Morgue de Korhogo, il est 11h30. Deux jeunes gens au visage marqué par l’inquiétude pénètrent dans l’enceinte mortuaire. Quelques minutes plus tard, ils en ressortent en larmes. Ils viennent de reconnaître le corps sans vie de leur frère qui leur a dit au revoir très tôt ce matin, pour se rendre au marché hebdomadaire de Sononzo. Celui qu’on pleure est l’une des victimes du camion fou de ce dimanche 08 mars qui a endeuillé plusieurs familles. Selon le chauffeur de la remorque de 35 tonnes, N’Golo Yéo, avant le départ, il a tout vérifié sur son outil de travail. Il n’y avait rien à déplorer. Et pourtant, à peine sept kilomètres parcourus sur l’ensemble des cent vingt deux qui séparent Korhogo de sa destination, le mastodonte lancé perd sa roue avant droit dans le virage du petit village de Torgokaha ,en bordure de la route. Incontrôlable, l’élan déporte les nombreux tonnages en branle vers la rive droite. Dans la foulée, la roue sortie prend de plein fouet une femme et sa fillette d’environ deux ans. La première victime du monstre est signée. La fillette meurt sur le coup. Sa mère, sérieusement blessée sera admise au Centre Hospitalier Régional (CHR) de Korhogo. Le camion termine sa folle course sur le bas coté. Il se renverse et déverse tout son chargement, environ vingt tonnes de marchandises, selon le chauffeur. Des objets divers dont des friandises, du sucre, des fûts d’huile, des tôles ondulées. Mais aussi du carburant de tous genres, et chose surprenante pour les étrangers, des passagers. Des passagers perchés tout en haut du camion comme on en voit chaque jour à korhogo sur les routes des marchés hebdomadaires appelés "lôgôdougou" en malinké. C’est le carnage. Les uns se retrouvent sous les marchandises, les autres, après une chute de très haut, se retrouvent étalés dans le ravin en bordure de la route. Personne ne peut supporter l’effroyable spectacle. Les autorités de la ville sont alertées. MM. Benjamin Effoli, secrétaire général de la préfecture, Fofié Kouakou Martin, le com’zone 10, Soro Kanigui Mamadou, le délégué général des Forces Nouvelles, des responsables de la santé, des Forces impartiales, et de nombreux hommes en treillis, se retrouvent sur les lieux pour constater le désastre. Les corps inanimés sont dégagés des décombres. Sept au total, après la petite fille. Les nombreux blessés, les uns plus mal en point que les autres sont évacués au CHR de Korhogo.
Mack Dakota, Correspondant
Mack Dakota, Correspondant
