Est-ce un hasard si, chaque fois que les rebelles sont pris en flagrant délit de mauvaise foi, la France et sa Radio de fausseté immonde (Rfi) posent des actes dilatoires, soit en manipulant les forces rebelles, soit en "réchauffant" de vieux dossiers parfaitement factices ? Par exemple, Rfi ronronne depuis quelque temps sur les prétendues exigences des rebelles quant à la restauration de l'autorité de l'Etat en zones Cno, la démission du Premier ministre Guillaume Soro, ainsi que sur "l'affaire Kieffer".
Ils n'ont pas tort, les spécialistes qui soutiennent que la vérité se trouve dans la pratique et la durée. La vérité est que depuis bientôt sept (7) ans, la Côte d'Ivoire traverse une tragédie perpétrée par des puissances étrangères dont la France, comme commanditaire principal. Les motifs de cette guerre ? Remplacer Gbagbo par Alassane Ouattara jugé plus docile et donc plus accommodant au sens de la boulimie néo-coloniale. Face à la régularité tendancielle des agressions plus ou moins camouflées, il se trouve des patriotes (journalistes, militants politiques, etc.) qui s'interrogent et interrogent : " Comment la France tourne-t-elle la page avec Laurent Gbagbo ? ", " A quel jeu joue la France ? ", " Pourquoi Sarkozy se fait-il chiraquien ? ", " Pourquoi Paris et le Rhdp parlent toujours le même langage? ".
Questions d'autant plus indignées que depuis la signature de l'Accord de Ouaga, le ciel des relations entre Paris et Abidjan était en train de s'éclaircir, progressivement : dès le 5 avril 2007 en effet, la France se dit prête à accompagner ledit Accord ; le 18 mai, Laurent Gbagbo félicite Nicolas Sarkozy, le tout nouveau président élu ; en marge de la réunion de l'Assemblée générale de l'Onu (New York, septembre 2007), les deux chefs d'Etat se parlent ; trois (3) mois plus tard, à l'occasion du sommet de Lisbonne (8-9 décembre 2007), Sarkozy déclare, en regardant son homologue ivoirien droit dans les yeux : "Je sais que vous n'êtes pas le père de l'"ivoirité"; ce qui signifie que c'est pour rien que J. Chirac a déstabilisé la Côte d'Ivoire et fait tuer des milliers d'Ivoiriens ; au mois de juin 2008, Bernard Kouchner, porteur d'un message d'amitié de Nicolas Sarkozy, rend visite à Laurent Gbagbo. Un tel contexte de quasi-réconciliation entre le bourreau et la victime permet-il à cette dernière d'être soupçonneuse ?
Nombreux sont les Ivoiriens qui affichent un certain optimisme, estimant que ce processus de normalisation est irréversible. Quant à moi, bien que partisan de la coopération internationale, je ne partage pas leur sentiment. Tel le bûcheron de la Sagesse africaine qui, lorsqu'il cogne de nuit, n'a de cesse de cogner au même endroit, je dis et répète: les Patriotes dignes de ce nom doivent s'imposer un devoir de vigilance permanente et enseigner à leurs enfants ou petits-enfants, qu'ils ne doivent jamais se fier à la France : se fier à ce pays, c'est faire le sacrifice de sa vie. Là-dessus, les exemples abondent depuis l'époque carolingienne (Charles Martel, 732) jusqu'à la Ve République (Nicolas Sarkozy, 2009) en passant par Napoléon (1802) et Charles de Gaulle (1970). Nicolas Sarkozy fait croire qu'il est l'homme de la rupture et de l'ouverture alors qu'il reste bel et bien le continuateur de Chirac, c'est-à-dire l'héritier d'une tradition multiséculaire qui repose sur trois piliers: la ruse, l'hypocrisie et la duplicité. Voici à ce sujet, neuf (9) exemples parmi tant d'autres pour permettre à la jeunesse patriotique de maîtriser le présent à partir du passé, car "comprendre son temps est impossible à qui ignore tout du passé" (René Remond).
Premièrement, les "Rois fainéants", rois roublards. L'histoire rappelle qu'à la suite de la victoire de Charles Martel sur les Arabes à Poitiers en 732, la papauté tenta de nouer des liens d'amitié avec le Roi à qui elle demanda de sauver les Romains du joug des Lombards. Charles Martel assura les Romains de sa protection, mais n'osa pas attaquer les Lombards. Au commencement était l'art de la roublardise !
Deuxièmement, comment le siège de la papauté a été transféré de Rome à Avignon (1309-1376). Il s'agit d'un complot orchestré par le roi Philippe le Bel (1285-1314) contre le Pape Boniface VIII (1294-1303). " Le Roi endormit, en effet, son ennemi pendant un certain temps avant de mettre en œuvre une habile campagne diffamatoire : on vit circuler des faux, de soi-disant feuilles du Pape, de prétendues réponses du Roi, et pour la première fois dans l'histoire de la France, les Etats généraux furent convoqués qui approuvèrent la politique royale. Et le Pape fut humilié à la suite de cette vaste machination. Brisé par cette catastrophe, il mourut peu après. Ayant conclu un accord secret avec son compatriote Philippe le Bel, l'Archevêque de Bordeaux (Bertrand de Got, 1305-1314) élu pape (en 1305), choisit Avignon pour résidence ! Voilà pourquoi les papes tombèrent rapidement sous l'influence des rois de France jusqu'en 1376. Et voilà comment la France devint la fille aînée de l'Eglise " (M. Potiemkine). Au commencement était la manipulation !
Troisièmement, diviser pour vaincre et régner. Lors de ses luttes contre ses nombreux ennemis, Philippe le Bel eut recours à un stratagème qui deviendra la caractéristique principale de la diplomatie française : diviser pour régner. En effet, d'après l'historien soviétique, " il utilisa à ses fins les luttes intestines qui déchirèrent les villes flamandes. C'est ainsi qu'il réussit, moins par ses actions militaires que par son habile diplomatie, à imposer aux Flammands la paix désastreuse de 1305 et réunit à la couronne de France quelques villes flamandes qui payèrent ses frais de guerre. Dans le même style, Louis XI (1461-1483), fils de Charles VII (1422-1461), se méfiait de la fortune des armes, craignant de perdre par une bataille malheureuse, tous les fruits des efforts de plusieurs années (…). L'un de ses traits caractéristiques était l'amour de l'intrigue. " Brouiller ses ennemis entre eux, leur créer mille obstacles, apparaître brusquement comme arbitre dans leurs querelles et obtenir ainsi une trêve ou une paix au moment voulu, telle fut sa tactique préférée. Cet hypocrite habile et sans cœur savait charmer et flatter par des manières insinuantes et par une sincérité adroitement feinte " (M. Potiemkine). Pour avoir été créé de toutes pièces à Paris (avril 2004), l'inénarrable Rhdp devrait méditer ces faits et tendances.
Quatrièmement, le façonnement de "l'Europe française". Il faut savoir que l'Europe des XVIIIe et XIXe siècles fut une Europe française du fait de la perfidie des Bonaparte. En effet, en réponse aux récriminations des diplomates étrangers, Napoléon faisait remarquer qu' " en diplomatie tout se passe comme en musique: si l'air n'est pas transcrit sur la portée, il n'a aucune valeur " ; en d'autres termes, ne jamais se contenter de promesses de dirigeants français (…). Et c'est ce même cynisme qui permet de comprendre pourquoi, au printemps de 1802, Napoléon fit arrêter la famille royale espagnole qu'il avait perfidement invitée à Bayonne. Il pouvait alors commencer la conquête de l'Espagne ! Et donc lorsque la France invite un pays à " tourner la page ", cela peut signifier l'imminence d'une attaque par surprise.
Cinquièmement, la France libérée s'oppose à l'émancipation de ses alliés africains. Aussi paradoxal que cela pût paraître, c'est "la patrie des Droits de l'Homme" qui, une fois sortie de la guerre contre l'Allemagne nazie, mata impitoyablement les mouvements d'émancipation des peuples d'Asie et d'Afrique, ceux-là mêmes qui contribuèrent à sa libération (1939-1945). Sembène Ousmane et Aimé Césaire l'ont brillamment illustré dans leurs œuvres respectives.
Sixièmement, sans la perfidie de Paris, il n'y aurait jamais eu de crise militaro politique en Côte d'Ivoire. Peu avant cette crise, la ministre Alliot-Marie, de passage à Abidjan, (juin 2002) avait assuré, la main sur le cœur, que le gouvernement ivoirien pouvait compter sur la France en cas d'agression extérieure. Mais lorsque la guerre a éclaté le 19 septembre de la même année, Paris s'est bien gardé d'appliquer les accords de défense conclus avec Abidjan depuis 1961. Ceci rappelle étrangement les fausses promesses de Charles Martel vis-à-vis des Romains alors en conflit avec les Lombards.
Septièmement, alors qu'elle se disait profondément attachée au respect de la légalité constitutionnelle, la France organisa du 15 au 25 janvier 2003, une table ronde qui acheva de cautionner la rébellion grâce à la légitimité politique qu'elle lui conféra à Linas-Marcousis et à Kleber.
Huitièmement, pour masquer son œuvre de déstabilisation, l'Elysée invita Gbagbo à Paris (4 - 8 février 2004). Au mois de mars de cette même année, le Sergent Koudou Paul (père de Laurent Gbagbo) reçoit des autorités françaises les plus hautes distinctions militaires, en souvenir de la seconde guerre au cours de laquelle il fut blessé et fait prisonnier par les Allemands. On pensa alors à un apaisement. En réalité, c'était une opération de charme destinée à endormir la résistance patriotique. On se rend compte, aujourd'hui, que cet endormissement préparait la marche insurrectionnelle des 25-26 mars ainsi que les tueries massives des 6 - 9 novembre 2004.
Neuvièmement, après ces épisodes douloureux, Paris proposa qu'on "tourne la page". Or, pendant qu'Abidjan s'y apprêtait, l'Elysée préparait les résolutions les plus humiliantes au Conseil de Sécurité. Aujourd'hui encore, nous assistons au même schéma avec la construction d'écoles et de latrines par la Force Licorne qui a conçu et tenté de mettre en œuvre "l'opération Noël à Abidjan" destinée à saboter l'Accord de Ouaga. On est en présence d'une dialectique féroce, celle de l'accolade et du poignard. C'est un jeu que la France affectionne depuis des siècles et dont l'Afrique doit prendre conscience si elle veut, enfin, construire et maîtriser son destin.
Conclusion : Si la mouvance patriotique croit que Sarkozy est l'homme de la rupture, qui ne saurait continuer l'œuvre de Chirac, elle se berce d'illusions comme Jean-Marie Bockel, ex-Secrétaire d'Etat français à la coopération, qui "se refuse à imaginer que le président de l'ouverture soit, en matière africaine, celui d'une certaine continuité". (Jeune Afrique, N° 2454, 20-26 janvier 2008, P. 23). Ne jamais oublier que la France reste la France, c'est-à-dire une société fondamentalement aristocratique et esclavagiste, gouvernée de 1789 à nos jours par "des bourgeois de gauche et des pauvres de droite". La galaxie patriotique ivoirienne doit être mobilisée en permanence dans la mesure où "le serpent n'est pas encore mort" ; dans la mesure où l' "affaire Kieffer" prolonge "Les Escadrons de la Mort", le tout rappelant la machination de Philippe le Bel contre le Pape Boniface VIII. Certes, le couple Gbagbo n'est pas Boniface VIII, mais la Côte d'Ivoire patriotique ne doit pas perdre de vue que " l'histoire est une maladie dont on ne guérit jamais tout à fait " (René Remond).
Fait à Abidjan, le 17 avril 2009
Par Pr. Dédy Seri,
Université de Cocody
Ils n'ont pas tort, les spécialistes qui soutiennent que la vérité se trouve dans la pratique et la durée. La vérité est que depuis bientôt sept (7) ans, la Côte d'Ivoire traverse une tragédie perpétrée par des puissances étrangères dont la France, comme commanditaire principal. Les motifs de cette guerre ? Remplacer Gbagbo par Alassane Ouattara jugé plus docile et donc plus accommodant au sens de la boulimie néo-coloniale. Face à la régularité tendancielle des agressions plus ou moins camouflées, il se trouve des patriotes (journalistes, militants politiques, etc.) qui s'interrogent et interrogent : " Comment la France tourne-t-elle la page avec Laurent Gbagbo ? ", " A quel jeu joue la France ? ", " Pourquoi Sarkozy se fait-il chiraquien ? ", " Pourquoi Paris et le Rhdp parlent toujours le même langage? ".
Questions d'autant plus indignées que depuis la signature de l'Accord de Ouaga, le ciel des relations entre Paris et Abidjan était en train de s'éclaircir, progressivement : dès le 5 avril 2007 en effet, la France se dit prête à accompagner ledit Accord ; le 18 mai, Laurent Gbagbo félicite Nicolas Sarkozy, le tout nouveau président élu ; en marge de la réunion de l'Assemblée générale de l'Onu (New York, septembre 2007), les deux chefs d'Etat se parlent ; trois (3) mois plus tard, à l'occasion du sommet de Lisbonne (8-9 décembre 2007), Sarkozy déclare, en regardant son homologue ivoirien droit dans les yeux : "Je sais que vous n'êtes pas le père de l'"ivoirité"; ce qui signifie que c'est pour rien que J. Chirac a déstabilisé la Côte d'Ivoire et fait tuer des milliers d'Ivoiriens ; au mois de juin 2008, Bernard Kouchner, porteur d'un message d'amitié de Nicolas Sarkozy, rend visite à Laurent Gbagbo. Un tel contexte de quasi-réconciliation entre le bourreau et la victime permet-il à cette dernière d'être soupçonneuse ?
Nombreux sont les Ivoiriens qui affichent un certain optimisme, estimant que ce processus de normalisation est irréversible. Quant à moi, bien que partisan de la coopération internationale, je ne partage pas leur sentiment. Tel le bûcheron de la Sagesse africaine qui, lorsqu'il cogne de nuit, n'a de cesse de cogner au même endroit, je dis et répète: les Patriotes dignes de ce nom doivent s'imposer un devoir de vigilance permanente et enseigner à leurs enfants ou petits-enfants, qu'ils ne doivent jamais se fier à la France : se fier à ce pays, c'est faire le sacrifice de sa vie. Là-dessus, les exemples abondent depuis l'époque carolingienne (Charles Martel, 732) jusqu'à la Ve République (Nicolas Sarkozy, 2009) en passant par Napoléon (1802) et Charles de Gaulle (1970). Nicolas Sarkozy fait croire qu'il est l'homme de la rupture et de l'ouverture alors qu'il reste bel et bien le continuateur de Chirac, c'est-à-dire l'héritier d'une tradition multiséculaire qui repose sur trois piliers: la ruse, l'hypocrisie et la duplicité. Voici à ce sujet, neuf (9) exemples parmi tant d'autres pour permettre à la jeunesse patriotique de maîtriser le présent à partir du passé, car "comprendre son temps est impossible à qui ignore tout du passé" (René Remond).
Premièrement, les "Rois fainéants", rois roublards. L'histoire rappelle qu'à la suite de la victoire de Charles Martel sur les Arabes à Poitiers en 732, la papauté tenta de nouer des liens d'amitié avec le Roi à qui elle demanda de sauver les Romains du joug des Lombards. Charles Martel assura les Romains de sa protection, mais n'osa pas attaquer les Lombards. Au commencement était l'art de la roublardise !
Deuxièmement, comment le siège de la papauté a été transféré de Rome à Avignon (1309-1376). Il s'agit d'un complot orchestré par le roi Philippe le Bel (1285-1314) contre le Pape Boniface VIII (1294-1303). " Le Roi endormit, en effet, son ennemi pendant un certain temps avant de mettre en œuvre une habile campagne diffamatoire : on vit circuler des faux, de soi-disant feuilles du Pape, de prétendues réponses du Roi, et pour la première fois dans l'histoire de la France, les Etats généraux furent convoqués qui approuvèrent la politique royale. Et le Pape fut humilié à la suite de cette vaste machination. Brisé par cette catastrophe, il mourut peu après. Ayant conclu un accord secret avec son compatriote Philippe le Bel, l'Archevêque de Bordeaux (Bertrand de Got, 1305-1314) élu pape (en 1305), choisit Avignon pour résidence ! Voilà pourquoi les papes tombèrent rapidement sous l'influence des rois de France jusqu'en 1376. Et voilà comment la France devint la fille aînée de l'Eglise " (M. Potiemkine). Au commencement était la manipulation !
Troisièmement, diviser pour vaincre et régner. Lors de ses luttes contre ses nombreux ennemis, Philippe le Bel eut recours à un stratagème qui deviendra la caractéristique principale de la diplomatie française : diviser pour régner. En effet, d'après l'historien soviétique, " il utilisa à ses fins les luttes intestines qui déchirèrent les villes flamandes. C'est ainsi qu'il réussit, moins par ses actions militaires que par son habile diplomatie, à imposer aux Flammands la paix désastreuse de 1305 et réunit à la couronne de France quelques villes flamandes qui payèrent ses frais de guerre. Dans le même style, Louis XI (1461-1483), fils de Charles VII (1422-1461), se méfiait de la fortune des armes, craignant de perdre par une bataille malheureuse, tous les fruits des efforts de plusieurs années (…). L'un de ses traits caractéristiques était l'amour de l'intrigue. " Brouiller ses ennemis entre eux, leur créer mille obstacles, apparaître brusquement comme arbitre dans leurs querelles et obtenir ainsi une trêve ou une paix au moment voulu, telle fut sa tactique préférée. Cet hypocrite habile et sans cœur savait charmer et flatter par des manières insinuantes et par une sincérité adroitement feinte " (M. Potiemkine). Pour avoir été créé de toutes pièces à Paris (avril 2004), l'inénarrable Rhdp devrait méditer ces faits et tendances.
Quatrièmement, le façonnement de "l'Europe française". Il faut savoir que l'Europe des XVIIIe et XIXe siècles fut une Europe française du fait de la perfidie des Bonaparte. En effet, en réponse aux récriminations des diplomates étrangers, Napoléon faisait remarquer qu' " en diplomatie tout se passe comme en musique: si l'air n'est pas transcrit sur la portée, il n'a aucune valeur " ; en d'autres termes, ne jamais se contenter de promesses de dirigeants français (…). Et c'est ce même cynisme qui permet de comprendre pourquoi, au printemps de 1802, Napoléon fit arrêter la famille royale espagnole qu'il avait perfidement invitée à Bayonne. Il pouvait alors commencer la conquête de l'Espagne ! Et donc lorsque la France invite un pays à " tourner la page ", cela peut signifier l'imminence d'une attaque par surprise.
Cinquièmement, la France libérée s'oppose à l'émancipation de ses alliés africains. Aussi paradoxal que cela pût paraître, c'est "la patrie des Droits de l'Homme" qui, une fois sortie de la guerre contre l'Allemagne nazie, mata impitoyablement les mouvements d'émancipation des peuples d'Asie et d'Afrique, ceux-là mêmes qui contribuèrent à sa libération (1939-1945). Sembène Ousmane et Aimé Césaire l'ont brillamment illustré dans leurs œuvres respectives.
Sixièmement, sans la perfidie de Paris, il n'y aurait jamais eu de crise militaro politique en Côte d'Ivoire. Peu avant cette crise, la ministre Alliot-Marie, de passage à Abidjan, (juin 2002) avait assuré, la main sur le cœur, que le gouvernement ivoirien pouvait compter sur la France en cas d'agression extérieure. Mais lorsque la guerre a éclaté le 19 septembre de la même année, Paris s'est bien gardé d'appliquer les accords de défense conclus avec Abidjan depuis 1961. Ceci rappelle étrangement les fausses promesses de Charles Martel vis-à-vis des Romains alors en conflit avec les Lombards.
Septièmement, alors qu'elle se disait profondément attachée au respect de la légalité constitutionnelle, la France organisa du 15 au 25 janvier 2003, une table ronde qui acheva de cautionner la rébellion grâce à la légitimité politique qu'elle lui conféra à Linas-Marcousis et à Kleber.
Huitièmement, pour masquer son œuvre de déstabilisation, l'Elysée invita Gbagbo à Paris (4 - 8 février 2004). Au mois de mars de cette même année, le Sergent Koudou Paul (père de Laurent Gbagbo) reçoit des autorités françaises les plus hautes distinctions militaires, en souvenir de la seconde guerre au cours de laquelle il fut blessé et fait prisonnier par les Allemands. On pensa alors à un apaisement. En réalité, c'était une opération de charme destinée à endormir la résistance patriotique. On se rend compte, aujourd'hui, que cet endormissement préparait la marche insurrectionnelle des 25-26 mars ainsi que les tueries massives des 6 - 9 novembre 2004.
Neuvièmement, après ces épisodes douloureux, Paris proposa qu'on "tourne la page". Or, pendant qu'Abidjan s'y apprêtait, l'Elysée préparait les résolutions les plus humiliantes au Conseil de Sécurité. Aujourd'hui encore, nous assistons au même schéma avec la construction d'écoles et de latrines par la Force Licorne qui a conçu et tenté de mettre en œuvre "l'opération Noël à Abidjan" destinée à saboter l'Accord de Ouaga. On est en présence d'une dialectique féroce, celle de l'accolade et du poignard. C'est un jeu que la France affectionne depuis des siècles et dont l'Afrique doit prendre conscience si elle veut, enfin, construire et maîtriser son destin.
Conclusion : Si la mouvance patriotique croit que Sarkozy est l'homme de la rupture, qui ne saurait continuer l'œuvre de Chirac, elle se berce d'illusions comme Jean-Marie Bockel, ex-Secrétaire d'Etat français à la coopération, qui "se refuse à imaginer que le président de l'ouverture soit, en matière africaine, celui d'une certaine continuité". (Jeune Afrique, N° 2454, 20-26 janvier 2008, P. 23). Ne jamais oublier que la France reste la France, c'est-à-dire une société fondamentalement aristocratique et esclavagiste, gouvernée de 1789 à nos jours par "des bourgeois de gauche et des pauvres de droite". La galaxie patriotique ivoirienne doit être mobilisée en permanence dans la mesure où "le serpent n'est pas encore mort" ; dans la mesure où l' "affaire Kieffer" prolonge "Les Escadrons de la Mort", le tout rappelant la machination de Philippe le Bel contre le Pape Boniface VIII. Certes, le couple Gbagbo n'est pas Boniface VIII, mais la Côte d'Ivoire patriotique ne doit pas perdre de vue que " l'histoire est une maladie dont on ne guérit jamais tout à fait " (René Remond).
Fait à Abidjan, le 17 avril 2009
Par Pr. Dédy Seri,
Université de Cocody