Au moment où le Burida connaît une réforme profonde et que le Zanzan s’apprête à vivre son deuxième Festival des arts et de la culture, le ministre de la Culture et de la Francophonie, Augustin Kouadio Komoé qui était le week-end dernier à Bondoukou, a accepté de répondre aux questions de votre quotidien préféré. Entretien.
Notre Voie : Où en est-on avec le programme de sauvegarde et de promotion du patrimoine culturel national ?
Augustin K. Komoé : Nous avons lancé la première édition du Festival du Zanzan qui marque le début de notre programme de sauvegarde et de promotion du patrimoine national. On a commencé et les choses se sont bien passées. Cette année, nous allons faire la deuxième édition. Nous sommes à pied d’œuvre pour préparer cette deuxième édition qui devra, à mon avis, être plus intéressante que la première.
N.V. : Il était question à la fin du Festival de 2008 d’une cérémonie avec l’ensemble des troupes ayant participé à la première édition, au Palais de la culture. Que devient ce projet?
A.K.K. : Elle n’a pas pu se tenir pour des raisons techniques notamment. Il était prévu à cette cérémonie de remettre des trophées du festival, mais cette année cela va être corrigé. Les trophées seront disponibles dès le début pour qu’ils puissent être remis séance tenante aux lauréats du festival.
N.V. : On dit de ce festival qu’il est mort-né. Car c’est parce que vous êtes ministre et fils de la région qu’il a eu lieu. Quel est son avenir ?
A.K.K. : Cela dépend. Si ce sont les fils du Zanzan qui le dise, il y a lieu de désespérer. Mais si ce sont des gens qui ne connaissent pas la région qui le disent en s’appuyant sur des exemples d’ailleurs, ils ont peut-être raison. Parce qu’effectivement, le tout n’est pas d’initier une activité, il faut aller jusqu’au bout. J’ai initié ce festival c’est vrai, mais un festival ne se fait pas tout seul. Il se fait avec la participation et la collaboration de tout le monde. Si les fils du Zanzan veulent leur festival, il survira. Maintenant, s’ils n’en veulent pas, on ne peut rien faire.
N.V. : A quoi doit-on s’attendre à cette deuxième édition?
A.K.K. : Cette deuxième édition devra être plus colorée, plus animée que la première parce que nous avons eu quelques ratés. Il va comporter, comme le précédent, un atelier scientifique qui va parler cette fois de la langue Nafana. C’est l’une des langues de la région qui est en voie de disparition, et notre souci est de faire en sorte que tout ce qui est patrimoine matériel et immatériel soit sauvegardé et préservé. Cette langue est l’une des langues de Bondoukou. Il n’est pas normal qu’on la laisse mourir. Ce atelier scientifique et ses résultats permettrons de mettre en place une stratégie de pérennisation de cette langue.
N.V. : Au lancement du festival, vous parliez de le rendre tournant. Est-ce que cela tient toujours ?
A.K.K. : Le rendre tournant oui. Le festival régional doit être une réalité en Côte d’Ivoire. J’ai invité toutes les régions de la Côte d’ Ivoire à organiser des festivals. Ceux qui n’en ont pas, qu’ils le fassent. Nous aviserons. Notre ambition est d’organiser à partir de 2010, à Abidjan, une semaine culturelle ivoirienne. Cela manque terriblement à notre pays.
N.V. : Vous voulez créer une industrie culturelle. Comment vont les choses?
A.K.K. : Je pense que l’essor de notre pays passe aussi par le développement de l’industrie culturelle. La culture, ce n’est pas seulement l’aspect festif et l’exhibition. Ce n’est pas seulement le fait de sauvegarder notre mémoire collective. La culture doit être un facteur de développement. Je suis d’avis que notre culture si riche et diversifiée, peut permettre à la Côte d’Ivoire d’en tirer profit. Pour ce faire, il faut transformer ses éléments culturels en industrie culturelle. Mais déjà, je puis vous assurer que dans le domaine de la musique, l’industrie culturelle est en marche. Plusieurs milliers d’Ivoiriens aujourd’hui vivent de l’industrie discographique. Il en est de même des industries cinématographiques avec tous les DVD et les CD qui sortent avec des téléfilms. Tous ceux- là, nous allons les organiser. Ce qu’on appellera la Semaine nationale de la culture à Abidjan va être la synthèse de tous les festivals des régions de Côte d’Ivoire. Et pendant toute cette semaine- là, nous allons mettre en évidence le savoir-faire de toutes nos régions, le savoir-faire de nos traditions. C’est pourquoi j’invite toutes les régions de côte d’Ivoire à se mettre en exergue pour montrer ce qu’elles savent faire, ce qu’elles possèdent comme patrimoine culturel, comme attribut qu’on n’a jamais vu. Il faut qu’elles le sortent pour que nous puissions alimenter cette Semaine culturelle nationale de Côte d’Ivoire. La première édition va se tenir en début 2010. Mais je pense bien qu’avant le mois de novembre, nous allons faire le lancement de ce festival à Abidjan pour que les gens s’en imprègnent et prennent des dispositions pour y participer. J’ai pris cette initiative parce que je me suis rendu compte que contrairement aux autres pays, la Côte d’Ivoire n’a pas un événement national qui réunit tout le monde. On a des festivals, des événements par localité, mais on n’a pas un rendez-vous culturel en Côte d’Ivoire. C’est le début de l’industrie culturelle. Mais cette industrie culturelle ne peut être viable que si elle est organisée et encadrée par des lois, par des règlements, et si le législateur définit tous les contours. Et c’est ce qui est en train d’être fait pour permettre à notre industrie culturelle de décoller. J’y crois depuis mon arrivée à la tête du département de la culture.
N.V. : Que doit-on retenir, pour l’heure, de la réforme du Burida ?
A.K.K. : La réforme est terminée au Burida. Au jour d’aujourd’hui, nous avons fini de mettre en place les douze collèges qui vont composer la nouvelle assemblée. 154 personnes vont se retrouver dans les semaines qui viennent pour désigner les membres du conseil d’administration qui va élire un président qui, à son tour, va coordonner les activités de ce conseil et permettre la mise en place d’une direction générale après appel à candidatures. La réforme majeure du Burida a consisté à changer son statut. Nous sommes passé d’un statut d’association à un statut de société civile de type particulier. Et nous avons doté le Burida d’un capital social qui lui permettra d’être géré convenablement, de façon transparente comme les sociétés commerciales.
N.V. : Les artistes vont continuer de produire, mais jusqu’ici, vous n’avez pas encore trouvé la potion magique pour leur permettre de vivre de leur art...
A.K.K. : Il n’y a pas que la piraterie qui empêche les artistes de vivre de leur art. Il y a un mal aussi pernicieux qui empêche beaucoup de choses : c’est l’inorganisation. J’ai coutume de dire que les artistes Ivoiriens sont pétris de talent. Malheureusement, ce qui leur manque, c’est l’organisation. Nous, nous avons commencé en tant que gouvernant à mettre en place le dispositif qu’il faut pour leur permettre de mieux s’organiser. Mais la meilleure organisation ne viendra que d’eux-mêmes. En tant que corps constitué, il leur appartient de vivre de leur art. Il faut qu’ils soient plus responsables. J’organiserai au mois de juillet 2009, un atelier sur la professionnalisation des métiers des arts et de la culture. C’est un élément important qui a manqué à notre dispositif réglementaire. Je pense que nous sommes arrivés à un stade où nous devons clarifier le rôle que chacun doit jouer dans la grande famille de la culture. C’est ça qui va permettre justement de préparer le développement de l’industrie culturelle. Nous avons commencé l’année dernière, avec l’installation de la billetterie automatique au Palais de la culture. Cela permet aujourd’hui de régler beaucoup de problèmes au niveau des spectacles qui y ont lieu. Déjà, tous ceux qui passent par la billetterie automatique ne peuvent plus faire plus de tickets que de places disponibles et ne peuvent pas non plus “doubler” les musiciens. La billetterie enregistre tous ceux qui sont entrés et fait la répartition de façon automatique. Voilà ces chantiers que nous sommes en train de mener et tout cela, de façon inéluctable, conduira à une bonne santé du secteur de la culture.
Entretien réalisé par Adolphe Ouattara: adolphe-ouattara@yahoo.fr
Notre Voie : Où en est-on avec le programme de sauvegarde et de promotion du patrimoine culturel national ?
Augustin K. Komoé : Nous avons lancé la première édition du Festival du Zanzan qui marque le début de notre programme de sauvegarde et de promotion du patrimoine national. On a commencé et les choses se sont bien passées. Cette année, nous allons faire la deuxième édition. Nous sommes à pied d’œuvre pour préparer cette deuxième édition qui devra, à mon avis, être plus intéressante que la première.
N.V. : Il était question à la fin du Festival de 2008 d’une cérémonie avec l’ensemble des troupes ayant participé à la première édition, au Palais de la culture. Que devient ce projet?
A.K.K. : Elle n’a pas pu se tenir pour des raisons techniques notamment. Il était prévu à cette cérémonie de remettre des trophées du festival, mais cette année cela va être corrigé. Les trophées seront disponibles dès le début pour qu’ils puissent être remis séance tenante aux lauréats du festival.
N.V. : On dit de ce festival qu’il est mort-né. Car c’est parce que vous êtes ministre et fils de la région qu’il a eu lieu. Quel est son avenir ?
A.K.K. : Cela dépend. Si ce sont les fils du Zanzan qui le dise, il y a lieu de désespérer. Mais si ce sont des gens qui ne connaissent pas la région qui le disent en s’appuyant sur des exemples d’ailleurs, ils ont peut-être raison. Parce qu’effectivement, le tout n’est pas d’initier une activité, il faut aller jusqu’au bout. J’ai initié ce festival c’est vrai, mais un festival ne se fait pas tout seul. Il se fait avec la participation et la collaboration de tout le monde. Si les fils du Zanzan veulent leur festival, il survira. Maintenant, s’ils n’en veulent pas, on ne peut rien faire.
N.V. : A quoi doit-on s’attendre à cette deuxième édition?
A.K.K. : Cette deuxième édition devra être plus colorée, plus animée que la première parce que nous avons eu quelques ratés. Il va comporter, comme le précédent, un atelier scientifique qui va parler cette fois de la langue Nafana. C’est l’une des langues de la région qui est en voie de disparition, et notre souci est de faire en sorte que tout ce qui est patrimoine matériel et immatériel soit sauvegardé et préservé. Cette langue est l’une des langues de Bondoukou. Il n’est pas normal qu’on la laisse mourir. Ce atelier scientifique et ses résultats permettrons de mettre en place une stratégie de pérennisation de cette langue.
N.V. : Au lancement du festival, vous parliez de le rendre tournant. Est-ce que cela tient toujours ?
A.K.K. : Le rendre tournant oui. Le festival régional doit être une réalité en Côte d’Ivoire. J’ai invité toutes les régions de la Côte d’ Ivoire à organiser des festivals. Ceux qui n’en ont pas, qu’ils le fassent. Nous aviserons. Notre ambition est d’organiser à partir de 2010, à Abidjan, une semaine culturelle ivoirienne. Cela manque terriblement à notre pays.
N.V. : Vous voulez créer une industrie culturelle. Comment vont les choses?
A.K.K. : Je pense que l’essor de notre pays passe aussi par le développement de l’industrie culturelle. La culture, ce n’est pas seulement l’aspect festif et l’exhibition. Ce n’est pas seulement le fait de sauvegarder notre mémoire collective. La culture doit être un facteur de développement. Je suis d’avis que notre culture si riche et diversifiée, peut permettre à la Côte d’Ivoire d’en tirer profit. Pour ce faire, il faut transformer ses éléments culturels en industrie culturelle. Mais déjà, je puis vous assurer que dans le domaine de la musique, l’industrie culturelle est en marche. Plusieurs milliers d’Ivoiriens aujourd’hui vivent de l’industrie discographique. Il en est de même des industries cinématographiques avec tous les DVD et les CD qui sortent avec des téléfilms. Tous ceux- là, nous allons les organiser. Ce qu’on appellera la Semaine nationale de la culture à Abidjan va être la synthèse de tous les festivals des régions de Côte d’Ivoire. Et pendant toute cette semaine- là, nous allons mettre en évidence le savoir-faire de toutes nos régions, le savoir-faire de nos traditions. C’est pourquoi j’invite toutes les régions de côte d’Ivoire à se mettre en exergue pour montrer ce qu’elles savent faire, ce qu’elles possèdent comme patrimoine culturel, comme attribut qu’on n’a jamais vu. Il faut qu’elles le sortent pour que nous puissions alimenter cette Semaine culturelle nationale de Côte d’Ivoire. La première édition va se tenir en début 2010. Mais je pense bien qu’avant le mois de novembre, nous allons faire le lancement de ce festival à Abidjan pour que les gens s’en imprègnent et prennent des dispositions pour y participer. J’ai pris cette initiative parce que je me suis rendu compte que contrairement aux autres pays, la Côte d’Ivoire n’a pas un événement national qui réunit tout le monde. On a des festivals, des événements par localité, mais on n’a pas un rendez-vous culturel en Côte d’Ivoire. C’est le début de l’industrie culturelle. Mais cette industrie culturelle ne peut être viable que si elle est organisée et encadrée par des lois, par des règlements, et si le législateur définit tous les contours. Et c’est ce qui est en train d’être fait pour permettre à notre industrie culturelle de décoller. J’y crois depuis mon arrivée à la tête du département de la culture.
N.V. : Que doit-on retenir, pour l’heure, de la réforme du Burida ?
A.K.K. : La réforme est terminée au Burida. Au jour d’aujourd’hui, nous avons fini de mettre en place les douze collèges qui vont composer la nouvelle assemblée. 154 personnes vont se retrouver dans les semaines qui viennent pour désigner les membres du conseil d’administration qui va élire un président qui, à son tour, va coordonner les activités de ce conseil et permettre la mise en place d’une direction générale après appel à candidatures. La réforme majeure du Burida a consisté à changer son statut. Nous sommes passé d’un statut d’association à un statut de société civile de type particulier. Et nous avons doté le Burida d’un capital social qui lui permettra d’être géré convenablement, de façon transparente comme les sociétés commerciales.
N.V. : Les artistes vont continuer de produire, mais jusqu’ici, vous n’avez pas encore trouvé la potion magique pour leur permettre de vivre de leur art...
A.K.K. : Il n’y a pas que la piraterie qui empêche les artistes de vivre de leur art. Il y a un mal aussi pernicieux qui empêche beaucoup de choses : c’est l’inorganisation. J’ai coutume de dire que les artistes Ivoiriens sont pétris de talent. Malheureusement, ce qui leur manque, c’est l’organisation. Nous, nous avons commencé en tant que gouvernant à mettre en place le dispositif qu’il faut pour leur permettre de mieux s’organiser. Mais la meilleure organisation ne viendra que d’eux-mêmes. En tant que corps constitué, il leur appartient de vivre de leur art. Il faut qu’ils soient plus responsables. J’organiserai au mois de juillet 2009, un atelier sur la professionnalisation des métiers des arts et de la culture. C’est un élément important qui a manqué à notre dispositif réglementaire. Je pense que nous sommes arrivés à un stade où nous devons clarifier le rôle que chacun doit jouer dans la grande famille de la culture. C’est ça qui va permettre justement de préparer le développement de l’industrie culturelle. Nous avons commencé l’année dernière, avec l’installation de la billetterie automatique au Palais de la culture. Cela permet aujourd’hui de régler beaucoup de problèmes au niveau des spectacles qui y ont lieu. Déjà, tous ceux qui passent par la billetterie automatique ne peuvent plus faire plus de tickets que de places disponibles et ne peuvent pas non plus “doubler” les musiciens. La billetterie enregistre tous ceux qui sont entrés et fait la répartition de façon automatique. Voilà ces chantiers que nous sommes en train de mener et tout cela, de façon inéluctable, conduira à une bonne santé du secteur de la culture.
Entretien réalisé par Adolphe Ouattara: adolphe-ouattara@yahoo.fr