Agir ou se taire ? Telle semble être l’alternative qui se précise à Mamadou Koulibaly, député de Koumassi et président de l’Assemblée Nationale. En tout cas, l’homme dont le bureau vient d’être curieusement emporté par les flammes, doit nécessairement opérer un choix. Membre influent du Front Populaire Ivoirien, Koulibaly, le professeur en Economie, a habitué les Ivoiriens à ses coups de gueule et à ses sorties au vitriol contre des pratiques courantes au sein de la refondation. Il ne manque aucune occasion pour lancer des piques à une certaine gestion de la chose publique, depuis l’avènement de Laurent Gbagbo au pouvoir. Il est coutumier des sorties en règle contre son parti, au point où l’opinion en est à se poser cette lancinante interrogation : « que veut Koulibaly ? » Le samedi dernier à Yopougon, il a crié sa colère à ses amis socialistes : « Au FPI, il y a des voleurs, des menteurs et des truands… la victoire de Gbagbo n’est pas acquise ». Il n’était pas à sa première sortie. L’année dernière, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, avait produit un véritable pamphlet intitulé « les blues de la République » où il vitupérait contre l’enrichissement illicite des proches du président Laurent Gbagbo et dénonçait le culte de l’argent qui a gagné et gangrené les anciennes « poches de moralité ». Mamadou Koulibaly s’en prenait même à Gbagbo de faire semblant de ne pas voir le délitement prononcé qui rongeait son régime de l’intérieur. Il y a quelques mois de cela, le député de Koumassi, en plain meeting à Koumassi, disait haut et fort que plus de 70% des Ivoiriens ne mangeaient pas à leur faim, alors que le grand chef ne cessait d’affirmer le contraire. Visiblement donc, Koulibaly ne semble pas être en phase avec les proclamations et réclamations de son parti politique. A la limite, il est dans un monde différent de celui de ses camarades politiques. Ce n’est sans doute pas sans raison que Gbagbo disait de lui, qu’il « est comme ça ». C’est peu d’assener que Koulibaly est un homme bien atypique. On en est à se demander pourquoi, en dépit de ces charges, l’homme demeure encore dans une formation qu’il ne comprend plus. Pourquoi ne claque-t-il pas la porte si tant est que l’intellectuel qu’il veut être, est doté d’un sens élevé de la responsabilité et de l’indépendance ? Reste-t-il à la refondation pour des besoins purement alimentaires ? En tout cas, le phénomène Koulibaly est déroutant. Du moins, l’homme manque réellement de courage, pour tenter de concilier, de mettre en harmonie, ses paroles et ses actes. Etant donné que selon la maxime « samorienne », « quand un homme refuse, il dit non ». Pour tout dire, Koulibaly a tout l’air d’un poltron. Il aurait bien pu donner un sens à ces critiques. En effet, sa position de Président de l’Assemblée Nationale, lui donne la possibilité d’initier des lois sur la corruption, le racket, l’enrichissement illicite et le pillage des ressources nationales qu’il n’a de cesse de dénoncer depuis bien longtemps. Mais cela n’est certainement pas la tasse de thé de l’ « honorable » de Koumassi. Il ne pose aucun acte pour donner de la contenance et de la consistance à ses discours. Agir ou se taire ? Koulibaly n’a pas encore trouvé la bonne démarche. Son manque de courage en est un indicateur probant.
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga
