x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le samedi 7 février 2009 | Le Nouveau Réveil

Kouamé Brou Lazare (Pc de suivi de la purge des droits coutumiers du village de Bézro (commune de Yamoussoukro) : « Nous avons décidé de ne plus nous adresser au gouverneur du District de Yamoussoukro »

Le transfert de la capital projet cher au chef de l’Etat Laurent Gbagbo préoccupe les populations de la petite localité de Bèzro (commune de Yamoussoukro). Les populations dudit village résidant sur le site où est bâti le palais présidentiel se sentent aujourd’hui spoliées de leurs terres par l’Etat de Côte d’Ivoire et à travers elle, le gouverneur du district de Yamoussoukro. M. Kouamé Brou Lazare président du comité de suivi de la purge des droits coutumiers du village de Bézro, crie sa colère dans l’interview qu’il nous a accordée.
M. Kouamé Brou Lazare vous nous avez adressé un courrier il y a quelques jours, pour nous exprimer votre mécontentement par rapport au transfert de la capitale à Yamoussoukro. Surtout les modalités de transfert de la capitale. Vous n'êtes pas content. Quelles en sont les raisons ?
Nous ne sommes pas content parce que nous pensons que le gouvernement et particulièrement, le programme chargé du transfert de la capitale nous mène en bateau. Cela fait déjà quelque temps que la terre de Bézro a été utilisée frauduleusement par le gouvernement ivoirien. Depuis longtemps, que la première pierre du palais présidentiel a été posée. Et depuis lors, les travaux ont commencé. Nous avons demandé qu'il y ait des sacrifices sur la terre de Bézro. Nous avons rencontré le ministre Dano Djédjé qui nous a donné l'assurance que d'ici la fin de l'année 2008, cela devrait être fait. Jusqu'à présent, cela n'a pas été fait. Alors notre chef du village nous mandate une deuxième fois pour aller rencontrer le directeur chargé du programme du transfert de la capitale. Nous sommes allé le rencontrer et toujours ce sont les mêmes propos. Toujours, on nous renvoie, alors que notre chef du village est permanemment malade. Parce que tant que les sacrifices ne sont pas faits, nos ancêtres ne laisseront jamais tranquille le nouveau chef du village. Nous demandons au gouvernement de faire des efforts pour que dans un bref délai, tout ce que ce nous avons demandé et dont copie se trouve au programme chargé de la capitale soit fait. S'il tarde, nous allons arrêter les travaux sur le chantier du palais présidentiel.
Quelle est la réalisation qui se trouve sur le site du village en question?
C'est le palais présidentiel. Le nouveau site en construction.
Vous parlez du gouvernement. C'est le chef de l'Etat qui a initié son projet. Donc le gouvernement adopte la décision du Chef de l'Etat. A qui vous adressez-vous ? Au gouvernement ou au Chef de l'Etat ?
Bon ! Qui dit le Chef de l'Etat dit le gouvernement. Puisqu'il y a un département chargé du transfert de la capitale. Donc pour le moment, c'est à ce département que nous nous adressons, puisque c'est lui qui a à charge le transfert de la capitale.
En attendant de joindre les autorités au niveau du pays, il y a le gouverneur du District de Yamoussoukro qui est là. Pourquoi n'entreprenez-vous pas de démarches auprès de lui pour essayer de vous faire entendre ?
Nous, en tant que cadres du village de Bézro, nous ne pouvons pas nous adresser au gouverneur. Parce que le gouverneur nous a fait un faux bond dès le départ. Dès le début des délimitations, le gouverneur a convoqué nos parents pour leur signifier qu'ils ne doivent pas se mêler de la délimitation des terroirs villageois. Alors le village s'est posé la question de savoir si le gouverneur l'aimait ou pas. Le président Gbagbo a dit que celui qui n'est pas d'accord soit connu. Et le gouverneur appelle nos parents pour leur dire de ne pas se mêler à la délimitation des terres. Mais, si le village de Bézro avait écouté le gouverneur, aujourd'hui, nous ne saurions pas comment nous arranger. Nous serions phagocytés. A partir de ce moment, nous avons dit que le gouverneur n'aime pas ce village. Et d'ailleurs, depuis que ce monsieur a été nommé gouverneur, il n'est jamais allé dans ce village. La seule fois qu'il est allé lorsque nous avons invité le ministre Alphonse Douaty, il a accompagné le cortège. En dehors de cela, le gouverneur n'est jamais allé au village. Et l'année dernière, il a écrit deux (02) articles de journaux pour dire que le village sera déguerpi sur un autre site. Il fait des visites dans les villages. Il est allé voir le chef d'Attiégouakro pour qu'il nous accueille sur le site de son village parce que le village Bézro est Nananfouê. Il est allé demander au chef canton d'alors de nous recevoir sur ses terres. Alors qu'il n'a pas engagé de démarches pour nous déguerpir de nos terres. Au vu de tout ce qui précède, nous avons décidé de ne plus nous adresser au gouverneur du District de Yamoussoukro.
Quels sont vos rapports avec le gouverneur du District de Yamoussoukro, par rapport à ce que vous racontez ?
Nous n'avons pas de bons rapports. Nous n'avons jamais voulu le rencontrer. Parce qu'il nous a adressé des courriers. Et après en avoir pris connaissance, nous nous sommes rendus compte que ce monsieur voulait vraiment du mal du village de Bézro.
Par rapport au transfert de la capitale, même étant propriétaire terrien, est-ce que vous avez le droit de vous opposer à une décision du chef de l'Etat, dans un projet ?
Nous n'avons pas le droit de nous opposer à un projet. En tant que population de Bézro, nous savons que la ville de Yamoussoukro n'est pas la première ville qui va habiter une capitale. Ce n'est donc pas le petit village de Bézro qui va s'opposer à ce transfert. Mais, nous, ce sont les modalités qui nous intéressent. Nous avons fait venir l'article 15 de notre constitution qui le signifie bien. " Le droit de propriété est garanti à tous. Nul ne doit être privé de sa propriété si ce n'est pour cause d'utilité publique. Et sous la condition d'une juste et préalable indemnisation ". Nous ne nous opposons pas au transfert de la capitale. Mais ce que dit la constitution c'est ce que nous demandons aux autorités ivoiriennes, d'appliquer intégralement ce que dit l'article 15. " d'une juste rémunération au préalable ". Ce qui n'a pas été fait. Et c'est ce que nous demandons actuellement. Le village de Bézro ne peut pas s'opposer, et ne s'oppose pas à ce que ses terres soient utilisées. Il faut que nous soyons dédommagés. Et jusqu'à preuve du contraire, nos parents sont en train de mourir. Ceux mêmes qui ont leurs terres ! Alors nous demandons le minimum. Dans un premier temps pour que chacun puisse goûter un peu avant de mourir. Mais jusqu'à présent le gouvernement est sourd à notre appel. Alors cela nous fait vraiment mal. Alors, comme vous venez de le dire, c'est le président de la République qui est le garant de la constitution ivoirienne, comme il le défend bien d'ailleurs, nous demandons à ce que le Chef de l'Etat, dans le droit, défende l'article 15 de la constitution ivoirienne.
Tout à l'heure, vous avez parlé du ministre Alphonse Douaty qui est chargé du transfert de la capitale, il y a aussi les premiers responsables. Il y avait un 1er qui avait été nommé. Il a été dégommé. Il y a eu un autre. Quels sont les contacts que vous avez avec ces derniers ? Pourquoi vous ne vous adressez pas à ces derniers ?
C'est seulement la semaine dernière qu'il y a la passation de service entre le nouveau directeur et l'ancien. Notre intervention ici n'est pas dirigé contre le nouveau directeur. Puisque pour nous, il n'a pas encore pris fonction à proprement parler. Mais comme je l'ai dit, le dossier latent est là. C'est une manière de tirer sur la sonnette d'alarme, pour exposer les griefs du village. Nous, c'est parce que notre chef du village est constamment malade, parce que les sacrifices n'ont pas été faits. Nous sommes en train d'adresser une lettre de félicitation au nouveau directeur du transfert de la capitale. Ce qui nous fait mal aujourd'hui, lors de la présentation de ce nouveau directeur à tous les chefs du village concernant le transfert de la capitale, le village Bézro n'a pas été convié à cette réunion. On se pose la question de savoir sur quelles bases les convocations ont été faites et pourquoi pas le village de Bézro qui est au cœur du transfert de la capitale comme le disent tous les ministres Alphonse Douaty et Dano Djédjé. Nous allons perdre près de 500 ha, c'est-à-dire les ¾ du patrimoine foncier du village. Alors, on convoque des chefs dont les villages doivent perdre 10 ha, 100 ha et celui qui doit perdre près de 500 ha, on ne le convoque pas. Nous croyons que tout ce que nous sommes en train de voir, que tout ce que les gens font, c'est de la comédie qu'ils jouent.
Avant le nouveau responsable qui a été nommé récemment, il y a eu le ministre Dano Djédjé, qui est le ministre de la Réconciliation qui était aussi chargé du transfert de la capitale. Quels ont été vos rapports?
Quand M. Dano Djédjé est venu dans ce département, il nous a invité officiellement dans le village Bézro, le 26 décembre 2007. Le ministre Dano Djédjé a honoré l'invitation. Il nous a donné l'assurance. Il a été content de l'accueil que nous lui avons réservé. Et d'ailleurs la télévision a diffusé des images du village de Bézro que tout le monde a vues. Un village situé à 3 km de Yamoussoukro qui n'a ni électricité ni eau courante. Aujourd'hui, le village de Bézro est le seul village de Yamoussoukro à ne pas bénéficier d'électricité et d'eau courante. Le village n'est même pas loti. Dans les années 1996, nous avons voulu lotir le village nous-mêmes. L'ancien maire de Yamoussoukro, M. Konan Banny, a rejeté le lotissement pour dire que nous sommes sur un site provisoire. Et lorsque les touristes arrivent qu'on demande les villages qui sont démunis, c'est dans le village de Bézro que la mairie d'alors envoyait les touristes, parce que pour eux, c'est un village authentique. C'est-à-dire que nous, populations de Bézro, n'avons pas besoin d'électricité ni d'eau courante.
Revenons au ministre Dano Djédjé
Oui, le ministre Dano Djédjé est parti. Le chef du village s'est déplacé en personne pour venir rencontrer le ministre Dano Djédjé à Abidjan. Il a posé les mêmes problèmes. Sur les problèmes de sacrifices, M. Dano Djédjé a promis en parler au président de la République. Et que lui-même pourrait la résolution d'aller faire les sacrifices avant fin 2007. Cela n'a pas été fait. Voici qu'aujourd'hui que nous sommes en 2009. Et depuis lors, nous avons envoyé deux courriers pour qu'il nous reçoive et, jusqu'à preuve du contraire, le ministre ne nous a pas encore reçus. Concernant l'ancien directeur du transfert de la capitale, nous avions de très bons rapports. Il était à notre écoute. La preuve en est qu'avant qu'il ne parte, nous avons eu 2 séances de travail au cours desquelles j'ai posé le problème. Dommage ! Il a été remplacé. Nous pensons que le nouveau va suivre els mêmes traces que l'ancien directeur.
Au regard de tout ce qui précède, qu'attendez-vous de l'Etat et qui accusez-vous ? Qui manipule les choses pour ne pas que vous soyez dans vos droits ?
Nous accusons M. le gouverneur du District de Yamoussoukro. Parce que c'est l'un de nos parents. Il a été nommé gouverneur pour s'occuper de la ville. D'ailleurs, nous estimons qu'il ne fait pas l'affaire. Il ne défend pas nos droits. Son souhait est que le village de Bézro quitte toutes ses terres. Nous indexons le gouverneur N'dri Koffi Apollinaire.
Quand vous dites que vous allez faire arrêter les travaux dans les jours prochains, de quels moyens disposez-vous pour le faire ?
Nous n'allons pas faire de tapage. Mais nous donnons un délai, d'ici fin février 2009, nous allons rassembler tous les ressortissants de Bézro, jeunes, femmes et enfants pour aller faire une grève de la faim sur le site du palais présidentiel.
Interview réalisée par Patrice Yao
Coll. Serges Amani
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ