La production aurifère sera-t-elle sous peu le second pilier de l’économie nationale après le secteur agricole ? Les nouvelles découvertes à Tongon, dans la sous-préfecture de Mbengué (région des Savanes) au nord de la Côte d’ Ivoire le laissent présager. Au cours du cocktail de presse, animé hier, à l’hôtel Tiama, Dr Dennis Marc Bristow, directeur exécutif de Randgold Ressources, a annoncé que sa société venait de découvrir une réserve non négligeable d’or : «La mine d’or de Tongon représentera la plus grande unité minière de la Côte d’Ivoire dont la durée de vie est estimée à près de dix ans», a-t-il insisté d’emblée. Randgold Ressources, qui est une société africaine d’exploitation et d’exploration minière exclusivement aurifère, travaille depuis 1995, en joint venture avec la Société de développement minière de la Côte d’Ivoire (Sodemi). Après l’obtention en 1996, de ses permis de recherche et autorisation de prospection, la société est présente dans les régions d’Odienné, Séguela, Téhini, Niellé, Boundiali, Sikolo et Mankono. Depuis 2006, elle a étendu sa toile de prospection aux régions d’Aboisso et d’Issia. Ces différents travaux de recherches lui ont valu déjà 20 millions de dollars (environ 1 milliard de FCFA) d’investissements dans le pays, malgré la crise. Et la découverte du gisement de Tongon vient de lui donner raison. Car, au dire de Dr Dennis Marc Bristow, ce gisement a une teneur aurifère de 4 millions d’onces (environ 120 tonnes d’or), ce qui est très nettement supérieur à la capacité de la mine d’or d’Ity (1 million d’onces, soit 1,6 tonne par an). Sa mise en exploitation est prévue pour le deuxième semestre 2010. Entre-temps, Randgold qui se voudra soucieuse des questions environnementales et des retombées socioéconomiques sur les populations riveraines, va entreprendre la construction des infrastructures qui conduiront, en septembre 2010, à la mise en service de la mine et la production du premier lingot d’or en novembre suivant. Globalement, 140 milliards de francs CFA (280 millions de dollars US) seront investis dans la construction infrastructurelle. Par ailleurs, une ligne de haute tension de 90 KV long de 60 km partant de Korhogo à Tongon sera réalisée pour près de 10 milliards de FCFA. Sa mise en exploitation conduira à la création d’une société de droit ivoirien dénommée « Tongon SA », dans laquelle l’Etat ivoirien détiendra 10% des actions. En termes d’impacts socioéconomiques, l’exploitation de cette mine d’or nécessitera le transport de 4000 conteneurs depuis le Port d’Abidjan vers le site, le recrutement de 1000 personnes pour la construction de la mine et la création de 800 emplois directs. Se voulant transparents dès le départ, les responsables de Randgold ont laissé entendre que la répartition des flux financiers que va générer la mine sera telle que 48% desdits flux iront aux salaires et taxes, aux droits d’importation, aux taxes diverses, aux royalties et aux dividendes du gouvernement. Quoique l’investissement soit onéreux, seuls 52% des ressources générées reviendront à la société. De l’avis du directeur exécutif, la Côte d’Ivoire pourrait tirer de l’exploitation de cette mine, une manne financière estimée à 500 millions de dollars (soit 250 milliards de FCFA au taux actuel du dollar avoisinant les 500 FCFA). De quoi amener le ministre des Mines et de l’Energie, Léon-Emmanuel Monnet, parrain de ce cocktail de presse, à saluer les efforts déployés par le staff de Randgold, malgré un contexte difficile, pour parvenir à cette découverte majeure. Qui va contribuer à réduire la pauvreté en Côte d’Ivoire. Il prévient cependant, qu’en dépit des espoirs que suscite le secteur minier ivoirien, le secteur agricole demeure et demeurera encore longtemps le principal pilier de l’économie ivoirienne. Cela dit, «Randgold nous permet en ce moment de l’histoire de la Côte d’Ivoire, marqué par une sortie progressive de la crise, de rêver en…or», a affirmé, le ministre Monnet. Notons que cette société qui opère dans cinq pays ouest africains (Sénégal, Burkina Faso, Mali, Ghana et Côte d’Ivoire) mais aussi en Tanzanie et en Afrique de l’Est, vient ainsi de faire sa troisième plus grande découverte de gisement dans la sous-région ouest africaine : après ceux de Morila et de Loulo (Mali) avec respectivement plus de 7,5 millions d’onces (plus de 230 tonnes) et 7 millions d’onces (215 tonnes environ).
Goore Bi Hue
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