L’année 2009 a mal commencé pour les travailleurs de la plus grande scierie de Gagnoa qui vient de déposer les clés sous le paillasson.
«Nous avons en son temps appelé tous ceux qui pouvaient faire quelque chose pour empêcher la fermeture de la Cib (Compagnie ivoirienne de bois). Malheureusement, depuis le 31 décembre, cela est devenu une réalité. Au jour d’aujourd’hui, nous sommes à la phase de payement des indemnités de rupture. L’employeur a fait des projets de calcul qu’il nous a soumis pour vérification. Il est vrai que les indemnités de rupture ne sont jamais élevées. Nous regrettons cela. Pour la Cib, elles varient entre 150.000 et un million de Fcfa». Celui qui se désole ainsi se nomme Coulibaly Mamadou. Inspecteur de travail de son état, c’est à lui qu’est revenue la lourde tâche de gérer le dossier des déflatés de la plus grande scierie de Gagnoa. Ce qui était une simple rumeur, il y a peu, s’est confirmé le 31 décembre. La plus grande société pourvoyeuse d’emplois du Centre-Ouest du pays a effectivement fermé boutique. Un début d’année amer et triste pour les 1.400 employés qui se retrouvent au chômage.
Le poids des taxes
Samedi 3 janvier, 10 h. L’entrée principale de l’usine qui, il y a encore moins d’une semaine, grouillait de monde, est presque vide. Les rares travailleurs qui franchissent le portail métallique, viennent, pour la plupart, de la cité Cib située à moins de 200 mètres de la scierie. Ils ont le visage particulièrement grave en ce jour. La raison, c’est qu’en plus des soucis qu’ils se font depuis quelques temps par rapport à leur avenir professionnel, ils sont en deuil. Leur collègue Kouyé Laï Robert, 51 ans, conducteur de parc à grume, est mort la veille dans un accident de travail. Désormais, sur 1.400 travailleurs, ils ne sont plus que 100 (moins bien sûr Robert) retenus pour l’entretien quotidien des l’outil de production. Ils ont été maintenus sur la base d’un nouveau protocole d’accord pour une durée de 6 mois. Passé ce délai, si rien n’est fait par les autorités pour satisfaire aux sollicitations du patronat, ils devront rejoindre les autres dans la rue. Ceux-ci sont au nombre de 1.300 dont 700 employés et 600 contractuels. Ils sont au chômage depuis le 31 décembre. La perte drastique des marchés, la hausse de la Tva et les difficultés liées au manque de périmètres exploitables sont les principales causes de leur licenciement économique. Le patron de la société, M. Fadoul El Achkar Zouhair Michel, est rentré de l’Europe pour voir l’effectivité de la fermeture et régler les problèmes liés aux droits des licenciés. «Il a décidé de ne pas parler à la presse. Ne vous fatiguez pas, il ne vous recevra pas», répète l’un des deux vigiles en poste à l’entrée. Vu notre insistance, il décroche son téléphone et appelle quelques travailleurs. «Nous sommes des délégués syndicaux » clament-ils. Il s’agit de Tiéhi Boris, secrétaire général de la centrale Dignité, de N’zi Yao Christophe, secrétaire général de l’Ugtci de la Cib, du président du comité des délégués, Hervé Mathieu Bohui, et du délégué du personnel, Lebou Isidore. Avec quatre autres travailleurs, ils forment le comité de redressement et d’intervention de l’entreprise. Après le 31 décembre, ce comité a été formé pour réfléchir et trouver des solutions aux problèmes ponctuels des licenciés et surtout pour rencontrer les autorités en vue de la réouverture de la Cib.
Les cadres de Gagnoa impuissants
«Nous sommes arrivés à une situation que personne d’entre nous ne souhaitait y compris le patronat. Nous sommes donc obligés de gérer cette situation afin d’obtenir, si possible, la réouverture de la boîte», a indiqué le secrétaire général de la centrale Dignité. N’zi Yao Apollinaire, secrétaire général de l’Ugtci, a d’abord regretté le silence des cadres de la région avant d’exprimer le vœu de ses camarades en ces termes: «Depuis l’annonce de la fermeture de la Cib, nous avons entrepris des démarches auprès des autorités afin qu’elles trouvent des solutions aux problèmes des 1.400 travailleurs. Hélas! Nous n’avons pas encore obtenu gain de cause. Plus que tout, nous souhaitons rencontrer le chef de l’Etat, car il est un fils de cette région», a-t-il plaidé. Pour lui, les conditions que pose M. Fadoul sont largement à la portée des gouvernants. Il s’agit du «remboursement de la Tva, d’un allègement fiscal et de l’obtention de périmètre dans les environs de Gagnoa.» Du côté des habitants, c’est la tristesse et la désolation. Pour eux, la cité du fromager n’est plus que l’ombre d’elle-même. La fermeture de la Cib est un malheur de trop en plus de l’incendie qui a ravagé le grand marché de la ville le 25 octobre dernier. «Avec les 1.400 employés, la masse salariale avoisinait les 100 millions de Fcfa par mois et c’est à Gagnoa ici que la majorité de cet argent se dépensait. Maintenant que la société a fermé, nos chiffres d’affaires vont considérablement baisser et certainement que le taux d’agression va augmenter. Car à côté du chômage, il y a le banditisme», s’est désolé un des rares commerçants grossiste à avoir été épargné par les flammes. Pour beaucoup d’autres, le chef de l’Etat doit peser de son poids pour la réouverture de cette entreprise s’il ne veut pas voir sa ville natale sombrer dans le chaos économique.
Tapé Jean-Baptiste, Correspondant régional
«Nous avons en son temps appelé tous ceux qui pouvaient faire quelque chose pour empêcher la fermeture de la Cib (Compagnie ivoirienne de bois). Malheureusement, depuis le 31 décembre, cela est devenu une réalité. Au jour d’aujourd’hui, nous sommes à la phase de payement des indemnités de rupture. L’employeur a fait des projets de calcul qu’il nous a soumis pour vérification. Il est vrai que les indemnités de rupture ne sont jamais élevées. Nous regrettons cela. Pour la Cib, elles varient entre 150.000 et un million de Fcfa». Celui qui se désole ainsi se nomme Coulibaly Mamadou. Inspecteur de travail de son état, c’est à lui qu’est revenue la lourde tâche de gérer le dossier des déflatés de la plus grande scierie de Gagnoa. Ce qui était une simple rumeur, il y a peu, s’est confirmé le 31 décembre. La plus grande société pourvoyeuse d’emplois du Centre-Ouest du pays a effectivement fermé boutique. Un début d’année amer et triste pour les 1.400 employés qui se retrouvent au chômage.
Le poids des taxes
Samedi 3 janvier, 10 h. L’entrée principale de l’usine qui, il y a encore moins d’une semaine, grouillait de monde, est presque vide. Les rares travailleurs qui franchissent le portail métallique, viennent, pour la plupart, de la cité Cib située à moins de 200 mètres de la scierie. Ils ont le visage particulièrement grave en ce jour. La raison, c’est qu’en plus des soucis qu’ils se font depuis quelques temps par rapport à leur avenir professionnel, ils sont en deuil. Leur collègue Kouyé Laï Robert, 51 ans, conducteur de parc à grume, est mort la veille dans un accident de travail. Désormais, sur 1.400 travailleurs, ils ne sont plus que 100 (moins bien sûr Robert) retenus pour l’entretien quotidien des l’outil de production. Ils ont été maintenus sur la base d’un nouveau protocole d’accord pour une durée de 6 mois. Passé ce délai, si rien n’est fait par les autorités pour satisfaire aux sollicitations du patronat, ils devront rejoindre les autres dans la rue. Ceux-ci sont au nombre de 1.300 dont 700 employés et 600 contractuels. Ils sont au chômage depuis le 31 décembre. La perte drastique des marchés, la hausse de la Tva et les difficultés liées au manque de périmètres exploitables sont les principales causes de leur licenciement économique. Le patron de la société, M. Fadoul El Achkar Zouhair Michel, est rentré de l’Europe pour voir l’effectivité de la fermeture et régler les problèmes liés aux droits des licenciés. «Il a décidé de ne pas parler à la presse. Ne vous fatiguez pas, il ne vous recevra pas», répète l’un des deux vigiles en poste à l’entrée. Vu notre insistance, il décroche son téléphone et appelle quelques travailleurs. «Nous sommes des délégués syndicaux » clament-ils. Il s’agit de Tiéhi Boris, secrétaire général de la centrale Dignité, de N’zi Yao Christophe, secrétaire général de l’Ugtci de la Cib, du président du comité des délégués, Hervé Mathieu Bohui, et du délégué du personnel, Lebou Isidore. Avec quatre autres travailleurs, ils forment le comité de redressement et d’intervention de l’entreprise. Après le 31 décembre, ce comité a été formé pour réfléchir et trouver des solutions aux problèmes ponctuels des licenciés et surtout pour rencontrer les autorités en vue de la réouverture de la Cib.
Les cadres de Gagnoa impuissants
«Nous sommes arrivés à une situation que personne d’entre nous ne souhaitait y compris le patronat. Nous sommes donc obligés de gérer cette situation afin d’obtenir, si possible, la réouverture de la boîte», a indiqué le secrétaire général de la centrale Dignité. N’zi Yao Apollinaire, secrétaire général de l’Ugtci, a d’abord regretté le silence des cadres de la région avant d’exprimer le vœu de ses camarades en ces termes: «Depuis l’annonce de la fermeture de la Cib, nous avons entrepris des démarches auprès des autorités afin qu’elles trouvent des solutions aux problèmes des 1.400 travailleurs. Hélas! Nous n’avons pas encore obtenu gain de cause. Plus que tout, nous souhaitons rencontrer le chef de l’Etat, car il est un fils de cette région», a-t-il plaidé. Pour lui, les conditions que pose M. Fadoul sont largement à la portée des gouvernants. Il s’agit du «remboursement de la Tva, d’un allègement fiscal et de l’obtention de périmètre dans les environs de Gagnoa.» Du côté des habitants, c’est la tristesse et la désolation. Pour eux, la cité du fromager n’est plus que l’ombre d’elle-même. La fermeture de la Cib est un malheur de trop en plus de l’incendie qui a ravagé le grand marché de la ville le 25 octobre dernier. «Avec les 1.400 employés, la masse salariale avoisinait les 100 millions de Fcfa par mois et c’est à Gagnoa ici que la majorité de cet argent se dépensait. Maintenant que la société a fermé, nos chiffres d’affaires vont considérablement baisser et certainement que le taux d’agression va augmenter. Car à côté du chômage, il y a le banditisme», s’est désolé un des rares commerçants grossiste à avoir été épargné par les flammes. Pour beaucoup d’autres, le chef de l’Etat doit peser de son poids pour la réouverture de cette entreprise s’il ne veut pas voir sa ville natale sombrer dans le chaos économique.
Tapé Jean-Baptiste, Correspondant régional