Devant ses militants, à l’occasion de la cérémonie de présentation des vœux de son parti, le président du RDR a une fois encore donné l’occasion aux Ivoiriens d’en savoir un peu plus sur sa vision politique. Quel est le rôle d’un Etat moderne tel qu’il le conçoit ? « Aucune formation politique ne peut se substituer à l’Etat dont la vocation essentielle est de trouver des mécanismes en son sein pour éviter qu’une partie de la population ne sombre dans la misère ». En quelques mots, l’ancien Premier ministre, candidat à l’élection présidentielle, a décliné toute une philosophie politique. Il ne s’agit pas là d’une vision personnalisée du pouvoir où le chef de l’Etat, véritable potentat, est le grand distributeur. C’est lui qui détient tout et qui offre à qui il veut, quand il veut. Mais, l’Etat doit être mis à contribution pour que ses richesses soient redistribuées équitablement. C’est ce que semblait dire le Pr Francis Wodié, président du Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT), au cours d’une émission télévisée il y a quelques jours. « Trop souvent en Côte d'Ivoire, avançait-il, on a le sentiment que ce que l'on reçoit est une faveur de la part du chef. C'est-à-dire qu'on voit les Ivoiriens défiler à la Présidence, à Mama, aller voir le chef pour régler ces problèmes-là ? Et puis le chef, grand dispensateur donne des communes, des sous-préfectures, des départements ». Puis le professeur de droit, s’appuyant sur la triste réalité en Côte d’Ivoire, de poursuivre : « Il faut un plan d'aménagement du territoire. Une organisation de l'Etat, de manière qu'on prenne une disposition précise. Les communes et les conseils généraux ont de grandes difficultés à fonctionner aujourd'hui faute d'argent. On les a créés. Comment va-t-on les faire fonctionner ? Il faut gérer le pays avec rigueur, en étant détaché des préoccupations électorales et faire en sorte que ce qui est décidé se réalise effectivement. Si on ne le fait pas, qu'on se garde de créer. C'est un mode de gestion de l'Etat qui doit changer. » Sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr. En effet, Laurent Gbagbo est très loin de ces inquiétudes. Lui, pense que « le pouvoir politique doit être un lieu de générosité, un lieu où l’on ouvre les portes, la main », pour donner ou recevoir de l’argent, disait-il récemment dans le Guébié. Et il parachevait son développement par cet exemple tout à fait surprenant : « quand je vois des enfants qui ne vont pas à l’école, je me pose toujours la question. Cet enfant là, s’il avait été à l’école, qu’est-ce qu’il serait devenu ? Tant que vous ne vous posez pas cette question, vous ne résoudrez jamais la question de l’école ». Or, la question qu’il devrait se poser était de savoir ce que l’Etat a fait pour ne pas que « cet enfant » soit illettré ou ce que fait ce même Etat pour permettre à « cet enfant » de s’insérer dans le tissu socioprofessionnel, malgré son statut.
On l’aura vu, la politique de Laurent Gbagbo se résume en la toute puissance du chef de l’Etat qui distribue de l’argent au lieu de créer la richesse. Et cela se vérifie dans sa démarche quotidienne depuis qu’il est à la tête de l’Etat. Les incendies dans les marchés, dans les résidences universitaires, le drame de Cocody qui a vu les eaux de ruissellement emporter plus d’une dizaine de personnes, ont été autant d’occasion pour le chef de l’Etat de délier le cordon de sa bourse en donnant des millions de FCFA aux sinistrés. A-t-il pour autant résolu leur problème ? Certainement pas. Les étudiants de la cité Rouge vont se réinstaller dans leur chambre avec les aménagements anarchiques, sans aucune règle de sécurité en entendant…le prochain sinistre.
Or, comme l’a dit Alassane Ouattara, un Etat responsable doit plutôt se saisir de la question et soigner le mal à la source. C’est-à-dire, cherche rà savoir pourquoi la cité rouge a brûlé. Et qu’est-ce qu’il faut mettre en œuvre pour prévenir d’autres dégâts ? Puis, dans un cadre plus général, que se passe-t-il dans les autres cités ?
Quand des populations sont emportées par des eaux de pluies à cause des constructions anarchiques défiant l’ensemble du plan d’urbanisation de la ville, Gbagbo court et leur fait remettre des millions. Que peut cet argent devant le drame des familles éplorées ? Une gestion villageoise, des affaires publiques, en somme. « Gouverner c’est prévoir et c’est planifier », a dit Alassane Ouattara. On ne peut dire mieux.
Charles Sanga
On l’aura vu, la politique de Laurent Gbagbo se résume en la toute puissance du chef de l’Etat qui distribue de l’argent au lieu de créer la richesse. Et cela se vérifie dans sa démarche quotidienne depuis qu’il est à la tête de l’Etat. Les incendies dans les marchés, dans les résidences universitaires, le drame de Cocody qui a vu les eaux de ruissellement emporter plus d’une dizaine de personnes, ont été autant d’occasion pour le chef de l’Etat de délier le cordon de sa bourse en donnant des millions de FCFA aux sinistrés. A-t-il pour autant résolu leur problème ? Certainement pas. Les étudiants de la cité Rouge vont se réinstaller dans leur chambre avec les aménagements anarchiques, sans aucune règle de sécurité en entendant…le prochain sinistre.
Or, comme l’a dit Alassane Ouattara, un Etat responsable doit plutôt se saisir de la question et soigner le mal à la source. C’est-à-dire, cherche rà savoir pourquoi la cité rouge a brûlé. Et qu’est-ce qu’il faut mettre en œuvre pour prévenir d’autres dégâts ? Puis, dans un cadre plus général, que se passe-t-il dans les autres cités ?
Quand des populations sont emportées par des eaux de pluies à cause des constructions anarchiques défiant l’ensemble du plan d’urbanisation de la ville, Gbagbo court et leur fait remettre des millions. Que peut cet argent devant le drame des familles éplorées ? Une gestion villageoise, des affaires publiques, en somme. « Gouverner c’est prévoir et c’est planifier », a dit Alassane Ouattara. On ne peut dire mieux.
Charles Sanga