La crise au sein de l’église du Christianisme céleste en Côte d’Ivoire le forum des confessions religieuses, la tenue de l’élection présidentielle…Le Pasteur Ediémou Blin Jacob se prononce. Interview.
Notre Voie : Avant de présenter récemment leurs vœux de nouvel an au Président de la République, Laurent Gbagbo, les leaders religieux de Côte d’Ivoire ont tenu un conclave. De quoi avez-vous parlé ?
Pasteur Ediémou : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur les hommes de bonne volonté. Paix sur notre pays, la Côte d’Ivoire. Si notre pays est bien sécurisé présentement, c’est que les FDS font leur travail. Ce n’est pas tout le monde qui peut affirmer que la Côte d’Ivoire est bénie. Seuls les religieux peuvent l’affirmer puisqu’ils sont les communicateurs entre Dieu et les hommes. Quel que soit le temps que ça prendra, nous sortirons totalement de cette crise que nous vivons depuis septembre 2002. Certains individus ont voulu opposer les Ivoiriens en soutenant que le nord est musulman et le sud, chrétien. Alors qu’il n’en est rien. Grâce à M. Honoré Guié, nous les religieux, nous avons créé le forum des confessions religieuses pour dire au monde que la Côte d’Ivoire est une et indivisible sous la bannière d’un Dieu unique. Depuis toujours, quand nous allions à des cérémonies officielles à la Présidence, nous avions un seul porte-parole, c’était le cardinal Bernard Agré. L’année dernière, nous avons eu deux porte-parole, l’un chrétien, l’autre musulman. Comme le pays avance résolument vers la sortie de crise, nous avons estimé qu’il faut revenir à un seul porte-parole. Il ne s’agissait pas d’un conclave mais d’une concertation. L’Imam Koudouss et moi sommes allés voir l’Archevêque Kutwan parce que, de tous les temps, c’est l’Archevêché qui est notre porte-parole. Malheureusement, on n’a pas pu s’entendre. Il semble que le protocole d’Etat avait déjà établi un programme pour la présentation des vœux. Nous nous sommes donc pliés à l’ordre protocolaire. Il y a donc eu deux discours. Nous avons tenu cette concertation pour ne pas montrer que nous sommes divisés.
N.V. : Parce qu’en réalité, vous êtes divisés ?
P.E. : Non, pas du tout. Nous voulions simplement revenir à la pratique du passé qui consistait à avoir un seul porte-parole. Nous sommes arrivés à un stade où nous devons faire le consensus pour la gloire de Dieu et le bonheur de notre pays.
N.V. : Comment voyez-vous l’année 2009? sera-t-elle celle de la tenue de l’élection présidentielle ?
P.E. : Dieu a déjà organisé l’élection présidentielle…
N.V. : C’est-à-dire ?
P.E. : Nous voulons dire par là que Dieu sait déjà ce qui se passera. C’est vrai qu’en tant qu’humains, nous sommes pressés d’organiser les élections présidentielles mais je dis, allons doucement ! Si en 2009, il y a les élections, gloire à Dieu. Mais s’il n’y a pas d’élections, nous dirons toujours gloire à Dieu. Il ne faut pas se conduire comme si la Côte d’Ivoire n’existera plus s’il n’y pas d’élections. Nous devons aller lentement et sûrement afin que les situations de décembre 1999 et de septembre 2002 ne se reproduisent plus. C’est la commission électorale indépendante (CEI) qui donnera la date des élections. Si rien n’est encore fait, il faut mettre balle à terre pour que nous ayons des élections transparentes.
NV. : Depuis plus de 10 ans, vous êtes à la tête du forum des confessions religieuses. Pourquoi ce long règne sans alternance ?
P.E. : C’est aussi la preuve que la Côte d’Ivoire est un pays organisé au plan spirituel. Je suis le premier président de ce forum depuis sa création, c’est une grâce divine. Nous sommes prêt effectivement à rendre le tablier si les autorités nous donnent les moyens pour organiser une assemblée générale. Le forum des confessions religieux existe sans subvention. Une telle structure n’existe nulle part ailleurs dans le monde entier.
N.V. : Mais le forum est une initiative privée des leaders religieux, pourquoi exigez-vous un financement de la part des pouvoirs publics ?
P.E. : Oui, c’est une initiative privée mais les pouvoirs publics ont eu besoin de notre contribution pour apaiser les populations lorsque la tension s’est avérée parfois vive. Nos actions sont bénéfiques à la population. La Côte d’Ivoire est laïque et croyante. Au départ, nous avons été aidés par le GERDES puis l’Eglise catholique. Aujourd’hui, il nous faut voler de nos propres ailes. Nos fidèles demandent que nous renouvelions le comité du forum. Nous sommes prêts à le faire. Mais cela nécessite des moyens. Nous avons, par ailleurs, en projet la réalisation d’une charte des religieux afin de mieux codifier nos rapports. Et faire en sorte que les crises ne basculent jamais dans la religion. Je vous apprends que de nombreux pays s’inspirent de l’organisation des leaders religieux en Côte d’Ivoire.
N.V. : On parle de querelles de leadership entre chrétiens et musulmans au sein du forum. Qu’en est-il exactement ?
P.E. : Il n’y a jamais eu de rivalité entre leurs leaders religieux au sein du forum des confessions religieuses. D’ailleurs, mon successeur sera assurément un musulman puisque, nous, les chrétiens, nous dirigeons la structure depuis longtemps.
N.V. : Au sein de l’église du Christianisme céleste, la paix semble revenue entre le Supérieur évangéliste Zagadou et vous. Curieusement, vous faites face, chacun dans son camp, à la fronde des jeunes responsables. Comment expliquez-vous cela ?
P.E. : L’Etat ivoirien a mené, il y a quelques années, une enquête au sujet du premier responsable de l’église du Christianisme céleste en Côte d’Ivoire. Cette enquête a livré des résultats que curieusement le ministère de l’Intérieur refuse d’appliquer. Les résultats de l’enquête disent clairement que je suis le chef du diocèse de Côte d’Ivoire mais le ministre de l’Intérieur passe outre ces résultats pour attribuer un arrêté à un fidèle, Kanon Luc, en qualité de président du comité de direction de l’église. Moi, c’est l’autorité que j’accuse, pas le fidèle. On veut tout simplement installer le désordre, la division dans notre église. Un militaire qui prend un pouvoi, c’est un coup d’Etat. Et le ministère de l’Intérieur a aidé Kanon Luc a perpétré un coup d’Etat.
N.V. : Mais Kanon Luc est un responsable de l’église du Christianisme céleste en Côte d’Ivoire, il est Senior évangéliste…
P.E. : Kanon Luc, c’est mon fils. C’est moi qui lui ai appris à prier. Sa responsabilité s’arrête quand je suis là. Notre église est organisée. Chacun a sa place et attend son heure. Certains ne savent pas ce qu’ils font parce qu’ils ne connaissent pas feu le prophète Oshoffa. Je continue de les considérer comme des frères. Je ne leur en veux pas.
N.V. : Le ministère de l’Intérieur a certainement agi ainsi pour éviter que se perpétue le bicéphalisme constaté à la tête de l’église du Christianisme céleste...
P.E. : (Il s’énerve) Mais l’Etat de Côte d’Ivoire a fait diligenter une enquête au Nigeria et au Bénin pour régler la question du chef de diocèse. Il faut avoir l’honnêteté spirituelle, morale et intellectuelle pour reconnaître la vérité. En 1978, j’ai abandonné mon poste d’attaché de cabinet auprès du ministre Sery Gnoléba pour rejoindre l’église du Christianisme céleste. A cette époque, Zagadou était député. J’ai gravi tous les échelons de l’église. Feu le Président Houphouët appelait l’église céleste, «église d’Ediémou». Mon frère, le Président Gbagbo, le sait. Le prophète Oshoffa a mis en garde contre la division de l’église. Celui qui le fait en subira les conséquences. La Côte d’Ivoire est l’un des rares pays où les autorités s’immiscent directement dans les affaires d’une église. Ce n’est pas normal.
N.V. : Les autorités publiques sont garantes de la paix sociale. A ce titre, elles peuvent vouloir mettre de l’ordre au sein d’un groupe religieux où règnerait des palabres...
P.E. : (Il hausse le ton) L’intervention des autorités doit se faire sur la base de documents comme par exemple, les résultats de l’enquête. Si l’Etat est incapable de mettre de l’ordre au sein de l’église du christianisme céleste, pourquoi a-t-il fait l’enquête ? C’est la question de je me pose.
N.V. : La division au sein de l’église du Christianisme céleste en Côte d’Ivoire n’est-elle pas aussi la résultante du bicéphalisme existant à la tête de l’église céleste mondiale. On a d’un côté, le Pasteur Emmanuel Oshoffa au Nigeria dont Zagadou et Kanon Luc sont proches, et de l’autre, le Pasteur Agbaossi au Bénin dont vous êtes proche?*
P.E. : Non, non…Pas du tout. Le Nigeria n’est pas le siège de l’église du Christianisme céleste mondiale. C’est Porto Novo au Bénin. Alors Emmanuel
(le Pasteur Emmanuel Oshoffa) ne peut pas être le patron de l’église. Il ne faut pas s’amuser à diviser notre église. Le Nigeria est un diocèse au même titre que la Côte d’Ivoire. Si je ne me bats plus, c’est parce que je sais que, par la grâce de Dieu, je vais gagner.
N.V. : Des fidèles de l’église du Christianisme céleste vous qualifient de dictateur et d’inorganisé. Que répondez-vous ?
P.E. : Pourquoi s’étonner qu’une autorité religieuse use de son autorité pour ramener l’ordre quand c’est nécessaire. Ce n’est pas propre à Ediémou. C’est une pratique universelle. Un petit est un petit, et un grand est un grand. C’est en Côte d’Ivoire qu’on veut appeler un petit, un grand. Non, je ne suis pas autoritaire. Je ne peux pas accepter qu’on prenne l’église pour faire du business.
N.V. : Justement certains observateurs soutiennent que c’est le contrôle de la manne financière générée par l’église du christianisme céleste qui cause toutes ces batailles entre vous. Est-ce vrai ?
P.E. : Quand moi, j’arrivais dans l’église, il n’y avait pas d’argent. D’ailleurs, aucun temple n’était construit en dur. C’est grâce à mon action et à celle de certains fidèles que l’église a évolué. Nous ne sommes pas venus pour l’argent mais pour suivre la voie de Dieu. Celui qui n’est pas formé spirituellement, est un animal. L’homme spirituel recherche d’abord la voie de Dieu, après le matériel lui sera donné. Ceux qui font le contraire sont des animaux. On ne vient pas à l’église pour rechercher l’argent.
Interview réalisée par Didier Depry
Notre Voie : Avant de présenter récemment leurs vœux de nouvel an au Président de la République, Laurent Gbagbo, les leaders religieux de Côte d’Ivoire ont tenu un conclave. De quoi avez-vous parlé ?
Pasteur Ediémou : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur les hommes de bonne volonté. Paix sur notre pays, la Côte d’Ivoire. Si notre pays est bien sécurisé présentement, c’est que les FDS font leur travail. Ce n’est pas tout le monde qui peut affirmer que la Côte d’Ivoire est bénie. Seuls les religieux peuvent l’affirmer puisqu’ils sont les communicateurs entre Dieu et les hommes. Quel que soit le temps que ça prendra, nous sortirons totalement de cette crise que nous vivons depuis septembre 2002. Certains individus ont voulu opposer les Ivoiriens en soutenant que le nord est musulman et le sud, chrétien. Alors qu’il n’en est rien. Grâce à M. Honoré Guié, nous les religieux, nous avons créé le forum des confessions religieuses pour dire au monde que la Côte d’Ivoire est une et indivisible sous la bannière d’un Dieu unique. Depuis toujours, quand nous allions à des cérémonies officielles à la Présidence, nous avions un seul porte-parole, c’était le cardinal Bernard Agré. L’année dernière, nous avons eu deux porte-parole, l’un chrétien, l’autre musulman. Comme le pays avance résolument vers la sortie de crise, nous avons estimé qu’il faut revenir à un seul porte-parole. Il ne s’agissait pas d’un conclave mais d’une concertation. L’Imam Koudouss et moi sommes allés voir l’Archevêque Kutwan parce que, de tous les temps, c’est l’Archevêché qui est notre porte-parole. Malheureusement, on n’a pas pu s’entendre. Il semble que le protocole d’Etat avait déjà établi un programme pour la présentation des vœux. Nous nous sommes donc pliés à l’ordre protocolaire. Il y a donc eu deux discours. Nous avons tenu cette concertation pour ne pas montrer que nous sommes divisés.
N.V. : Parce qu’en réalité, vous êtes divisés ?
P.E. : Non, pas du tout. Nous voulions simplement revenir à la pratique du passé qui consistait à avoir un seul porte-parole. Nous sommes arrivés à un stade où nous devons faire le consensus pour la gloire de Dieu et le bonheur de notre pays.
N.V. : Comment voyez-vous l’année 2009? sera-t-elle celle de la tenue de l’élection présidentielle ?
P.E. : Dieu a déjà organisé l’élection présidentielle…
N.V. : C’est-à-dire ?
P.E. : Nous voulons dire par là que Dieu sait déjà ce qui se passera. C’est vrai qu’en tant qu’humains, nous sommes pressés d’organiser les élections présidentielles mais je dis, allons doucement ! Si en 2009, il y a les élections, gloire à Dieu. Mais s’il n’y a pas d’élections, nous dirons toujours gloire à Dieu. Il ne faut pas se conduire comme si la Côte d’Ivoire n’existera plus s’il n’y pas d’élections. Nous devons aller lentement et sûrement afin que les situations de décembre 1999 et de septembre 2002 ne se reproduisent plus. C’est la commission électorale indépendante (CEI) qui donnera la date des élections. Si rien n’est encore fait, il faut mettre balle à terre pour que nous ayons des élections transparentes.
NV. : Depuis plus de 10 ans, vous êtes à la tête du forum des confessions religieuses. Pourquoi ce long règne sans alternance ?
P.E. : C’est aussi la preuve que la Côte d’Ivoire est un pays organisé au plan spirituel. Je suis le premier président de ce forum depuis sa création, c’est une grâce divine. Nous sommes prêt effectivement à rendre le tablier si les autorités nous donnent les moyens pour organiser une assemblée générale. Le forum des confessions religieux existe sans subvention. Une telle structure n’existe nulle part ailleurs dans le monde entier.
N.V. : Mais le forum est une initiative privée des leaders religieux, pourquoi exigez-vous un financement de la part des pouvoirs publics ?
P.E. : Oui, c’est une initiative privée mais les pouvoirs publics ont eu besoin de notre contribution pour apaiser les populations lorsque la tension s’est avérée parfois vive. Nos actions sont bénéfiques à la population. La Côte d’Ivoire est laïque et croyante. Au départ, nous avons été aidés par le GERDES puis l’Eglise catholique. Aujourd’hui, il nous faut voler de nos propres ailes. Nos fidèles demandent que nous renouvelions le comité du forum. Nous sommes prêts à le faire. Mais cela nécessite des moyens. Nous avons, par ailleurs, en projet la réalisation d’une charte des religieux afin de mieux codifier nos rapports. Et faire en sorte que les crises ne basculent jamais dans la religion. Je vous apprends que de nombreux pays s’inspirent de l’organisation des leaders religieux en Côte d’Ivoire.
N.V. : On parle de querelles de leadership entre chrétiens et musulmans au sein du forum. Qu’en est-il exactement ?
P.E. : Il n’y a jamais eu de rivalité entre leurs leaders religieux au sein du forum des confessions religieuses. D’ailleurs, mon successeur sera assurément un musulman puisque, nous, les chrétiens, nous dirigeons la structure depuis longtemps.
N.V. : Au sein de l’église du Christianisme céleste, la paix semble revenue entre le Supérieur évangéliste Zagadou et vous. Curieusement, vous faites face, chacun dans son camp, à la fronde des jeunes responsables. Comment expliquez-vous cela ?
P.E. : L’Etat ivoirien a mené, il y a quelques années, une enquête au sujet du premier responsable de l’église du Christianisme céleste en Côte d’Ivoire. Cette enquête a livré des résultats que curieusement le ministère de l’Intérieur refuse d’appliquer. Les résultats de l’enquête disent clairement que je suis le chef du diocèse de Côte d’Ivoire mais le ministre de l’Intérieur passe outre ces résultats pour attribuer un arrêté à un fidèle, Kanon Luc, en qualité de président du comité de direction de l’église. Moi, c’est l’autorité que j’accuse, pas le fidèle. On veut tout simplement installer le désordre, la division dans notre église. Un militaire qui prend un pouvoi, c’est un coup d’Etat. Et le ministère de l’Intérieur a aidé Kanon Luc a perpétré un coup d’Etat.
N.V. : Mais Kanon Luc est un responsable de l’église du Christianisme céleste en Côte d’Ivoire, il est Senior évangéliste…
P.E. : Kanon Luc, c’est mon fils. C’est moi qui lui ai appris à prier. Sa responsabilité s’arrête quand je suis là. Notre église est organisée. Chacun a sa place et attend son heure. Certains ne savent pas ce qu’ils font parce qu’ils ne connaissent pas feu le prophète Oshoffa. Je continue de les considérer comme des frères. Je ne leur en veux pas.
N.V. : Le ministère de l’Intérieur a certainement agi ainsi pour éviter que se perpétue le bicéphalisme constaté à la tête de l’église du Christianisme céleste...
P.E. : (Il s’énerve) Mais l’Etat de Côte d’Ivoire a fait diligenter une enquête au Nigeria et au Bénin pour régler la question du chef de diocèse. Il faut avoir l’honnêteté spirituelle, morale et intellectuelle pour reconnaître la vérité. En 1978, j’ai abandonné mon poste d’attaché de cabinet auprès du ministre Sery Gnoléba pour rejoindre l’église du Christianisme céleste. A cette époque, Zagadou était député. J’ai gravi tous les échelons de l’église. Feu le Président Houphouët appelait l’église céleste, «église d’Ediémou». Mon frère, le Président Gbagbo, le sait. Le prophète Oshoffa a mis en garde contre la division de l’église. Celui qui le fait en subira les conséquences. La Côte d’Ivoire est l’un des rares pays où les autorités s’immiscent directement dans les affaires d’une église. Ce n’est pas normal.
N.V. : Les autorités publiques sont garantes de la paix sociale. A ce titre, elles peuvent vouloir mettre de l’ordre au sein d’un groupe religieux où règnerait des palabres...
P.E. : (Il hausse le ton) L’intervention des autorités doit se faire sur la base de documents comme par exemple, les résultats de l’enquête. Si l’Etat est incapable de mettre de l’ordre au sein de l’église du christianisme céleste, pourquoi a-t-il fait l’enquête ? C’est la question de je me pose.
N.V. : La division au sein de l’église du Christianisme céleste en Côte d’Ivoire n’est-elle pas aussi la résultante du bicéphalisme existant à la tête de l’église céleste mondiale. On a d’un côté, le Pasteur Emmanuel Oshoffa au Nigeria dont Zagadou et Kanon Luc sont proches, et de l’autre, le Pasteur Agbaossi au Bénin dont vous êtes proche?*
P.E. : Non, non…Pas du tout. Le Nigeria n’est pas le siège de l’église du Christianisme céleste mondiale. C’est Porto Novo au Bénin. Alors Emmanuel
(le Pasteur Emmanuel Oshoffa) ne peut pas être le patron de l’église. Il ne faut pas s’amuser à diviser notre église. Le Nigeria est un diocèse au même titre que la Côte d’Ivoire. Si je ne me bats plus, c’est parce que je sais que, par la grâce de Dieu, je vais gagner.
N.V. : Des fidèles de l’église du Christianisme céleste vous qualifient de dictateur et d’inorganisé. Que répondez-vous ?
P.E. : Pourquoi s’étonner qu’une autorité religieuse use de son autorité pour ramener l’ordre quand c’est nécessaire. Ce n’est pas propre à Ediémou. C’est une pratique universelle. Un petit est un petit, et un grand est un grand. C’est en Côte d’Ivoire qu’on veut appeler un petit, un grand. Non, je ne suis pas autoritaire. Je ne peux pas accepter qu’on prenne l’église pour faire du business.
N.V. : Justement certains observateurs soutiennent que c’est le contrôle de la manne financière générée par l’église du christianisme céleste qui cause toutes ces batailles entre vous. Est-ce vrai ?
P.E. : Quand moi, j’arrivais dans l’église, il n’y avait pas d’argent. D’ailleurs, aucun temple n’était construit en dur. C’est grâce à mon action et à celle de certains fidèles que l’église a évolué. Nous ne sommes pas venus pour l’argent mais pour suivre la voie de Dieu. Celui qui n’est pas formé spirituellement, est un animal. L’homme spirituel recherche d’abord la voie de Dieu, après le matériel lui sera donné. Ceux qui font le contraire sont des animaux. On ne vient pas à l’église pour rechercher l’argent.
Interview réalisée par Didier Depry