Mamadou Koulibaly s’est encore signalé. « Au FPI, il y a des voleurs, des menteurs et des truands », a-t-il asséné dimanche dernier au cours d’un meeting à Yopougon. Le président de l’Assemblée nationale n’est à sa première sortie de ce genre. Avant ce réquisitoire, le numéro trois du Front populaire ivoirien avait dénoncé dans des pamphlets parus dans la presse nationale les travers de la Refondation. « Les blues de la République » et « les blues de la Résistance » publiés respectivement le 4 août dans Fraternité-Matin et sur le site Internet Soati 27 août 2007 avaient pour objectif de dénoncer la gestion scabreuse de la République par le camp présidentiel et les errements de la résistance patriotique. Une attitude qui avait été en son temps mal perçue par Laurent Gbagbo et son entourage. Au point que le « fils spirituel » de Laurent Gbagbo avait observé un exil qui ressemblait plus « à celui d’Albouri » qu’à un vrai. Il a fallu une sommation présidentielle pour qu’il « rentre dans la République » avec sa famille. Une mise en scène au stade Inch’Allah de Koumassi le samedi 29 décembre 2007 avait sanctionné ce retour en grâce. Sous l’œil vigilant et bienveillant de la Première dame, Mamadou Koulibaly s’était renié et dédit devant une opinion nationale médusée par cette flagrante versatilité. Il n’avait pas osé assumer courageusement la paternité de ses attaques contre la Refondation et le FPI. Il a plutôt préféré, ce jour-là, prononcer un discours laconique et qui manquait visiblement de conviction. Renseignement pris, il lui avait été demandé par le biais de la Première dame de mettre de l’eau dans son vin. Car au fond, ce que les Ivoiriens doivent savoir, c’est que le père du « franc flottant » est en réalité le héraut de la lutte par procuration que Simone Gbagbo livre contre Pascal Affi N’Guessan. La Première dame qui est en compétition avec l’ancien Premier ministre pour le contrôle du parti au pouvoir se sert du natif d’Azaguié pour déstabiliser le numéro un du FPI. La stratégie consiste à mettre à nu les tares des cadres proches du président du FPI pour essayer de le mettre en difficulté. Derrière donc cette volonté mal affichée de se démarquer des erreurs et horreurs de la Refondation se cache une guerre sans merci de leadership en prélude de l’après-Gbagbo. Malgré ses airs de grand moralisateur, Mamadou Koulibaly n’est qu’au service de « la Grande royale » de la Refondation. Une arme que Simone Gbagbo utilise efficacement à souhait dans la guerre de succession qui l’oppose à Pascal Affi N’Guessan. Le reste n’est que de la poudre aux yeux.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly
