Est-ce une reculade ou un acte de bonne volonté pour l’éclatement de la vérité dans ce que la presse appelle désormais ‘’l’affaire Guy André Kiefer’’? Nul ne peut répondre avec exactitude à ses interrogations. Ce qui est sûr, selon de bonnes sources, la Première dame Simone Ehivet Gbagbo et le ministre Paul Antoine Bohoun Bouabré, ont écrit au juge Patrick Ramael, en charge du dossier. Pas pour lui dire qu’ils refusent de répondre à sa convocation, comme ils l’ont fait le vendredi 3 octobre 2008. Mais pour lui signifier qu’ils sont prêts à être entendus dans leurs pays. En effet, l’on se rappelle que RFI avait annoncé que les deux personnalités avaient été convoquées par le juge Ramael à Paris pour les entendre dans le cadre de cette affaire. Réponse du berger à la bergère. L’avocat de la Première dame, Maître Ange Rodrigue Babo Dadjé, a animé une conférence de presse, au cours de laquelle il n’a pas écarté l’éventualité de porter plainte contre le juge français Patrick Ramaël. Pour diffamation: «Mes deux clients n’ont jamais reçu de convocation» a-t-il fait savoir à la presse. Avant de préciser : «Ce sont des histoires que RFI raconte. La Première dame de Côte d’Ivoire n’a pas reçu de convocation émanant du juge Patrick Ramaël dans l’affaire Kieffer. Ce sont les journalistes de RFI qui ont inventé cette information qui n’est pas du tout vraie. Je vous confirme que, pour l’instant, nous n’avons reçu aucune convocation pour ce qui concerne la Première dame à propos de l’affaire Kieffer» a fulminé Maître Dadjé. Puis poursuivant, il a ajouté : «Le 22 juillet 2008, j’ai déposé en personne au greffe du cabinet d’instruction du juge Ramaël un courrier dans lequel je lui demandais de m’indiquer si l’information diffusée abondamment par Rfi selon laquelle il aurait convoqué les deux autorités ivoiriennes (...) le 10 juillet 2008, à son cabinet pour une audition, était avérée. Le juge Ramaël ne m’a pas jusqu’à ce jour répondu. Alors je suppose que son silence équivaut à une absence de convocation». En définitive, l’avocat a déclaré que ni Simone Gbagbo ni Bohoun Bouabré ne répondraient à la convocation du juge Ramaêl. Pourtant, le magistrat français voulait tout simplement interroger Mme Gbagbo sur ses liens éventuels avec Jean-Tony Oulaï. S`agissant de Paul-Antoine Bohoun Bouabré, le magistrat chercherait à en savoir plus sur le passage de Michel Legré au bureau du ministre dans l`après-midi qui a suivi l`enlèvement et la remise par son directeur de cabinet d`une forte somme d`argent. L’affaire en était là lorsque, nos sources ont avancé que Simone et Bouabré ont changé d’avis. En acceptant de se faire entendre. Alors question: qu’est ce qui a bien pu se passer pour que les deux têtes fortes du régime changent d’avis et acceptent enfin ce qu’elles avaient bruyamment refusé il y a à peine trois mois? Seuls Simone Gbagbo et Bohoun Bouabré peuvent répondre à cette préoccupation. Mais concernant plus précisément la Première dame, peut-être qu’elle se rappelle l’affaire Rose Kabuye. Du nom de cette proche du président Rwandais poursuivie dans l’enquête contre l’avion de l’ex-président Juvénal Habyarimana en avril 1994. Deux ans après le mandat d`arrêt international lancé par le juge Bruguière, Rose Kabuye se trouve désormais aux mains de la justice française. La responsable du protocole du président rwandais, arrêtée le 9 novembre en Allemagne a été en effet extradée. Elle a aussitôt été conduite chez un juge d`instruction pour être interrogée. Les causes produisant les mêmes effets, Simone craint-elle de connaître le même sort que Rose?
Yves-M. ABIET
Yves-M. ABIET