Il y a des malheurs que l’on ne souhaite pas à son pire ennemi. La famille de Guy-André Kieffer vit un drame sans fin. Ce journaliste franco-canadien enlevé et porté disparu depuis le 16 avril 2004, est toujours introuvable. Les indices convergent vers le pouvoir ivoirien et ses officines. Officiellement, il n’est pas déclaré mort, la famille ne peut donc organiser ses obsèques. Bientôt, cela fera 2000 jours que ce journaliste est recherché par sa famille biologique et ses confrères. Chaque jour, l’espoir de le retrouver vivant devient mince. « L’hypothèse d’un enlèvement pour des raisons politiques est probable. Celle de son assassinat ne peut aujourd’hui être exclue. Face au silence pesant du régime de Laurent Gbagbo, nous devons, en tant que journalistes et citoyens, nous mobiliser », lance l’association « Vérité pour Guy-André Kieffer » sur son site internet. Rencontrer Osange Silou Kieffer dans un tel contexte, c’est aller à un rendez- vous d’émotions vives. « Et si j’étais à sa place ? Et si Kieffer était mon père ? Mon frère ? », autant de questions qui trottinent dans la tête, et des larmes certaines au bout des paupières. Samedi 3 janvier 2009, sur Seine dans un complexe hôtelier du parc de la Villette (19è arrondissement) malgré le temps glacial et ses caprices, Osange Silou Kieffer, directrice de la rédaction de l’agence de presse ‘‘Invariance Noire’’, plus connu de par sa qualité d’épouse de Guy André Kieffer, répond volontiers au rendez-vous de cet entretien que vous tenez entre vos mains. Tee-shirt manches longues, pantalon jean et cheveux mèches, cette dame n’a rien perdu de son charme. Déprimée ? Non ! Alcoolique ? Non ! Sa force, c’est son mental. « Je suis quelqu’un d’ordinaire déterminée ». Malgré tout, il lui faut gérer le stress Carmel Kieffer (22 ans, étudiante, Master en médiation culturelle à Sorbonne Nouvelle). Elle était si attachée à son père. Chaque Noël, c’était la partie de ski. L’anniversaire du père, chaque 25 mai, elle en faisait son affaire. Ces dates traumatisent désormais Carmel. Comment y penser et ne pas voir et toucher, celui qu’elle aime tant.Sébastien Kieffer (36 ans), installé au Canada, est venu en France en septembre dernier, réclamer des habits et des photos souvenirs de son père à Osange Silou. Viviane, la petite fille, ne cesse de demander après son « pépé » qu’elle ne connaît pas. Sébastien Kieffer, né du premier mariage de notre confrère, après un passage à vide, avait repris langue avec son père quelques mois avant sa disparition. Avec Carmel qu’il découvre plus tard, Sébastien entretient la communion. Toujours au détour des discussions, la sempiternelle interrogation : « A quand le retour de papa » ?
La mère et le père de Guy André, qui vivent à Savoie (en France non loin de l’Italie), attendent, eux aussi, son retour. « Je n’ai jamais senti qu’il était mort. J’aimerai qu’on le retrouve avant que je ne meure », confie la mère à sa belle-fille. Fatigués par l’âge, la disparition du petit « Guy » afflige davantage ses géniteurs. Pour cette famille, l’attente devient longue, le drame sans fin...
Coulibaly Brahima
La mère et le père de Guy André, qui vivent à Savoie (en France non loin de l’Italie), attendent, eux aussi, son retour. « Je n’ai jamais senti qu’il était mort. J’aimerai qu’on le retrouve avant que je ne meure », confie la mère à sa belle-fille. Fatigués par l’âge, la disparition du petit « Guy » afflige davantage ses géniteurs. Pour cette famille, l’attente devient longue, le drame sans fin...
Coulibaly Brahima
