Le magazine panafricain Africa International a établi le 15 novembre dernier, la liste des 50 personnalités politiques africaines des 50 dernières années. Cette liste est contenue dans le livre d’or publié par le confrère à l’occasion de son cinquantenaire célébré à Paris. Y figurent des personnalités ayant marqué la scène politique africaine soit positivement, comme Nelson Madela soit négativement comme l’ex-chef rebelle Jonas Savimbi . Et le journal a accompagné chaque nom d’un commentaire. Deux personnalités ivoiriennes sont citées : le premier président de la République Félix Houphouet-Boigny et l’actuel chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Si les commentaires sur le premier sont à la fois élogieux et peu glorieux au sujet des coups contre ses adversaires politiques ceux concernant le second sont essentiellement élogieux.
Félix Houphouet-Boigny : Créateur du “miracle ivoirien”
Avant d`être élu président de Côte d`Ivoire, Félix Houphouet-Boigny a eu une vie bien remplie : il a été chef traditionnel, médecin de brousse, planteur et leader syndical. En 1944, il fonde le Syndicat agricole africain (SM), puis le Parti démocratique de Côte d`Ivoire (PDCI) et, en 1946, le Rassemblement démocratique africain (RDA) qu`il préside. Membre des deux Assemblées constituantes françaises en 1945 et 1946, il est l`artisan de la suppression du travail forcé dans les colonies. Député de Côte d`Ivoire jusqu`en 1959, il devient président du Grand Conseil de I`AOF (Afrique occidentale française) de 1957 à 1958. Cinq fois ministre du gouvernement français, président de l`Assemblée constituante de Côte d`Ivoire, il est nommé ministre de la Santé publique et de la Population dans le gouvernement Félix Gaillard de 1957 à 1958, et ministre conseiller de la Communauté de 1959 à 1960. Il devient Premier ministre de Côte d`Ivoire en 1959 avant d`accéder, un an plus tard, à la magistrature suprême, poste qu`il conservera jusqu`en 1993. Il est aussi l`un des pères fondateurs de l`Organisation de l`unité africaine (OUA). Houphouet souvent surnommé “Le Vieux” a été un homme politique à la fois moderne et traditionnaliste, tolérant et autoritaire. Père de l`indépendance, il a veillé à ne jamais tomber dans la folie mégalomaniaque de certains de ses pairs africains: il aurait en effet pu se proclamer «président à vie» ou se faire couronner «empereur». Cependant, il a su faire usage de la force. Un exemple : en 1959 lorsque des nationalistes radicaux, menés par Jean-Baptiste Mockey, se dressent contre sa politique francophile il s`en débarrasse en inventant le “complot du chat noir”, et Mockey, accusé d`avoir tenté de l`assassiner avec des gri-gri maléfiques, est exilé.
Résultat, durant tout le mandat d`Houphouet et jusqu`à sa mort en 1993, le pays ruminera la contestation politique et sociale. En revanche, l`économie est dans une forme florissante et ses performances, notamment agricoles, son très supérieures à celles de ses voisins. C`est ce que l`on a appelé le “miracle ivoirien”.
Laurent Gbagbo, politicien astucieux et entêté
Sous Félix Houphouet-Boigny, les hommes du sérail souriaient lorsque Laurent Gbagbo, le truculent professeur d`histoire racontait qu`un jour il serait président de la République de Côte d`Ivoire. Pourtant c`est arrivé. En octobre 2000, à la suite d`une élection présidentielle dont la junte militaire aux affaires tente de détourner les résultats, Laurent Gbagbo, le vainqueur, organise la résistance et s`impose aux affaires. Une consécration pour cet homme qui a passé sa vie à se battre d`abord dans la clandestinité et l`exil, comme syndicaliste, et qui aura le courage, seul, d`être candidat contre le “père de la nation” Houphouet-Boigny. Politique jusqu`à la moelle, il est un manœuvrier dont même les adversaires louent l`art de la séduction.
S`il sait se montrer chaleureux pour séduire, Gbagbo peut tout autant être redoutable dans l`adversité. Il a échappé au coup d`État du 19 septembre 2001, et a survécu à une guerre civile de sept ans. Il a résisté à la France coalisée avec les Nations unies pour tenter de le dépouiller de ses prérogatives de président de la République. Aussi astucieux qu`entêté, il trouve des solutions inattendues aux situations désespérées. Un exemple : ignoré du pouvoir socialiste français de l`époque qui est gêné par son discours anti-Houphouet Laurent Gbagbo se rend en 1983 au congrès du Parti socialiste de Bourg en Bresse avec un badge de journaliste de la revue Libération Afrique. Autre exemple : en plus d`avoir maintenu son pays sur la voie d`une croissance économique certes faible, sans aucun appui extérieur, il a tendu la main au chef rebelle Guillaume Soro, pour le charger ensuite de mettre fin à la crise. Guillaume Soro, désormais Premier ministre, a la tâche de désarmer ses propres hommes, de réunifier le pays, et d`organiser les élections auxquelles Gbagbo sera candidat. Pendant ce temps, le camarade Laurent sous ses habits de faiseur de paix est en campagne.
Félix Houphouet-Boigny : Créateur du “miracle ivoirien”
Avant d`être élu président de Côte d`Ivoire, Félix Houphouet-Boigny a eu une vie bien remplie : il a été chef traditionnel, médecin de brousse, planteur et leader syndical. En 1944, il fonde le Syndicat agricole africain (SM), puis le Parti démocratique de Côte d`Ivoire (PDCI) et, en 1946, le Rassemblement démocratique africain (RDA) qu`il préside. Membre des deux Assemblées constituantes françaises en 1945 et 1946, il est l`artisan de la suppression du travail forcé dans les colonies. Député de Côte d`Ivoire jusqu`en 1959, il devient président du Grand Conseil de I`AOF (Afrique occidentale française) de 1957 à 1958. Cinq fois ministre du gouvernement français, président de l`Assemblée constituante de Côte d`Ivoire, il est nommé ministre de la Santé publique et de la Population dans le gouvernement Félix Gaillard de 1957 à 1958, et ministre conseiller de la Communauté de 1959 à 1960. Il devient Premier ministre de Côte d`Ivoire en 1959 avant d`accéder, un an plus tard, à la magistrature suprême, poste qu`il conservera jusqu`en 1993. Il est aussi l`un des pères fondateurs de l`Organisation de l`unité africaine (OUA). Houphouet souvent surnommé “Le Vieux” a été un homme politique à la fois moderne et traditionnaliste, tolérant et autoritaire. Père de l`indépendance, il a veillé à ne jamais tomber dans la folie mégalomaniaque de certains de ses pairs africains: il aurait en effet pu se proclamer «président à vie» ou se faire couronner «empereur». Cependant, il a su faire usage de la force. Un exemple : en 1959 lorsque des nationalistes radicaux, menés par Jean-Baptiste Mockey, se dressent contre sa politique francophile il s`en débarrasse en inventant le “complot du chat noir”, et Mockey, accusé d`avoir tenté de l`assassiner avec des gri-gri maléfiques, est exilé.
Résultat, durant tout le mandat d`Houphouet et jusqu`à sa mort en 1993, le pays ruminera la contestation politique et sociale. En revanche, l`économie est dans une forme florissante et ses performances, notamment agricoles, son très supérieures à celles de ses voisins. C`est ce que l`on a appelé le “miracle ivoirien”.
Laurent Gbagbo, politicien astucieux et entêté
Sous Félix Houphouet-Boigny, les hommes du sérail souriaient lorsque Laurent Gbagbo, le truculent professeur d`histoire racontait qu`un jour il serait président de la République de Côte d`Ivoire. Pourtant c`est arrivé. En octobre 2000, à la suite d`une élection présidentielle dont la junte militaire aux affaires tente de détourner les résultats, Laurent Gbagbo, le vainqueur, organise la résistance et s`impose aux affaires. Une consécration pour cet homme qui a passé sa vie à se battre d`abord dans la clandestinité et l`exil, comme syndicaliste, et qui aura le courage, seul, d`être candidat contre le “père de la nation” Houphouet-Boigny. Politique jusqu`à la moelle, il est un manœuvrier dont même les adversaires louent l`art de la séduction.
S`il sait se montrer chaleureux pour séduire, Gbagbo peut tout autant être redoutable dans l`adversité. Il a échappé au coup d`État du 19 septembre 2001, et a survécu à une guerre civile de sept ans. Il a résisté à la France coalisée avec les Nations unies pour tenter de le dépouiller de ses prérogatives de président de la République. Aussi astucieux qu`entêté, il trouve des solutions inattendues aux situations désespérées. Un exemple : ignoré du pouvoir socialiste français de l`époque qui est gêné par son discours anti-Houphouet Laurent Gbagbo se rend en 1983 au congrès du Parti socialiste de Bourg en Bresse avec un badge de journaliste de la revue Libération Afrique. Autre exemple : en plus d`avoir maintenu son pays sur la voie d`une croissance économique certes faible, sans aucun appui extérieur, il a tendu la main au chef rebelle Guillaume Soro, pour le charger ensuite de mettre fin à la crise. Guillaume Soro, désormais Premier ministre, a la tâche de désarmer ses propres hommes, de réunifier le pays, et d`organiser les élections auxquelles Gbagbo sera candidat. Pendant ce temps, le camarade Laurent sous ses habits de faiseur de paix est en campagne.