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Société Publié le jeudi 12 mars 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Enquête - Retraités de Côte d`Ivoire : Chagrin et galère après de loyaux services

Par décret n° 2009-35 du 12 février 2009, l’Etat a fixé à 57 ans la limite d’âge statutaire du départ à la retraite des agents régie par le statut général de la Fonction Publique. Sur un échantillon de 20 fonctionnaires à moins de 5 ans de la retraite, 18 se disent comblés de cette mesure. Quand les 2 appartenant à la famille d’emploi de l’enseignement notent qu’il s’agit d’une décision pour les maintenir en activité. Leur traitement à la retraite étant, selon eux, supérieur à celui de leur maintien en activité. Somme toute, la mesure satisfait dans l’ensemble. Derrière ce satisfecit quasi général, se cache la peur de la retraite. Le mépris tant interpersonnel que structurel, le manque de préparation de la retraite, les liquidations pléthoriques en souffrance, les sempiternels retards dans les paiements, sont autant de faits qui entretiennent la hantise de la retraite. Explications.

Augustin Kanga est Inspecteur de l’enseignement primaire à la retraite. Admis à faire valoir ses droits à la retraite en 2004, après six ans de loyaux services à la tête de l’IEP de Daloa 2 (son dernier poste), celui qui fut le tout puissant inspecteur, adulé des Chefs de village d’écoles sous tutelle de son inspection qui le comblaient de présents et l’honoraient de plusieurs visites, ainsi que des maîtres, directeurs et conseillers, mène aujourd’hui une vie de reclus. Et ce, après un séjour particulièrement difficile dans son village natal situé dans le département d’Abengourou. Ce qu’il n’aurait jamais imaginé, lui, qui a passé près de trois décennies de durs labeurs, à servir les ressortissants de son village, de sa communauté d’origine. Les portes de sa résidence de fonction dans une ville carrefour (Daloa) étaient constamment ouvertes à tout visiteur et dans une largesse insoupçonnée, il partageait ses revenus avec les enfants de tel ou tel autre parent qui allait à l’école sous son toit. Le tout avec en arrière- pensée une rétribution dans « sa descente aux enfers ». Que nenni ! « Si on mourait et on revenait à la vie, je n’allais jamais rendre service à autrui, fut-il un membre de ma famille ou de mon village », marmonne-t-il. Pendant son séjour au village natal, l’Inspecteur bienfaiteur était devenu le point focal des railleries. Il s’entendait lancer au visage de n’avoir rien réalisé sauf « un château de Seigneur ». En fait, M. Kanga a fait bâtir au village une superbe résidence qui attise convoitise et calomnie. Excédé d’être au centre des sarcasmes et autres commérages, il a fini par regagner Abidjan la capitale, où il vit sous le toit d’un neveu compatissant à Yopougon Sideci. Devenu un homme ordinaire, n’ayant plus la signature ou le O.K qui sauve ou qui sorte de l’impasse, tous ceux qui lui couraient après, l’évitent. Dans l’indifférence totale, il hurle sa douleur, celle que lui procure la retraite qui a mis fin à ses privilèges, à son altruisme. Une déprime que vit également au quotidien Mme Sita Ouattara, Assistante Sociale à la retraite. Ce travailleur social dont le dernier poste de service fut le Centre Anti Tuberculeux d’Adjamé (CAT), a été abandonné par son mari qui, dans sa désertion du domicile conjugal, lui a laissé sept (7) enfants sous les mains. « Ma retraite, je la vis atrocement, de manière infernale. C’est l’enfer pour moi », lance-t-elle lors de notre échange dans les locaux du Fidra (Fonds International pour le Développement de la Retraite Active). Sa présence dans cette micro finance communément appelée « la banque des retraités » est motivée par l’obtention d’un financement pour réaliser une opération de ses yeux. En fait, âgée de 57 ans, elle souffre d’une cataracte. Une maladie qui tombe véritablement mal car, celle qui touchait 2.35.000 F Cfa par mois, depuis sa mise à la retraite, ne perçoit désormais que 168000 F Cfa. Une somme sur laquelle elle doit retirer 42000 F Cfa pour la location de la maison qu’elle occupe dans la commune d’Adjamé. Son revenu mensuel a donc baissé au moment où ses charges ont augmenté. Les cas, comme celui de Mme Ouattara, foisonnent. De nombreux retraités vivent l’angoisse, l’amertume au quotidien. Pourtant, tous les spécialistes que nous avons interrogés sur la question, sont unanimes : la retraite qui consiste à mettre fin à l’activité professionnelle d’un agent après plusieurs années de durs labeurs doit être une expérience heureuse. Elle devrait être vécue avec beaucoup de sérénité, de joie après tant d’années de loyaux services rendus à la nation. Ce, d’autant plus que l’Etat, soucieux du devenir de ses serviteurs, après leur période d’activité, a toujours développé à l’égard de ceux-ci, estimés aujourd’hui à 66.000 dans le public et 94000 au privé, une politique sociale avantageuse. Mais, dans les faits, la retraite se révèle être le plus souvent le point de départ de la galère. Pourquoi ? Les raisons sont aussi diverses que variées. Notons d’emblée les relations interpersonnelles entre le retraité et la société.

Frappés de plein fouet par le mépris tant interpersonnel que structurel…
Le départ à la retraite s’accompagne bien souvent de la réduction du revenu du concerné. Non seulement le salaire mensuel subit une baisse mais tous les avantages rattachés à la fonction s’estompent également.. Et ce, de manière brutale. « Une fois à la retraite, votre situation de vie descend de trois échelons. Vous n’avez plus de voiture, de maison de service, plus de bons de carburant, plus de primes diverses. Vous êtes réduit à votre simple pension, pis à votre simple expression », note Mme Charlène Yapi, Sage-femme à la retraite depuis 1997 dont le dernier poste fut Alépé. Non sans ajouter que cette situation s’accompagne toujours de sarcasme surtout dans sa propre communauté où le retraité était censé être dorloté. « Quand on déménage au village, les commentaires sont acerbes. Tu ne peux pas y rester. Tu as le net sentiment que tout le monde te fuit. Tu te retrouves dans une situation où la vie devient difficile et tu deviens le dindon de la farce », déplore-t-elle. Pour Dr Marie Thérèse Trazongodo, Psychologue, la retraite est un problème psycho social très sérieux. Elle fait peur justement parce que l’approche psycho sociale de la retraite n’est pas prise en compte. Or, à l’en croire, c’est cette approche qui est la panacée au mépris interpersonnel dont le retraité est l’objet. « Psychologiquement, les générations actuelles refusent d’être comme la génération incarnant le passé. Ainsi, les jeunes fuient les personnes âgées. Inconsciemment, les jeunes fuient ce qui doit leur arriver plus tard.. Et en agissant ainsi, ils briment les autres sans le savoir. Or, c’est cet isolement qui tue à petit feu les retraités », indique-t-elle. Du point de vue sociologique, le Professeur Ténin Diabaté Touré, Sociologue, note que la retraite fait peur parce qu’elle déprécie l’individu. A l’en croire, le statut social de ce dernier se dévalorise quand il cesse d’être salarié. Par conséquent, le retraité n’occupant plus de fonction, verra peu à peu le vide se créer autour de lui, car, ne pouvant plus rendre « service ». Au mépris interpersonnel, Dr Trazongodo soulève un autre mépris qui alimente la peur de la retraite. Il s’agit du « mépris structurel ». Ce mépris dénote des travers de la politique de gestion des retraités de la part des structures de tutelle, notamment la CGRAE, la CNPS et surtout le ministère de la Fonction Publique et de l’Emploi. Premier travers, les difficultés administratives à franchir par le retraité avant d’obtenir sa première pension. Pour elle, les dossiers des pensionnés devraient être liquidés dès leur mise à la retraite. Ce qui n’est pas le cas pour le moment, si bien que de nombreux retraités ne voient leurs dossiers traités qu’après deux à trois ans d’attente. En terme de liquidation, il faut comprendre le processus de détermination du montant de la pension. Hormis les pensions militaires ainsi que celles des agents des entreprises et organismes publics, celles dites « civiles » sont liquidées au ministère de la Fonction Publique. Ce qui est une aberration pour la psychologue. « Quand un travailleur part à la retraite, il n’est plus couvert par l’assurance maladie de son service. Et pendant le temps indéfini mis pour liquider son dossier, il n’a pas de revenus. Il ne perçoit pas de revenu minimum lui permettant de faire face dignement à ses charges. Et dès que ses petites économies sont évacuées, il devient malade de ne plus pouvoir honorer ses charges. Cette hantise lui tourmente l’esprit. Il appartient à l’Etat de trouver la formule pour mettre un terme à ce mépris structurel », lance-t-elle vivement. Second travers, l’absence d’autonomie financière des institutions de retraite entraînant des retards dans les paiements et surtout le racket dont sont l’objet les retraités de la part des agents de ces structures. Pour elle, il est inconcevable qu’une personne âgée, fasse le rang et après de longues heures d’attente, s’entende dire que les virements n’ont pas été faits. A en croire de nombreux retraités, les agents de la CGRAE et de la CNPS ont recours à « cette astuce » pour rançonner les « pauvres retraités ». Se prononçant sur la lenteur tant des liquidations que des paiements, qui selon Dr Trazongodo, participent du mépris structurel, de nombreux retraités pointent le doigt accusateur vers le ministère de la Fonction Publique et la direction de la CGRAE.. « Tout le cirque auquel l’on nous soumet a une seule motivation, nous racketter. Si l’on accorde de l’égard à une personne âgée, on ne peut faire traîner son dossier de liquidation pendant plus d’un an. Et quand le dossier sort, pour percevoir la toute première pension, c’est une autre affaire. Il faut payer. Il faut donner de l’argent, sinon tu n’auras rien. C’est malheureux mais c’est comme çà. Les agents de la CGRAE sont véreux, ils sont malhonnêtes. Ce sont des racketteurs », arguent-ils. Pour éviter à sa mère cette infortune, Mme Florentine Adou née Kouadio, Sage-femme en poste à la formation sanitaire de Koumassi, soutient avoir demandé à celle-ci de faire une procuration à son nom. « C’est malheureux que l’on exploite l’infortune des retraités. Moi, ma mère ne vient plus faire le rang ici (la CGRAE). Elle m’a fait une procuration sur la base de laquelle je me présente moi-même pour retirer la pension de feu mon père, qui était adjoint administratif », a-t-elle souligné. Bien que nous n’ayons pas pu rencontrer le Directeur général après maintes tentatives infructueuses par l’entremise de la directrice de la cellule Communication qui s’est montrée moins coopérative, un responsable de la CGRAE, sous le couvert de l’anonymat, a fait savoir que la direction fait de la moralisation de ses agents son cheval de bataille. En témoigne l’organisation des prix d’excellence décernés chaque année aux meilleurs agents de la structure. « Quand nous avons les preuves matérielles de ces accusations, nous sévissons », argue-t-il. Puis, de soutenir que la hantise de la retraite dénote simplement d’un manque de préparation.

Accusés d’avoir donné dans la mégalomanie suicidaire…
Selon ce responsable de la CGRAE qui a requis l’anonymat, la retraite se prépare dès le premier jour de prise de service. Pour lui, une retraite bien préparée, est la meilleure garantie d’une sortie paisible et épanouie du circuit professionnel. Un avis que partage Mme Namizata Sangaré, présidente de l’Organisation des Femmes Actives de Côte d’Ivoire (Ofaci). « C’est une question de gestion. Il est clair que si tu n’épargnes pas, si tu passes ton temps à jouer au Don Juan ou au joli cœur, au soir de ta retraite, ce sera difficile. Si le salaire est mal géré, mal reparti et qu’à cela se greffent les nombreuses charges familiales, le pari d’une retraite épanouie sera difficilement relevé », note-t-elle. Sur ce point, M. Yao Bi N’Guessan, instituteur à la retraite, relève que la gestion du salaire lui-même insignifiant, est difficile pour un agent de l’Etat ou celui du privé dont l’accession à un poste, est synonyme d’une ascension sociale pour toute une communauté. « En Afrique en général et en Côte d’Ivoire en particulier, c’est la famille élargie. Si tu n’es pas large, on te taxe de tous les noms. Avec ton revenu mensuel, tu te retrouves à faire face à plusieurs charges à la fois. Ainsi, il est illusoire de pouvoir faire de l’économie pour préparer ses vieux jours », soutient-il. Des propos qui, selon M. Chérif, lui aussi instituteur à la retraite, sont une fuite en avant. Pour lui, un agent, qu’il soit du privé ou du public, peut économiser. Tout étant fonction d’une volonté, d’une décision personnelle. « Quand tu as passé ta vie à payer les voitures luxueuses, à entretenir les multiples compagnes, à être toujours dans les projets de virées nocturnes, tu ne peux que craindre la retraite. Tout est lié à une organisation. On peut aider la famille élargie et épargner. C’est possible. Moi, j’avais pensé qu’il fallait être millionnaire pour avoir une maison. Mais après j’ai compris que cela n’était pas nécessaire et je suis allé souscrire à l’opération immobilière de la Sicogi. Tout le monde n’a pas cette présence d’esprit. Aujourd’hui que je suis à la retraite, j’ai deux toits. J’occupe avec la famille, l’un des toits et je n’ai pas le souci d’être jeté dehors par un huissier pour loyer impayé. La mégalomanie procure un plaisir éphémère quand ses conséquences ont un impact douloureux sur le long terme », déclare-t-il. Ainsi, de son avis, la peur de la retraite reste tributaire de la non préparation méthodique. Mais, le dysfonctionnement au niveau des institutions de retraite, participent également de cette peur.

Et ballonnés par le dysfonctionnement des institutions nationales de retraités…
Selon une récente publication du Bureau international du travail (BIT) intitulée « social security pension, development and reform », 90% de la population mondiale en âge de travailler ne sont pas couverts par des régimes de retraite de nature à leur garantir un revenu suffisant. La mauvaise gestion d’une grande partie des régimes existants aggrave la situation et expose une large part de la population mondiale à la pauvreté durant la vieillesse. D’une manière générale, les régimes de retraite sont très faibles et sont en proie à de fortes pressions sur leurs trésoreries. Ce constat s’applique également à l’Afrique de l’Ouest, dont la Côte d’Ivoire est un des exemples patents du dysfonctionnement du système de retraite. En effet, la caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) et la Caisse générale de retraite des agents de l’Etat (CGRAE) connaissent certes des fortunes diverses mais ont en commun des problèmes de trésorerie même s’ils sont plus perceptibles à la CNPS. Ces structures ont de plus en plus du mal à trouver les ressources pour payer les pensions. Les causes sont multiples mais deux retiennent particulièrement l’attention. Il y a d’abord le ratio retraite/fonctionnaire ou retraité/cotisant ensuite le taux de recouvrement. Le ratio retraité/cotisant se détériore de plus en plus et affecte largement la trésorerie des structures chargées de gérer les retraités. Les économies évoluant, l’Etat, en raison de la mévente des produits et de la récession, a dû arriver à une réduction des effectifs des travailleurs. De sorte qu’au niveau du privé par exemple, on s’est retrouvé avec une surchauffe. Au total, les cotisations encaissées ne permettaient pas de faire face aux pensions de retraite. La Côte d’Ivoire ayant opté pour un système de répartition, il faut que les cotisations soient versées pour qu’en théorie, les retraités puissent être payés. Ce déséquilibre explique les dysfonctionnements financiers. Au niveau du taux de recouvrement des cotisations des travailleurs, il y a également problème car, les sociétés ne reversent pas toujours les cotisations prélevées sur le bulletin de leurs employés. Avec ce dysfonctionnement, le retraité ou la retraitée qui ne travaille plus, qui ne bénéficie plus des avantages de sa fonction et voit son revenu mensuel sensiblement réduit, se retrouve seul à faire face aux charges familiales. De quoi irriter et rendre hargneux.

Les retraités finissent hargneux, grognons et malades…
Bien souvent, ce manque de préparation plonge le futur retraité au bord de l’amertume. Mme Florentine Adou née Kouadio, note à ce propos que l’état morbide qui s’empare du retraité est en partie lié à son isolement. Relatant le cas de son voisin à Koumassi, elle indique que ce dernier n’a certes pas construit, mais, qu’il a investi dans l’éducation et la formation de ses enfants et protégés que sont ses neveux et nièces. Aujourd’hui, ceux-ci ont un bon niveau social. Parmi eux, on dénombre un professeur qui est allé s’installer aux USA et un gynécologue qui a épousé une Française. Tous auraient tourné le dos au « vieux ». Un abandon qui l’a entraîné au bord de la crise de nerf. « Le vieux est décédé pour avoir refusé de s’alimenter et de prendre correctement ses cachets. Il était sous perfusion mais lui- même voulait quitter la terre des hommes. Il en avait marre d’être traité comme un bon à rien et s’est donné lui-même la mort. Cela est parti du fait que ses propres enfants qui ont un bon niveau social, le trouvent encombrant, gênant et grognon. Il en avait marre et s’est littéralement suicidé », a-t-elle témoigné. De son côté, Dr Trazongodo souligne que l’inactivité s’accompagne dans la majeure partie des cas de la dégradation de la santé. « Plus tu ne travailles pas, plus tu te détériores. L’état de santé prend également un coup avec le stress. La peur même de la retraite rend difficile toute reconversion. Ce stress fait vieillir et développe les maladies psycho somatiques. A force de penser, de pleurer et de monologuer, cela se répercute sur le corps, entraînant des maladies cardio-vasculaires », soutient-elle. De son côté, la sociologue Touré précise que le retraité, très vite reconnu d’aucune utilité par la communauté, se sentira de ce point de vue, « rejeté » par son service, voire la communauté. « Certains subissent des chocs et vivent des situations de stress avec leurs effets nocifs : hypertension artérielle, infarctus », relève-t-elle. Pour échapper à cette hantise, mieux, pour éviter de vivre l’angoisse de la retraite, les spécialistes interrogés sur la question conseillent unanimement une préparation méthodique, qui passe par un plan d’épargne retraite. A ce propos, le Pr Ténin Diabaté Touré conseille l’épargne pendant la période de validité. « L'ASSURANCE VIE est également une bonne méthode dans la mesure où les revenus qu'elle pourra procurer au retraité souscripteur, seront faiblement imposés grâce aux rachats partiels. De plus, elle permet le versement du capital économisé aux proches du souscripteur très rapidement en cas de décès », souligne-t-elle. Puis d’indiquer que le futur retraité peut bâtir un nouveau projet de vie et se préparer à assumer de nouveaux rôles, par exemple en louant son expertise. Ce que des cadres réussissent très bien. « Il s’agit de ne pas se sentir inutile dans la société. Par ailleurs, les activités de bénévolat (dans le village, dans le quartier ou dans certaines associations de bienfaisance) sont un bon créneau pour une meilleure réintégration sociale. Il s’agit pour le retraité ou la retraitée de se créer un nouveau rapport au temps et la recherche de son rythme propre. Une telle perspective, lui permet de mieux s’adapter à son nouvel environnement tout en se créant de nouvelles relations sociales », a-t-elle expliqué. Si l’on s’en tient à ces explications, le départ à la retraite doit faire partie des projets de tout travailleur. Pour bien préparer cette étape, il ne faut pas attendre la dernière minute. Une option que partage Mme Charlène Yapi. « Moi, j’avais six enfants à nourrir. Je n’ai pas pu construire parce que j’ai investi sur leur formation. Aujourd’hui, je ne regrette pas ce choix puisque je vis chez ma fille aînée à Angré Soleil 3 qui me dorlote et me fait vivre une retraite épanouie. Mon enfant, à toi et à tous vos lecteurs jeunes, si Dieu vous donne longue vie, vous irez à la retraite un jour. Vous allez voir votre salaire divisé par trois, vous allez vivre avec les maladies de la vieillesse notamment le rhumatisme, l’hyper tension etc... et la CGRAE va jouer avec vous comme Ping-pong. Préparez-vous bien sinon vous serez hargneux, irritables et grognons à n’en point finir. Pensez à la retraite, elle se prépare. C’est un conseil de mémé », conclut-elle. Une exhortation qui ne doit pas tomber dans des oreilles de sourds. L’écrivain Laurent Gbagbo fait dire au griot du manding Djéli Kouyaté dans son œuvre Soundjata, ceci : « le monde est malheureux parce que les hommes ne se souviennent pas. Or, hier n’est pas loin et demain est profond. D’une profondeur pleine d’espoir ». Une pensée aux senteurs philosophiques à méditer certainement.

Les dessous de la rallonge de l’âge de la retraite
En Côte d’Ivoire, le système prévu par le régime de pension est celui de la répartition. C’est un mécanisme de solidarité entre les générations. Chaque personne qui travaille verse des cotisations immédiatement redistribuées aux retraités actuels. L’équilibre financier de ce système tient à un facteur essentiel : le nombre des retraités ayant droit à une pension ne doit pas être trop élevé par rapport au nombre des actifs cotisants.. En d’autres termes, le régime par répartition fonctionne à la condition qu’il y ait assez d’actifs pour payer les pensions des retraités. Ce rapport qui était de 6 actifs pour 1 retraité en 1980 est aujourd’hui en 2009 de 2 pour 1 retraité. Une des raisons de la détérioration du rapport cotisant sur bénéficiaires est l’accélération de la population des retraités causée par les mesures de départ à la retraite à 30 ans de service et de départ volontaire à la retraite. Ainsi, chaque année, ce sont plus de 3000 agents qui vont à la retraite. Des sorties massives qui créent un déséquilibre financier. Devant le péril du régime de retraite par répartition, devant le déséquilibre financier, l’Etat a opté pour la rallonge de l’âge de la retraite. Une mesure qui oblige le fonctionnaire de l’Etat à travailler plus longtemps. En retardant le départ à la retraite, l’Etat peut ainsi supporter la marge de retraités. Avec cette rallonge, l’Etat entend ainsi rétablir l’équilibre financier contrarié par le nombre élevé de retraités que de travailleurs actifs. En outre, le gouvernement veut avec cette mesure, assurer un équilibre de la masse salariale des fonctionnaires de l’Etat dont le nombre avoisine à ce jour environ 111000 agents. A ce propos, le nombre moyen de fonctionnaires recrutés par an est dans l’ordre de 7000 agents. Mais, ces dernières années, l’Etat a procédé à des recrutements exceptionnels qui ont porté le nombre à 10.000. Selon des spécialistes, l’Etat, pour équilibrer les entrées et les sorties, sera contraint de redescendre la barre. Et la rallonge de l’âge de l’Etat participe de cette volonté d’équilibrer les entrées et sorties en vue d’éviter l’explosion de la masse salariale des fonctionnaires.

Réalisée par M.T.T
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