La Côte d’Ivoire est vraiment tombée

Le Ghana voisin, le pays de l’Osadjefo Kwame N’krumah est en fête, en pleine effervescence, depuis hier. Il ne pouvait en être autrement. La nation du président John Atta Mills a reçu la visite de Barack Obama, le nouveau président des Etats Unies d’Amérique. Les Ghanéens en sont d’autant fiers qu’après l’Egypte, c’est le premier Etat d’Afrique noire à avoir l’honneur d’accueillir le Président de la première puissance mondiale. Une joie qui n’est pas partagée totalement par les Ivoiriens, dont le pays est à quelques encablures du Ghana. Nos compatriotes auraient bien voulu vivre ces instants de bonheur avec le successeur de Georges Walker Bush. La tristesse est certainement à son comble. Il faut le reconnaître, si par le passé, notre pays, notamment sous le Président Félix Houphouët Boigny, a connu ses heures de gloire, à présent, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Avec nostalgie, on revit les moments où les grandes personnalités venaient sur nos terres, rencontrer Houphouët Boigny. De Gaule, Giscard, Mitterrand, Chirac, le Pape Jean Paul II et bien d’autres hôtes de marque. On a encore en mémoire, pour les plus âgés des Ivoiriens, la réception offerte par John Kennedy au premier président ivoirien, aux Etats-Unis. Malheureusement, tout cela n’appartient plus qu’au passé. Aujourd’hui, notre pays est à la traîne, se contentant de recevoir des invités peu glorieux, s’ils ne sont pas carrément en mal avec la démocratie. Et dire que des opposants africains sont reçus avec tous les honneurs dans les prestigieux palais européens et américains. On pourrait citer le récent voyage de l’adversaire du président Zimbabwéen, Morgan Tsvangirai en Allemagne et aux Etats-Unis, où il a été accueilli chaleureusement par Angela Merkel et Barack Obama, à présent au Ghana voisin. Pitié pour la Côte d’Ivoire qui est vraiment tombée pendant que notre voisin immédiat est solidement debout comme un baobab. A la vérité, le refus de Nicolas Sarkozy de venir en Côte d’Ivoire et surtout la «marginalisation» de la République ivoirienne par Obama, tient en une seule signification. Les pays occidentaux tiennent à la démocratie comme à la prunelle de leurs yeux. En venant au Ghana, Obama vient saluer la culture démocratique de cet état voisin du nôtre. S’il a connu des convulsions et contorsions par le passé, le Ghana est parvenu à faire sa mue et à humer les doux parfums de la démocratie et de l’alternance au pouvoir. A preuve, à la dernière présidentielle, le candidat de l’opposition a battu celui du régime sortant de John Kufuor, sans que le ciel ne tombe sur la tête des Ghanéens. Mieux, le pays continue de vivre en paix et dans la concorde, pour le bonheur et le bien-être des populations. Chez nous, ce n’est pas le cas. Depuis dix ans, la Côte d’ivoire n’a pas d’élections et la démocratie est mise continuellement à mal par le Front Populaire ivoirien. Il nous faut sans doute opérer la rupture qualitative si nous voulons bénéficier de l’honneur qu’Obama vient de faire au Ghana. Pour l’instant, avouons que nous avons des pincements au cœur. Ivoiriens, «yako. Yako lé lé lé»!

Bakary Nimaga