Adama Dahico, "l'ivrogne" d'Abidjan qui veut "le pouvoir par le rire". A Abidjan, tout le monde l'appelle "président". Ce n'est pas pour lui déplaire, car Adama Dahico, l'humoriste "ivrogne" devenu célèbre en Côte d'Ivoire grâce à ses sketches radio au début des années 90, a décidé de "prendre le pouvoir par le rire". "J'ai décidé de faire de la politique parce que nos politiciens jouent la comédie. J'arrêterai de faire de la politique le jour où ils vont arrêter de jouer la comédie", explique à l'AFP cet Ivoirien d'origine malienne, connu pour ses parodies et jeux de mots hilarants. A 41 ans, Adama Dolo dit Dahico, auréolé de titres et de distinctions, dont le trophée du meilleur humoriste africain, ne cache pas ses "ambitions" : "Je prendrai le pouvoir par le rire", assure-t-il aux "militants" de son "parti politique", le "Dôrômikan" ou "parti des ivrognes" en langue malinké. C'est au théâtre que cet admirateur du comédien français Coluche (qui fut tenté aussi par la politique, avant de se raviser), fait ses premiers pas à la fin des années 80. En 1990, avec des amis, il crée la troupe "Les rigolos d'Abobo", un quartier populaire d'Abidjan, et présente quelques sketches à la radio nationale, la seule alors à émettre dans le pays. Deux ans plus tard, il est remarqué par le cinéaste ivoirien Sidiki Bakaba, qui lui apprendra les rudiments du métier. Il enchaîne alors les rôles au théâtre, avant de lancer, en 1997, le "Dôrômikan". "C'est l'art de la parole de l'ivrogne", résume cet homme à la carrure imposante et au visage marqué de fines scarifications. "En Afrique, les vérités sont dites souvent sous l'effet de l'alcool. Moi, je suis un ivrogne au service du peuple". L'année suivante, Adama Dahico compile quelques-unes de ses "vérités" dans son premier album, "Eh Jah!", mélange de sketches et de chansons où il stigmatise le racket des policiers. Puis arrive la consécration internationale avec son premier spectacle hors de Côte d'Ivoire, au Niger, en 1999. "C'était mon premier voyage en avion". Niamey lui ouvre les portes de Bamako, Lomé, Conakry, Yaoundé, Dakar, Paris et Genève, où il joue parfois dans des festivals. Cette expérience lui donne l'idée de lancer son propre Festival du rire d'Abidjan (Fira), dont il prépare la sixième édition en 2009. Voix monocorde, élocution d'alcoolique et ricanement à la fin de chaque phrase deviennent ses traits distinctifs. Adama Dahico s'essaie aussi à la littérature, publiant en 2006 "Donnez-moi le pouvoir et je vous donnerai le rire". En novembre 2008, il se fait plébisciter au cours d'une parodie de convention, pour défendre les couleurs du "parti" à la prochaine présidentielle, attendue en 2009 mais dont la date n'est toujours pas fixée, après plus de six ans de crise militaro-politique. "En 2000, j'ai déposé ma caution (de candidat) de 20 millions de FCFA (30.500 euros) en pièces. La Cour suprême a rejeté ma candidature parce qu'après avoir compté mon argent jusqu'à 8 millions, ses agents étaient épuisés".
AFP
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