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Politique Publié le jeudi 30 avril 2009 | Notre Voie

Machination politique contre la Première Dame et le ministre d’Etat dans l’affaire Kieffer : Les raisons d’un harcèlement

“Il y avait quatre hommes forts à côté du Président Gbagbo. Deux ont été mis sous l’éteignoir. Il s’agit de l’ex-ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation Emile Boga Doudou, tué dès les premières heures de la rébellion, et de l’ex-ministre d’Etat, ministre de la Défense Moïse Lida Kouassi, que la France a réussi à faire sortir du gouvernement. Aujourd’hui, il en reste deux à abattre pour isoler totalement le Président Gbagbo et le rendre ainsi vulnérable. La Première Dame Simone Ehivet Gbagbo et le ministre d’Etat Paul Antoine Bohoun Bouabré. C’est l’objectif visé avec l’affaire Guy-André Kieffer”.

Ces propos sont ceux d’un officier français de la force Licorne stationnée en Côte d’Ivoire depuis les premiers mois de la guerre ivoirienne. Il les a tenus le dimanche 26 avril 2009 à la Rue princesse à Yopougon, dans un des bars climatisés qu’aiment fréquenter ces militaires français.
A la question de savoir ce que leur reprochent les autorités françaises, la réponse de l’officier français a été tout aussi brève que spontanée : “Le rôle important qu’ils jouent aux côtés de Gbagbo dans la résistance patriotique”.

Depuis lors, nos appréhensions ont été confortées. A savoir que l’acharnement de la justice française sur l’Etat ivoirien dans l’affaire Guy-André Kieffer avait tout l’air d’un autre complot du pouvoir français contre le président de la République Laurent Gbagbo. Le ministre d’Etat Emile Boga Doudou ayant été assassiné dès les premières heures de l’attaque terroriste, nous avons alors jeté un regard rétrospectif sur le rôle joué par les trois autres personnalités dans la lutte patriotique.

D’abord le ministre d’Etat Moïse Lida Kouassi. Tout le monde se souvient aisément qu’en l’absence du Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, qui était bloqué à Yamoussoukro où il était en mission, c’est bien l’ex-ministre de la Défense qui a géré les premières heures de la résistance. Il avait, à ses côtés, l’actuel ministre de l’Intérieur, alors directeur de cabinet de feu Boga Doudou. Mais ses brouilles avec la France partiront surtout de l’épisode de Bouaké.

En effet, chassés presque les mains nues d’Abidjan par les Forces de défense et de sécurité nationales, les rebelles avaient formé un kyste à Bouaké. Pour le ministre de la Défense qu’il était, la libération de Bouaké était alors devenue une priorité vitale. C’est ainsi qu’il avait fait établir un QG des FDS à Yamoussoukro, d’où étaient partaient les opérations pour la libération de Bouaké. Et cette libération était pratiquement acquise quand la France a demandé une trêve de deux jours pour, avait-elle argué, évacuer ses ressortissants. Or, en fait d’évacuation des étrangers, c’était plutôt une stratégie pour organiser les rebelles, renforcer l’occupation de Bouaké et les armer, comme a eu à l’écrire l’économiste américain Garry K. Buch dans le livre “La guerre de la France contre la Côte d’Ivoire ; La Refondation, mai 2003”. Le crime que le ministre d’Etat a commis est d’avoir dénoncé cette duplicité de la France en annonçant publiquement que c’est bien elle (la France) qui a empêché la libération de la ville de Bouaké. Il n’en fallait pas plus pour que RFI, toujours elle, s’en mêle et annonce que ce qui se passe en Côte d’Ivoire est une guerre de clans entre, d’un côté, celui de feu Boga Doudou et, de l’autre, le clan de Lida pour des raisons de leadership. La suite logique de cette guerre de leadership est que Boga aurait été tué par son frère Lida. Un pas que cette très officielle radio française n’a mis aucune peine à franchir. En réalité, l’objectif de cette campagne d’intoxication était de “tuer” le ministre d’Etat Lida Kouassi dans l’esprit des Ivoiriens et exiger son départ du gouvernement. C’est bien ce que l’ex-président français Jacques Chirac et ses hommes ont réussi.

S’agissant du ministre d’Etat Paul Antoine Bohoun Bouabré, la France ne lui pardonne pas le fait qu’il ait conduit la résistance économique. Paris rageait pratiquement quand il entendait le nom de ce ministre. On lui reproche là-bas d’avoir formé un cabinet américain. C’est que trois des plus proches collaborateurs de Bohoun sont venus tout droit des Etats-Unis d’Amérique : le directeur de cabinet, la directrice adjointe de cabinet et le conseiller devenu PDG de la Banque nationale d’investissement (BNI). Mais aussi, dès sa nomination à la tête du ministère des Finances, le ministre d’Etat Paul Antoine Bohoun Bouabré, comme s’il savait que la guerre surviendrait, a mis en place un système de gestion des deniers de l’Etat basé sur ce qu’il a appelé le budget sécurisé. Cette politique de gestion basée sur les ressources internes du pays a permis et permet encore aujourd’hui à la Côte d’Ivoire de ne pas sombrer économiquement pendant la guerre. De sorte que la Côte d’Ivoire est sinon l’un des rares pays, du moins le seul pays qui ait régulièrement payé les salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat, assuré le fonctionnement de l’Etat et payé la dette extérieure en pleine guerre. Tout cela a été possible grâce au budget sécurisé et à la BNI mis en place par le ministre d’Etat Bohoun Bouabré ; le tout basé sur la philosophie de l’orphelin qui ne doit compter que sur ses propres forces telle que prônée par le président Gbagbo. Cela n’a pas été de nature à plaire à la France. C’est pour cela qu’elle se bat pour le sortir du gouvernement. C’était l’une des missions assignées au Premier ministre Charles Konan Banny. Mais il a juste réussi à le déplacer du ministère des Finances au ministère du Plan et du Développement. La France ne pouvait donc pas lâcher prise.

En ce qui concerne Mme Simone Ehivet Gbagbo, Première Dame de Côte d’Ivoire, député à l’Assemblée nationale et présidente du groupe parlementaire FPI, son crime est d’avoir conduit la résistance parlementaire. Qui ne souvient, en effet, des débats parlementaires serrés qui étaient d’ailleurs diffusés en direct sur les antennes de la télévision nationale ? Débats au cours desquels la bombe que constituaient les accords de Linas Marcoussis a été désamorcée ?
En effet, les accords de Marcoussis, dans leur conception originale, avaient pour mission de réussir là où les armes ont échoué. C`est-à-dire faire tomber le président Gbagbo. Mais ces accords ont trouvé sur leur chemin des députés républicains, bien organisés par “un général” et déterminés à défendre les institutions et la souveraineté de leur pays. Et les Ivoiriens ont été témoins du combat héroïque qu’ils ont mené contre les forces réfractaires à l’hémicycle. Pendant toute cette période, les députés républicains préparaient leurs séances au domicile de leur “général”, la Première Dame. Toutes les stratégies étaient élaborées sous sa direction. Et, une fois à l’hémicycle, elle était elle-même à la pointe du combat. On peut donc dire, sur un autre plan, que Mme Gbagbo était à la fois entraîneur et avant-centre de l’équipe des députés républicains à l’Assemblée nationale. Elle a donc fortement contribué à maintenir la Côte d’Ivoire debout malgré la tempête. Or, la France n’aime pas ceux qui ont œuvré et oeuvrent pour que la Côte d’Ivoire ne sombre pas. C’est ce qui explique d’ailleurs le harcèlement inutile de l’ONU, sous l’impulsion de la France, contre Charles Blé Goudé, président de la jeunesse patriotique.

Boga Sivori: bogasivo@yahoo.fr
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