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Société Publié le vendredi 10 juillet 2009 | Le Repère

Victimes des inondations et des éboulements de terrain : Les populations oubliées, rien que de fausses paroles

Vingt et une personnes, c'est le bilan des éboulements et inondations dus aux pluies qui s'abattent depuis le début du mois de juin sur la capitale économique ivoirienne, Abidjan. Suite à ces évènements tragiques, les autorités ivoiriennes, le ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro, celui de la Construction et de l'urbanisme, Amon Tanoh, se sont successivement rendus sur les lieux du drame. Quelques jours après, c'est le préfet d'Abidjan, Sam Etiassé, suivi d'une délégation, qui s'est rendu sur les sites. A la suite de cela, un plan dit Orsec (Organisation de secours) a été mis en place. Il a été même prévu la relocalisation des populations vivant dans les zones dites dangereuses et victimes des inondations au parc des sports. Tout ceci en réponse aux dégâts constatés lors des fortes pluies. Ces derniers jours, des rumeurs circulant font état de ce que 70 millions auraient été dégagés pour venir en aide aux sinistrés. Mais en réalité, qu'en est-il vraiment ?

Des paroles, rien que des paroles, aucune action concrète

Pour savoir véritablement ce que l'Etat a fait pour les victimes ou compte faire pour prévenir une telle catastrophe pour ne plus qu'elle se reproduise, nous nous sommes rendu au quartier Banco dans la commune d'Attécoubé ayant payé le plus lourd tribut de ces inondations. Précisément sur l'ancienne voie reliant Adjamé à Yopougon. Nous avons rencontré les victimes et des personnes ressources. D'abord, nous prenons attache avec M. Konan Julien chargé des Affaires sociales à la mairie d'Attécoubé qui accepte de nous conduire sur les lieux du sinistre. Dans ce quartier, il y a eu 14 victimes dont quatre (4) de la famille Gassambé. Le seul rescapé s'appelle Gassambé Alassane, âgé de 33 ans. Il a perdu, lors d'un éboulement, son frère jumeau, Gassambé Fousseni, ses deux enfants, Gassambé Ismaël âgé de 7 ans et Gassambé Aminata 8 ans ainsi que Maïga Moujeto âgée de plus de 75 ans. Sans s'étaler sur les promesses des autorités, il dit la gorge nouée : "Les corps de mes parents ont pu être retrouvés et nous avons pu les mettre en terre. Le reste, c'est la volonté de Dieu". Cependant, il soutient que des autorités, le jour du drame, sont venus constater le drame: "A part cela, ils ne nous ont rien dit" a-t-il déclaré. Heureusement, quelques bonnes volontés leur ont apporté leurs aides à travers des dons dont celui de la présidente de l'Ong Servir, qui a été d'un apport considérable. A côté de cela, il y a des organisations non gouvernementales qui ont fait parler leur cœur. Qu’en est-il de l'opération de déguerpissement des populations et de leur relocalisation au Parc des sports annoncé à grande pompe. Sur la question, voilà ce que nous répond Konan Julien. "En 2005, la famille Dio Kpan a perdu 5 membres, les autorités sont venues comme le 11 juin dernier. Ils ont fait la promesse de déguerpir les populations, pour leur trouver un endroit pour les relocaliser. Toutes les populations des basses collines étaient concernées. Elles ont été recensées et après, plus rien. Seul le maire Danho Paulin a fait construire une villa pour cette famille". Pour Gassambé Alassane, si le maire d'Attécoubé avait de l'espace disponible, il aurait trouvé un endroit pour ses populations sinistrées. Gueï Paul, un habitant du quartier est très remonté : "Le préfet Sam Etiassé est venu ici, sans rencontrer la chefferie. Il n'a même pas rencontré les concernés par le drame, et il est reparti". Il est soutenu par Konan Julien qui, lui, déplore cette manière de faire des autorités qui viennent sans rencontrer, ni consulter qui que se soit et repartent comme elles sont venues. C'est toujours des paroles, rien que des paroles et chaque fois des paroles. Chaque année à la même période les autorités viennent, font des promesses, font des études et plus rien. Et on attend encore d'autres victimes l'année suivante pour le même scénario sans agir véritablement, ni mener des actions concrètes. C'est triste pour nous qui n'avons pas les moyens”.


L'Etat inexistant

L'Etat ne fait rien, ça c'est désormais une réalité. On attend toujours l'aide des Ong et de bonnes volontés. L'Etat a fui son rôle de protection du peuple et n’offre plus un cadre de vie décent pour ses populations. La saison des pluies qui s'abat sur Abidjan est le témoignage patent de l'impuissance de nos autorités. Des populations sont envahies par les eaux, des glissements de terrains engloutissent des personnes, les voies et chaussées sont sous les eaux, des ponts s'effondrent…. Des visites médiatisées mais pas d'action concrète. On esperait qu'avec le plan Orsec, les choses changeraient. Hélas !

Jean Prisca
Jean prisca77@yahoo.fr
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