C’est autour de cette préoccupation que Mè Bley Madeleine, présidente du Réseau des femmes des partis politiques de Côte d’Ivoire a centré le point de presse qu’elle a animé hier au siège de NDI aux II-Plateaux et ce à la veille de la commémoration de la Journée internationale de la femme, instituée en 1977 par les Nations-unies. Avec la normalisation que retrouve progressivement la Côte d’Ivoire, grâce à l’Accord politique de Ouagadougou, Mè Bley et ses camarades entendent réfléchir sur la contribution de la femme pour assurer la stabilité politique, économique et sociale de notre pays mais surtout pour corriger le déséquilibre entre homme et femme dans toutes les instances de prise de décision.Se fondant sur une analyse diachronique au plan électif et nominatif, elle note, non sans avec un pincement au cœur parce que depuis 1959 jusqu’en 2008, c’est seulement en 2000 qu’il y a eu le pourcentage le plus élevé de femmes au gouvernement soit 21,7%. Cela change qualitativement avec les 1 et 9% de femmes représentées à l’Assemblée nationale et dans les Conseils généraux de 1959 à 2008 puis avec 1986 où deux femmes font leur entrée dans le gouvernement sur un effectif de 39 ministres soit un pourcentage de 5,13%.C’est une situation inacceptable ce d’autant que la Constitution ivoirienne, en son article 2, offre l’égalité de droit aux femmes et mieux, la Côte d’Ivoire a ratifié les instruments Internationaux. Pourquoi donc la persistance de l’inégalité de fait en Côte d’Ivoire qui maintient subséquemment et largement à tous les niveaux la proportion de la représentation des femmes en deçà des 30% ? Une situation dont a fait état la le Président Laurent Gbagbo dans une déclaration solennelle en date du 27 février 2007 sur l’égalité de chance et du genre à l’occasion de la 51e session de la Commission de la condition de la femme de l’Onu et de la Journée internationale de la femme. Pour Mè Bley Madeleine qui a établi une comparaison entre la Côte d’Ivoire, des pays de la sous-région et ceux de la Sadec, il y a une nécessité impérieuse pour notre pays de se mettre à niveau. Le Réseau des femmes des partis politiques de Côte d’Ivoire a dévoilé ses propositions pour apporter des correctifs à cette situation. D’entrée, les jeunes femmes ont fait savoir que le pourcentage de 30% de femmes dans les centres décisionnels est une phase transitoire pour aller vers la parité. Pour ce faire, elles recommandent que des mesures urgentes soient prises, pour que le quota soit utilisé comme une mesure corrective de l’inégalité. Elles demandent que force obligatoire soit donnée à la Déclaration solennelle du Chef de l’Etat relative à l’application d’un quota minimum de 30% de taux de représentativité des femmes aux postes de décision et que cette Déclaration soit traduite en une loi ou en une ordonnance. Le Refep-ci a déjà pris le taureau par les cornes en initiant des actions de réforme normative. Il a élaboré un avant, projet d’ordonnance et de modification du Code électoral, validé par un atelier organisé en décembre 2008 par le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, à Grand-Bassam. Le réseau a relevé que le mode de scrutin et le découpage électoral actuels sont des facteurs défavorables pour l’évolution de la femme ; en ce qu’il accentue le déséquilibre entre hommes et femmes. Les femmes des partis politiques de Côte d’Ivoire souhaitent que l’on procède à un redécoupage électoral pour augmenter le nombre de sièges à pourvoir d’une part et d’autre part adopter un mode de scrutin de liste à représentation proportionnelle alternative en vue d’assurer aux femmes plus de chance d’accès aux instances décisionnelles.
Franck A. Zagbayou
Franck A. Zagbayou