La forêt rurale des marais Tanoé, située dans le nouveau département de Tiapoum, pourrait devenir la première réserve naturelle volontaire (R n v) de la Côte d’Ivoire. C’est, en tout cas, le vœu d’une importante frange des habitants des neuf villages qui bordent ce massif, ainsi que des autres localités de la circonscription. Un désir de conservation manifesté par les uns et les autres, après avoir obtenu le retrait de la Palmci, qui entendait y aménager des exploitations industrielles de palmiers à huile. Si ce statut lui était effectivement conféré, c’est à la population que reviendra la gestion proprement dite de cette forêt ; les forestiers ne feront que les encadrer. Ce qui est bien différent de la gestion de toutes les autres aires protégées, dont dispose la Côte d’Ivoire. Et si les pouvoirs publics, à travers le ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts, se sont engagés à conserver ladite forêt, c’est bien pour sa richesse tant faunique que floristique et l’originalité de celle-ci. En fait, “la forêt des marais Tanoé, s’étendant sur environ 10.000 ha, est à ce jour reconnu par les scientifiques nationaux et internationaux, comme un réservoir exceptionnel de biodiversité”, révèle le Dr Inza Koné, primatologue, coordonnateur du programme Rasr-ci. De plus, cette forêt compte des espèces de singes dites en danger critique d’extinction. Ce qui les classe au nombre des primates les plus menacés au monde. On a notamment le cercopithèque diane roloway qui a disparu des forêts de l’est du fleuve Sassandra à l’ouest du fleuve de la Volta au Ghana, représentant pourtant son aire originelle d’existence. Une centaine d’individus de cette espèce a été identifiée dans la forêt de la Tanoé. On y trouve aussi le cercocèbe couronné, présent dans quelques rares forêts du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Et surtout le Colobe bai de Miss Waldron, qui fait partie des 25 singes les plus menacés au monde, que les scientifiques se souviennent avoir vu pour la dernière fois, en 1982, dans une forêt ghanéenne. Ce singe n’a jamais été photographié vivant et sa disparition probable de la nature a été annoncée par les scientifiques en 2000. S’ajoutent à tous ces motifs de conservation, l’important rôle écologique de régulation du climat que joue la forêt des marais Tanoé au profit des populations rurales, le potentiel énorme qu’elle constitue pour le développement de la recherche biomédicale, grâce à son immense réservoir de plantes. Ainsi que ses grandes potentialités en matière de pêche, grâce aux espèces variées de poissons dont regorgent ses cours d’eau.
Le directeur de la protection de la nature, Sombo Tanoh, a rencontré, mercredi dernier, sous la présidence du préfet du département, M. Coulibaly Lamine, des cadres, chefs de village et autres ressortissants du département au centre culturel de Tiapoum, pour expliquer aux uns et aux autres, les démarches à effectuer pour accéder au statut de Rnv. Puis, appuyé par les primatologues et le président de Sos Forêt Dr Egnankou Mathieu, il a mis en exergue l’intérêt que la population pourrait tirer de cette forme de conservation. On peut retenir, entre autres, le développement de l’écotourisme, qui offrira des possibilités d’emplois aux jeunes, la création des activités génératrices de revenus, et surtout les nombreux appuis financiers des bailleurs de fonds, pour divers investissements.
Au cours du débat qui a émaillé cette rencontre, il est apparu que quelques cadres penchent encore pour la cession d’une partie de la forêt à la Palmci et l’autre partie à la conservation. Ce qui ne peut être compatible avec la protection de ce massif, expliquent les spécialistes. D’autres rencontres sont prévues à ce propos.
Moussa Touré
Le directeur de la protection de la nature, Sombo Tanoh, a rencontré, mercredi dernier, sous la présidence du préfet du département, M. Coulibaly Lamine, des cadres, chefs de village et autres ressortissants du département au centre culturel de Tiapoum, pour expliquer aux uns et aux autres, les démarches à effectuer pour accéder au statut de Rnv. Puis, appuyé par les primatologues et le président de Sos Forêt Dr Egnankou Mathieu, il a mis en exergue l’intérêt que la population pourrait tirer de cette forme de conservation. On peut retenir, entre autres, le développement de l’écotourisme, qui offrira des possibilités d’emplois aux jeunes, la création des activités génératrices de revenus, et surtout les nombreux appuis financiers des bailleurs de fonds, pour divers investissements.
Au cours du débat qui a émaillé cette rencontre, il est apparu que quelques cadres penchent encore pour la cession d’une partie de la forêt à la Palmci et l’autre partie à la conservation. Ce qui ne peut être compatible avec la protection de ce massif, expliquent les spécialistes. D’autres rencontres sont prévues à ce propos.
Moussa Touré
