Une mission conjointe élargie à la Bad séjourne depuis deux jours à Abidjan dans l’optique d’évaluer les chances de notre pays de bénéficier d’un programme économique.
Une importante mission conjointe du Fonds monétaire international (Fmi) et de la Banque mondiale, élargie à la Banque africaine de développement (Bad) et à l’Union européenne (soit une délégation de 15 experts). séjourne depuis deux jours à Abidjan. Ayant inscrit à son agenda l’évaluation de la mise en œuvre du programme d’assistance d’urgence post-crise conclu pour trois ans en 2006, celle de l’exécution du budget 2008 et l’analyse sectorielle du budget 2009 dans l’optique de correctifs éventuels à suggérer au gouvernement, cette mission a eu, hier, sa première séance de travail avec le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Koffi Diby, à la salle de conférences de son cabinet (20ème étage, immeuble Sciam, au Plateau). Parce qu’il s’agit, in fine, de parachever les discussions devant aboutir à la conclusion d’un nouveau programme triennal économique et financier beaucoup plus ambitieux pouvant permettre à la Côte d’Ivoire de bénéficier pleinement des avantages et financements qu’offrent la Facilité pour la réduction de pauvreté et pour la croissance (Frpc) et l’allègement de la dette dans le cadre de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Ppte). Pour le ministre ivoirien de l’Economie et des Finances, le programme économique et financier susmentionné reste pour la Côte d’Ivoire une préoccupation majeure. Ce d’autant qu’on ne saurait parler de sortie de crise réussie en l’absence de création de richesses nécessaires pour combattre la pauvreté qui, comme on le sait, a gagné près de 49% de la population ivoirienne. Or, ce programme Frpc et l’allègement de la dette sont de nature à accroître les moyens de lutte contre cette paupérisation. On comprend dès lors que «les autorités ivoiriennes démontrent, chaque jour, leur engagement autour du programme pour la Facilité de la réduction de la pauvreté et pour la croissance (Frpc) pour donner une nouvelle chance à la Côte d’Ivoire. Ce programme est la seule alternative», a déclaré, hier, le ministre Charles Koffi Diby, à l’entame des discussions avec cette mission, conjointe qui durera une semaine. Au demeurant, il a souhaité que cette mission conduite par Arend Kouwenaar du Fmi, soit la consécration des efforts inlassables fournis par les deux parties (Côte d’Ivoire et Fmi/Banque mondiale), c’est-à-dire la signature d’ici à la fin du premier trimestre 2009, du programme sus indiqué. En tout état de cause, le ministre Diby, qui s’est félicité de la reprise, depuis août 2007, de la coopération pleine et entière avec les institutions de Bretton Woods et de l’ensemble de la communauté financière, a tenu à rassurer la mission conjointe sur l’état d’esprit qui anime les dirigeants ivoiriens en l’accueillant : la transparence et la franchise dans les échanges. «Nous resterons totalement ouverts», a-t-il souligné. Pour sa part, le chef de la mission conjointe Fmi/Banque mondiale, élargie pour la circonstance à la Bad et à l’Union européenne, Arend Kouwenaar, a laissé entendre que la communauté financière internationale est en phase avec les dirigeants ivoiriens. «Nous avons compris que la volonté de la Côte d’Ivoire, c’est la programme économique et financier pour réduire la pauvreté. Le Fmi, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement sont prêts à vous accompagner», a-t-il indiqué. Avant d’ajouter : «Nous sommes venus cette fois-ci avec beaucoup d’espoir». En fait, l’amélioration du climat sécuritaire et social et l’optimisme ambiant qu’on note chez les populations apparaît pour la mission comme de bons indices pour avancer vers l’objectif commun : conclure le programme Frpc et parvenir à l’allègement de la dette afin de réduire la pauvreté. M. Arend a, par ailleurs, salué la volonté de transparence affichée par le ministre de l’Economie et des Finances, parce que, a-t-il souligné, cela contribuera à déceler quelques erreurs ou dérapages intervenus dans la gestion budgétaire 2008 et d’en savoir les causes de sorte que cela n’advienne plus dans la gestion budgétaire. Cette démarche qui va être privilégiée par la mission d’évaluation vise, au dire d’Arend Kouwenaar, un objectif majeur : la bonne gouvernance et, surtout, la transparence dans la gestion des flux financiers générés par la filière café-cacao et le secteur énergie, particulièrement pétrolier. «Il faut un engagement fort pour faire mieux dans le futur», a conclu le chef de la mission conjointe. Il faut savoir que la mission a un calendrier extrêmement chargé. Dans la même journée d’hier, elle a eu une séance de travail avec des experts nationaux, notamment le comité technique chargé du programme Aupc (Assistance d’urgence post-crise). Elle procédera à l’analyse du Tableau des opérations financières et économiques (Tofe) 2008, du cadrage macroéconomique et Tofe 2009 relativement au budget 2009, de l’impact du budget de la Cgrae, de la Caisse nationale d’épargne et des banques comme la Versus Bank et la Banque pour le financement de l’agriculture (Bfa), du climat des affaires, du financement du processus de sortie de crise. Des discussions relatives aux mesures structurelles, aux déclencheurs Ppte, à l’allocation des ressources budgétaires, à la réduction de la pauvreté, aux prix des produits pétroliers, au déficit de la Sir, à la situation monétaire, etc., figurent également en bonne place dans l’agenda de la mission.
Gooré Bi Hué
Arend Kouwenaar (Chef de la mission conjointe Fmi, Banque mondiale et Bad )
“D’ici à fin mars, tout devrait être bouclé”
Quelles sont vos impressions après cette première rencontre avec le ministre de l’Economie et des Finances, par-delà, l’Etat de Côte d’Ivoire ?
On est satisfait, mais ce n’est que le début de nos discussions. Comme vous l’avez indiqué, il s’agira d’évaluer, ensemble avec les autorités, l’exécution du programme d’assistance d’urgence post-crise (Aupc) qui date de 2006 et qui vient de s’achever afin de se donner une bonne base pour le nouveau programme 2009-2011. Ce nouveau programme va être appuyé par le Fonds monétaire international (Fmi) dans le cadre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (Frpc). Un programme dont la Côte d’Ivoire avait déjà bénéficié en 2002, avant que la crise ne vienne le remettre en cause. On connaît les contraintes du gouvernement, l’environnement international défavorable et des facteurs endogènes notamment des dépenses extrabudgétaires, des pressions sociales face aux contraintes de sortie de crise (identification, recensement). Donc au cours de cette mission, nous allons voir avec le gouvernement si l’exécution budgétaire, en dépit de ces contraintes, est restée dans le cadre des recettes et des dépenses inscrites au budget de l’Etat. Par ailleurs, la mission se veut également regardante sur la gestion des flux financiers dans la filière café-cacao et dans le secteur énergétique (électricité) et surtout les ressources pétrolières. En somme, la mission veut passer au peine fin les grands principes de bonne gouvernance. Améliorer les performances dans la gouvernance des filières café-cacao, des ressources financières, etc., et dans la gestion des finances publiques en général. Mais il faut dire qu’il y a globalement une satisfaction dans la gestion des finances. Quels sont les indicateurs qui vous permettent de le dire… ?
Au niveau des recettes, il y a eu une bonne performance. Au niveau des dépenses, il y a eu globalement une maîtrise de celles-ci, à part ces dépenses extrabudgétaires consécutives aux financements des grands travaux liés au transfert de la capitale à Yamoussoukro. Mais le ministre de l’Economie et des Finances nous a assurés que des mesures ont été prises pour éviter que de tels dérapages surviennent à nouveau, pour que toutes dépenses, quelles qu’elles soient, dorénavant soient budgétisées. Donc, s’inscrire de façon irréversible dans la normalité. Nous allons voir dans les jours à venir si les mesures de transparence sont effectivement mises en œuvre, comment elles fonctionnent dans la pratique et si les finances publiques telles que prévues pour les infrastructures sociales (santé, éducation, et autres) sont effectivement décaissées au profit desdites infrastructures et faire en sorte que l’ensemble des populations le sachent. Qu’est-ce qui va se passer pour 2009 ?
Pour le budget 2009, il faudra forcément quelques aménagements, parce que le climat a changé. Le prix du baril de pétrole a baissé. On ignore encore le prix du cacao sur le marché mondial. La récolte cacaoyère s’annonce moins bien, de nouveaux besoins financiers liés à l’accord complémentaire de Ouagadougou sont à prendre en compte. Il s’agit de voir comment tous ces facteurs vont affecter le budget en 2009. Tout cela exige un nouveau cadrage budgétaire sur lequel nous devons nous accorder et ce, par rapport au budget 2009 déjà adopté afin de le prendre en compte dans le programme triennal à signer avec la Côte d’Ivoire, dans le cadre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance et des appuis des autres bailleurs de fonds. On va également travailler sur les mesures de bonne gouvernance, notamment celles entrant dans le cadre de l’initiative de transparence dans les industries extractives (Itie) pour le secteur pétrole afin que les populations aient une lisibilité par rapport à l’utilisation des ressources (publications régulières des flux), à la réforme de la filière café-cacao. Donc, notre agenda, c’est de nous mettre d’accord avec les autorités sur cet ensemble de choses durant cette mission pour que ce programme renforcé pour 2009, une fois présenté dans les semaines à venir aux conseils d’administration du Fmi mais aussi à la Banque mondiale et à la Bad qui participent à cette mission-ci (sans oublier l’Union européenne), ne fasse l’objet d’une remise en cause. Au-delà de ce qui précède, il y a la perspective de l’allègement de la dette dans le cadre de l’initiative Ppte. Mais nous n’en sommes pas encore là, parce que nous devons être préalablement d’accord sur l’évaluation (de l’exécution, ndlr) du budget 2008, un nouveau programme 2009, y compris le budget 2009 pour rassurer les bailleurs de fonds que nous sommes au sujet de ce que la Côte d’Ivoire mérite vraiment ce programme et cet allègement de dette très importantes qui se chiffre à plusieurs milliards de dollars et qui, sur une période de 20/30 ans, pourrait, en principe, alléger le déficit extérieur de la Côte d’Ivoire. En cas d’accord avec les autorités ivoiriennes, dans quel délai la conclusion du programme pourrait intervenir ?
Nous terminerons cette mission avec un accord de principe. Il faudrait ensuite un à deux mois pour parvenir à l’approbation finale au niveau de nos différents sièges à Washington (Fmi, Banque mondiale). Donc d’ici à fin mars prochain, tout devrait être bouclé.
On a l’impression que vous êtes très prudent par rapport au discours du ministre de l’Economie et des Finances. La perspective d’atteindre le point de décision de l’initiative Ptte serait-elle en train de s’éloigner… ?
Non, non. Je trouve plutôt que c’est constant. C’est un défi pour y arriver. Ça n’a pas changé. L’espoir est grand des deux côtés de pouvoir y arriver. Mais il faut quand même que certains points, notamment pour ce qui est du budget 2009, soient résolus. Il faut qu’on ait un cadrage budgétaire qui consacre des dépenses à la réduction, à la pauvreté et que celles-ci transparaissent de façon précise et visible dans le budget de cette année. Et ce, pour montrer à la communauté internationale que ces dépenses sont budgétisées. Pour l’instant, nous n’en sommes pas convaincus, et c’est tout l’intérêt de cette mission qui va en discuter avec les partenaires nationaux. Donc il n’y a pas d’éloignement de l’objectif relatif à l’atteinte du point de décision, mais seulement des clarifications à apporter par les autorités du pays pour rassurer.
Est-il possible d’y parvenir effectivement en mars 2009 comme vous l’avez indiqué tantôt ?
L’objectif, c’est de respecter la date de fin mars. Et je pense qu’on peut y arriver. C’est la troisième mission conjointe depuis fin septembre-début octobre 2008. Certes, il reste un certain nombre de points à traiter : que le budget 2009 démontre qu’il y a une réorientation massive des dépenses vers la réduction de la pauvreté et moins de dépenses pour l’Etat d’une part, faire mieux en matière de gouvernance et de transparence dans la gestion des finances publiques, rassurer davantage la communauté internationale, et notamment financière. Surtout que la baisse du prix du baril du pétrole et la morosité de l’économie mondiale limitent plus que jamais les recettes publiques.
Propos recueillis par Gooré Bi Hué
Une importante mission conjointe du Fonds monétaire international (Fmi) et de la Banque mondiale, élargie à la Banque africaine de développement (Bad) et à l’Union européenne (soit une délégation de 15 experts). séjourne depuis deux jours à Abidjan. Ayant inscrit à son agenda l’évaluation de la mise en œuvre du programme d’assistance d’urgence post-crise conclu pour trois ans en 2006, celle de l’exécution du budget 2008 et l’analyse sectorielle du budget 2009 dans l’optique de correctifs éventuels à suggérer au gouvernement, cette mission a eu, hier, sa première séance de travail avec le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Koffi Diby, à la salle de conférences de son cabinet (20ème étage, immeuble Sciam, au Plateau). Parce qu’il s’agit, in fine, de parachever les discussions devant aboutir à la conclusion d’un nouveau programme triennal économique et financier beaucoup plus ambitieux pouvant permettre à la Côte d’Ivoire de bénéficier pleinement des avantages et financements qu’offrent la Facilité pour la réduction de pauvreté et pour la croissance (Frpc) et l’allègement de la dette dans le cadre de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Ppte). Pour le ministre ivoirien de l’Economie et des Finances, le programme économique et financier susmentionné reste pour la Côte d’Ivoire une préoccupation majeure. Ce d’autant qu’on ne saurait parler de sortie de crise réussie en l’absence de création de richesses nécessaires pour combattre la pauvreté qui, comme on le sait, a gagné près de 49% de la population ivoirienne. Or, ce programme Frpc et l’allègement de la dette sont de nature à accroître les moyens de lutte contre cette paupérisation. On comprend dès lors que «les autorités ivoiriennes démontrent, chaque jour, leur engagement autour du programme pour la Facilité de la réduction de la pauvreté et pour la croissance (Frpc) pour donner une nouvelle chance à la Côte d’Ivoire. Ce programme est la seule alternative», a déclaré, hier, le ministre Charles Koffi Diby, à l’entame des discussions avec cette mission, conjointe qui durera une semaine. Au demeurant, il a souhaité que cette mission conduite par Arend Kouwenaar du Fmi, soit la consécration des efforts inlassables fournis par les deux parties (Côte d’Ivoire et Fmi/Banque mondiale), c’est-à-dire la signature d’ici à la fin du premier trimestre 2009, du programme sus indiqué. En tout état de cause, le ministre Diby, qui s’est félicité de la reprise, depuis août 2007, de la coopération pleine et entière avec les institutions de Bretton Woods et de l’ensemble de la communauté financière, a tenu à rassurer la mission conjointe sur l’état d’esprit qui anime les dirigeants ivoiriens en l’accueillant : la transparence et la franchise dans les échanges. «Nous resterons totalement ouverts», a-t-il souligné. Pour sa part, le chef de la mission conjointe Fmi/Banque mondiale, élargie pour la circonstance à la Bad et à l’Union européenne, Arend Kouwenaar, a laissé entendre que la communauté financière internationale est en phase avec les dirigeants ivoiriens. «Nous avons compris que la volonté de la Côte d’Ivoire, c’est la programme économique et financier pour réduire la pauvreté. Le Fmi, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement sont prêts à vous accompagner», a-t-il indiqué. Avant d’ajouter : «Nous sommes venus cette fois-ci avec beaucoup d’espoir». En fait, l’amélioration du climat sécuritaire et social et l’optimisme ambiant qu’on note chez les populations apparaît pour la mission comme de bons indices pour avancer vers l’objectif commun : conclure le programme Frpc et parvenir à l’allègement de la dette afin de réduire la pauvreté. M. Arend a, par ailleurs, salué la volonté de transparence affichée par le ministre de l’Economie et des Finances, parce que, a-t-il souligné, cela contribuera à déceler quelques erreurs ou dérapages intervenus dans la gestion budgétaire 2008 et d’en savoir les causes de sorte que cela n’advienne plus dans la gestion budgétaire. Cette démarche qui va être privilégiée par la mission d’évaluation vise, au dire d’Arend Kouwenaar, un objectif majeur : la bonne gouvernance et, surtout, la transparence dans la gestion des flux financiers générés par la filière café-cacao et le secteur énergie, particulièrement pétrolier. «Il faut un engagement fort pour faire mieux dans le futur», a conclu le chef de la mission conjointe. Il faut savoir que la mission a un calendrier extrêmement chargé. Dans la même journée d’hier, elle a eu une séance de travail avec des experts nationaux, notamment le comité technique chargé du programme Aupc (Assistance d’urgence post-crise). Elle procédera à l’analyse du Tableau des opérations financières et économiques (Tofe) 2008, du cadrage macroéconomique et Tofe 2009 relativement au budget 2009, de l’impact du budget de la Cgrae, de la Caisse nationale d’épargne et des banques comme la Versus Bank et la Banque pour le financement de l’agriculture (Bfa), du climat des affaires, du financement du processus de sortie de crise. Des discussions relatives aux mesures structurelles, aux déclencheurs Ppte, à l’allocation des ressources budgétaires, à la réduction de la pauvreté, aux prix des produits pétroliers, au déficit de la Sir, à la situation monétaire, etc., figurent également en bonne place dans l’agenda de la mission.
Gooré Bi Hué
Arend Kouwenaar (Chef de la mission conjointe Fmi, Banque mondiale et Bad )
“D’ici à fin mars, tout devrait être bouclé”
Quelles sont vos impressions après cette première rencontre avec le ministre de l’Economie et des Finances, par-delà, l’Etat de Côte d’Ivoire ?
On est satisfait, mais ce n’est que le début de nos discussions. Comme vous l’avez indiqué, il s’agira d’évaluer, ensemble avec les autorités, l’exécution du programme d’assistance d’urgence post-crise (Aupc) qui date de 2006 et qui vient de s’achever afin de se donner une bonne base pour le nouveau programme 2009-2011. Ce nouveau programme va être appuyé par le Fonds monétaire international (Fmi) dans le cadre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (Frpc). Un programme dont la Côte d’Ivoire avait déjà bénéficié en 2002, avant que la crise ne vienne le remettre en cause. On connaît les contraintes du gouvernement, l’environnement international défavorable et des facteurs endogènes notamment des dépenses extrabudgétaires, des pressions sociales face aux contraintes de sortie de crise (identification, recensement). Donc au cours de cette mission, nous allons voir avec le gouvernement si l’exécution budgétaire, en dépit de ces contraintes, est restée dans le cadre des recettes et des dépenses inscrites au budget de l’Etat. Par ailleurs, la mission se veut également regardante sur la gestion des flux financiers dans la filière café-cacao et dans le secteur énergétique (électricité) et surtout les ressources pétrolières. En somme, la mission veut passer au peine fin les grands principes de bonne gouvernance. Améliorer les performances dans la gouvernance des filières café-cacao, des ressources financières, etc., et dans la gestion des finances publiques en général. Mais il faut dire qu’il y a globalement une satisfaction dans la gestion des finances. Quels sont les indicateurs qui vous permettent de le dire… ?
Au niveau des recettes, il y a eu une bonne performance. Au niveau des dépenses, il y a eu globalement une maîtrise de celles-ci, à part ces dépenses extrabudgétaires consécutives aux financements des grands travaux liés au transfert de la capitale à Yamoussoukro. Mais le ministre de l’Economie et des Finances nous a assurés que des mesures ont été prises pour éviter que de tels dérapages surviennent à nouveau, pour que toutes dépenses, quelles qu’elles soient, dorénavant soient budgétisées. Donc, s’inscrire de façon irréversible dans la normalité. Nous allons voir dans les jours à venir si les mesures de transparence sont effectivement mises en œuvre, comment elles fonctionnent dans la pratique et si les finances publiques telles que prévues pour les infrastructures sociales (santé, éducation, et autres) sont effectivement décaissées au profit desdites infrastructures et faire en sorte que l’ensemble des populations le sachent. Qu’est-ce qui va se passer pour 2009 ?
Pour le budget 2009, il faudra forcément quelques aménagements, parce que le climat a changé. Le prix du baril de pétrole a baissé. On ignore encore le prix du cacao sur le marché mondial. La récolte cacaoyère s’annonce moins bien, de nouveaux besoins financiers liés à l’accord complémentaire de Ouagadougou sont à prendre en compte. Il s’agit de voir comment tous ces facteurs vont affecter le budget en 2009. Tout cela exige un nouveau cadrage budgétaire sur lequel nous devons nous accorder et ce, par rapport au budget 2009 déjà adopté afin de le prendre en compte dans le programme triennal à signer avec la Côte d’Ivoire, dans le cadre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance et des appuis des autres bailleurs de fonds. On va également travailler sur les mesures de bonne gouvernance, notamment celles entrant dans le cadre de l’initiative de transparence dans les industries extractives (Itie) pour le secteur pétrole afin que les populations aient une lisibilité par rapport à l’utilisation des ressources (publications régulières des flux), à la réforme de la filière café-cacao. Donc, notre agenda, c’est de nous mettre d’accord avec les autorités sur cet ensemble de choses durant cette mission pour que ce programme renforcé pour 2009, une fois présenté dans les semaines à venir aux conseils d’administration du Fmi mais aussi à la Banque mondiale et à la Bad qui participent à cette mission-ci (sans oublier l’Union européenne), ne fasse l’objet d’une remise en cause. Au-delà de ce qui précède, il y a la perspective de l’allègement de la dette dans le cadre de l’initiative Ppte. Mais nous n’en sommes pas encore là, parce que nous devons être préalablement d’accord sur l’évaluation (de l’exécution, ndlr) du budget 2008, un nouveau programme 2009, y compris le budget 2009 pour rassurer les bailleurs de fonds que nous sommes au sujet de ce que la Côte d’Ivoire mérite vraiment ce programme et cet allègement de dette très importantes qui se chiffre à plusieurs milliards de dollars et qui, sur une période de 20/30 ans, pourrait, en principe, alléger le déficit extérieur de la Côte d’Ivoire. En cas d’accord avec les autorités ivoiriennes, dans quel délai la conclusion du programme pourrait intervenir ?
Nous terminerons cette mission avec un accord de principe. Il faudrait ensuite un à deux mois pour parvenir à l’approbation finale au niveau de nos différents sièges à Washington (Fmi, Banque mondiale). Donc d’ici à fin mars prochain, tout devrait être bouclé.
On a l’impression que vous êtes très prudent par rapport au discours du ministre de l’Economie et des Finances. La perspective d’atteindre le point de décision de l’initiative Ptte serait-elle en train de s’éloigner… ?
Non, non. Je trouve plutôt que c’est constant. C’est un défi pour y arriver. Ça n’a pas changé. L’espoir est grand des deux côtés de pouvoir y arriver. Mais il faut quand même que certains points, notamment pour ce qui est du budget 2009, soient résolus. Il faut qu’on ait un cadrage budgétaire qui consacre des dépenses à la réduction, à la pauvreté et que celles-ci transparaissent de façon précise et visible dans le budget de cette année. Et ce, pour montrer à la communauté internationale que ces dépenses sont budgétisées. Pour l’instant, nous n’en sommes pas convaincus, et c’est tout l’intérêt de cette mission qui va en discuter avec les partenaires nationaux. Donc il n’y a pas d’éloignement de l’objectif relatif à l’atteinte du point de décision, mais seulement des clarifications à apporter par les autorités du pays pour rassurer.
Est-il possible d’y parvenir effectivement en mars 2009 comme vous l’avez indiqué tantôt ?
L’objectif, c’est de respecter la date de fin mars. Et je pense qu’on peut y arriver. C’est la troisième mission conjointe depuis fin septembre-début octobre 2008. Certes, il reste un certain nombre de points à traiter : que le budget 2009 démontre qu’il y a une réorientation massive des dépenses vers la réduction de la pauvreté et moins de dépenses pour l’Etat d’une part, faire mieux en matière de gouvernance et de transparence dans la gestion des finances publiques, rassurer davantage la communauté internationale, et notamment financière. Surtout que la baisse du prix du baril du pétrole et la morosité de l’économie mondiale limitent plus que jamais les recettes publiques.
Propos recueillis par Gooré Bi Hué