Cinq plaintes en trois mois : Les raisons d`un harcèlement contre “Le Repère”

Les organes du groupe de presse "Le Réveil" font, depuis bientôt deux semaines, l'objet de procédures judiciaires. Cinq plaintes en trois mois, notamment contre l'hebdomadaire "Le Repère". C'est un harcèlement évident et constant à l'effet, semble-t-il, de les museler et de priver ainsi l'opinion de son droit à l'information, étant entendu que depuis un certain temps, ce sont ces deux journaux ( Le Nouveau Réveil y compris) qui donnent, selon les lecteurs, de vraies informations. Les commanditaires sont connus, en l'occurrence le procureur de la République, le ministre Dano Djédjé et Mahan Gahé Basile, tous des personnes supposées proches du chef de l'Etat Laurent Gbagbo et, ou pontes du FPI, parti au pouvoir. S'agissant du procureur, il s'est autosaisi de ce qu'il convient d'appeler désormais "L'affaire Ali Baba et les 40 voleurs". Banale article de journal paru dans l'hebdomadaire "Le Repère" n°074 et barrant la Une dudit organe. Dans un pays de droit, cela aurait fouetté l'orgueil de l'Exécutif et incité à la bonne gouvernance. Au lieu de cela, ce dernier s'en est offusqué, et saisissant la balle au bond, a choisi de régler apparemment des comptes. Se fondant sur cet article jugé offensant pour le chef de l'Etat Laurent Gbagabo, on a donné l'ordre à la brigade des recherches de la Gendarmerie nationale de fouiller dans les lignes écrites. Histoire d'entendre, à deux reprises, les mis en cause à savoir Eddy Péhé, directeur de la publication et Gnamantêh alias S. Epicure, journaliste signataire de cet article. Puis de les conduire, mardi dernier, dans une fourgonnette devant le parquet où ils ont été soumis à une audition de l'un des substituts du procureur. Finalement, nos deux confrères ont reçu une citation à comparaître le mardi 24 mars 2009 à 13h 30mn devant le tribunal première de instance habilitée à statuer en matière de flagrants délits. Si on s'en tient à la loi sur la dépénalisation du délit de presse promulguée en avril 2004, il y a lieu de s'inquiéter sur la tournure que prend cet autre précédent judiciaire. On a vite fait de qualifier cet article d'offense au chef de l'Etat et de le classer au chapitre des flagrants délits. Que recherche-t-on ? Et où veut-on en venir ?
La réponse est toute trouvée. A l’arrestation de nos confrères et peut-être pire à faire disparaître “Le Repère”. Car depuis hier, notre confrère Gnamantêh dit S. Epicure a été de façon cavalière arrêté et séjourne à la MACA.
A voir de près un certain nombre de coïncidences, "l'affaire Ali Baba et les 40 voleurs" est un prétexte. A la vérité, il s'agit d'une cabale contre les journaux que sont "Le Nouveau Réveil" et"Le Repère". En trois mois, ce dernier organe a diffusé des informations brûlantes. De sorte que les personnes incriminées à savoir le ministre Dano Djédjé, instigateur du code d'intégration nationale, et Mahan Gahé, promoteur de la caisse de crédit "Dôni Dôni", veulent profiter de la situation de l'heure pour donner le coup de massue. C'est pourquoi, des affaires classées ou en suspens viennent d'être réveillées au parquet d'Abidjan. La semaine prochaine deux procès spéciaux se feront le mardi 24 mars 2009 à 13h 30 en ce qui concerne Eddy Péhé et S. Epicure ainsi que le vendredi 27 mars avec comme mis en cause : les journalistes Eddy Péhé, André Silver Konan et le Directeur Général Denis Kah Zion. Face à l'acuité du problème, une vague de motions de soutien déferle sur le groupe de presse. Le RHDP, les députés PDCI, l'UFPDCI, la JPDCI, l'UNJCI et, hier, le GEPCI se sont fait entendre pour partager ces moments de pression avec les deux rédactions confondues. Ainsi vont les rapports entre la presse et le régime tenu des mains de maitre par le chef de l'Etat Laurent Gbagbo.

Marc Koffi