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Politique Publié le vendredi 17 avril 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Bernard Kieffer à propos de l’audition de Mme Gbagbo et Bohoun Bouabré : "Je ne suis pas sûr qu’on ait beaucoup à attendre des auditions"

Bernard Kieffer, le frère du journaliste Canadien disparu Guy-André Kieffer était le jeudi 16 avril 2009 l’invité de RFI. Il s’est prononcé à cette occasion sur la prochaine audition à Abidjan de la première Dame Mme Simone Gbagbo et du ministre du Plan et du Développement Antoine Bohoun Bouabré.



Cinq ans après, pourquoi l’enquête n’a-t-il toujours pas abouti ?

Je crois que cela est dû essentiellement aux personnalités qui sont mises en cause dans cette affaire, qui sont citées en tout cas. Ce n’est pas une affaire banale, ni de droit commun.. Depuis le départ, on tourne dans les allées du pouvoir ivoirien. C’est ce qui explique sans doute la complexité de cette affaire.



Tout cela prouve en fait que ces enquêtes sur la filière cacao sont sans doute à l’origine de son enlèvement ?

Oui, parce que je crois savoir qu’il n’est pas le seul à avoir subi les conséquences de ces genres d’investigations. D’autres personnes que lui ont pu à en pâtir notamment des Français et des Ivoiriens . Manifestement, on est là pour un sujet extrêmement sensible.



Après avoir dit non pendant six mois, Simone Gbagbo et Bohoun Bouabré ont finalement accepté d’être entendus par le juge français Patrick Ramael. Ce sera normalement la semaine prochaine à Abidjan. Pourquoi ont-ils changé d’avis ?

Et ça c’est intéressant. Je ne suis pas sûr qu’on ait beaucoup à attendre des auditions parce que j’imagine que tous les deux se sont préparés longuement à l’insu du juge Ramael, le juge d’instruction. Cela dit, c’est intéressant de voir qu’en effet ils ont changé d’attitude. Là ils acceptent d’être entendus à Abidjan, pas à Paris. Mais, c’est intéressant de leur part. Ça montre tout d’abord que personne n’est au-dessus de la loi. Deuxièmement, ça montre que probablement pour tous les deux, cette affaire est encombrante et que c’est un boulet qu’ils traînent ou un caillou dans leurs chaussures. Je ne sais pas comment dire, mais probablement, ils ont agi sur un dossier qui les encombre depuis cinq ans.



C'est-à-dire après cette audition, ils espèrent être débarrassés de cette affaire ?

Je pense que ça doit être cela leur raisonnement puisque pour avoir lu le livre de Simone ‘‘Parole d’honneur’’. On sait déjà ce qu’elle pense de l’affaire Kieffer. Et elle a dit dans un chapitre de ce livre que cette affaire ne la concernait en rien et que c’était une opération de manipulation et de déstabilisation du régime ivoirien. Donc, je pense que ça doit être cela son discours.



Simone Gbagbo ne voit pas en quoi elle est concernée par cette affaire, dit l’un de ses avocats français Georges Kechman. Alors justement pourquoi le juge français veut-il l’entendre ?

Simplement parce que son nom revient de manière récurrente dans cette affaire et M. Bouabré également, le chauffeur du chef de commando présumé aussi. Le chauffeur de Tony Oulaï, maintenant réfugié politique en France, avait indiqué que lors de l’enlèvement, M. Tony Oulaï, le chef du commando, avait pris contact et téléphoné devant lui à Mme Gbagbo.



Pourquoi le juge veut-il entendre le ministre ivoirien du Plan Paul Antoine Bouabré ?

Lui aussi, son nom revient de manière récurrente dans le dossier. Il a été cité par Michel Legré, le beau-frère de Mme Gbagbo au départ .



Michel Legré est l’homme qui a servi d’appât pour attirer votre frère sur ce fameux parking du supermarché le 16 avril 2004 ?

Où il a été enlevé et l’enquête a établi que Legré s’est présenté dans l’après-midi qui a suivi l’enlèvement pour toucher de l’argent au cabinet de Bouabré. Alors, il explique après tout que c’était pour ces baux financiers, les travaux dans sa maison. Moi je veux croire. Mais la concomitance des événements, l’enlèvement et le passage de Legré qui vient toucher de l’argent au ministère des Finances chez Bohoun Bouabré pousse quand même à se poser des questions.



Est-ce que Paul Antoine Bouabré et Simone Gbagbo sont les seuls témoins que le juge français veut entendre ?

Non, je crois qu’il a d’autres noms sur sa liste qui sont ceux d’acteurs opérationnels du dossier, mais qu’il n’a jamais pu entendre. Ce sont les membres du commando, les responsables de divers commandos. Je pense qu’il y a par exemple Patrice Bailly, M. Séka Yapo. Patrice Bailly était le responsable de la sécurité au Palais présidentiel au moment de l’enlèvement et Séka Yapo étant garde du corps de Simone Gbagbo. Tous les deux sont également cités depuis le départ dans cette affaire. Je crois que le juge aura l’occasion de les entendre pour la première fois puisque Bailly, je crois, n’a jamais été entendu.



Alors, vu les personnalités qui sont aujourd’hui citées comme témoins, est-ce que l’enquête peut aller plus loin sans un feu vert du président Gbagbo ?

Je ne sais pas. C’est une question de fond. Je ne sais pas dans quelle mesure les uns et les autres peuvent se désolidariser dans cette affaire. Est-ce que par exemple Mme Gbagbo et M. Bouabré qui ont le même avocat qui est Maître Kechman, peuvent avoir à un moment donné des logiques différentes ? Je ne sais pas. C’est une des difficultés de ce dossier.



Côté français, vous avez été reçu en août 2007 à l’Elysée par Nicolas Sarkozy. Est-ce que cela a servi à quelque chose ?

Cela a servi à quelque chose du côté français de ne pas enterrer cette affaire. Puisque le président Sarkozy nous a dit que cette affaire était une priorité pour lui et pour la France. C’est quand même une formulation forte d’une part. Et d’autre part, qu’il ne normalise pas ses relations avec la Côte d’Ivoire tant que cette affaire ne serait pas réglée. Donc, nous sommes toujours sur ce message. Pour l’instant, on n’a pas de raison pour mettre en cause la parole du président Sarkozy.



Cela dit, les deux enfants de votre frère viennent d’écrire à Nicolas Sarkozy en lui disant qu’ils n’avaient plus la certitude que ce dossier était une priorité de l’Elysée.

Oui parce qu’on aurait besoin sans doute sincèrement d’un accompagnement politique plus fort qu’une aide de la part de l’Elysée.



En fait, vous craignez que l’enquête soit victime de la raison d’Etat ?

Oui, qu’elle souffre de la normalisation progressive des relations politiques entre la France et la Côte d’Ivoire. Oui, c’est clair. On a cette inquiétude.

Retranscrits par T.A.B
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