Il est présenté comme le ‘’père’’ du dialogue direct. Un modus vivendi qui a permis des avancées notables dans la résolution de la crise ivoirienne. Mais avant d’en arriver là, que de chemin parcouru. Alors que de toute évidence, la guerre proprement dite, n’a duré que quelques jours. C’est en effet toute la ‘’gymnastique’’ qui a été faite de capitales en capitales à la recherche de la paix perdue qui a amené Laurent Gbagbo à sortir sa fameuse formule, ‘’on ne sort pas de la guerre comme on sort d’un dîner gala’’. Seulement voilà, Désiré Tagro, tout puissant ministre de l’Intérieur depuis la signature de l’Accord politique de Ouaga, par ses méthodes rugueuses veut conduire le processus de sortie de crise et surtout le désarmement des ex-rebelles selon sa vision des choses. Toute chose qui a amené l’un des commandants de zones, en l’occurrence le Commandant Morou Ouattara, à recadrer le débat dans un petit entretien accordé à l’hebdomadaire ‘’Jeune Afrique’’ dans sa parution de la semaine: « (…) Dans ce cadre, (Ndlr de l’APO) nous allons regrouper nos hommes et stocker nos armes. Nous allons remettre également les clés de nos zones aux préfets, mais pas à n’importe quel prix. Le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro souhaite passer en force. Pourquoi veut-il nous brusquer? Il faut que les choses se passent en douceur (…) » s’offusque le soldat. Des propos qui rappellent bien à Tagro que la question du désarmement des ex-rebelles est réglée par des accords dont le plus explicite est celui de Ouaga IV. En effet, dans une crise, surtout celle que vit la Côte d’Ivoire et où les protagonistes pensent chacun avoir pris le dessus sur l’autre, il y a forcément des compromis et des concessions à faire de part et d’autre pour aller à la paix. D’ailleurs, l’APO en est la parfaite illustration. Signé le 4 mars 2007, cet accord qui a rapproché les deux belligérants est une espèce de ‘’donnant-donnant’’ entre Guillaume Soro et Laurent Gbagbo. On comprend dès lors très mal, la volonté du premier responsable du département de l’Intérieur à vouloir coûte que coûte le désarmement des hommes de Guillaume Soro en parfaite violation des ‘’règles’’ que les accords ont pourtant prévues. Lesquels ont été signés en toute connaissance de cause par le clan présidentiel ou par ses représentants.
Yves-M. ABIET
Yves-M. ABIET
