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Diaspora Publié le lundi 6 juillet 2009 | Le Journal De L’Economie

A la recherche du bonheur: Dans l’univers des Ivoiriens du Canada

Qui sont les Ivoiriens et Ivoiriennes qui vivent au Canada ? Que font-ils exactement ? Comment en sont ils arrivés là ? Le Journal de l’Économie invite à partager l’expérience des ces aventuriers” Ivoiriens au Canada.


Certains sont des cadres supérieurs dans nombre de sociétés canadiennes, d’autres y occupent des postes décents. Beaucoup sont étudiants, et la majorité “se cherche” encore, espérant un lendemain bien meilleur. Les Ivoiriens vivant au Canada connaissent des fortunes diverses. Et pourtant, l’espoir d’une vie hautement supérieure à leurs réalités d’antan était au menu de leurs motivations au moment où ils décidaient d’immigrer au Canada.

“Djossi” pour s’en Sortir

Les Ivoiriens du Canada y sont principalement pour des raisons économiques. pour la plupart d’entre eux, l’exil est dû à l’acuité de la vie, à la précarité de leur situation en Côte d’Ivoire et surtout à l’opportunité d’une vie meilleure qu’offre le Canada. C’est le cas de Kouassi Jérôme, 30 ans, issu d’une famille nombreuse et sans revenu suffisant pour assurer le quotidien, et qui ne comptait que sur son “maigre salaire d’enseignant” pour sa survie. Installé à Montréal depuis bientôt cinq ans, Jérôme travaille dans un centre commercial. Avec son salaire, il parvient à subvenir aux besoins de sa famille restée à Abidjan : “ Je gagne $15 de l’heure et avec ça, j’arrive à aider toute ma famille”, dit- il tout heureux de servir au “bonheur” des siens avec son boulot de caissier dans ce supermarché Montréalais où il travaille depuis trois ans bientôt.

Ils sont nombreux ceux qui comme K. Jérôme ont des responsabilités familiales, bien que loin de leur pays. Adama Coulibaly en sait quelque chose, lui qui depuis le Québec, avec son boulot de maître d’hôtel, scolarise non seulement ses petits frères mais aussi ses neveux et nièces. Lorsque je vivais au pays, ça n’allait pas dans la famille, c’est surtout ce qui à motivé ma venue ici”, dit- il pensif.
“ Maintenant grâce à moi, la famille peut dormir tranquille et manger à sa faim”, ajoute t-il ravi . Des exemples comme Jérôme et d’Adama, il y en a en plein dans la vie de la diaspora ivoirienne. Les histoires se ressemblent, comme si la vie des immigrants se résumait à fuir la misère trouver des opportunités et aider ceux qui sont restés au pays.

l’école, voie royale de réussite

La course à l’immigration n’est pas l’apanage des seuls “pauvres”...il y a aussi ceux qui sont bien nantis socialement mais qui ont quitté le pays pour l’aventure. Ils sont étudiants, universitaires à la recherche de connaissances et de diplômes. C’est le cas de Diané Serge, étudiant en Maîtrise d’Administration à l’Université de Sherbrooke au Québec. Serge dit être venu étudier au Canada car “ l’enseignement est de qualité et avec un diplôme Canadien, on ne peut pas chômer.” Les étudiants rencontrés partagent son avis. Tous répondent à l’unisson que “les universités canadiennes offrent un meilleur cadre d’études et de réussite, avec bien sûr un avenir radieux.” Toutefois, il n’est pas donné à tout le monde d’effectuer des études supérieures au Canada. le coût des études est exorbitant et n’est pas à la portée de tous. comment survivent- ils face à toutes ces dépenses? Serge, Kady et Liliane disent ne pas avoir du souci à ce sujet car “ la famille s’en occupe.” Cette aubaine n’est pas offerte à tous. Landry, Marc et Clarisse sont responsables de leurs frais de scolarité eux mêmes : « Je travaille pour assurer mes résume Landry, 22ans, étudiant en deuxième année de génie à l’Université de Montréal. Nombre d’étudiants ivoiriens allient études et travail, et c’est ainsi qu’ils arrivent à s’en sortir. Souvent, ils bénéficient des aides octroyées aux étudiants étrangers et offertes par des associations estudiantines locales. “Avec ces aides, on fait l’épicerie et certaines autres dépenses”, ajoute Kady, en deuxième année de licence en Traduction à l’Université Laval au Québec.

Étudier et ‘’Djossi’’ à la fois: sacrifice payant

Allier l’école et le travail n’est pas une chose nouvelle. Des cadres Ivoiriens qui travaillent aujourd’hui au Canada sont eux aussi passés par là. Aujourd’hui, ils savourent leur “réussite”. C’est le cas de Assoumou, ingénieur dans une entreprise Montréalaise et qui est installé au Canada depuis environ vingt ans. Marié et père de trois enfants, Assoumou est le prototype de ceux à qui l’aventure a ouvert les portes du succès. Et pourtant, “ ça n’a pas été du tout facile. Il a fallu affronter et vaincre bien de difficultés pour en arriver là”. Des difficultés, Assoumou n’est pas le seul à les avoir traversées. Mme Touré, enseignante au Cegep (Collège d’ Enseignement General et Professionnel) de Victoriaville, Québec, en parle: “ Je ne sais plus combien de tempêtes de neige j’ai eu à affronter pour aller à l’école et ensuite au travail, c’était épouvantable.” Aujourd’hui, Mme Touré possède deux propriétés au Canada, une maison en ville et un chalet en banlieue. Pour elle, comme pour ces autres Ivoiriens “aisés” au Canada, le secret de la réussite réside dans les sacrifices faits et surtout dans le fait de croire en soi. il faut aller à l’école, c’est le moindre sacrifice pour un avenir meilleur”, insiste Kassy Pierre pour qui “l’école est un investissement sûr qui assure un bien meilleur “djossi” à la fin, c’est la voie royale de réussite absolue’’, dit-il.

Le mot est ainsi lâché. Pour réussir à l’aventure faudrait –il nécessairement y étudier ?

K. Jérôme admet aussi que l’école est bien la voie la plus sûre pour vivre heureux et aider sa famille, « mais, constate-il avec amertume, il n’est pas donné à tout le monde de s’offrir un tel luxe. » Il en sait quelque chose, lui qui avait en tête de finir ses études lorsqu’il avait débarqué il y a cinq au Québec. Mais faute d’argent et de soutien, il a fini par se trouver un petit boulot, dans l’espoir d’économiser et continuer ses études. Cinq années ont passé, et K.Jerome attend toujours de réunir suffisamment d’argent pour retourner aux études. “En attendant, ajoute-il, je fais le bonheur de mes parents restés au pays en m’occupant d’eux; cela me comble de joie ”.

“…Le bonheur réside à l’étranger”

De nombreux Ivoiriens rencontrés vivent l’histoire de K. Jérôme. D’Ontario en Colombie Britannique, de Terre Neuve à Alberta en passant par la Province du Québec, les immigrants Ivoiriens rencontrent des fortunes diverses. Toutefois, ils se réjouissent tous d’être au Canada, en dépit de leurs situations bien souvent pénibles. “ Ici au moins, tu peux travailler et gagner ta vie” voila pourquoi pour eux, il n’est pas question de regretter le choix fait, encore moins de songer à rentrer au pays. “Rentrer pour quoi faire? Croupir sous la misère et le chaud soleil d’Adjouffou ?” Mian Hubert, qui vit depuis treize ans à Toronto, n’est pas près à «retourner dans la galère et la misérable vie d’Abidjan.» Quoique travaillant en tant que plongeur dans un restaurant de jour et agent de sécurité de nuit, Hubert dit ne plus penser à un éventuel retour au pays “sauf pour des vacances”. Pour lui, il y a des possibilités énormes de réussite que le Canada offre et que l’Afrique ne peut lui donner, quelque soit le boulot. “Il n’y a vraiment pas de sots métiers ici”, ajoute t-il.

Gaoussou Wattara, jeune entrepreneur basé à Vancouver va jusqu’à dire que “le bonheur réside à l’étranger.’’ Pour lui comme pour bien d’autres immigrants, il n’y a pas d’opportunité de réussite en Côte d’Ivoire, même si l’on est motivé à faire quelque chose de “ses dix doigts”. “ il a quitté son Divo natal il y a dix ans pour s’établir en Colombie Britannique où il a ouvert une`épicerie et un restaurant africains, grâce aux fonds d’assistance aux immigrants dont il a bénéficiés. Pour lui, pas question de retour au pays. Mme Touré, Assoumou et bien d’autres disent ne plus y penser non plus. « On est plus Canadien dans la tête maintenant, et avec la famille qu’on a ici, pas question de s’installer au pays», ajoute Assoumou qui reconnaît pourtant avoir caressé l’idée de rentrer un jour. Les Ivoiriens rencontrés affirment avoir trouvé au Canada ce qui suffit à leur vie.

Par ZIEBONO NAGBÉ
Correspondant permanent
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