Le Centre d'éveil pour les enfants hospitalisés de longue durée du Chu de Treichville, créée en 1999, manque de moyens pour assurer une bonne assistance aux victimes de l'ulcère de Burili.
Dans le décor d'une salle de classe ordinaire, le Centre d'éveil des enfants hospitalisés de longue durée du service dermatologique du Chu de Treichville s'étend sur une superficie d'environ 20 m2. Créé en 1999, il sert à la formation des enfants victimes de cas graves d'ulcère de Burili et dont le traitement peut durer parfois un an. Afran Guy Roland, 10 ans, a la jambe gauche bandée jusqu'au genou. Il est atteint de cette maladie et vient de Bingerville. « J'étais en classe de CE2 quand j'ai été admis ici en décembre 2008. Notre maîtresse est notre deuxième maman. » Les enfants sont encadrés par des éducatrices préscolaires formées par l'Infs (Institut national de formation sociale). Elles leur apportent une formation académique et psychologique. Ce jeudi, la formation est assurée par Aka Grace Edwige. Les enfants sont repartis en petits groupes selon leur niveau. Les plus jeunes apprennent l'alphabet et les plus âgés apprennent des leçons de grammaire ou de mathématiques. « En raison de la durée de leur traitement, les enfants malades étaient coupés de leurs études. Et certains ne retrouvaient plus l'école à la sortie de l'hôpital. Il fallait faire en sorte que ces enfants ne perdent pas leur éducation à cause de leur maladie », explique le professeur Jean Marie Kanga, un des pionniers de la recherche sur l'ulcère de Buruli en Côte d'Ivoire, chef du programme de lutte contre la maladie jusqu'en 2004 et initiateur du projet de création du centre. « Nous nous étions donné pour tâche de prendre totalement en charge les patients parce que le traitement est très couteux et long. Dans le même, temps il fallait assurer leur sécurité psychologique, les détachant des grandes personnes », ajoute-t-il.
Parents et médecins dans la détresse
La structure est née de dons et a évolué sous la même forme de financement jusqu'à ce jour. Parmi les donateurs plusieurs Ong dont American Leprosy et Map international qui lui ont offert un couvert mural en marbre en juin 2005. Malheureusement, les dons commencent à se faire rares alors que les charges restent élevées. « Nous ne sommes pas subventionnés par le programme de lutte contre l'ulcère de Burili. Actuellement, nous cherchons à régler l'ordonnance d'un enfant », se lamente Mme Moulaud, responsable du centre. Selon le professeur Jean Marie Kanga, le taux des personnes malades de l'ulcère de Buruli s'estimait à 16.000 cas par an en 1997 et en 2004, on était passé à 20.000 cas «Mais, le nombre d'enfants atteints de cette maladie représente 70% des cas. Voilà comment est née l'idée de la création de ce centre. Lorsqu'ils ne peuvent pas bénéficier de l'appui du centre pour acheter les médicaments, les parents ne savent plus à quel saint se vouer. Une ordonnance peut comporter sept médicaments à raison d'au moins 22.000 Fcfa par médicament. « Je ne sais même pas comment je vais faire pour régler cette ordonnance que j'ai sous la main. Je vais faire un tour à la chapelle du Chu. Les médicaments coûtent cher. Je suis venu de Zuénoula parce qu'on m'a dit que j'avais un cadre meilleur pour les enfants hospitalisés », ajoute Mme Kouassi Ahou Suzanne, la mère d'un des enfants hospitalisés. Sur son visage, c'est la tristesse. «Il faut que ces enfants soient assistés par la communauté, et je constate que certains dans cette classe sont à leur première expérience de l'école. C'est absolument l'âge pour eux d'aller à l'école. Mais ce n'est pas le cas. Les enfants qui sont ici risquent d'être handicapés à vie, soit du pied, soit de la main. Mais, tous sont focalisés sur le Vih/Sida. La société elle-même rejette ses propres enfants», s'indigne-t-elle. Pendant que parents et formateurs sont tenaillés par les difficultés, les enfants, eux, s'amusent. Le plus jeune de la classe, Traoré Ismaïla, 6 ans, est le plus bavard. A le voir et à l'entendre, on croirait qu'il est bien portant. C'est le fruit du travail du personnel qui, malgré sa peine, se bat pour apporter la gaité à ces enfants. «Quand ma maman va dehors, c'est la maitresse qui s'occupe de nous. Elle est gentille.», témoigne Ismaïla. Sans se soucier du devenir son membre affecté.
K.M.
Dans le décor d'une salle de classe ordinaire, le Centre d'éveil des enfants hospitalisés de longue durée du service dermatologique du Chu de Treichville s'étend sur une superficie d'environ 20 m2. Créé en 1999, il sert à la formation des enfants victimes de cas graves d'ulcère de Burili et dont le traitement peut durer parfois un an. Afran Guy Roland, 10 ans, a la jambe gauche bandée jusqu'au genou. Il est atteint de cette maladie et vient de Bingerville. « J'étais en classe de CE2 quand j'ai été admis ici en décembre 2008. Notre maîtresse est notre deuxième maman. » Les enfants sont encadrés par des éducatrices préscolaires formées par l'Infs (Institut national de formation sociale). Elles leur apportent une formation académique et psychologique. Ce jeudi, la formation est assurée par Aka Grace Edwige. Les enfants sont repartis en petits groupes selon leur niveau. Les plus jeunes apprennent l'alphabet et les plus âgés apprennent des leçons de grammaire ou de mathématiques. « En raison de la durée de leur traitement, les enfants malades étaient coupés de leurs études. Et certains ne retrouvaient plus l'école à la sortie de l'hôpital. Il fallait faire en sorte que ces enfants ne perdent pas leur éducation à cause de leur maladie », explique le professeur Jean Marie Kanga, un des pionniers de la recherche sur l'ulcère de Buruli en Côte d'Ivoire, chef du programme de lutte contre la maladie jusqu'en 2004 et initiateur du projet de création du centre. « Nous nous étions donné pour tâche de prendre totalement en charge les patients parce que le traitement est très couteux et long. Dans le même, temps il fallait assurer leur sécurité psychologique, les détachant des grandes personnes », ajoute-t-il.
Parents et médecins dans la détresse
La structure est née de dons et a évolué sous la même forme de financement jusqu'à ce jour. Parmi les donateurs plusieurs Ong dont American Leprosy et Map international qui lui ont offert un couvert mural en marbre en juin 2005. Malheureusement, les dons commencent à se faire rares alors que les charges restent élevées. « Nous ne sommes pas subventionnés par le programme de lutte contre l'ulcère de Burili. Actuellement, nous cherchons à régler l'ordonnance d'un enfant », se lamente Mme Moulaud, responsable du centre. Selon le professeur Jean Marie Kanga, le taux des personnes malades de l'ulcère de Buruli s'estimait à 16.000 cas par an en 1997 et en 2004, on était passé à 20.000 cas «Mais, le nombre d'enfants atteints de cette maladie représente 70% des cas. Voilà comment est née l'idée de la création de ce centre. Lorsqu'ils ne peuvent pas bénéficier de l'appui du centre pour acheter les médicaments, les parents ne savent plus à quel saint se vouer. Une ordonnance peut comporter sept médicaments à raison d'au moins 22.000 Fcfa par médicament. « Je ne sais même pas comment je vais faire pour régler cette ordonnance que j'ai sous la main. Je vais faire un tour à la chapelle du Chu. Les médicaments coûtent cher. Je suis venu de Zuénoula parce qu'on m'a dit que j'avais un cadre meilleur pour les enfants hospitalisés », ajoute Mme Kouassi Ahou Suzanne, la mère d'un des enfants hospitalisés. Sur son visage, c'est la tristesse. «Il faut que ces enfants soient assistés par la communauté, et je constate que certains dans cette classe sont à leur première expérience de l'école. C'est absolument l'âge pour eux d'aller à l'école. Mais ce n'est pas le cas. Les enfants qui sont ici risquent d'être handicapés à vie, soit du pied, soit de la main. Mais, tous sont focalisés sur le Vih/Sida. La société elle-même rejette ses propres enfants», s'indigne-t-elle. Pendant que parents et formateurs sont tenaillés par les difficultés, les enfants, eux, s'amusent. Le plus jeune de la classe, Traoré Ismaïla, 6 ans, est le plus bavard. A le voir et à l'entendre, on croirait qu'il est bien portant. C'est le fruit du travail du personnel qui, malgré sa peine, se bat pour apporter la gaité à ces enfants. «Quand ma maman va dehors, c'est la maitresse qui s'occupe de nous. Elle est gentille.», témoigne Ismaïla. Sans se soucier du devenir son membre affecté.
K.M.