C'est pourquoi, il déclarait le 28 avril 1971 lors d'une conférence de presse sur le dialogue : "Je l'ai dit à plusieurs reprises : moi, Houphouët-Boigny, si c'est nécessaire, je sacrifierai ma dignité, ma fierté, mes intérêts d'homme, à la dignité, à la fierté, à l'intérêt de mon pays ".
Tout simplement parce que pour le grand homme, " le dialogue est l'arme des forts et non des faibles, c'est l'arme de ceux qui font passer les problèmes généraux avant les problèmes particuliers, avant les questions d'amour-propre. Quand il y va de la vie des hommes, l'amour-propre n'a pas sa place ".
Un homme d'Etat éminent, soucieux de l'intérêt supérieur de la Nation et de l'intérêt général, parce que disciple du Président Houphouët-Boigny, nonobstant les menaces que faisaient planer sur sa tête les escadrons de la mort, vous conseillait, trois jours après le déclenchement des hostilités, de négocier immédiatement avec la rébellion.
Cette rébellion n'occupait alors que Korhogo, Ferkessédougou, Katiola et Bouaké.
Elle n'était pas encore structurée pour, non seulement, s'emparer de 60% du territoire national, mais aussi pour devenir un gouvernement gérant un territoire.
Engager le dialogue avec elle éviterait qu'elle s'organise militairement et administrativement pour se transformer en cette redoutable machine de guerre et en cette puissance administrative qu'elle allait devenir par la suite.
Les dividendes d'une telle entreprise étaient évidents et on comprend donc aisément pourquoi cet homme d'Etat avisé et pétri d'expérience, vous a proposé le dialogue direct et immédiat avec la rébellion.
Si le bénéfice de discussions directes avec l'adversaire sautait aux yeux, vous ne vous en êtes pas aperçu et avez balayé cette proposition du revers de la main parce que pour vous, quelqu'un ayant sorti son épée, vous ne pouviez que sortir la vôtre, sûr que vous étiez de l'emporter.
Votre refus d'engager le dialogue et votre décision de croiser coûte que coûte le fer avec "vos ennemis" a conduit à la déconfiture de vos troupes et à la perte de 60% du territoire de la République.
En juillet 2003, les forces belligérantes décidaient de mettre fin au conflit et vous remettaient symboliquement une arme pour marquer la fin des hostilités.
Votre réponse a été que la fin de la guerre ne pouvait être décrétée que par vous et vous seul. En conséquence, la paix ne reviendra dans le pays que lorsque vous en aurez décidé. C'est dire que la sortie de crise était à portée de main et vous l'avez rejetée préférant l'aventure militaire à une paix négociée.
Il a fallu, après les débâcles de vos milices à Logoualé et à M'bahiakro, l'échec lamentable de votre piteuse opération dignité( ?) pour que vous compreniez peut-être que vous ne viendriez jamais à bout de la rébellion par la force.
Et encore, il vous a fallu, après la déculottée de novembre 2004, attendre encore trois ans pour admettre enfin que seul le dialogue pouvait vous permettre de sortir honorablement( ?) de l'impasse dans laquelle vous étiez mis.
Dès lors, chercher à rejeter sur autrui vos échecs cuisants et donner à croire que les Nations Unies, la France, bref toute la communauté internationale et l'ensemble de la classe politique ivoirienne se sont trompés avec vous relève d'une douteuse tentative de falsifier l'histoire et les événements.
Car par deux fois, vous avez rejeté le dialogue direct qui s'offrait à vous et qui vous évitait d'aller exposer notre querelle devant des Etats étrangers.
Il est pénible et pitoyable de vous entendre dire : "la Constitution me donne les pouvoirs, pourquoi voulez-vous que je donne mes pouvoirs à quelqu'un que je nomme ? Si vous faites cela, ça ne va pas aller parce que je ne vais jamais donner mes pouvoirs à quelqu'un, je ne vais jamais le faire et je serai soutenu !"
Cette déclaration de votre part démontre clairement que vous n'avez jamais entendu ou les propos ci-dessus rapportés du président Houphouët-Boigny, puisque pour vous, seuls comptent vos intérêts, la situation et le devenir du pays étant le cadet de vos soucis. " Pourquoi voulez-vous que je donne mes pouvoirs… "
Avant d'aller plus loin dans nos observations, nous nous permettons de vous demander d'avoir le triomphe modeste pour reconnaître qu'à un moment donné vous étiez dans les cordes, K.O debout et que c'est le Premier ministre doté des pleins pouvoirs qui vous a fourni la verge pour se faire flageller.
Car s'il avait choisi d'user des pouvoirs qui lui avaient été donnés par la communauté internationale plutôt que de chercher à composer avec vous, vous auriez été heureux d'accepter d'être ce président de prestige que vous brocardez aujourd'hui.
Au fait, quel est aujourd'hui le prestige du chef de l'Etat et de la Côte d'Ivoire au plan international ? Vous connaissez la réponse ! L'idée ne vous est-il jamais venue à l'esprit de penser que l'option choisie par la communauté internationale résultait de votre incapacité à sortir le pays de la crise ?
Encore une fois, faites un peu montre de modestie et d'humilité : c'est à ce prix qu'une solution sera trouvée aux problèmes que vous avez créés.
Sachez en effet une fois pour toutes que la crise ivoirienne et son long prolongement sont les conséquences de vos mauvais choix, de vos mauvaises décisions et de votre mauvaise politique.
Cette manière que vous avez de toujours chercher à faire porter le chapeau aux autres n'est pas sans nous rappeler ces propos du Président Félix Houphouët-Boigny, tenus le 19 octobre 1973 lors d'une visite officielle aux Etats-Unis : " Nous savons trop bien que certaines formes de sociétés dissimulent l'échec de l'idéologie qui les anime sous un délire verbal qui n'a pour objet que de faire oublier leur triste condition aux masses abusées, et de rejeter sur d'autres, plus heureux ou plus sages, la responsabilité de leurs carences ".
Vous avez, en raison de votre totale inexpérience, en raison de votre ego excessif et détestable et en raison de vos carences abyssales, plongé la Côte d'Ivoire dans la gadoue ! Alors assumez !
Vous seul vous êtes trompé, monsieur Gbagbo et personne d'autre.
Vous avez manœuvré pour accéder au pouvoir non pour gérer un pays mais exclusivement pour la seule jouissance de ce pouvoir et ce sont les conséquences de cette option que nous subissons et payons aujourd'hui.
Votre unique objectif voire votre obsession dès votre arrivée calamiteuse au pouvoir a été, non pas comment développer notre pays et rendre ses habitants heureux, mais comment conserver ce pouvoir sans coup férir.
N'est-ce pas dans cette optique que vous avez entrepris la réforme de la carte d'identité alors qu'on venait à peine de remplacer celle qui existait depuis 1960 et que les nouvelles cartes d'identité n'avaient pas encore été distribuées à l'ensemble de la population ?
Il vous fallait, à travers cette opération menée à la hussarde et de façon tendancieuse, vous tailler un corps électoral sur mesure après avoir éliminé nombre de nos concitoyens des listes électorales.
Cette exclusion a été la raison invoquée par la rébellion pour justifier son entrée en guerre, cette guerre que vous nous avez ainsi infligée et qui a abouti à la partition du pays.
Alors ne vous dérobez pas en cherchant à rendre coresponsables des conséquences de vos choix douteux et hasardeux, des pays et des organisations qui n'ont fait que vous indiquer la voie à suivre pour vous en sortir.
Présenter le dialogue direct avec la rébellion comme une trouvaille géniale dont vous auriez la paternité et l'exclusivité est donc totalement faux car quelqu'un de plus expérimenté et possédant l'art de gérer un pays vous l'a proposé trois jours après le déclenchement des hostilités.
S'il s'agit d'une trouvaille géniale, le mérite revient à cet homme et il est à se demander pourquoi vous ne l'avez pas tout de suite acceptée.
Il vous a fallu 5 ans pour entendre ce tocsin qui nous aurait pourtant évité cet océan de sang dans lequel baigne la Côte d'Ivoire, ces larmes et cette misère généralisée.
Rien de surprenant cependant car comme le disait le père de la Nation le 23 juin 1975, " on naît capitaine, on ne le devient pas ! "
Finalement votre spécialité, c'est de vous approprier les idées des autres et de faire croire qu'elles sont de vous.
Est-ce de cette manière que vous comptez justifier et mériter le titre de génie politique du siècle à vous décerné par vos partisans et courtisans ?
La politique, prétendez-vous, est votre métier. Alors qu'est-ce que vous l'exercez mal !
Vous prétendez qu'en empêchant un Premier ministre de travailler à sortir le pays de l'ornière, vous êtes soutenu. Dites-nous par qui :
-Les 70% de la population qui crèvent de faim parce que ne pouvant s'offrir qu'un seul repas famélique par jour ?
-Les femmes qui crient leur détresse et sur qui tirent à balles réelles vos Forces de défense et de sécurité ?
-Les dizaines de milliers de chômeurs qu'ont occasionnés les destructions imbéciles d'entreprises de vos sinistres gueux de patriotes et de vos milices tribales, un certain mois de novembre 2004 après que vous eussiez chassé plus de 8000 Français ?
-Les centaines de milliers d'intoxiqués des déchets toxiques importés par les pontes de votre régime et qui continuent de mourir parce que ne bénéficiant d'aucune prise en charge et d'aucun soin ?
Vous savez qui vous soutient dans cette Côte d'Ivoire que vous avez réalisé l'exploit de transformer en enfer : vos milices tribales, vos va-nu-pieds de patriotes et vos Forces de défense et de sécurité devenues votre garde prétorienne dont la spécialité est de réinstaller de force des criminels assassins à leur poste, d'arrêter les hommes politiques dont les propos ne leur conviennent pas et de tirer sur des manifestants aux mains nues ! Seuls leur capacité de nuisance en raison des armes qu'ils détiennent et le vacarme qu'ils font vous donnent l'illusion d'être soutenu.
Il est dommage et triste que l'intérêt supérieur de la Nation et l'intérêt général comptent si peu pour vous. Cela vous permet de nous tromper allégrement en faisant croire que vous aviez la capacité de bouter la rébellion hors de nos frontières et de nous ramener la paix à travers une éclatante victoire.
Il est donc temps que vous cessiez de vouloir nous faire admettre que vous agissez conformément à la Constitution parce qu'alors nous aimerions que vous nous disiez laquelle des Constitutions. Sûrement pas celle qui mettait fin à votre mandat en octobre 2005.
Ce n'est pas parce que adossé à vos fusils et chars d'assaut, à vos hélicoptères et avions de combat, à votre garde prétorienne et à vos milices tribales, vous pouvez vous permettre de vous livrer à une interprétation fausse et fallacieuse de la Constitution pour perpétrer un véritable coup d'Etat qui vous fait demeurer au pouvoir sans mandat que vous allez nous convaincre que vous appliquez la Constitution.
Une fois pour toutes, vous êtes un ancien président de la République, chef d'Etat par défaut, illégal, anticonstitutionnel et illégitime.
La Constitution de 1960 avait été élaborée, selon certains se disant intellectuels, par des analphabètes.
Il se trouve que cette Constitution ne vous aurait pas permis de vous livrer à cette interprétation tronquée qui vous maintient au pouvoir.
Vous auriez alors été obligé de perpétrer un véritable coup d'Etat qui, lorsqu'il vous profite, " fait avancer la démocratie ".
Ce qu'il y a lieu de retenir, c'est que les "analphabètes" de 1960 qui avaient du bon sens, de l'intelligence et le sens de la mesure ont fait une Constitution équilibrée, judicieuse et astucieuse permettant un fonctionnement correct et légal des institutions de la République.
Celle de 2000, élaborée par les grands( ?) intellectuels( ?), en réalité de simples lettrés incolores, est un fatras d'idées décousues et confligènes.
Encore une fois, le Bélier de Yamoussoukro avait raison lorsqu'il disait en 1973 qu'" il ne servirait à rien de se satisfaire de diplômes qui ne seraient que synonymes d'accumulation mal assimilée de connaissances, et de personnalités plus aptes à briller et à faire valoir leurs droits que préparées à l'effort, à l'efficacité et à la prise de conscience de leurs devoirs ".
Dans votre déclaration, vous portez aux nues l'accord de Ouagadougou dont vous savez pourtant qu'il est un échec parce que votre volonté manifeste de vous opposer à toute sortie de crise et à toute élection qui vous écarterait du pouvoir l'a empêché de fonctionner.
L'accord de Ouagadougou, devenu une véritable constitution américaine avec ses nombreux amendements, nous en avons quatre à ce jour, ne nous permet aucunement de voir le bout du tunnel.
Car malgré ces amendements, vous recherchez en ce moment d'autres prétextes pour freiner des quatre fers et faire échec à la sortie de crise et aux élections. Il en est ainsi du préalable que vous posez : " désarmement d'abord, élections ensuite ", en faisant mine d'oublier que le cantonnement et le désarmement concernent l'ensemble des forces belligérantes et les milices.
Le monde entier sait ainsi depuis longtemps qui bloque le processus de paix en Côte d'Ivoire.
Pour utiliser une de vos expressions, on voit le dos du nageur et son effort désespéré pour faire porter le chapeau aux autres est vain. Il est indexé et porte la marque de Caïn !
Il se retourne sans cesse dans sa tombe celui-là qui disait le 5 août 1966 lors du sixième anniversaire de notre indépendance que " la Côte d'Ivoire ne peut pas et ne veut pas être un pays de dictature ; c'est, grâce à Dieu et à nous tous, le pays où l'on ne tue pas, le pays où la fraternité est tellement entrée dans les faits que l'on sait pardonner même les fautes les plus graves ; c'est, et ce doit être chaque jour davantage, le pays où chacun se sent solidaire de tous les autres, et se veut frère parmi d'autres frères ".
Vous avez réussi, et c'était un de vos objectifs en accédant au pouvoir, à faire de la Côte d'Ivoire une dictature, un pays où l'on tue pour se cramponner au pouvoir, un pays où la vie humaine ne vaut pas un clou, un pays où la fraternité a disparu.
Qu'est-ce qu'elle est prémonitoire cette observation du Président Houphouët-Boigny dans un message à la nation le 20 août 1970 : " Il est des printemps qui ne sont plus ou qui n'ont jamais été, dans des pays de silence où les dos sont courbés et les sourires tristes, dans des pays d'ombre où pour rester soi-même, l'humour devient parfois la seule arme de défense ".
La Côte d'Ivoire, sous le régime de monsieur Gbagbo, est devenue un de ces pays-là. Un pays de ténèbre où, si l'humour comme arme de défense est bien présent, le sourire, lui, a disparu !
Doubé Binty
Tout simplement parce que pour le grand homme, " le dialogue est l'arme des forts et non des faibles, c'est l'arme de ceux qui font passer les problèmes généraux avant les problèmes particuliers, avant les questions d'amour-propre. Quand il y va de la vie des hommes, l'amour-propre n'a pas sa place ".
Un homme d'Etat éminent, soucieux de l'intérêt supérieur de la Nation et de l'intérêt général, parce que disciple du Président Houphouët-Boigny, nonobstant les menaces que faisaient planer sur sa tête les escadrons de la mort, vous conseillait, trois jours après le déclenchement des hostilités, de négocier immédiatement avec la rébellion.
Cette rébellion n'occupait alors que Korhogo, Ferkessédougou, Katiola et Bouaké.
Elle n'était pas encore structurée pour, non seulement, s'emparer de 60% du territoire national, mais aussi pour devenir un gouvernement gérant un territoire.
Engager le dialogue avec elle éviterait qu'elle s'organise militairement et administrativement pour se transformer en cette redoutable machine de guerre et en cette puissance administrative qu'elle allait devenir par la suite.
Les dividendes d'une telle entreprise étaient évidents et on comprend donc aisément pourquoi cet homme d'Etat avisé et pétri d'expérience, vous a proposé le dialogue direct et immédiat avec la rébellion.
Si le bénéfice de discussions directes avec l'adversaire sautait aux yeux, vous ne vous en êtes pas aperçu et avez balayé cette proposition du revers de la main parce que pour vous, quelqu'un ayant sorti son épée, vous ne pouviez que sortir la vôtre, sûr que vous étiez de l'emporter.
Votre refus d'engager le dialogue et votre décision de croiser coûte que coûte le fer avec "vos ennemis" a conduit à la déconfiture de vos troupes et à la perte de 60% du territoire de la République.
En juillet 2003, les forces belligérantes décidaient de mettre fin au conflit et vous remettaient symboliquement une arme pour marquer la fin des hostilités.
Votre réponse a été que la fin de la guerre ne pouvait être décrétée que par vous et vous seul. En conséquence, la paix ne reviendra dans le pays que lorsque vous en aurez décidé. C'est dire que la sortie de crise était à portée de main et vous l'avez rejetée préférant l'aventure militaire à une paix négociée.
Il a fallu, après les débâcles de vos milices à Logoualé et à M'bahiakro, l'échec lamentable de votre piteuse opération dignité( ?) pour que vous compreniez peut-être que vous ne viendriez jamais à bout de la rébellion par la force.
Et encore, il vous a fallu, après la déculottée de novembre 2004, attendre encore trois ans pour admettre enfin que seul le dialogue pouvait vous permettre de sortir honorablement( ?) de l'impasse dans laquelle vous étiez mis.
Dès lors, chercher à rejeter sur autrui vos échecs cuisants et donner à croire que les Nations Unies, la France, bref toute la communauté internationale et l'ensemble de la classe politique ivoirienne se sont trompés avec vous relève d'une douteuse tentative de falsifier l'histoire et les événements.
Car par deux fois, vous avez rejeté le dialogue direct qui s'offrait à vous et qui vous évitait d'aller exposer notre querelle devant des Etats étrangers.
Il est pénible et pitoyable de vous entendre dire : "la Constitution me donne les pouvoirs, pourquoi voulez-vous que je donne mes pouvoirs à quelqu'un que je nomme ? Si vous faites cela, ça ne va pas aller parce que je ne vais jamais donner mes pouvoirs à quelqu'un, je ne vais jamais le faire et je serai soutenu !"
Cette déclaration de votre part démontre clairement que vous n'avez jamais entendu ou les propos ci-dessus rapportés du président Houphouët-Boigny, puisque pour vous, seuls comptent vos intérêts, la situation et le devenir du pays étant le cadet de vos soucis. " Pourquoi voulez-vous que je donne mes pouvoirs… "
Avant d'aller plus loin dans nos observations, nous nous permettons de vous demander d'avoir le triomphe modeste pour reconnaître qu'à un moment donné vous étiez dans les cordes, K.O debout et que c'est le Premier ministre doté des pleins pouvoirs qui vous a fourni la verge pour se faire flageller.
Car s'il avait choisi d'user des pouvoirs qui lui avaient été donnés par la communauté internationale plutôt que de chercher à composer avec vous, vous auriez été heureux d'accepter d'être ce président de prestige que vous brocardez aujourd'hui.
Au fait, quel est aujourd'hui le prestige du chef de l'Etat et de la Côte d'Ivoire au plan international ? Vous connaissez la réponse ! L'idée ne vous est-il jamais venue à l'esprit de penser que l'option choisie par la communauté internationale résultait de votre incapacité à sortir le pays de la crise ?
Encore une fois, faites un peu montre de modestie et d'humilité : c'est à ce prix qu'une solution sera trouvée aux problèmes que vous avez créés.
Sachez en effet une fois pour toutes que la crise ivoirienne et son long prolongement sont les conséquences de vos mauvais choix, de vos mauvaises décisions et de votre mauvaise politique.
Cette manière que vous avez de toujours chercher à faire porter le chapeau aux autres n'est pas sans nous rappeler ces propos du Président Félix Houphouët-Boigny, tenus le 19 octobre 1973 lors d'une visite officielle aux Etats-Unis : " Nous savons trop bien que certaines formes de sociétés dissimulent l'échec de l'idéologie qui les anime sous un délire verbal qui n'a pour objet que de faire oublier leur triste condition aux masses abusées, et de rejeter sur d'autres, plus heureux ou plus sages, la responsabilité de leurs carences ".
Vous avez, en raison de votre totale inexpérience, en raison de votre ego excessif et détestable et en raison de vos carences abyssales, plongé la Côte d'Ivoire dans la gadoue ! Alors assumez !
Vous seul vous êtes trompé, monsieur Gbagbo et personne d'autre.
Vous avez manœuvré pour accéder au pouvoir non pour gérer un pays mais exclusivement pour la seule jouissance de ce pouvoir et ce sont les conséquences de cette option que nous subissons et payons aujourd'hui.
Votre unique objectif voire votre obsession dès votre arrivée calamiteuse au pouvoir a été, non pas comment développer notre pays et rendre ses habitants heureux, mais comment conserver ce pouvoir sans coup férir.
N'est-ce pas dans cette optique que vous avez entrepris la réforme de la carte d'identité alors qu'on venait à peine de remplacer celle qui existait depuis 1960 et que les nouvelles cartes d'identité n'avaient pas encore été distribuées à l'ensemble de la population ?
Il vous fallait, à travers cette opération menée à la hussarde et de façon tendancieuse, vous tailler un corps électoral sur mesure après avoir éliminé nombre de nos concitoyens des listes électorales.
Cette exclusion a été la raison invoquée par la rébellion pour justifier son entrée en guerre, cette guerre que vous nous avez ainsi infligée et qui a abouti à la partition du pays.
Alors ne vous dérobez pas en cherchant à rendre coresponsables des conséquences de vos choix douteux et hasardeux, des pays et des organisations qui n'ont fait que vous indiquer la voie à suivre pour vous en sortir.
Présenter le dialogue direct avec la rébellion comme une trouvaille géniale dont vous auriez la paternité et l'exclusivité est donc totalement faux car quelqu'un de plus expérimenté et possédant l'art de gérer un pays vous l'a proposé trois jours après le déclenchement des hostilités.
S'il s'agit d'une trouvaille géniale, le mérite revient à cet homme et il est à se demander pourquoi vous ne l'avez pas tout de suite acceptée.
Il vous a fallu 5 ans pour entendre ce tocsin qui nous aurait pourtant évité cet océan de sang dans lequel baigne la Côte d'Ivoire, ces larmes et cette misère généralisée.
Rien de surprenant cependant car comme le disait le père de la Nation le 23 juin 1975, " on naît capitaine, on ne le devient pas ! "
Finalement votre spécialité, c'est de vous approprier les idées des autres et de faire croire qu'elles sont de vous.
Est-ce de cette manière que vous comptez justifier et mériter le titre de génie politique du siècle à vous décerné par vos partisans et courtisans ?
La politique, prétendez-vous, est votre métier. Alors qu'est-ce que vous l'exercez mal !
Vous prétendez qu'en empêchant un Premier ministre de travailler à sortir le pays de l'ornière, vous êtes soutenu. Dites-nous par qui :
-Les 70% de la population qui crèvent de faim parce que ne pouvant s'offrir qu'un seul repas famélique par jour ?
-Les femmes qui crient leur détresse et sur qui tirent à balles réelles vos Forces de défense et de sécurité ?
-Les dizaines de milliers de chômeurs qu'ont occasionnés les destructions imbéciles d'entreprises de vos sinistres gueux de patriotes et de vos milices tribales, un certain mois de novembre 2004 après que vous eussiez chassé plus de 8000 Français ?
-Les centaines de milliers d'intoxiqués des déchets toxiques importés par les pontes de votre régime et qui continuent de mourir parce que ne bénéficiant d'aucune prise en charge et d'aucun soin ?
Vous savez qui vous soutient dans cette Côte d'Ivoire que vous avez réalisé l'exploit de transformer en enfer : vos milices tribales, vos va-nu-pieds de patriotes et vos Forces de défense et de sécurité devenues votre garde prétorienne dont la spécialité est de réinstaller de force des criminels assassins à leur poste, d'arrêter les hommes politiques dont les propos ne leur conviennent pas et de tirer sur des manifestants aux mains nues ! Seuls leur capacité de nuisance en raison des armes qu'ils détiennent et le vacarme qu'ils font vous donnent l'illusion d'être soutenu.
Il est dommage et triste que l'intérêt supérieur de la Nation et l'intérêt général comptent si peu pour vous. Cela vous permet de nous tromper allégrement en faisant croire que vous aviez la capacité de bouter la rébellion hors de nos frontières et de nous ramener la paix à travers une éclatante victoire.
Il est donc temps que vous cessiez de vouloir nous faire admettre que vous agissez conformément à la Constitution parce qu'alors nous aimerions que vous nous disiez laquelle des Constitutions. Sûrement pas celle qui mettait fin à votre mandat en octobre 2005.
Ce n'est pas parce que adossé à vos fusils et chars d'assaut, à vos hélicoptères et avions de combat, à votre garde prétorienne et à vos milices tribales, vous pouvez vous permettre de vous livrer à une interprétation fausse et fallacieuse de la Constitution pour perpétrer un véritable coup d'Etat qui vous fait demeurer au pouvoir sans mandat que vous allez nous convaincre que vous appliquez la Constitution.
Une fois pour toutes, vous êtes un ancien président de la République, chef d'Etat par défaut, illégal, anticonstitutionnel et illégitime.
La Constitution de 1960 avait été élaborée, selon certains se disant intellectuels, par des analphabètes.
Il se trouve que cette Constitution ne vous aurait pas permis de vous livrer à cette interprétation tronquée qui vous maintient au pouvoir.
Vous auriez alors été obligé de perpétrer un véritable coup d'Etat qui, lorsqu'il vous profite, " fait avancer la démocratie ".
Ce qu'il y a lieu de retenir, c'est que les "analphabètes" de 1960 qui avaient du bon sens, de l'intelligence et le sens de la mesure ont fait une Constitution équilibrée, judicieuse et astucieuse permettant un fonctionnement correct et légal des institutions de la République.
Celle de 2000, élaborée par les grands( ?) intellectuels( ?), en réalité de simples lettrés incolores, est un fatras d'idées décousues et confligènes.
Encore une fois, le Bélier de Yamoussoukro avait raison lorsqu'il disait en 1973 qu'" il ne servirait à rien de se satisfaire de diplômes qui ne seraient que synonymes d'accumulation mal assimilée de connaissances, et de personnalités plus aptes à briller et à faire valoir leurs droits que préparées à l'effort, à l'efficacité et à la prise de conscience de leurs devoirs ".
Dans votre déclaration, vous portez aux nues l'accord de Ouagadougou dont vous savez pourtant qu'il est un échec parce que votre volonté manifeste de vous opposer à toute sortie de crise et à toute élection qui vous écarterait du pouvoir l'a empêché de fonctionner.
L'accord de Ouagadougou, devenu une véritable constitution américaine avec ses nombreux amendements, nous en avons quatre à ce jour, ne nous permet aucunement de voir le bout du tunnel.
Car malgré ces amendements, vous recherchez en ce moment d'autres prétextes pour freiner des quatre fers et faire échec à la sortie de crise et aux élections. Il en est ainsi du préalable que vous posez : " désarmement d'abord, élections ensuite ", en faisant mine d'oublier que le cantonnement et le désarmement concernent l'ensemble des forces belligérantes et les milices.
Le monde entier sait ainsi depuis longtemps qui bloque le processus de paix en Côte d'Ivoire.
Pour utiliser une de vos expressions, on voit le dos du nageur et son effort désespéré pour faire porter le chapeau aux autres est vain. Il est indexé et porte la marque de Caïn !
Il se retourne sans cesse dans sa tombe celui-là qui disait le 5 août 1966 lors du sixième anniversaire de notre indépendance que " la Côte d'Ivoire ne peut pas et ne veut pas être un pays de dictature ; c'est, grâce à Dieu et à nous tous, le pays où l'on ne tue pas, le pays où la fraternité est tellement entrée dans les faits que l'on sait pardonner même les fautes les plus graves ; c'est, et ce doit être chaque jour davantage, le pays où chacun se sent solidaire de tous les autres, et se veut frère parmi d'autres frères ".
Vous avez réussi, et c'était un de vos objectifs en accédant au pouvoir, à faire de la Côte d'Ivoire une dictature, un pays où l'on tue pour se cramponner au pouvoir, un pays où la vie humaine ne vaut pas un clou, un pays où la fraternité a disparu.
Qu'est-ce qu'elle est prémonitoire cette observation du Président Houphouët-Boigny dans un message à la nation le 20 août 1970 : " Il est des printemps qui ne sont plus ou qui n'ont jamais été, dans des pays de silence où les dos sont courbés et les sourires tristes, dans des pays d'ombre où pour rester soi-même, l'humour devient parfois la seule arme de défense ".
La Côte d'Ivoire, sous le régime de monsieur Gbagbo, est devenue un de ces pays-là. Un pays de ténèbre où, si l'humour comme arme de défense est bien présent, le sourire, lui, a disparu !
Doubé Binty