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Politique Publié le lundi 6 juillet 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Edito - Gbagbo, président à l’insu de notre plein gré

La Côte d’Ivoire s’apprête à se doter d’un nouveau dirigeant dans les semaines et mois à venir. Avant ‘’la bataille de Kirina’’ à l’Ivoirienne parce qu’elle aux prises trois ‘’guerriers’’ au lieu de deux comme cela a été rapporté pour Soumangourou Kanté et Soundjata Keita, c’est la veillée d’armes. Dans tous les états-majors, les armes s’affûtent afin de porter l’estocade à l’adversaire. Après quelques jours de cogitation, les principaux candidats de l’opposition réunis au sein du RHDP ont donné le top départ des empoignades verbales. Pour demeurer, devenir ou redevenir Président de la Côte d’Ivoire, personne ne fait dans la dentelle et les candidats rivalisent d’idées novatrices pour enchanter leurs partisans et grignoter quelques militants dans les bastions supposés. Si Bédié est de plus en plus en casquette, Ouattara, lui, vient de démontrer à ses partenaires et adversaires qu’il a encore du répondant, avec son tour d’honneur en footing au stade de Bouaké. Pendant ce temps, Gbagbo, lui, a pris près de deux semaines pour sillonner l’Ouest et le Nord-Ouest en alignant meetings sur meetings sans compter les nombreuses audiences accordées ici et là. Tous les candidats sont donc en forme si l’on veut s’exprimer de façon triviale. Cependant, comme le dit un adage ‘’ il ne sert à rien de courir, seule l’arrivée compte’’. Partant de ce fait et au regard des derniers développements de l’actualité ivoirienne, notamment en ce qui concerne la date et la tenue du scrutin présidentiel, il est fort probable que le nouveau président ne soit pas connu avant 2010. Ainsi et en dépit des mises en garde de Soro Guillaume qui craint une situation intenable après Novembre 2009, l’élection pourrait ne pas avoir lieu. En plus, la dernière apparition de ‘’ l’oiseau de mauvais augure’’ qui se dit de plus en plus déçu sur l’organisation des élections vient confirmer les doutes. A coup sûr, cela pose le problème de la capacité de résistance des différents candidats et par ricochet l’impact sur l’issue du scrutin. Henri Konan Bédié peut-il continuer ou encore reprendre son rythme effréné de tournées jusqu’ aux élections ? Alassane Ouattara qui a mis son rouleau compresseur en marche arrivera-t-il à le dérouler jusqu’ à une certaine date si l’on passe le 29 Novembre ? Bas- Sassandra, Régions des Lacs, Vallée du Bandama …, Ado ne veut rien lâcher et court. Mais tiendra-t-il le coup ? Car malgré les assurances des uns et des autres, ces leaders y compris Laurent Gbagbo qui sont d’un certain âge ne peuvent pas se permettre une campagne présidentielle sur une longue et indéterminable période. Les opposants ne vont-ils pas s’épuiser à cette allure ? Cet épuisement, il peut être aussi dans les thèmes de campagne qui pourront paraître désuets. Que dirait encore Henri Konan Bédié contre le FPI que ses militants n’ont pas encore entendu ? Alors qu’il avait l’avantage de cacher son jeu et avancer à pas feutrés, Ouattara vient de laisser découvrir ce qui sera la trame de ses discours de campagne, c'est-à-dire des discours ciblés selon la région visitée avec en prime, les promesses de milliards. Comment vont-ils appâter les hésitants à se rallier à eux et fuir Laurent Gbagbo, l’adversaire commun ? Bédié et Ouattara sont sans nul doute, à eux deux réunis, majoritaires dans cette course, mais le fait que chacun se présente donne des chances inouïes à Laurent Gbagbo, qui à défaut d’opérer un passage en force pour gagner au 1er tour, devra tout juste faire l’effort d’arriver au 2ème tour. Que ce soit Bédié ou plus sûrement contre Ouattara, Gbagbo pourrait alors profiter de la résurgence des vieux ressentiments entre les Houphouëtistes. Si, Gbagbo a le désavantage de l’usure du pouvoir marqué par la grande colère du peuple, les excès, les frustrations faites à tous et à chacun durant près de dix ans, l’absence de stratégie d’alternative véritable ou de nouveaux leaders charismatiques de l’opposition comme dans la société civile pourrait faire son affaire. Les Ivoiriens ne veulent peut-être plus de Laurent Gbagbo. Cependant, ils n’ont sûrement pas envie de recommencer un deal avec Henri Konan Bédié encore moins de tenter une aventure avec Alassane Ouattara, dont les promesses de milliards intriguent plus qu’elles ne convainquent. Et puis, tout ce qui se passe pour l’instant est bien financé par l’argent du contribuable. Même avec les moyens de l’Etat, Laurent Gbagbo finira bien par être épuisé. Par ailleurs, Bédié et Ouattara peuvent-ils continuer à faire le tour de la Côte d’Ivoire à parler aux Ivoiriens et à leurs partisans sans mettre la main à la poche ? L’organisation budgétivore de ces tournées devant des milliers de pauvres qui sont dans l’attente de l’arrivée des milliards deviendra contre-productive puisqu’au final, elles ne permettent pas de soulager les populations. Un million, deux millions ou même dix millions de FCFA aux groupes constitués, aux jeunes, femmes et vieux peuvent laisser des traces plus fortes que les paroles. L’heure dit-on est à la ‘’ concrétude’’. Cet aspect des choses met en exergue la vérité que la présence dans le gouvernement, ne donne pas accès à des moyens sans fin ou illimités. Ainsi donc, faute de mieux et par défaut, Gbagbo pourrait être réélu surtout que la participation du RDR et du PDCI au gouvernement, sera un handicap pour eux lors de la campagne. Car comment le PDCI et le RDR démontreront-ils qu’ils ne sont pas tout comme le FPI et les FN, comptables de la gestion de la Côte d’Ivoire, pendant ces huit dernières années ? Pourront-ils faire oublier qu’ils ont participé à une soupe populaire dans laquelle ils essaient de cracher désormais lors des meetings ? Manifestement, tout se jouera véritablement dans les dernières semaines précédant la vraie et définitive date des élections. Sans oublier à quoi va ressembler enfin la liste des électeurs. En se donnant dos pour mener chacun sa campagne, Bédié et Ouattara font le lit de Laurent Gbagbo. Avant que le RHDP ne comprenne l’avantage d’une candidature commune face à ‘’l’animal politique’’ qu’est Laurent Gbagbo, ce dernier serait peut-être rassis au Palais présidentiel. A l’insu de notre gré et par défaut.

Par Charles Kouassi
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