Décédé en début de semaine, l’IA revient sur les traces de l’ancien Commandant des Forces Terrestres. L’homme était un militaire discipliné comme la règle le veut, discret comme un timide. Le général Adou Akaffou Julien n’aimait pas qu’on parle de lui, alors là pas du tout. Il préférait être dans son coin pour être plus efficace. Il n’a pas été facile d’obtenir les informations pour présenter ce père de quatre enfants dont le parcours militaire était des plus élogieux dans l’armée ivoirienne.
Lorsque le 4 Mai 1955, naît à Mafou Mafou dans la sous-préfecture de Bécédi-Brignan (Adzopé), le jeune Julien Akaffou, la Côte d’Ivoire ne savait pas qu’elle venait d’avoir un grand chef militaire en cette fin de période coloniale. Adou Akaffou grandit dans sa région. Il passe le Bac en 1974 qu’il obtient au Lycée Moderne d’Agboville. Il s’oriente vers l’Université d‘Abidjan. En ce lieu, il opte pour la faculté d’Anglais. Il ressort de l’Université avec une Licence d’Anglais. En 1978, il choisit d’entamer une carrière militaire et entre à l’Ecole des Forces Armées précisément le 1er Octobre. Elève officier jusqu’en 1980, il part pour la France. Pendant une année, il suit des cours à l’Ecole d’application du Génie d’Angers. Le 1er Septembre 1981, Akaffou revient au pays et est instructeur Génie à l’EFA. L’année suivante, il est muté à Korhogo pour seconder le Commandant du 1er CTG. Deux ans après , il part pour les Etats-Unis. En un an dans le pays de l’oncle Sam, il suit le Cours des Capitaines et le Cours d’Etat-Major à Fort Belvoir. L’intermède Américain terminé, il revient encore au pays. Entre 1986 et 1992, il assure un poste de responsabilité au 1er Bataillon du Génie de Bouaké. Pendant ses fonctions, il part en 1987 en Angleterre. En Grande Bretagne, il fréquente l’Ecole de Guerre de Camberly. Ses prouesses et ses bons états de service au Bataillon du Génie font qu’en 1993, il devient Directeur de l’Instruction du Bataillon du Génie à Bouaké. Trois ans durant, il montre ses qualités d’officier à plusieurs élèves qu’il a eus. En 1996, Adou Akaffou Julien quitte Bouaké pour se retrouver à Daloa. Dans la cité des Antilopes, il est commandant en second du 2ème Bataillon d’infanterie. Une année après, il fait partie du premier contingent de la Mission des Nations Unies en Centrafrique. Ses supérieurs qui le suivent de loin estiment que sa mission est un succès. Il sera récompensé en prenant les rênes du 2ème Bataillon d’Infanterie de Daloa en 1998. En 1999, il part en Egypte pour suivre de Hautes Etudes Stratégiques. Rentré au pays, il est à Daloa lorsque intervient le coup d’Etat de Noël 1999. Les Bérets rouges de la FIRPAC s’adonnent alors à cœur joie à certaines exactions en ville et à des soulèvements contre leurs chefs hiérarchiques. Le Général Robert Guéi est alors conseillé par un spécialiste qui pense que celui qui peut calmer les commandos est à Daloa. Akaffou atterrit à la FIRPAC et y met effectivement de l’ordre. Son visage austère doublé de sa force de commandement décourage à première vue tout militaire récalcitrant. Sa mission se termine avec l’arrivée au pouvoir de Laurent Gbagbo. Doué Mathias qui préside aux destinées de la grande muette à cet instant prend attache avec lui pour diriger son cabinet. Avec loyauté et abnégation, il sert le CEMA en dépit de toutes les calomnies et délations dont il est l’objet. Comme s’il était né pour toujours commander, le natif de Bécédi-Brignan devient dans la foulée Commandant de l’Ecole des Forces Armées-Académie des Sciences et Techniques de la Mer en 2003. Le Chef de l’Etat suit aussi dans la discrétion l’évolution de cet officier aux allures calmes mais très rude au combat comme l’attestent de nombreux soldats qui ont été sur des fronts avec lui. Le 17 Novembre 2004, Adou Akaffou accède au poste stratégique de Commandant des Forces terrestres. Un destin que n’apprécie pas trop certaines personnes. Mais avec le parcours d’un tel ‘’soldat’’ qui pendant 30 ans a servi l’armée ivoirienne à de hautes responsabilités, il faut voir dans ces humeurs l’expression d’une simple jalousie face à la promotion d’un officier qui n’a pas peur du feu au sens propre comme au sens figuré. D’un calme olympien déroutant, Adou Akaffou n’en demeure pas moins un redoutable et téméraire combattant.
Un homme qui n’avait peur de rien
Le Président Gbagbo qui a réaménagé son armée après Novembre 2004, ne s’est pas trompé en nommant Mangou Chef d’état-major et Akaffou Commandant des Forces Terrestres. L’association de ces hommes au Général Kassaraté et bien d’autres officiers a permis, malgré toutes les tentatives de déstabilisation, de maintenir la zone gouvernementale dans une stabilité certaine. Si Adou Akaffou Julien est à ce poste, c’est bien parce que le chef de l’Etat a dû être informé de ce haut fait d’arme qu’il a posé en Septembre 2002. Lorsque ce jour , l’ex-rébellion prend pied à Abidjan et manque de renverser les institutions étatiques, Adou Akaffou fait partie des Officiers valeureux qui sont allés au charbon pour mettre celle-ci en déroute. Surpris par le comportement de certains de ses hommes sûrs, le Général de Division Doué Mathias demande à Adou Akaffou d’aller au combat. Sans broncher et alors qu’il ne commande pas à cet instant une quelconque unité, Adou Akaffou, prend la tête de quelques hommes venus çà et là dans la confusion. Le plus cocasse dans l’affaire mais aussi le plus parlant, c’est que Julien Adou colonel à l’époque, a un véhicule de commandement tout à fait particulier. C’est un véhicule banalisé de marque Peugeot qu’il utilise pour affronter les rebelles en furie. Le Commandant Abéhi Jean Noel alors Capitaine lui barre la route et lui demande de s’installer dans son char pour diriger les opérations. Ce qu’il fera pendant toute la journée et avec le résultat que chacun sait. Tous les camps assiégés sont, un à un, libérés. Beaucoup de militaires qui ont pris part au combat dans la matinée du 19 Septembre 2002 sont unanimes sur le fait que Adou Akaffou est un grand chef militaire. L’un de ses soldats raconte cette anecdote qui montre encore le sens élevé du devoir du général Adou. ‘’ Lors de l’attaque des camps d’Akouédo, dans la nuit du 1 au 2 Janvier 2006, un chose m’a énormément étonné et fait plaisir . Pendant que les combats faisaient rage, nos commandants d’unité sur le terrain nous ont fait parvenir un message qui nous a galvanisés. On ne sait pas par quel moyen, il s’y est pris, mais ce qui est sûr dans cette nuit de feu, le Général Akaffou est apparu au camp cherchant à voir notre état d’esprit et prendre la direction des Opérations. En tout cas, cette nuit, il est venu au front avec nous et cela nous a dopés pour faire mal à l’ennemi’’ nous a-t-il confié. Le ‘’Comter’’ était le quatrième que l’armée ivoirienne a connu après le Général Marius Tauthui, le Colonel Dékassan Théodore et le Général Bombet Dénis. Il était père de quatre enfants et avait sous sa coupole, les 3 bataillons d’Infanterie, le 1er Bataillon des Commandos Parachutistes, le Bataillon du Génie, le Bataillon d’Artillerie Sol Air, le Bataillon d’Artillerie Sol-Sol, le 1er Bataillon Blindé, l’Unité de Commandement et de Soutien et la Compagnie Territoriale de Korhogo.
Par Valery Foungbé
Lorsque le 4 Mai 1955, naît à Mafou Mafou dans la sous-préfecture de Bécédi-Brignan (Adzopé), le jeune Julien Akaffou, la Côte d’Ivoire ne savait pas qu’elle venait d’avoir un grand chef militaire en cette fin de période coloniale. Adou Akaffou grandit dans sa région. Il passe le Bac en 1974 qu’il obtient au Lycée Moderne d’Agboville. Il s’oriente vers l’Université d‘Abidjan. En ce lieu, il opte pour la faculté d’Anglais. Il ressort de l’Université avec une Licence d’Anglais. En 1978, il choisit d’entamer une carrière militaire et entre à l’Ecole des Forces Armées précisément le 1er Octobre. Elève officier jusqu’en 1980, il part pour la France. Pendant une année, il suit des cours à l’Ecole d’application du Génie d’Angers. Le 1er Septembre 1981, Akaffou revient au pays et est instructeur Génie à l’EFA. L’année suivante, il est muté à Korhogo pour seconder le Commandant du 1er CTG. Deux ans après , il part pour les Etats-Unis. En un an dans le pays de l’oncle Sam, il suit le Cours des Capitaines et le Cours d’Etat-Major à Fort Belvoir. L’intermède Américain terminé, il revient encore au pays. Entre 1986 et 1992, il assure un poste de responsabilité au 1er Bataillon du Génie de Bouaké. Pendant ses fonctions, il part en 1987 en Angleterre. En Grande Bretagne, il fréquente l’Ecole de Guerre de Camberly. Ses prouesses et ses bons états de service au Bataillon du Génie font qu’en 1993, il devient Directeur de l’Instruction du Bataillon du Génie à Bouaké. Trois ans durant, il montre ses qualités d’officier à plusieurs élèves qu’il a eus. En 1996, Adou Akaffou Julien quitte Bouaké pour se retrouver à Daloa. Dans la cité des Antilopes, il est commandant en second du 2ème Bataillon d’infanterie. Une année après, il fait partie du premier contingent de la Mission des Nations Unies en Centrafrique. Ses supérieurs qui le suivent de loin estiment que sa mission est un succès. Il sera récompensé en prenant les rênes du 2ème Bataillon d’Infanterie de Daloa en 1998. En 1999, il part en Egypte pour suivre de Hautes Etudes Stratégiques. Rentré au pays, il est à Daloa lorsque intervient le coup d’Etat de Noël 1999. Les Bérets rouges de la FIRPAC s’adonnent alors à cœur joie à certaines exactions en ville et à des soulèvements contre leurs chefs hiérarchiques. Le Général Robert Guéi est alors conseillé par un spécialiste qui pense que celui qui peut calmer les commandos est à Daloa. Akaffou atterrit à la FIRPAC et y met effectivement de l’ordre. Son visage austère doublé de sa force de commandement décourage à première vue tout militaire récalcitrant. Sa mission se termine avec l’arrivée au pouvoir de Laurent Gbagbo. Doué Mathias qui préside aux destinées de la grande muette à cet instant prend attache avec lui pour diriger son cabinet. Avec loyauté et abnégation, il sert le CEMA en dépit de toutes les calomnies et délations dont il est l’objet. Comme s’il était né pour toujours commander, le natif de Bécédi-Brignan devient dans la foulée Commandant de l’Ecole des Forces Armées-Académie des Sciences et Techniques de la Mer en 2003. Le Chef de l’Etat suit aussi dans la discrétion l’évolution de cet officier aux allures calmes mais très rude au combat comme l’attestent de nombreux soldats qui ont été sur des fronts avec lui. Le 17 Novembre 2004, Adou Akaffou accède au poste stratégique de Commandant des Forces terrestres. Un destin que n’apprécie pas trop certaines personnes. Mais avec le parcours d’un tel ‘’soldat’’ qui pendant 30 ans a servi l’armée ivoirienne à de hautes responsabilités, il faut voir dans ces humeurs l’expression d’une simple jalousie face à la promotion d’un officier qui n’a pas peur du feu au sens propre comme au sens figuré. D’un calme olympien déroutant, Adou Akaffou n’en demeure pas moins un redoutable et téméraire combattant.
Un homme qui n’avait peur de rien
Le Président Gbagbo qui a réaménagé son armée après Novembre 2004, ne s’est pas trompé en nommant Mangou Chef d’état-major et Akaffou Commandant des Forces Terrestres. L’association de ces hommes au Général Kassaraté et bien d’autres officiers a permis, malgré toutes les tentatives de déstabilisation, de maintenir la zone gouvernementale dans une stabilité certaine. Si Adou Akaffou Julien est à ce poste, c’est bien parce que le chef de l’Etat a dû être informé de ce haut fait d’arme qu’il a posé en Septembre 2002. Lorsque ce jour , l’ex-rébellion prend pied à Abidjan et manque de renverser les institutions étatiques, Adou Akaffou fait partie des Officiers valeureux qui sont allés au charbon pour mettre celle-ci en déroute. Surpris par le comportement de certains de ses hommes sûrs, le Général de Division Doué Mathias demande à Adou Akaffou d’aller au combat. Sans broncher et alors qu’il ne commande pas à cet instant une quelconque unité, Adou Akaffou, prend la tête de quelques hommes venus çà et là dans la confusion. Le plus cocasse dans l’affaire mais aussi le plus parlant, c’est que Julien Adou colonel à l’époque, a un véhicule de commandement tout à fait particulier. C’est un véhicule banalisé de marque Peugeot qu’il utilise pour affronter les rebelles en furie. Le Commandant Abéhi Jean Noel alors Capitaine lui barre la route et lui demande de s’installer dans son char pour diriger les opérations. Ce qu’il fera pendant toute la journée et avec le résultat que chacun sait. Tous les camps assiégés sont, un à un, libérés. Beaucoup de militaires qui ont pris part au combat dans la matinée du 19 Septembre 2002 sont unanimes sur le fait que Adou Akaffou est un grand chef militaire. L’un de ses soldats raconte cette anecdote qui montre encore le sens élevé du devoir du général Adou. ‘’ Lors de l’attaque des camps d’Akouédo, dans la nuit du 1 au 2 Janvier 2006, un chose m’a énormément étonné et fait plaisir . Pendant que les combats faisaient rage, nos commandants d’unité sur le terrain nous ont fait parvenir un message qui nous a galvanisés. On ne sait pas par quel moyen, il s’y est pris, mais ce qui est sûr dans cette nuit de feu, le Général Akaffou est apparu au camp cherchant à voir notre état d’esprit et prendre la direction des Opérations. En tout cas, cette nuit, il est venu au front avec nous et cela nous a dopés pour faire mal à l’ennemi’’ nous a-t-il confié. Le ‘’Comter’’ était le quatrième que l’armée ivoirienne a connu après le Général Marius Tauthui, le Colonel Dékassan Théodore et le Général Bombet Dénis. Il était père de quatre enfants et avait sous sa coupole, les 3 bataillons d’Infanterie, le 1er Bataillon des Commandos Parachutistes, le Bataillon du Génie, le Bataillon d’Artillerie Sol Air, le Bataillon d’Artillerie Sol-Sol, le 1er Bataillon Blindé, l’Unité de Commandement et de Soutien et la Compagnie Territoriale de Korhogo.
Par Valery Foungbé