettre. Je voudrais souhaiter bonne vacances à tous et à toutes pour une meilleure rentrée le 16 septembre 2013.

réalisée par Jean-Claude Coulibaly et Anzoumana Cissé
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