Le président de la Fédération ivoirienne et du comité d’organisation du championnat d’Afrique des Nations était face aux journalistes du groupe Frat-Mat, hier.
Propos liminaires
Madame la PCA
du Groupe Fraternité Matin
Monsieur le Directeur Général
Mmes et MM. les responsables des différents départements
Chers amis journalistes
Je voudrais tout d’abord exprimer mes sincères remerciements au Groupe
Fraternité Matin pour l’occasion que vous me donnez de parler du football.
Je suis surtout heureux de venir échanger avec vous sur tous les sujets concernant le football. Car ce sport est ma passion. Le football est ma vie.
Vous avez choisi comme thème principal: Quelle politique du football en Côte d’Ivoire pour quelle gestion? Ce thème sied bien à notre rencontre de ce jour.
Le football me procure des sensations que je pense ne pas pouvoir retrouver ailleurs.
Mais par-dessus tout, le football me permet d’être de manière dynamique au service de la jeunesse de mon pays et de l’Afrique. La jeunesse, c’est le fer de lance de notre pays et l’occuper sainement, lui permettre de gagner sa vie par le football, c’est l’éloigner de toutes les dérives et tentations malsaines.
Je saisis cette occasion pour remercier toutes les personnes qui œuvrent au quotidien, à nos côtés, à la prise en charge de notre jeunesse sportive parfois au prix de nombreux sacrifices. Je voudrais leur rendre hommage et saluer leur dévouement au service de la jeunesse et de la nation.
Au moment où notre pays retrouve petit à petit sa place, chacun à son niveau doit se mettre au travail et œuvrer sincèrement, honnêtement et courageusement au renforcement de ce retour sur la scène internationale.
Pour nous, le football est un facteur de rassemblement. Il est aussi le miroir de notre pays et le symbole de son dynamisme. C’est pourquoi nous ne ménageons aucun effort pour que notre pays soit présent aux grands rendez-vous continentaux et internationaux du football.
Notre participation aux compétitions sous-régionales, régionales, continentales et mondiales nous ont procuré des moments de grande satisfaction mais aussi des moments de tristesse. Mais, ces deux sentiments ne sont-ils pas ce que le football génère le plus en nous, passionnés de ce sport?
En notre qualité de responsable du football dans notre pays, nous avons la lourde responsabilité de la gestion de ce sport. Nous assumons et gérons aussi bien les moments de victoires que de défaites. Nous sommes fiers des avancées enregistrées jusqu’a ce jour.
Mais par-dessus tout, nous ne laisserons pas les difficultés nous anéantir et nous conduire au désespoir.
La Côte d’Ivoire a un projet pour sa jeunesse, pour le sport en général et pour le football en particulier. Nous sommes conscients des sacrifices consentis par notre pays en faveur du sport. C’est pourquoi nous acceptons toutes missions que l’Etat et les organisations du football, notamment les clubs nous confient.
Chaque fois que nous serons conviés à une rencontre pour rendre compte de notre gestion du football et expliquer notre ambition pour le football, nous répondrons présent.
Nous avons le devoir pédagogique d’expliquer nos ambition et projet pour le football, pour son développement. Nous avons aussi l’obligation légale de rendre compte aux autorités et à nos mandants, d’une part, ainsi qu’au peuple ivoirien, d’autre part, des investissements consentis et de la marche de notre sport roi.
Pour informer la nation sur ce que nous faisons, nous devons utiliser les canaux de la communication que sont la télévision, la radio, la presse écrite et l’internet. C’est pourquoi, nous répondons sans hésitation aux différentes sollicitations qui nous sont faites de participer à des rencontres avec les hommes et les femmes des médias. Ensemble, vous et nous pouvons faire avancer les choses et tuer la rumeur pour rétablir la vérité et dire ce qui est et ce qui n’est pas.
Les défis et les challenges pour le développement du football sont nombreux et multiformes.
Pour les affronter et réaliser les rêves de milliers de jeunes ivoiriens nous devons toujours agir sereinement et privilégier ce qui est essentiel, c’est-à-dire la nation. La Côte d’Ivoire.
Nous avons le devoir de nous parler, de nous interroger ensemble et d’expliquer notre mission sans animosité et avec fair-play. Nous devons connaître en tant que partenaires du football les textes qui régissent sa pratique et sa gestion.
Nous sommes donc ici, à votre invitation, pour échanger et expliquer notre mission et notre action en toute responsabilité.
Je vous remercie
Le mot de Jean-Baptiste Akrou, Directeur général
Monsieur le président
de la Fédération ivoirienne
de football
C`est un grand honneur pour moi de vous souhaiter la bienvenue à notre tribune de l`Invité des Rédactions du Groupe Fraternité Matin. Je le fais au nom de Mme la présidente du Conseil d`Administration, en mon nom et en celui de l`ensemble des rédactions. Monsieur le Président, le football est un monde de passion. Cette passion habite tout autant les dirigeants, les joueurs et certains journalistes. C`est pourquoi vous essuyez parfois des critiques virulentes. A la veille d`une échéance importante comme le Chan, Fraternité Matin convie tous les passionnés du football à un débat instructif et apaisé.
Quelle utilité pour un pays en difficulté financière d`investir des milliards dans une compétition de football? La fédération est elle partisane et sous influence?
Mesdames et Messieurs, nous vous offrons Anouma pour des échanges francs et constructifs.
Choix de la Côte d’Ivoire
La Côte d’Ivoire n’a pas d’emblée demandé à être organisateur de ce Chan. C’est à l’occasion d’une visite, ici, du président de la Caf et lors d’une audience avec le Chef de l’Etat que nous avons reçu l’information selon laquelle la Confédération africaine de football se proposait d’organiser la première édition du championnat d’Afrique des nations réservé aux joueurs évoluant exclusivement dans les différents championnats locaux. Pour garantir la réussite de cette première édition, il fallait, selon le président de la Caf, confier son organisation à une nation de football. Le Président de la République a souhaité en parler avec la Fédération avant de donner sa décision définitive. Voilà comment est venue l’idée de confier l’organisation de cette compétition à la Côte d’Ivoire. A l’approche du dépôt des candidatures, et suite à l’entretien qu’il a eu avec le premier responsable de la Caf, le Président Gbagbo a adressé un courrier à la Confédération pour proposer que la Côte d’Ivoire abrite le Chan.
Mais n’oublions pas que dans ce genre de décision, on ne tient pas uniquement compte de l’aspect sportif uniquement. Il y a beaucoup d’enjeux : politiques, sportifs et même culturels. Mon devoir, en tant que président de la Fédération ivoirienne de football, est de faire en sorte que mon pays bénéficie de toutes les retombées que pourraient apporter les résultats, tant au plan sportif ou organisationnel, d’une compétition comme celle-là en Côte d’ivoire. Je me dois de proposer aux autorités, une politique de développement de mon pays par le football.
J’ai pensé, honnêtement, qu’après les élections qui, à l’époque, étaient prévues au mois de juin, puis au mois de novembre, organiser une telle manifestation serait le signe d’une vraie sortie de crise. Ceux qui n’ont pas l’avantage de se retrouver souvent à l’extérieur, ne s’imagine pas ce que le football a apporté à notre pays, en terme de notoriété, sur le plan international.
Il y a des enjeux sportifs visibles. Depuis vingt ans, nous ne jouons pas la nuit en Côte d’Ivoire. Cela fait vingt ans que nous reprenons régulièrement la réhabilitation de la pelouse. Aujourd’hui, nous avons remis une pelouse confortable. Nous avons réhabilité la lumière. Pour les échéances à venir, je pense que nos internationaux n’auront plus d’excuse: ils n’auront plus à se plaindre de jouer sous le soleil, à 15h. Désormais, on pourra leur proposer de jouer à 18h ou 20h. Et je pense que leur rendement sera meilleur. Nous avons, par stade, quatre vestiaires qui correspondent aux normes reconnues. Même si ce n’est pas encore terminé, nous avons une tribune présidentielle digne de ce nom. Voilà un peu les enjeux au plan sportif.
Au plan économique, je laisse le soin aux journalistes politiques de votre groupe d’en tirer les avantages. Je voudrais juste signaler que la sortie de la crise en fait partie. Il y a des résultats que nous allons pouvoir juger immédiatement; certains qui ne sont pas quantifiables et d’autres qui seront appréciées dans dix ans.
Coût du Chan
J’ai circonscrit dès le départ, la somme que nous ne devions pas dépasser pour cet événement. Nous avons proposé au ministère de l’Economie et des Finances que nous restons dans une enveloppe qui oscille entre 5 et 5,5 milliards. Des pays mettent le double ou le triple de ce montant dans l’organisation d’une Can. Je dis bien l’organisation, et j’insiste là dessus. J’ai lu, il n’y a pas très longtemps, que je proposais 5 milliards pour l’organisation du Chan, alors que le Ghana, qui a abrité une Can avec 16 pays, n’a dépensé que 8 milliards, pour l’organisation – restauration des infrastructures y comprise -. Rien que le stade où la Côte d’Ivoire a évolué, à Sekondi, a coûté 20 milliards de nos francs. Et le Ghana en a construit au moins trois. Nous, nous n’avons fait que de la réhabilitation à Bouaké, Abidjan et Yamoussoukro, en plus d’une aide que nous avons apportée pour pouvoir utiliser le centre de Sol béni et le stade de Bingerville. J’ai demandé aux entreprises que la réhabilitation de ces lieux n’excède pas la somme de 2,5 milliards. Les autres 2,5 milliards étant réservés uniquement à l’organisation des compétitions.
Pourquoi me suis-je donné cette fourchette ? En me basant sur les chiffres que nous a communiqués le ministère des Sports qui avait un projet de réhabilitation des stades de Bouaké, Yamoussoukro et Abidjan. Ce projet avait été évalué à plus de 10 milliards. Par soustraction, j’ai fais en sorte que la réhabilitation de ces infrastructures ne dépassent pas 2,5 milliards.
Imaginez ce que nous découvrons lorsque nous commençons à tirer les fils des pylônes qui n’ont pas fonctionnés depuis vingt ans ? Les forages sont abîmés, les groupes électrogènes qui n’ont pas été mis en marche depuis dix ans… Sans oublier que vous avez près de 900 personnes à charge pour le transport international et national, l’hébergement et la restauration. Tout cela à un coût. Voilà levé un coin du voile sur les dépenses à effectuer.
Nous faisons beaucoup d’efforts pour éviter que les différentes commissions aillent au-delà du budget prévu, parce que dans la situation où nous sommes, c’est un gros effort que fait la Côte d’Ivoire pour mettre cette somme à notre disposition. Aujourd’hui où nous parlons, ce budget est bouclé. Il nous appartient maintenant de réaliser tout ce que nous avons prévu. Ce chiffre peut paraître énorme parce que nous sommes en temps de crise. J’ai même reçu quelques fois, des menaces de personnes me reprochant d’organiser le Chan pour 5 milliards alors que le personnel des mairies n’est pas payé, les fonctionnaires sont payés en retard, les ordures ne sont pas traitées, et j’en passe. Moi, je ne m’occupe que du football. J’ai le devoir de faire en sorte que le football serve de socle à la réconciliation de notre pays et nous permettre aussi de rebondir sur le plan international. Voilà mon travail. Ça peut choquer, mais les Ivoiriens doivent savoir que nous allons en tirer forcément des bénéfices maintenant et plus tard.
Performance des Éléphants
J’ai obligation de faire en sorte que toutes les compétitions pour lesquelles nous nous sommes engagés, la Côte d’Ivoire soit présente. La prestation d’une équipe est liée à beaucoup de paramètres. Je suis souvent malheureux d’entendre des personnes dire que je ne fais que participer aux compétitions juste pour être présent. Mais pour participer, il faut déjà y aller. J’ai été élu en 2002, nous sortions d’une Can catastrophique. Je prends un mandat en intérim et on me dit : Il faut qualifier la Côte d’Ivoire tout de suite pour la Can 2004. Je dis : Vu la situation dans laquelle se trouve notre sélection nationale, ce serait trop ambitieux de vouloir atteindre un tel objectif. En plus, il fallait mettre de l’ordre dans la maison et avoir d’autres objectifs. Mon objectif premier était d’aller à la coupe du monde 2006 qui s’annonçait. La Can 2004, n’était pas pour moi un objectif principal, il fallait participer aux éliminatoires et y aller. Je l’ai exprimé clairement aux Ivoiriens et aux clubs qui m’ont élu. Malheureusement, dans une poule à trois, ce n’était pas évident. Des gens en ont profité pour dire que c’est la première fois que la Côte d’Ivoire ne participe pas à une Can, Jacques Anouma doit donc démissionner.
Nous avons atteint notre objectif qui était de qualifier la Côte d’Ivoire pour le Mondial et la Can 2006. Nous ne gagnons pas la finale de la compétition africaine. Mais quelle ne fut notre surprise de voir l’accueil exceptionnel que nous ont réservé les Ivoiriens. Ça veut dire qu’on leur a donné de la joie. Nous ne sommes donc pas à considérer comme de simples figurants. Ensuite, nous allons au Mondial. Notre premier souhait était de passer le premier tour, et d’évoluer match par match. Mais rien ne s’est déroulé comme nous l’avons prévu. Le Président de la République et le président de la Caf se plaignent encore, aujourd’hui, du traitement que nous avons eu au niveau de l’arbitrage. Je veux dire qu’il y a des éléments qui, sans être techniques, peuvent empêcher une équipe d’aller loin dans une compétition. Loin de moi l’idée de m’abriter derrière cela pour expliquer les défaites.
Dernière coupe d’Afrique des Nations au Ghana: jusqu’à la demie finale, aucun organe de presse ne pouvait prédire qu’on ne reviendrait pas avec le trophée, tant tout le monde était optimiste.
Mais dès qu’il y eu la défaite, tous les aspects sportifs qui ont entraîné ce résultat ont été complètement oubliés. J’ai été le premier peiné par notre défaite au Ghana, parce que la Fif a mis tous les moyens à la disposition des joueurs. Mais il y a d’autres raisons qui peuvent expliquer cette déconvenue.
Je serai tellement heureux de donner un trophée ou des trophées à la Côte d’Ivoire. Je suis dans le football depuis bientôt 30 ans. Je dis quelques fois (et ce n’est pas péjoratif) que ce n’est pas la meilleure équipe qui nous a emmené un trophée continental. Toutes les équipes, avec Pokou, Kallet et les autres, dont on était sûr qu’ils nous apporteraient une Coupe d’Afrique, n’ont jamais pu le faire. Et c’est celle sur laquelle personne ne comptait qui nous a rapporté une Can. Je sais de quoi je parle, parce que j’y étais, au Sénégal, en 1992. Il y avait tellement de problèmes à régler. Seuls les joueurs avaient foi en ce qu’ils faisaient. La pire des choses que je pourrais souhaiter à mon successeur, si je n’arrive pas à offrir des trophées à la Côte d’Ivoire, serait qu’il en remporte beaucoup.
Infrastructures...
Je suis le président de la Fédération ivoirienne de football (Fif). Et les statuts afférents ne stipulent nulle part que je suis responsable des infrastructures sportives de ce pays. J’utilise celles que le pays met à ma disposition. Il y a l’Office national du sport (Ons) dont la vocation première est la gestion des infrastructures sportives en Côte d’Ivoire.
Quant à moi, je ne fais que des propositions. D’ailleurs, après le Mondial, le comité exécutif de la Fif, en accord avec les clubs, a décidé de faire en sorte que le tiers des recettes de cette compétition soit affecté à la réhabilitation de la pelouse du stade Champroux. Pour cette action, j’ai dû demander l’autorisation du ministère du Sport.
La Fifa s’est proposée de nous faire un don pour la création d’un terrain synthétique. Mais il fallait que l’infrastructure sur laquelle nous devons investir, appartienne à la fédération. Mon choix s’est porté sur le parc des sports. J’ai donc été voir le ministre du Sport pour lui soumettre notre idée. Mais je n’ai jamais pu avoir gain de cause. Néanmoins, la Fifa m’a fait confiance et j’ai pu réhabiliter cette infrastructure. Ce fut aussi le cas pour le Champroux. Mais après ces travaux, nous n’avons pu en avoir la gestion. Il y a un directeur de ce stade qui n’est pas membre de la Fif.
Nous avons pris l’initiative de réhabiliter les vestiaires du stade Houphouët-Boigny pour qu’ils soient dignes de l’équipe nationale. Les infrastructures ne nous appartiennent pas, nous n’en avons pas la gestion. Mais si nous pouvions avoir la gestion du Félicia, nous en serions très heureux. Or les textes de la Côte d’Ivoire ne nous l’octroient pas.
... celles de l’intérieur
A Korhogo, le stade appartient à l’Etat et nous avons confié sa réhabilitation au président du club de cette localité. La guerre nous a surpris, alors que les travaux avaient été entamés. Tout a été arrêté.
A Anyama, nous avons fait confiance à des personnes, qui n’ont pas tenu leurs engagements.
Ce fut aussi le cas à Bouaflé. Pour ne pas avoir à me retrouver sur un terrain politique, j’ai préféré arrêter le processus de réhabilitation, qui, ne l’oublions pas, ne fait pas partie de mes attributions. Nous ne pouvons nous permettre de dépenser l’argent des clubs dans la restauration de stades qui appartiennent à l’Etat ou à des municipalités.
A Issia, j’ai voulu tenter une expérience. Mais le problème avec les clubs de l’intérieur, c’est qu’ils n’ont ni stratégies, ni existence légale. Tantôt, ils appartiennent à la mairie, tantôt à un individu, tantôt un groupe de personnes. Nous avons donc pris attache avec le Conseil général d’Issia à qui nous avons demandé d’assumer la paternité du club, comme cela se fait en Europe. Le Conseil a adhéré à ce projet et a même trouvé un siège au club. Il avait promis d’investir 400 millions pour la réhabilitation intégrale du stade. Les travaux ont commencé et, à ma grande surprise, tout a été arrêté. Issia Wazi a dû être délocalisé à Abidjan pour prendre part aux compétitions.
Je prends des initiatives, mais si les gens ne vont pas jusqu’au bout, je n’ai pas les moyens de les suppléer.
J’ai fait la même chose à Adzopé et je voulais étendre cette expérience à certaines villes de l’intérieur. Ces deux cas ont refroidi mon ardeur. Mais je ne suis pas découragé pour autant. Je vais repartir vers ces Conseils généraux, pour leur faire comprendre qu’ils ne doivent pas abandonner la jeunesse, et qu’il ne faut pas non plus attendre l’approche des élections pour organiser des championnats ça et là. Ce que nous voulons, ce sont des infrastructures où les clubs pourront évoluer. Cela veut dire que si demain, le stade d’Issia n’est pas réhabilité ou ne donne pas des garanties suffisantes, le Wazi n’y jouera pas.
A Bingerville où le stade appartient à la municipalité, si des dispositions particulières ne sont pas prises, l’Esc Bingerville ira jouer ailleurs. Tout cela frustre les supporters et les populations.
État des lieux
Le Président de la République pensait qu’avec le stade Champroux et le Parc des sports, nous pourrions organiser le Chan. Mais quand il a fallu octroyer la compétition à la Côte d’Ivoire, le problème de terrain synthétique s’est posé, celui de l’affluence également. Il a donc fallu opter pour les stades Houphouët-Boigny et de Bouaké. La réhabilitation d’une pelouse dure au moins six mois. Et les autres travaux ne dépendent pas de moi. Ils ont été confiés au Bureau national d’études techniques et de développement (Bnetd), qui a choisi les entrepreneurs. J’ai donc fait confiance au Bnetd, et tout le monde m’a donné la garantie que tout s’achèvera à temps.
Pour l’heure, nous sommes prêt à 90%. Nous mettrons à profit cette semaine pour achever entièrement le travail. Dans ce genre de compétition, l’on n’est jamais prêt à 100%. Au Ghana, ceux qui y étaient, ont constaté qu’à la veille de la Can, les gens effectuaient encore des travaux. Dans tous les cas, nous serons prêts. J’avais un petit souci avec la tribune présidentielle, on m’a donné l’assurance que tout sera prêt.
C’est une préoccupation pour le président de la Fif que je suis et pour le comité d’organisation. Pour le moment, nous avons retenus le Champroux et le Parc des sports, car ils ont un gazon synthétique.
Les panneaux électroniques sont en train d’être posés. C’est le seul domaine que j’ai laissé au ministère dans la réhabilitation car, un contrat a été signé entre une entreprise de la place et lui dans ce cadre. Nous espérons que les panneaux seront prêts avant le 22 février prochain pour le début de la compétition.
Organisation pratique du Chan
A ce niveau, je n’ai aucun souci. Nous avons les hommes pour cela. Et pour avoir assisté à de hautes compétitions comme la Can, le Mondial, etc, nous avons une idée des différentes prestations. Le comité d’organisation n’a pas de problème. Nous avons choisi l’hôtel du Golf pour loger deux équipes. La troisième sera à Ibis Plateau et l’équipe de Côte d’Ivoire va regagner sa base à Bingerville.
Pour ce qui est de Yamoussoukro, deux équipes seront logées au Président et les deux autres à l’hôtel des parlementaires. La Chan, ce sont plus de 300 invités.
Nous avons reçu le soutien logistique de l’Onuci pour ce qui est des ambulances médicalisées. Il y a donc une coopération entre la fédération et l’opération onusienne du maintien de la paix. Je n’ai pas d’inquiétude quant à l’organisation. Reste à espérer que les infrastructures seront prêtes à temps.
Apport de la Caf
La part de la Caf s’élève à 10% des investissements. Dans le cas présent, nous avons la garantie que nous aurons un million de dollars, l’équivalent de 500 millions de francs CFA. Mais si les recettes sont bonnes et que les sponsors sont plus nombreux, nous pourrions avoir plus.
Retombées pour la Côte d’Ivoire
Il n’est pas immédiat, mais il y a forcément un retour. Les pays qui demandent à organiser les compétitions internationales n’ont pas forcément une solide santé financière. Parfois, ce sont ceux qui ont des difficultés financières qui se battent pour les organiser. Et cela, en vue de relancer leur économie.
Le sport, en général, et le football, en particulier, est d’un grand apport pour notre pays, surtout sur le plan international. Il contribue à redorer son blason.
Toute modestie mise à part, Drogba a été le meilleur ambassadeur de la Côte d’Ivoire durant cette période.
Chan et championnat national
Les différents championnats nationaux en Afrique vivent exactement cette même traversée du désert. Quand vous regardez Supersport, le championnat sud-africain, où la base des subventions se conjugue en milliards, il n’y a pratiquement personne au stade. Parce que le match est diffusé en direct.
La force de la télévision dans ce sport est inestimable. Dans les grands pays de football, les recettes des fédérations proviennent à 90% des droits de diffusion. C’est donc la télévision qui paye. Il revient aux clubs de s’organiser pour ramener les supporters sur les stades.
Les clubs n’attirent plus les supporters. Le Chan n’y changera rien. Si les supporters de l’Africa sont découragés, ils n’iront pas au stade, il en est de même pour ceux de l’Asec.
En ce qui me concerne, remplir un stade n’est pas de la responsabilité de la Fédération ivoirienne de football. Ce sont les clubs qui produisent le spectacle. Je ne touche pas l’argent de leurs supporters.
Est-ce que Marseille attend que la Fédération française de football organise ses matches ?
Est-ce que le Paris St Germain attend que la Fédération française de football ou la ligue professionnelle remplissent ses stades ? Ici, on nous fait un mauvais procès.
En France, je n’ai jamais vu le calendrier d’une rencontre fait par un communiqué de la Fédération de France de football. C’est l’organe même qui vend la compétition. Ici, on me dit que je ne communique pas assez. Qui doit relayer l’information vers le public ? Les médias. Pour ça encore, je dois payer. Je le fais.
Les gens ne viennent pas et on trouve que je ne communique pas assez. Qu’est-ce que je peux faire ? Il y a des clubs qui n’ont même pas 8 supporters. Qui doit remplir le stade dans ce cas ? Il faut donc être organisé dans les clubs pour que les gens viennent assister aux matches.
La Fif a pour obligation de faire en sorte que les infrastructures soient correctes, que la sécurité soit assurée, que les arbitres soient là. Et que le match se déroule dans de bonnes conditions. Le reste est du ressort du club. Il ne revient pas à la Fif de vendre les matches. Je les programme, si les supporters ne sont pas contents des résultats de leurs clubs, que voulez-vous que j’aie comme influence sur eux pour les convaincre de revenir au stade?
Coupures d’électricité
Pour ne pas subir les coupures intempestives d’électricité, nous avons décidé, pour le bon déroulement de la compétition au stade Félix Houphouet- Boigny et à Bouaké, d’inverser l’ordre normal des choses. Le système traditionnel de la distribution de l’électricité devient le recours. Du coup, les groupes électrogènes seront les premiers modes d’alimentation en électricité. Pour la connexion Internet, nous sommes en train de travailler avec les entreprises concernées pour que le stade de Bouaké, le stade Félix Houphouet-Boigny et même les hôtels et le centre de presse soient connectés à Internet.
Tickets d’entrée B>
Nous avons l’obligation de mettre le logo de la Caf et des sponsors sur les tickets. Malheureusement, c’est seulement lors de l’assemblée générale du 11 février dernier que nous avons découvert le logo de la Confédération africaine de football. Le temps passant, nous avions déjà confectionné 74 000 billets ailleurs. La régie qui est responsable du marketing et de la publicité de l’événement nous a demandé de tout arrêter. Parce que le logo qu’on nous a donné n’était pas le bon. Nous sommes obligé de tout recommencer. Ce qui nous impose un complément de dix millions sur le budget initial prévu pour ce chapitre. Honnêtement, nous avons eu beaucoup de difficultés pour l’organisation de cette édition. C’est pour cela qu’il y aura sûrement des ratés, comme à toutes les autres éditions. Il y a une semaine qu’on nous a présenté des sponsors à mettre sur les kakemonos, les billets, etc. Il y a trois jours, on nous demandait de retirer un sponsor. Entre temps, nous avons été obligés d’arrêter la fabrication des différents supports de promotion et de communication. C’est d’ailleurs pour cela que pour l’heure, dans les rues, il n’y a pas un signe distinctif du Chan. Je ne peux pas commencer à mobiliser des gens pour m’entendre dire, peu après, que tel ou tel logo n’est pas le bon.
Bref, c’est cette semaine que vous allez commencer à voir des drapeaux par-ci, des kakemonos à l’aéroport, dans les rues. C’est tout cela qui fait qu’on a pris du retard dans le visuel de la manifestation. Et cela me dérange personnellement.
Sabotage?
Pas du tout. Tout cela est dû au fait que jusqu’ à présent, ces compétitions avaient leur logo type. C’est seulement en septembre dernier, au Comité exécutif, que nous avons décidé que toutes les compétitions organisées par la Caf aient le même logo, avec seulement une petite variante, c’est-à-dire le nom de la compétition. Ces différents éléments ont été découverts seulement le 11 février dernier. Mais cela n’est pas un sabotage ! Je pense que c’est seulement parce qu’on a pris du temps pour apprécier le choix définitif.
Professionnalisation des clubs
La professionnalisation des clubs fait partie des soucis de la Fifa. Au sein de cette instance, nous avons organisé des séminaires à l’intention des associations pour les aider à professionnaliser les clubs. C’est pour cela que nous allons renforcer la personnalité juridique des ligues. En ce qui concerne la ligue professionnelle, nous allons essayer de lui donner les moyens nécessaires à sa bonne gestion.
Politique et football
On ne peut pas dissocier le politique du sport. C’est difficile de le faire. Même à Paris, on voit l’omniprésence de la Mairie dans le Psg. C’est ainsi partout : Saint Etienne, Nantes… Les conseils généraux et les mairies sont impliqués dans la gestion des clubs de football. Quand bien même il y a un propriétaire qui représente à lui seul 60% des actions du club concerné.
Ce n’est donc pas juste de penser que le Conseil général aurait du ne pas se mêler de la gestion d’ Issia Wazi .
A Marseille où le professionnalisme des équipes ne fait aucun doute, où le club appartient à un milliardaire hors pair, il est impossible de mener des actions sans l’avis du maire. On se souvient que le propriétaire avait voulu céder le club. Il a fallu l’avis du maire.
Mandat du président de la Fif
J’arrive en 1991 de l’Asec, club qui a permis ma formation et mon parcours au sein du football ivoirien. Je venais d’un club où tout était en règle au plan juridique. Je n’avais donc pas à me soucier des autres clubs. Tout me paraissait évident. C’est seulement en 2002, quand nous sommes arrivé à la tête de la Fédération que nous nous sommes rendu compte qu’il y avait seulement trois clubs qui avaient un statut juridique. C’est pour cela que l’année dernière, j’ai lancé ce cri du cœur à l’assemblée générale pour demander que d’ici à 2010, tous les clubs aient une existence légale.
Pour le moment, nous avons beaucoup de présidents de fait et non de droit.
Nous avons écrit au ministère de l’Intérieur pour qu’à travers ses services, il nous aide à régulariser la situation de clubs qui vivent dans l’informel depuis 10, 20, 30 ans. Juridiquement, les présidents ne sont pas protégés.
Je pense que d’ici deux ans, les clubs auront pris conscience de ce fait-là. Et ils vont accepter de se mettre en règle vis-à-vis de la législation en vigueur. Il est temps d’arrêter cette improvisation. C’est pour cela qu’à la Fif, nous disons: de grâce, régularisez votre situation au plus tard en 2010.
Élection à la tête de la Fif
On essaie, dans un consensus, de travailler avec les uns et les autres pour ne pas trop fragiliser l’équilibre qui existe dans le football ivoirien. A un moment, il va falloir arrêter cela. Voilà un peu la situation dans laquelle nous sommes. Les choses s’améliorent au fur et à mesure. La fédération ivoirienne de football illustre bien ce cas. Nous étions sur un site qui ne nous appartenait pas. A mon arrivée en 2002, instruit de cette situation, nous avons pris les choses en main pour acquérir légalement le site où nous avons bâti le siège de la Fédération.
Donc, l’irrégularité ne date pas d’aujourd’hui. L’informel date de depuis 1960.
Si on veut aller dans le droit mon mandat est illégal.
Si je veux être réélu légalement, je ne me présenterai que devant trois clubs. Voyez-vous les difficultés ? Beaucoup de clubs ne prennent pas cela au sérieux. Parce que nous passons tout notre temps à résoudre des problèmes. Tant qu’on ne sortira pas de cela, nous aurons beaucoup de difficultés.
Financement des équipes
Les équipes nationales sont sous la responsabilité de l’Etat. Et comme nous sommes bien organisés, nous donnons notre programme annuel au ministère. Chaque compétition est appuyée d’une communication en conseil des ministres présentée et signée conjointement par les ministres de l’Economie et des Finances, des Affaires étrangères et de la Jeunesse et des Sports.
C’est à partir de ce moment que s’opèrent les décaissements dont la gestion est confiée à un régisseur, un agent comptable qui gère les fonds que l’Etat met à la disposition du ministère des Sports. Voilà pour le principe général.
Toutes les compétitions de l’équipe nationale et les compétitions des clubs et de la coupe d’Afrique sont financées par l’Etat de Côte d’Ivoire.
Pour ne subir les tensions de trésoreries auxquelles est confronté l’Etat, je me suis donné les moyens en renforçant le sponsoring afin d’avoir des fonds privés. Avec Orange Côte d’Ivoire, nous allons renouveler notre contrat cette semaine ou la prochaine.
Et les prestations pour lesquelles nous allons signer le contrat seront conformes aux objectifs qu’on s’est fixés.
Gestion des fonds
J’ai des comptes à rendre aux clubs qui m’ont élu et c’est ce que je fais chaque année en assemblée générale. Pour le mondial et pour la Can, j’ai fait le point de ce que j’ai reçu. Depuis 2006, j’ai déjà fait trois assemblées générales où l’on m’a posé toutes les questions et j’ai rendu compte.
L’équipe nationale est partie dimanche au Bénin pour la préparation du Chan. Une communication a été faite. Nous avons financé sur nos fonds propres le déplacement de l’équipe nationale.
Pour la CAN juniors, nous étions en panne sèche dans nos comptes. Le ministère a pu trouver la moitié des fonds nécessaires pour aller au Rwanda et c’est nous qui avons apporté l’autre moitié.
On ne peut donc pas dire, comme l’avance la rumeur, que le ministère nous a donné 2 milliards.
J’ai un tableau sur les communications que nous avons mises dans le circuit. C’est à peu près deux milliards deux cent quarante millions de dépenses effectuées par la Fif grâce aux sponsors. L’Etat ne nous a remboursé que 770 millions. Il reste nous devoir encore un milliard 468 millions.
La parafiscalité sert à gérer le fonctionnement de la Fif, à faire des investissements complémentaires. Mais tout cet argent, aujourd’hui, est utilisé pour compenser le déficit de l’Etat et nous sommes pénalisés par le système. Or c’est l’Etat qui doit s’occuper de toutes les équipes nationales.
En toute honnêteté, si l’Etat rembourse à la Fif le reliquat de 1,4 milliard de préfinancement, j’exécute les promesses faites aux clubs. La Fif équipe les stades de Yopougon et d’Abobo en gazon synthétique. Nous avons besoin de cela pour délocaliser les rencontres.
S’il y a cinq mille places, je suis sûr de les remplir à 90 %. Si je fais mon synthétique à Abobo et que j’affecte l’Asec Mimosas dans ce quartier et l’Africa Sports à Yopougon, je pense que les problèmes de la Fédération seraient résolus à 90 %.
Fif-Gtv
Je voudrais savoir qui, avant notre accession à la présidence de la Fif, a vendu les droits de diffusion du championnat ivoirien à une chaîne de télévision. Le Ghana, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et un certain nombre de pays, ont donné les droits à Gtv, car elle a fait ses preuves ailleurs. Il ne s’agit pas d’accuser la Fif d’avoir bradé le championnat ivoirien. Ce contrat devait remporter 400 à 500 millions de F CFA par an à la Côte d’Ivoire. Mais avec la crise mondiale ce sont 2 milliards que nous perdons en 4 ans. Et il est difficile, aujourd’hui, de trouver un remplaçant à ce partenaire. En Afrique, hormis l’Afrique du nord et l’Afrique du Sud, nous sommes les seuls à donner beaucoup d’argent à nos différents clubs. 30 millions par an. Nous sommes passé de 12 millions en 2002 (à mon arrivée) à 36 millions en 2009. Aujourd’hui encore, ce n’est pas suffisant. Le Cameroun devait donner 20 millions aux clubs, à travers son contrat passé avec Gtv. Le Ghana, pays voisin, a commencé ses subventions avec Gtv. Le Nigeria ne donne même pas 5 millions aux clubs par an. Nous allons chercher à combler le vide. Mais ce n’est pas évident de trouver un remplaçant à Gtv. Nous continuons de négocier avec cette structure.
C’est une grosse perte pour le football. Avec Gtv, j’aurais réalisé pratiquement la promesse que j’avais faite aux clubs en 2002 en venant à la tête de la fédération. A savoir partir en leur laissant des subventions oscillant entre 40 et 50 millions de FCfa. J’aurais pu même atteindre l’objectif deux ans avant la fin de mon mandat. Rien n’est encore perdu, on continue de se battre.
Propos recueillis par
Marc Yevou
Obindé Chantal
Cissé Mamadou
Paul Bagnini
Adam Khalil
coordonnateur
Jean-Baptiste Behi
Propos liminaires
Madame la PCA
du Groupe Fraternité Matin
Monsieur le Directeur Général
Mmes et MM. les responsables des différents départements
Chers amis journalistes
Je voudrais tout d’abord exprimer mes sincères remerciements au Groupe
Fraternité Matin pour l’occasion que vous me donnez de parler du football.
Je suis surtout heureux de venir échanger avec vous sur tous les sujets concernant le football. Car ce sport est ma passion. Le football est ma vie.
Vous avez choisi comme thème principal: Quelle politique du football en Côte d’Ivoire pour quelle gestion? Ce thème sied bien à notre rencontre de ce jour.
Le football me procure des sensations que je pense ne pas pouvoir retrouver ailleurs.
Mais par-dessus tout, le football me permet d’être de manière dynamique au service de la jeunesse de mon pays et de l’Afrique. La jeunesse, c’est le fer de lance de notre pays et l’occuper sainement, lui permettre de gagner sa vie par le football, c’est l’éloigner de toutes les dérives et tentations malsaines.
Je saisis cette occasion pour remercier toutes les personnes qui œuvrent au quotidien, à nos côtés, à la prise en charge de notre jeunesse sportive parfois au prix de nombreux sacrifices. Je voudrais leur rendre hommage et saluer leur dévouement au service de la jeunesse et de la nation.
Au moment où notre pays retrouve petit à petit sa place, chacun à son niveau doit se mettre au travail et œuvrer sincèrement, honnêtement et courageusement au renforcement de ce retour sur la scène internationale.
Pour nous, le football est un facteur de rassemblement. Il est aussi le miroir de notre pays et le symbole de son dynamisme. C’est pourquoi nous ne ménageons aucun effort pour que notre pays soit présent aux grands rendez-vous continentaux et internationaux du football.
Notre participation aux compétitions sous-régionales, régionales, continentales et mondiales nous ont procuré des moments de grande satisfaction mais aussi des moments de tristesse. Mais, ces deux sentiments ne sont-ils pas ce que le football génère le plus en nous, passionnés de ce sport?
En notre qualité de responsable du football dans notre pays, nous avons la lourde responsabilité de la gestion de ce sport. Nous assumons et gérons aussi bien les moments de victoires que de défaites. Nous sommes fiers des avancées enregistrées jusqu’a ce jour.
Mais par-dessus tout, nous ne laisserons pas les difficultés nous anéantir et nous conduire au désespoir.
La Côte d’Ivoire a un projet pour sa jeunesse, pour le sport en général et pour le football en particulier. Nous sommes conscients des sacrifices consentis par notre pays en faveur du sport. C’est pourquoi nous acceptons toutes missions que l’Etat et les organisations du football, notamment les clubs nous confient.
Chaque fois que nous serons conviés à une rencontre pour rendre compte de notre gestion du football et expliquer notre ambition pour le football, nous répondrons présent.
Nous avons le devoir pédagogique d’expliquer nos ambition et projet pour le football, pour son développement. Nous avons aussi l’obligation légale de rendre compte aux autorités et à nos mandants, d’une part, ainsi qu’au peuple ivoirien, d’autre part, des investissements consentis et de la marche de notre sport roi.
Pour informer la nation sur ce que nous faisons, nous devons utiliser les canaux de la communication que sont la télévision, la radio, la presse écrite et l’internet. C’est pourquoi, nous répondons sans hésitation aux différentes sollicitations qui nous sont faites de participer à des rencontres avec les hommes et les femmes des médias. Ensemble, vous et nous pouvons faire avancer les choses et tuer la rumeur pour rétablir la vérité et dire ce qui est et ce qui n’est pas.
Les défis et les challenges pour le développement du football sont nombreux et multiformes.
Pour les affronter et réaliser les rêves de milliers de jeunes ivoiriens nous devons toujours agir sereinement et privilégier ce qui est essentiel, c’est-à-dire la nation. La Côte d’Ivoire.
Nous avons le devoir de nous parler, de nous interroger ensemble et d’expliquer notre mission sans animosité et avec fair-play. Nous devons connaître en tant que partenaires du football les textes qui régissent sa pratique et sa gestion.
Nous sommes donc ici, à votre invitation, pour échanger et expliquer notre mission et notre action en toute responsabilité.
Je vous remercie
Le mot de Jean-Baptiste Akrou, Directeur général
Monsieur le président
de la Fédération ivoirienne
de football
C`est un grand honneur pour moi de vous souhaiter la bienvenue à notre tribune de l`Invité des Rédactions du Groupe Fraternité Matin. Je le fais au nom de Mme la présidente du Conseil d`Administration, en mon nom et en celui de l`ensemble des rédactions. Monsieur le Président, le football est un monde de passion. Cette passion habite tout autant les dirigeants, les joueurs et certains journalistes. C`est pourquoi vous essuyez parfois des critiques virulentes. A la veille d`une échéance importante comme le Chan, Fraternité Matin convie tous les passionnés du football à un débat instructif et apaisé.
Quelle utilité pour un pays en difficulté financière d`investir des milliards dans une compétition de football? La fédération est elle partisane et sous influence?
Mesdames et Messieurs, nous vous offrons Anouma pour des échanges francs et constructifs.
Choix de la Côte d’Ivoire
La Côte d’Ivoire n’a pas d’emblée demandé à être organisateur de ce Chan. C’est à l’occasion d’une visite, ici, du président de la Caf et lors d’une audience avec le Chef de l’Etat que nous avons reçu l’information selon laquelle la Confédération africaine de football se proposait d’organiser la première édition du championnat d’Afrique des nations réservé aux joueurs évoluant exclusivement dans les différents championnats locaux. Pour garantir la réussite de cette première édition, il fallait, selon le président de la Caf, confier son organisation à une nation de football. Le Président de la République a souhaité en parler avec la Fédération avant de donner sa décision définitive. Voilà comment est venue l’idée de confier l’organisation de cette compétition à la Côte d’Ivoire. A l’approche du dépôt des candidatures, et suite à l’entretien qu’il a eu avec le premier responsable de la Caf, le Président Gbagbo a adressé un courrier à la Confédération pour proposer que la Côte d’Ivoire abrite le Chan.
Mais n’oublions pas que dans ce genre de décision, on ne tient pas uniquement compte de l’aspect sportif uniquement. Il y a beaucoup d’enjeux : politiques, sportifs et même culturels. Mon devoir, en tant que président de la Fédération ivoirienne de football, est de faire en sorte que mon pays bénéficie de toutes les retombées que pourraient apporter les résultats, tant au plan sportif ou organisationnel, d’une compétition comme celle-là en Côte d’ivoire. Je me dois de proposer aux autorités, une politique de développement de mon pays par le football.
J’ai pensé, honnêtement, qu’après les élections qui, à l’époque, étaient prévues au mois de juin, puis au mois de novembre, organiser une telle manifestation serait le signe d’une vraie sortie de crise. Ceux qui n’ont pas l’avantage de se retrouver souvent à l’extérieur, ne s’imagine pas ce que le football a apporté à notre pays, en terme de notoriété, sur le plan international.
Il y a des enjeux sportifs visibles. Depuis vingt ans, nous ne jouons pas la nuit en Côte d’Ivoire. Cela fait vingt ans que nous reprenons régulièrement la réhabilitation de la pelouse. Aujourd’hui, nous avons remis une pelouse confortable. Nous avons réhabilité la lumière. Pour les échéances à venir, je pense que nos internationaux n’auront plus d’excuse: ils n’auront plus à se plaindre de jouer sous le soleil, à 15h. Désormais, on pourra leur proposer de jouer à 18h ou 20h. Et je pense que leur rendement sera meilleur. Nous avons, par stade, quatre vestiaires qui correspondent aux normes reconnues. Même si ce n’est pas encore terminé, nous avons une tribune présidentielle digne de ce nom. Voilà un peu les enjeux au plan sportif.
Au plan économique, je laisse le soin aux journalistes politiques de votre groupe d’en tirer les avantages. Je voudrais juste signaler que la sortie de la crise en fait partie. Il y a des résultats que nous allons pouvoir juger immédiatement; certains qui ne sont pas quantifiables et d’autres qui seront appréciées dans dix ans.
Coût du Chan
J’ai circonscrit dès le départ, la somme que nous ne devions pas dépasser pour cet événement. Nous avons proposé au ministère de l’Economie et des Finances que nous restons dans une enveloppe qui oscille entre 5 et 5,5 milliards. Des pays mettent le double ou le triple de ce montant dans l’organisation d’une Can. Je dis bien l’organisation, et j’insiste là dessus. J’ai lu, il n’y a pas très longtemps, que je proposais 5 milliards pour l’organisation du Chan, alors que le Ghana, qui a abrité une Can avec 16 pays, n’a dépensé que 8 milliards, pour l’organisation – restauration des infrastructures y comprise -. Rien que le stade où la Côte d’Ivoire a évolué, à Sekondi, a coûté 20 milliards de nos francs. Et le Ghana en a construit au moins trois. Nous, nous n’avons fait que de la réhabilitation à Bouaké, Abidjan et Yamoussoukro, en plus d’une aide que nous avons apportée pour pouvoir utiliser le centre de Sol béni et le stade de Bingerville. J’ai demandé aux entreprises que la réhabilitation de ces lieux n’excède pas la somme de 2,5 milliards. Les autres 2,5 milliards étant réservés uniquement à l’organisation des compétitions.
Pourquoi me suis-je donné cette fourchette ? En me basant sur les chiffres que nous a communiqués le ministère des Sports qui avait un projet de réhabilitation des stades de Bouaké, Yamoussoukro et Abidjan. Ce projet avait été évalué à plus de 10 milliards. Par soustraction, j’ai fais en sorte que la réhabilitation de ces infrastructures ne dépassent pas 2,5 milliards.
Imaginez ce que nous découvrons lorsque nous commençons à tirer les fils des pylônes qui n’ont pas fonctionnés depuis vingt ans ? Les forages sont abîmés, les groupes électrogènes qui n’ont pas été mis en marche depuis dix ans… Sans oublier que vous avez près de 900 personnes à charge pour le transport international et national, l’hébergement et la restauration. Tout cela à un coût. Voilà levé un coin du voile sur les dépenses à effectuer.
Nous faisons beaucoup d’efforts pour éviter que les différentes commissions aillent au-delà du budget prévu, parce que dans la situation où nous sommes, c’est un gros effort que fait la Côte d’Ivoire pour mettre cette somme à notre disposition. Aujourd’hui où nous parlons, ce budget est bouclé. Il nous appartient maintenant de réaliser tout ce que nous avons prévu. Ce chiffre peut paraître énorme parce que nous sommes en temps de crise. J’ai même reçu quelques fois, des menaces de personnes me reprochant d’organiser le Chan pour 5 milliards alors que le personnel des mairies n’est pas payé, les fonctionnaires sont payés en retard, les ordures ne sont pas traitées, et j’en passe. Moi, je ne m’occupe que du football. J’ai le devoir de faire en sorte que le football serve de socle à la réconciliation de notre pays et nous permettre aussi de rebondir sur le plan international. Voilà mon travail. Ça peut choquer, mais les Ivoiriens doivent savoir que nous allons en tirer forcément des bénéfices maintenant et plus tard.
Performance des Éléphants
J’ai obligation de faire en sorte que toutes les compétitions pour lesquelles nous nous sommes engagés, la Côte d’Ivoire soit présente. La prestation d’une équipe est liée à beaucoup de paramètres. Je suis souvent malheureux d’entendre des personnes dire que je ne fais que participer aux compétitions juste pour être présent. Mais pour participer, il faut déjà y aller. J’ai été élu en 2002, nous sortions d’une Can catastrophique. Je prends un mandat en intérim et on me dit : Il faut qualifier la Côte d’Ivoire tout de suite pour la Can 2004. Je dis : Vu la situation dans laquelle se trouve notre sélection nationale, ce serait trop ambitieux de vouloir atteindre un tel objectif. En plus, il fallait mettre de l’ordre dans la maison et avoir d’autres objectifs. Mon objectif premier était d’aller à la coupe du monde 2006 qui s’annonçait. La Can 2004, n’était pas pour moi un objectif principal, il fallait participer aux éliminatoires et y aller. Je l’ai exprimé clairement aux Ivoiriens et aux clubs qui m’ont élu. Malheureusement, dans une poule à trois, ce n’était pas évident. Des gens en ont profité pour dire que c’est la première fois que la Côte d’Ivoire ne participe pas à une Can, Jacques Anouma doit donc démissionner.
Nous avons atteint notre objectif qui était de qualifier la Côte d’Ivoire pour le Mondial et la Can 2006. Nous ne gagnons pas la finale de la compétition africaine. Mais quelle ne fut notre surprise de voir l’accueil exceptionnel que nous ont réservé les Ivoiriens. Ça veut dire qu’on leur a donné de la joie. Nous ne sommes donc pas à considérer comme de simples figurants. Ensuite, nous allons au Mondial. Notre premier souhait était de passer le premier tour, et d’évoluer match par match. Mais rien ne s’est déroulé comme nous l’avons prévu. Le Président de la République et le président de la Caf se plaignent encore, aujourd’hui, du traitement que nous avons eu au niveau de l’arbitrage. Je veux dire qu’il y a des éléments qui, sans être techniques, peuvent empêcher une équipe d’aller loin dans une compétition. Loin de moi l’idée de m’abriter derrière cela pour expliquer les défaites.
Dernière coupe d’Afrique des Nations au Ghana: jusqu’à la demie finale, aucun organe de presse ne pouvait prédire qu’on ne reviendrait pas avec le trophée, tant tout le monde était optimiste.
Mais dès qu’il y eu la défaite, tous les aspects sportifs qui ont entraîné ce résultat ont été complètement oubliés. J’ai été le premier peiné par notre défaite au Ghana, parce que la Fif a mis tous les moyens à la disposition des joueurs. Mais il y a d’autres raisons qui peuvent expliquer cette déconvenue.
Je serai tellement heureux de donner un trophée ou des trophées à la Côte d’Ivoire. Je suis dans le football depuis bientôt 30 ans. Je dis quelques fois (et ce n’est pas péjoratif) que ce n’est pas la meilleure équipe qui nous a emmené un trophée continental. Toutes les équipes, avec Pokou, Kallet et les autres, dont on était sûr qu’ils nous apporteraient une Coupe d’Afrique, n’ont jamais pu le faire. Et c’est celle sur laquelle personne ne comptait qui nous a rapporté une Can. Je sais de quoi je parle, parce que j’y étais, au Sénégal, en 1992. Il y avait tellement de problèmes à régler. Seuls les joueurs avaient foi en ce qu’ils faisaient. La pire des choses que je pourrais souhaiter à mon successeur, si je n’arrive pas à offrir des trophées à la Côte d’Ivoire, serait qu’il en remporte beaucoup.
Infrastructures...
Je suis le président de la Fédération ivoirienne de football (Fif). Et les statuts afférents ne stipulent nulle part que je suis responsable des infrastructures sportives de ce pays. J’utilise celles que le pays met à ma disposition. Il y a l’Office national du sport (Ons) dont la vocation première est la gestion des infrastructures sportives en Côte d’Ivoire.
Quant à moi, je ne fais que des propositions. D’ailleurs, après le Mondial, le comité exécutif de la Fif, en accord avec les clubs, a décidé de faire en sorte que le tiers des recettes de cette compétition soit affecté à la réhabilitation de la pelouse du stade Champroux. Pour cette action, j’ai dû demander l’autorisation du ministère du Sport.
La Fifa s’est proposée de nous faire un don pour la création d’un terrain synthétique. Mais il fallait que l’infrastructure sur laquelle nous devons investir, appartienne à la fédération. Mon choix s’est porté sur le parc des sports. J’ai donc été voir le ministre du Sport pour lui soumettre notre idée. Mais je n’ai jamais pu avoir gain de cause. Néanmoins, la Fifa m’a fait confiance et j’ai pu réhabiliter cette infrastructure. Ce fut aussi le cas pour le Champroux. Mais après ces travaux, nous n’avons pu en avoir la gestion. Il y a un directeur de ce stade qui n’est pas membre de la Fif.
Nous avons pris l’initiative de réhabiliter les vestiaires du stade Houphouët-Boigny pour qu’ils soient dignes de l’équipe nationale. Les infrastructures ne nous appartiennent pas, nous n’en avons pas la gestion. Mais si nous pouvions avoir la gestion du Félicia, nous en serions très heureux. Or les textes de la Côte d’Ivoire ne nous l’octroient pas.
... celles de l’intérieur
A Korhogo, le stade appartient à l’Etat et nous avons confié sa réhabilitation au président du club de cette localité. La guerre nous a surpris, alors que les travaux avaient été entamés. Tout a été arrêté.
A Anyama, nous avons fait confiance à des personnes, qui n’ont pas tenu leurs engagements.
Ce fut aussi le cas à Bouaflé. Pour ne pas avoir à me retrouver sur un terrain politique, j’ai préféré arrêter le processus de réhabilitation, qui, ne l’oublions pas, ne fait pas partie de mes attributions. Nous ne pouvons nous permettre de dépenser l’argent des clubs dans la restauration de stades qui appartiennent à l’Etat ou à des municipalités.
A Issia, j’ai voulu tenter une expérience. Mais le problème avec les clubs de l’intérieur, c’est qu’ils n’ont ni stratégies, ni existence légale. Tantôt, ils appartiennent à la mairie, tantôt à un individu, tantôt un groupe de personnes. Nous avons donc pris attache avec le Conseil général d’Issia à qui nous avons demandé d’assumer la paternité du club, comme cela se fait en Europe. Le Conseil a adhéré à ce projet et a même trouvé un siège au club. Il avait promis d’investir 400 millions pour la réhabilitation intégrale du stade. Les travaux ont commencé et, à ma grande surprise, tout a été arrêté. Issia Wazi a dû être délocalisé à Abidjan pour prendre part aux compétitions.
Je prends des initiatives, mais si les gens ne vont pas jusqu’au bout, je n’ai pas les moyens de les suppléer.
J’ai fait la même chose à Adzopé et je voulais étendre cette expérience à certaines villes de l’intérieur. Ces deux cas ont refroidi mon ardeur. Mais je ne suis pas découragé pour autant. Je vais repartir vers ces Conseils généraux, pour leur faire comprendre qu’ils ne doivent pas abandonner la jeunesse, et qu’il ne faut pas non plus attendre l’approche des élections pour organiser des championnats ça et là. Ce que nous voulons, ce sont des infrastructures où les clubs pourront évoluer. Cela veut dire que si demain, le stade d’Issia n’est pas réhabilité ou ne donne pas des garanties suffisantes, le Wazi n’y jouera pas.
A Bingerville où le stade appartient à la municipalité, si des dispositions particulières ne sont pas prises, l’Esc Bingerville ira jouer ailleurs. Tout cela frustre les supporters et les populations.
État des lieux
Le Président de la République pensait qu’avec le stade Champroux et le Parc des sports, nous pourrions organiser le Chan. Mais quand il a fallu octroyer la compétition à la Côte d’Ivoire, le problème de terrain synthétique s’est posé, celui de l’affluence également. Il a donc fallu opter pour les stades Houphouët-Boigny et de Bouaké. La réhabilitation d’une pelouse dure au moins six mois. Et les autres travaux ne dépendent pas de moi. Ils ont été confiés au Bureau national d’études techniques et de développement (Bnetd), qui a choisi les entrepreneurs. J’ai donc fait confiance au Bnetd, et tout le monde m’a donné la garantie que tout s’achèvera à temps.
Pour l’heure, nous sommes prêt à 90%. Nous mettrons à profit cette semaine pour achever entièrement le travail. Dans ce genre de compétition, l’on n’est jamais prêt à 100%. Au Ghana, ceux qui y étaient, ont constaté qu’à la veille de la Can, les gens effectuaient encore des travaux. Dans tous les cas, nous serons prêts. J’avais un petit souci avec la tribune présidentielle, on m’a donné l’assurance que tout sera prêt.
C’est une préoccupation pour le président de la Fif que je suis et pour le comité d’organisation. Pour le moment, nous avons retenus le Champroux et le Parc des sports, car ils ont un gazon synthétique.
Les panneaux électroniques sont en train d’être posés. C’est le seul domaine que j’ai laissé au ministère dans la réhabilitation car, un contrat a été signé entre une entreprise de la place et lui dans ce cadre. Nous espérons que les panneaux seront prêts avant le 22 février prochain pour le début de la compétition.
Organisation pratique du Chan
A ce niveau, je n’ai aucun souci. Nous avons les hommes pour cela. Et pour avoir assisté à de hautes compétitions comme la Can, le Mondial, etc, nous avons une idée des différentes prestations. Le comité d’organisation n’a pas de problème. Nous avons choisi l’hôtel du Golf pour loger deux équipes. La troisième sera à Ibis Plateau et l’équipe de Côte d’Ivoire va regagner sa base à Bingerville.
Pour ce qui est de Yamoussoukro, deux équipes seront logées au Président et les deux autres à l’hôtel des parlementaires. La Chan, ce sont plus de 300 invités.
Nous avons reçu le soutien logistique de l’Onuci pour ce qui est des ambulances médicalisées. Il y a donc une coopération entre la fédération et l’opération onusienne du maintien de la paix. Je n’ai pas d’inquiétude quant à l’organisation. Reste à espérer que les infrastructures seront prêtes à temps.
Apport de la Caf
La part de la Caf s’élève à 10% des investissements. Dans le cas présent, nous avons la garantie que nous aurons un million de dollars, l’équivalent de 500 millions de francs CFA. Mais si les recettes sont bonnes et que les sponsors sont plus nombreux, nous pourrions avoir plus.
Retombées pour la Côte d’Ivoire
Il n’est pas immédiat, mais il y a forcément un retour. Les pays qui demandent à organiser les compétitions internationales n’ont pas forcément une solide santé financière. Parfois, ce sont ceux qui ont des difficultés financières qui se battent pour les organiser. Et cela, en vue de relancer leur économie.
Le sport, en général, et le football, en particulier, est d’un grand apport pour notre pays, surtout sur le plan international. Il contribue à redorer son blason.
Toute modestie mise à part, Drogba a été le meilleur ambassadeur de la Côte d’Ivoire durant cette période.
Chan et championnat national
Les différents championnats nationaux en Afrique vivent exactement cette même traversée du désert. Quand vous regardez Supersport, le championnat sud-africain, où la base des subventions se conjugue en milliards, il n’y a pratiquement personne au stade. Parce que le match est diffusé en direct.
La force de la télévision dans ce sport est inestimable. Dans les grands pays de football, les recettes des fédérations proviennent à 90% des droits de diffusion. C’est donc la télévision qui paye. Il revient aux clubs de s’organiser pour ramener les supporters sur les stades.
Les clubs n’attirent plus les supporters. Le Chan n’y changera rien. Si les supporters de l’Africa sont découragés, ils n’iront pas au stade, il en est de même pour ceux de l’Asec.
En ce qui me concerne, remplir un stade n’est pas de la responsabilité de la Fédération ivoirienne de football. Ce sont les clubs qui produisent le spectacle. Je ne touche pas l’argent de leurs supporters.
Est-ce que Marseille attend que la Fédération française de football organise ses matches ?
Est-ce que le Paris St Germain attend que la Fédération française de football ou la ligue professionnelle remplissent ses stades ? Ici, on nous fait un mauvais procès.
En France, je n’ai jamais vu le calendrier d’une rencontre fait par un communiqué de la Fédération de France de football. C’est l’organe même qui vend la compétition. Ici, on me dit que je ne communique pas assez. Qui doit relayer l’information vers le public ? Les médias. Pour ça encore, je dois payer. Je le fais.
Les gens ne viennent pas et on trouve que je ne communique pas assez. Qu’est-ce que je peux faire ? Il y a des clubs qui n’ont même pas 8 supporters. Qui doit remplir le stade dans ce cas ? Il faut donc être organisé dans les clubs pour que les gens viennent assister aux matches.
La Fif a pour obligation de faire en sorte que les infrastructures soient correctes, que la sécurité soit assurée, que les arbitres soient là. Et que le match se déroule dans de bonnes conditions. Le reste est du ressort du club. Il ne revient pas à la Fif de vendre les matches. Je les programme, si les supporters ne sont pas contents des résultats de leurs clubs, que voulez-vous que j’aie comme influence sur eux pour les convaincre de revenir au stade?
Coupures d’électricité
Pour ne pas subir les coupures intempestives d’électricité, nous avons décidé, pour le bon déroulement de la compétition au stade Félix Houphouet- Boigny et à Bouaké, d’inverser l’ordre normal des choses. Le système traditionnel de la distribution de l’électricité devient le recours. Du coup, les groupes électrogènes seront les premiers modes d’alimentation en électricité. Pour la connexion Internet, nous sommes en train de travailler avec les entreprises concernées pour que le stade de Bouaké, le stade Félix Houphouet-Boigny et même les hôtels et le centre de presse soient connectés à Internet.
Tickets d’entrée B>
Nous avons l’obligation de mettre le logo de la Caf et des sponsors sur les tickets. Malheureusement, c’est seulement lors de l’assemblée générale du 11 février dernier que nous avons découvert le logo de la Confédération africaine de football. Le temps passant, nous avions déjà confectionné 74 000 billets ailleurs. La régie qui est responsable du marketing et de la publicité de l’événement nous a demandé de tout arrêter. Parce que le logo qu’on nous a donné n’était pas le bon. Nous sommes obligé de tout recommencer. Ce qui nous impose un complément de dix millions sur le budget initial prévu pour ce chapitre. Honnêtement, nous avons eu beaucoup de difficultés pour l’organisation de cette édition. C’est pour cela qu’il y aura sûrement des ratés, comme à toutes les autres éditions. Il y a une semaine qu’on nous a présenté des sponsors à mettre sur les kakemonos, les billets, etc. Il y a trois jours, on nous demandait de retirer un sponsor. Entre temps, nous avons été obligés d’arrêter la fabrication des différents supports de promotion et de communication. C’est d’ailleurs pour cela que pour l’heure, dans les rues, il n’y a pas un signe distinctif du Chan. Je ne peux pas commencer à mobiliser des gens pour m’entendre dire, peu après, que tel ou tel logo n’est pas le bon.
Bref, c’est cette semaine que vous allez commencer à voir des drapeaux par-ci, des kakemonos à l’aéroport, dans les rues. C’est tout cela qui fait qu’on a pris du retard dans le visuel de la manifestation. Et cela me dérange personnellement.
Sabotage?
Pas du tout. Tout cela est dû au fait que jusqu’ à présent, ces compétitions avaient leur logo type. C’est seulement en septembre dernier, au Comité exécutif, que nous avons décidé que toutes les compétitions organisées par la Caf aient le même logo, avec seulement une petite variante, c’est-à-dire le nom de la compétition. Ces différents éléments ont été découverts seulement le 11 février dernier. Mais cela n’est pas un sabotage ! Je pense que c’est seulement parce qu’on a pris du temps pour apprécier le choix définitif.
Professionnalisation des clubs
La professionnalisation des clubs fait partie des soucis de la Fifa. Au sein de cette instance, nous avons organisé des séminaires à l’intention des associations pour les aider à professionnaliser les clubs. C’est pour cela que nous allons renforcer la personnalité juridique des ligues. En ce qui concerne la ligue professionnelle, nous allons essayer de lui donner les moyens nécessaires à sa bonne gestion.
Politique et football
On ne peut pas dissocier le politique du sport. C’est difficile de le faire. Même à Paris, on voit l’omniprésence de la Mairie dans le Psg. C’est ainsi partout : Saint Etienne, Nantes… Les conseils généraux et les mairies sont impliqués dans la gestion des clubs de football. Quand bien même il y a un propriétaire qui représente à lui seul 60% des actions du club concerné.
Ce n’est donc pas juste de penser que le Conseil général aurait du ne pas se mêler de la gestion d’ Issia Wazi .
A Marseille où le professionnalisme des équipes ne fait aucun doute, où le club appartient à un milliardaire hors pair, il est impossible de mener des actions sans l’avis du maire. On se souvient que le propriétaire avait voulu céder le club. Il a fallu l’avis du maire.
Mandat du président de la Fif
J’arrive en 1991 de l’Asec, club qui a permis ma formation et mon parcours au sein du football ivoirien. Je venais d’un club où tout était en règle au plan juridique. Je n’avais donc pas à me soucier des autres clubs. Tout me paraissait évident. C’est seulement en 2002, quand nous sommes arrivé à la tête de la Fédération que nous nous sommes rendu compte qu’il y avait seulement trois clubs qui avaient un statut juridique. C’est pour cela que l’année dernière, j’ai lancé ce cri du cœur à l’assemblée générale pour demander que d’ici à 2010, tous les clubs aient une existence légale.
Pour le moment, nous avons beaucoup de présidents de fait et non de droit.
Nous avons écrit au ministère de l’Intérieur pour qu’à travers ses services, il nous aide à régulariser la situation de clubs qui vivent dans l’informel depuis 10, 20, 30 ans. Juridiquement, les présidents ne sont pas protégés.
Je pense que d’ici deux ans, les clubs auront pris conscience de ce fait-là. Et ils vont accepter de se mettre en règle vis-à-vis de la législation en vigueur. Il est temps d’arrêter cette improvisation. C’est pour cela qu’à la Fif, nous disons: de grâce, régularisez votre situation au plus tard en 2010.
Élection à la tête de la Fif
On essaie, dans un consensus, de travailler avec les uns et les autres pour ne pas trop fragiliser l’équilibre qui existe dans le football ivoirien. A un moment, il va falloir arrêter cela. Voilà un peu la situation dans laquelle nous sommes. Les choses s’améliorent au fur et à mesure. La fédération ivoirienne de football illustre bien ce cas. Nous étions sur un site qui ne nous appartenait pas. A mon arrivée en 2002, instruit de cette situation, nous avons pris les choses en main pour acquérir légalement le site où nous avons bâti le siège de la Fédération.
Donc, l’irrégularité ne date pas d’aujourd’hui. L’informel date de depuis 1960.
Si on veut aller dans le droit mon mandat est illégal.
Si je veux être réélu légalement, je ne me présenterai que devant trois clubs. Voyez-vous les difficultés ? Beaucoup de clubs ne prennent pas cela au sérieux. Parce que nous passons tout notre temps à résoudre des problèmes. Tant qu’on ne sortira pas de cela, nous aurons beaucoup de difficultés.
Financement des équipes
Les équipes nationales sont sous la responsabilité de l’Etat. Et comme nous sommes bien organisés, nous donnons notre programme annuel au ministère. Chaque compétition est appuyée d’une communication en conseil des ministres présentée et signée conjointement par les ministres de l’Economie et des Finances, des Affaires étrangères et de la Jeunesse et des Sports.
C’est à partir de ce moment que s’opèrent les décaissements dont la gestion est confiée à un régisseur, un agent comptable qui gère les fonds que l’Etat met à la disposition du ministère des Sports. Voilà pour le principe général.
Toutes les compétitions de l’équipe nationale et les compétitions des clubs et de la coupe d’Afrique sont financées par l’Etat de Côte d’Ivoire.
Pour ne subir les tensions de trésoreries auxquelles est confronté l’Etat, je me suis donné les moyens en renforçant le sponsoring afin d’avoir des fonds privés. Avec Orange Côte d’Ivoire, nous allons renouveler notre contrat cette semaine ou la prochaine.
Et les prestations pour lesquelles nous allons signer le contrat seront conformes aux objectifs qu’on s’est fixés.
Gestion des fonds
J’ai des comptes à rendre aux clubs qui m’ont élu et c’est ce que je fais chaque année en assemblée générale. Pour le mondial et pour la Can, j’ai fait le point de ce que j’ai reçu. Depuis 2006, j’ai déjà fait trois assemblées générales où l’on m’a posé toutes les questions et j’ai rendu compte.
L’équipe nationale est partie dimanche au Bénin pour la préparation du Chan. Une communication a été faite. Nous avons financé sur nos fonds propres le déplacement de l’équipe nationale.
Pour la CAN juniors, nous étions en panne sèche dans nos comptes. Le ministère a pu trouver la moitié des fonds nécessaires pour aller au Rwanda et c’est nous qui avons apporté l’autre moitié.
On ne peut donc pas dire, comme l’avance la rumeur, que le ministère nous a donné 2 milliards.
J’ai un tableau sur les communications que nous avons mises dans le circuit. C’est à peu près deux milliards deux cent quarante millions de dépenses effectuées par la Fif grâce aux sponsors. L’Etat ne nous a remboursé que 770 millions. Il reste nous devoir encore un milliard 468 millions.
La parafiscalité sert à gérer le fonctionnement de la Fif, à faire des investissements complémentaires. Mais tout cet argent, aujourd’hui, est utilisé pour compenser le déficit de l’Etat et nous sommes pénalisés par le système. Or c’est l’Etat qui doit s’occuper de toutes les équipes nationales.
En toute honnêteté, si l’Etat rembourse à la Fif le reliquat de 1,4 milliard de préfinancement, j’exécute les promesses faites aux clubs. La Fif équipe les stades de Yopougon et d’Abobo en gazon synthétique. Nous avons besoin de cela pour délocaliser les rencontres.
S’il y a cinq mille places, je suis sûr de les remplir à 90 %. Si je fais mon synthétique à Abobo et que j’affecte l’Asec Mimosas dans ce quartier et l’Africa Sports à Yopougon, je pense que les problèmes de la Fédération seraient résolus à 90 %.
Fif-Gtv
Je voudrais savoir qui, avant notre accession à la présidence de la Fif, a vendu les droits de diffusion du championnat ivoirien à une chaîne de télévision. Le Ghana, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et un certain nombre de pays, ont donné les droits à Gtv, car elle a fait ses preuves ailleurs. Il ne s’agit pas d’accuser la Fif d’avoir bradé le championnat ivoirien. Ce contrat devait remporter 400 à 500 millions de F CFA par an à la Côte d’Ivoire. Mais avec la crise mondiale ce sont 2 milliards que nous perdons en 4 ans. Et il est difficile, aujourd’hui, de trouver un remplaçant à ce partenaire. En Afrique, hormis l’Afrique du nord et l’Afrique du Sud, nous sommes les seuls à donner beaucoup d’argent à nos différents clubs. 30 millions par an. Nous sommes passé de 12 millions en 2002 (à mon arrivée) à 36 millions en 2009. Aujourd’hui encore, ce n’est pas suffisant. Le Cameroun devait donner 20 millions aux clubs, à travers son contrat passé avec Gtv. Le Ghana, pays voisin, a commencé ses subventions avec Gtv. Le Nigeria ne donne même pas 5 millions aux clubs par an. Nous allons chercher à combler le vide. Mais ce n’est pas évident de trouver un remplaçant à Gtv. Nous continuons de négocier avec cette structure.
C’est une grosse perte pour le football. Avec Gtv, j’aurais réalisé pratiquement la promesse que j’avais faite aux clubs en 2002 en venant à la tête de la fédération. A savoir partir en leur laissant des subventions oscillant entre 40 et 50 millions de FCfa. J’aurais pu même atteindre l’objectif deux ans avant la fin de mon mandat. Rien n’est encore perdu, on continue de se battre.
Propos recueillis par
Marc Yevou
Obindé Chantal
Cissé Mamadou
Paul Bagnini
Adam Khalil
coordonnateur
Jean-Baptiste Behi