La 21e édition du Festival panafricain de télévision et de cinéma de Ouagadougou s’est achevée samedi.
Après Ezra de Newton Aduaka (2007) du Nigeria, c’est l’Ethiopien Hailé Gerima, avec Teza, Grand prix du long métrage au 28ème Festival international du film d’Amiens, qui décroche l’Etalon d’or du Yennega. Une récompense méritée d’un grand professionnel, « un grand maître », dira Balufu Bakupa Kanyinda, écrivain, poète et réalisateur congolais. Choix juste d’un jury, présidé par un grand professionnel : Gaston Kaboré, ex-Etalon avec Buud Yam.
Teza? C’est un sujet brûlant, qui place au cœur des désillusions d’un jeune idéaliste victime en Allemagne du racisme le plus abject ; confronté, de retour dans son Ethiopie natale, à la montée de toutes les dérives. La guerre, les arrestations arbitraires, la montée des intolérances, les brutalités humaines dans une République pénitentiaire, où règne la mort : l’Ethiopie Des Hailé (Sélassié, Mengitsu). Comment en sortir? Comment lire dans les signes du temps présent? Un film qui interroge les consciences. «Qui nous enseignera l’énigme?», interroge ce film d’une finesse finie, où les flash-backs ne sont pas des appendices inutiles. Au contraire, ils traduisent «l’idée de faire réapparaître le passé, à travers l’illusion du temps et du lieu pour donner un sens et une raison au présent ». Une esthétique puisée dans sa tradition, à travers le principe de base de «l’enkokilish», jeu éthiopien qui «consiste à ce que de nombreuses énigmes soient posées, sous forme de questions, à un groupe donné, dans le but qu’elles soient résolues grâce à l’esprit du jeu et de compétition du groupe ». Le jeu des acteurs est égal à la qualité du film. Tout en finesse, jouant juste et bien. Le prix, en l’absence du réalisateur, a été remis à sa sœur.
Si John Kani, Afrique du Sud, avec Nothing but the truth (Rien que la vérité), a tenu le deuxième prix, Etalon d’argent, ce choix est encore indiscutable. Car ce film, adaptation d’une pièce de théâtre à succès en Afrique du Sud et en Angleterre, précise-t-on, renferme tout ce qui donne du plaisir à voir une œuvre cinématographique. Malgré l’histoire douloureuse qu’elle ressasse, celle des injustices subies par des militants de l’intérieur contre l’apartheid, à l’heure de la Commission Vérité et Réconciliation, les acteurs, à bout de bras, tiennent, de bout en bout, cette œuvre majeure, plaisante à souhait. Grâce à leur jeu sobre- ils ne sur-jouent pas, ne déclament pas, ne gesticulent pas. Ils jouent. Tout simplement. Sans plus. Et bien. Pour nous enseigner, finalement, simplement, cette belle leçon qui conduit au pardon : « dire la vérité et tendre à la réconciliation n’est pas qu’affaire politique. C’est un processus à mettre en œuvre au plus profond de soi, jusque dans les plus sombres secrets de chaque famille ». A l’image de la famille Sipho Makhaya.
Consolation ivoirienne: le doyen Idrissa Diabaté a reçu le prix Uemoa, pour son documentaire La femme porte l’Afrique. Il a choisi, ému, de réserver l’exclusivité de ses déclarations au Chef de l’Etat, Laurent Gbagbo.
Michel Koffi
Envoyé spécial
Après Ezra de Newton Aduaka (2007) du Nigeria, c’est l’Ethiopien Hailé Gerima, avec Teza, Grand prix du long métrage au 28ème Festival international du film d’Amiens, qui décroche l’Etalon d’or du Yennega. Une récompense méritée d’un grand professionnel, « un grand maître », dira Balufu Bakupa Kanyinda, écrivain, poète et réalisateur congolais. Choix juste d’un jury, présidé par un grand professionnel : Gaston Kaboré, ex-Etalon avec Buud Yam.
Teza? C’est un sujet brûlant, qui place au cœur des désillusions d’un jeune idéaliste victime en Allemagne du racisme le plus abject ; confronté, de retour dans son Ethiopie natale, à la montée de toutes les dérives. La guerre, les arrestations arbitraires, la montée des intolérances, les brutalités humaines dans une République pénitentiaire, où règne la mort : l’Ethiopie Des Hailé (Sélassié, Mengitsu). Comment en sortir? Comment lire dans les signes du temps présent? Un film qui interroge les consciences. «Qui nous enseignera l’énigme?», interroge ce film d’une finesse finie, où les flash-backs ne sont pas des appendices inutiles. Au contraire, ils traduisent «l’idée de faire réapparaître le passé, à travers l’illusion du temps et du lieu pour donner un sens et une raison au présent ». Une esthétique puisée dans sa tradition, à travers le principe de base de «l’enkokilish», jeu éthiopien qui «consiste à ce que de nombreuses énigmes soient posées, sous forme de questions, à un groupe donné, dans le but qu’elles soient résolues grâce à l’esprit du jeu et de compétition du groupe ». Le jeu des acteurs est égal à la qualité du film. Tout en finesse, jouant juste et bien. Le prix, en l’absence du réalisateur, a été remis à sa sœur.
Si John Kani, Afrique du Sud, avec Nothing but the truth (Rien que la vérité), a tenu le deuxième prix, Etalon d’argent, ce choix est encore indiscutable. Car ce film, adaptation d’une pièce de théâtre à succès en Afrique du Sud et en Angleterre, précise-t-on, renferme tout ce qui donne du plaisir à voir une œuvre cinématographique. Malgré l’histoire douloureuse qu’elle ressasse, celle des injustices subies par des militants de l’intérieur contre l’apartheid, à l’heure de la Commission Vérité et Réconciliation, les acteurs, à bout de bras, tiennent, de bout en bout, cette œuvre majeure, plaisante à souhait. Grâce à leur jeu sobre- ils ne sur-jouent pas, ne déclament pas, ne gesticulent pas. Ils jouent. Tout simplement. Sans plus. Et bien. Pour nous enseigner, finalement, simplement, cette belle leçon qui conduit au pardon : « dire la vérité et tendre à la réconciliation n’est pas qu’affaire politique. C’est un processus à mettre en œuvre au plus profond de soi, jusque dans les plus sombres secrets de chaque famille ». A l’image de la famille Sipho Makhaya.
Consolation ivoirienne: le doyen Idrissa Diabaté a reçu le prix Uemoa, pour son documentaire La femme porte l’Afrique. Il a choisi, ému, de réserver l’exclusivité de ses déclarations au Chef de l’Etat, Laurent Gbagbo.
Michel Koffi
Envoyé spécial