Parce qu’il considère la théorie de l’art pour l’art comme une illusion, Koné Seydou a décidé de faire de sa poésie un art utilitaire au moyen duquel, il dénonce les tares de la société. Dans l’entretien qu’il a bien voulu accorder à l’IA, il nous parle de son œuvre « Rébellion de la conscience » et des concepts de philogogie, de philosémie et de lingüigogie qu’il a, lui-même, créés.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Docteur Koné Seydou, né en 1972 à Tingréla où j’ai fait les études primaires. Ensuite, j’ai fait le lycée à Boundiali, l’Université de Cocody et l’Ecole normale supérieure (ENS) avant d’aller en Espagne où j’ai fait une thèse en langue espagnole : Théorie de la littérature et littérature comparée. Là-bas, j’ai diversifié mon champ de formation en obtenant des diplômes en journalisme, en médiation et aussi en relations internationales. Comme tel, j’ai travaillé aussi bien dans la presse que dans l’enseignement. J’ai, par ailleurs, déjà publié trois (3) œuvres. A savoir De la mort au salut (2005), L’enseignement de l’espagnol à des Ivoiriens parlant diverses langues autochtones en 2006 et en 2008 « Rébellion de la conscience » - un recueil de poèmes -, dont la deuxième édition est pour bientôt.
Votre poésie est empathique. Pouvez-vous expliquer cette écriture ?
La poésie empathique est une révolution. Elle consiste à dire les choses telles qu’elles le sont, tout en évitant d’interpréter les faits. Alors, dire les choses telles qu’elles sont, suppose qu’il ne faut ni être sympathique - encore moins antipathique - ni être agressif ou encore moins passif. C’est-à-dire que point n’est besoin de dire à quelqu’un qu’il ment pour qu’il sache qu’il s’est éloigné de la vérité. Les mots seuls suffisent largement pour dénoncer une situation. C’est un peu cela que nous utilisons dans nos écrits.
Quels thèmes abordez-vous généralement dans vos œuvres ?
Je dénonce le plus souvent les tares de la société et les injustices sous toutes leurs formes. Déjà au lycée, j’ai écrit un texte sur l’affaire ‘’Thierry Zébié’’, dans laquelle j’avais constaté le parti pris du pouvoir d’alors. Et plus tard, étant étudiant, j’ai écrit - sous forme d’articles et de poèmes - sur les intrusions intempestives des forces de l’ordre dans la cité universitaire de Yopougon (Ndlr, lui-même étant résident). D’ailleurs le texte ‘’Soulèvement’’ dans « Rébellion de la conscience » s’inspire de cette époque (Ndlr, de 1993 à 1997). Lorsque les gens lisent, ils croient que je parle de la crise actuelle. Non ! En réalité, cette inspiration provient de loin. Nous abordons également le problème des droits de l’Homme, de la liberté d’expression, de la question des enfants soldats. Bref, tout ce qui peut être considéré comme tares de la société.
Dites-nous Docteur, vous êtes créateur de concepts dont la philogogie, la philosémie et la lingüigogie. Quels sens pouvez-vous livrer ?
Bien ! Comme vous le savez, j’ai fait ma thèse sur l’enseignement des langues étrangères. Nous avons fait des comparaisons sur la production des adultes et celle des enfants. En faisant cette étude, nous nous sommes rendu compte que les enfants tout comme les adultes commettent les mêmes erreurs linguistiques. La seule différence est que l’adulte, lui, a beaucoup plus de facilités à s’appuyer sur ses expériences personnelles pour se tirer d’affaires en matière de communication orale. Quand l’enfant, lui, maîtrise mieux la phonétique. C’est-à-dire la prononciation de la langue. Lorsque enfants et adultes doivent parler, ils commettent en réalité les mêmes erreurs. C’est pourquoi en lieu et place de la pédagogie, nous avons plutôt proposé la philogogie qui signifie enseignement des lettres. A ne pas confondre avec la philologie qui, elle, signifie étude des lettres. La philogogie propose donc un enseignement des langues, de la linguistique et des lettres à toute personne - en général - sans distinction de sexe, d’âge, de culture et de toute autre forme de discrimination. (…) Dans la philogogie, nous avons la lingüigogie qui est un enseignement particulier de la linguistique. Plus besoin d’un spécialiste pour nous former. La linguistique est science du langage alors que la lingüigogie devient art du langage.
Quelles explications donnez-vous à votre dernière œuvre poétique « Rébellion de la conscience » de même que le vol de l’oiseau qui illustre la couverture ?
Il faut savoir que le mot rébellion s’inspire de la réalité actuelle. Au départ, j’ai hésité entre ce titre et « Enfant soldat ». Et finalement, j’ai opté pour « Rébellion de la conscience » parce que ce titre résume toute ma pensée. Philosophiquement parlant, la conscience représente l’individu lui-même qui, à un moment donné, refuse de se résigner puis se rebelle. Parce qu’en réalité, chacun de nous est rebelle à sa façon. Nous sommes condamnés à vivre ensemble, mais il se trouve que, souvent, les appareils d’Etat n’écoutent pas les appareils idéologiques d’Etat. Ce qui entraîne parfois des manifestations, des marches aux conséquences multiples. Maintenant, en ce qui concerne l’image de l’oiseau, il faut dire que l’oiseau représente le désir de liberté de l’écrivain lui-même et la menace que représentent les avions bombardiers. Donc l’oiseau est, en même temps, un symbole de liberté, de paix, mais aussi de danger.
Au niveau de l’écriture de l’œuvre, vous joignez au français qui vous sert de langue de base, l’espagnol. Deux versions dans un même contenu. Pourquoi un tel choix ?
Vous savez, l’auteur que je suis, est ivoirien d’origine donc issu d’un pays francophone.
Pour éviter donc de limiter le lectorat – l’œuvre devant normalement être publiée en Espagne – nous avons opté pour une édition bilingue. Ce, d’autant plus que la plupart des sujets traités sont étroitement liés à l’Afrique. Mais, mieux, c’est pour donner une portée philogogique, c’est-à-dire pédagogique où tout élève comme l’enseignant pourra s’y abreuver afin de renforcer sa connaissance de la langue.
Que retenir de vous et de l’ensemble de vos productions ?
Disons que tout est une question d’inspiration. J’ai été marqué par un certain nombre de choses dans ma vie que j’essaie de faire partager. L’art, pour moi, étant de se convaincre de sa propre bêtise et de la rendre plaisante aux yeux des autres. Il peut y avoir de la ressemblance avec la vie quotidienne, mais c’est de la littérature. Et c’est en cela que l’œuvre « Rébellion de la conscience » apparaît comme ma contribution à l’effort de paix en Côte d’ivoire. Mon vœu le plus cher, est que les Ivoiriens dans leur diversité, puissent s’unir. Que la paix et le développement tant souhaités, par tous, ne soient pas une vue de l’esprit pour notre pays.
Entretien réalisé par DY, coll. : KY
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Docteur Koné Seydou, né en 1972 à Tingréla où j’ai fait les études primaires. Ensuite, j’ai fait le lycée à Boundiali, l’Université de Cocody et l’Ecole normale supérieure (ENS) avant d’aller en Espagne où j’ai fait une thèse en langue espagnole : Théorie de la littérature et littérature comparée. Là-bas, j’ai diversifié mon champ de formation en obtenant des diplômes en journalisme, en médiation et aussi en relations internationales. Comme tel, j’ai travaillé aussi bien dans la presse que dans l’enseignement. J’ai, par ailleurs, déjà publié trois (3) œuvres. A savoir De la mort au salut (2005), L’enseignement de l’espagnol à des Ivoiriens parlant diverses langues autochtones en 2006 et en 2008 « Rébellion de la conscience » - un recueil de poèmes -, dont la deuxième édition est pour bientôt.
Votre poésie est empathique. Pouvez-vous expliquer cette écriture ?
La poésie empathique est une révolution. Elle consiste à dire les choses telles qu’elles le sont, tout en évitant d’interpréter les faits. Alors, dire les choses telles qu’elles sont, suppose qu’il ne faut ni être sympathique - encore moins antipathique - ni être agressif ou encore moins passif. C’est-à-dire que point n’est besoin de dire à quelqu’un qu’il ment pour qu’il sache qu’il s’est éloigné de la vérité. Les mots seuls suffisent largement pour dénoncer une situation. C’est un peu cela que nous utilisons dans nos écrits.
Quels thèmes abordez-vous généralement dans vos œuvres ?
Je dénonce le plus souvent les tares de la société et les injustices sous toutes leurs formes. Déjà au lycée, j’ai écrit un texte sur l’affaire ‘’Thierry Zébié’’, dans laquelle j’avais constaté le parti pris du pouvoir d’alors. Et plus tard, étant étudiant, j’ai écrit - sous forme d’articles et de poèmes - sur les intrusions intempestives des forces de l’ordre dans la cité universitaire de Yopougon (Ndlr, lui-même étant résident). D’ailleurs le texte ‘’Soulèvement’’ dans « Rébellion de la conscience » s’inspire de cette époque (Ndlr, de 1993 à 1997). Lorsque les gens lisent, ils croient que je parle de la crise actuelle. Non ! En réalité, cette inspiration provient de loin. Nous abordons également le problème des droits de l’Homme, de la liberté d’expression, de la question des enfants soldats. Bref, tout ce qui peut être considéré comme tares de la société.
Dites-nous Docteur, vous êtes créateur de concepts dont la philogogie, la philosémie et la lingüigogie. Quels sens pouvez-vous livrer ?
Bien ! Comme vous le savez, j’ai fait ma thèse sur l’enseignement des langues étrangères. Nous avons fait des comparaisons sur la production des adultes et celle des enfants. En faisant cette étude, nous nous sommes rendu compte que les enfants tout comme les adultes commettent les mêmes erreurs linguistiques. La seule différence est que l’adulte, lui, a beaucoup plus de facilités à s’appuyer sur ses expériences personnelles pour se tirer d’affaires en matière de communication orale. Quand l’enfant, lui, maîtrise mieux la phonétique. C’est-à-dire la prononciation de la langue. Lorsque enfants et adultes doivent parler, ils commettent en réalité les mêmes erreurs. C’est pourquoi en lieu et place de la pédagogie, nous avons plutôt proposé la philogogie qui signifie enseignement des lettres. A ne pas confondre avec la philologie qui, elle, signifie étude des lettres. La philogogie propose donc un enseignement des langues, de la linguistique et des lettres à toute personne - en général - sans distinction de sexe, d’âge, de culture et de toute autre forme de discrimination. (…) Dans la philogogie, nous avons la lingüigogie qui est un enseignement particulier de la linguistique. Plus besoin d’un spécialiste pour nous former. La linguistique est science du langage alors que la lingüigogie devient art du langage.
Quelles explications donnez-vous à votre dernière œuvre poétique « Rébellion de la conscience » de même que le vol de l’oiseau qui illustre la couverture ?
Il faut savoir que le mot rébellion s’inspire de la réalité actuelle. Au départ, j’ai hésité entre ce titre et « Enfant soldat ». Et finalement, j’ai opté pour « Rébellion de la conscience » parce que ce titre résume toute ma pensée. Philosophiquement parlant, la conscience représente l’individu lui-même qui, à un moment donné, refuse de se résigner puis se rebelle. Parce qu’en réalité, chacun de nous est rebelle à sa façon. Nous sommes condamnés à vivre ensemble, mais il se trouve que, souvent, les appareils d’Etat n’écoutent pas les appareils idéologiques d’Etat. Ce qui entraîne parfois des manifestations, des marches aux conséquences multiples. Maintenant, en ce qui concerne l’image de l’oiseau, il faut dire que l’oiseau représente le désir de liberté de l’écrivain lui-même et la menace que représentent les avions bombardiers. Donc l’oiseau est, en même temps, un symbole de liberté, de paix, mais aussi de danger.
Au niveau de l’écriture de l’œuvre, vous joignez au français qui vous sert de langue de base, l’espagnol. Deux versions dans un même contenu. Pourquoi un tel choix ?
Vous savez, l’auteur que je suis, est ivoirien d’origine donc issu d’un pays francophone.
Pour éviter donc de limiter le lectorat – l’œuvre devant normalement être publiée en Espagne – nous avons opté pour une édition bilingue. Ce, d’autant plus que la plupart des sujets traités sont étroitement liés à l’Afrique. Mais, mieux, c’est pour donner une portée philogogique, c’est-à-dire pédagogique où tout élève comme l’enseignant pourra s’y abreuver afin de renforcer sa connaissance de la langue.
Que retenir de vous et de l’ensemble de vos productions ?
Disons que tout est une question d’inspiration. J’ai été marqué par un certain nombre de choses dans ma vie que j’essaie de faire partager. L’art, pour moi, étant de se convaincre de sa propre bêtise et de la rendre plaisante aux yeux des autres. Il peut y avoir de la ressemblance avec la vie quotidienne, mais c’est de la littérature. Et c’est en cela que l’œuvre « Rébellion de la conscience » apparaît comme ma contribution à l’effort de paix en Côte d’ivoire. Mon vœu le plus cher, est que les Ivoiriens dans leur diversité, puissent s’unir. Que la paix et le développement tant souhaités, par tous, ne soient pas une vue de l’esprit pour notre pays.
Entretien réalisé par DY, coll. : KY