La reprise du lancement de l'opération phytosanitaire a été bien accueillie par l'ensemble des producteurs. Le traitement des vergers va accroître la productivité et, subséquemment, améliorer la rémunération des paysans. Les expériences précédentes n'ont pas donné les résultats escomptés. Cette fois sera-t-elle la bonne? L'administrateur provisoire du Fonds de développement et de promotion des activités des producteurs de café-cacao (Fdpcc) répond à nos interrogations.
Notre Voie: Monsieur l'Administrateur provisoire du Fdpcc, pourquoi tout ce grand bruit pour un simple lancement d'opération phytosanitaire ?
Patrice Domoraud: A la vérité, nous ne savons pas si nous avons fait beaucoup de bruits. Nous avons juste voulu mobiliser l'ensemble des producteurs de café-cacao et toutes les structures partenaires dans ce que nous faisons pour aller en guerre sans faille contre les insectes et autres maladies qui, ces dernières années, ont considérablement gêné la production. La prise de conscience par tous de cet impératif majeur méritait ce que vous considérez comme du bruit, et qui, pour nous, doit être le catalyseur de notre politique en la matière.
N.V.: Ce n'est tout de même pas un programme nouveau pour ce que nous savons. C'est quelque chose qui se fait depuis 2002.
P.D.: Vous avez parfaitement raison de dire que l'opération de traitement phytosanitaire des vergers de cacaoyers se fait depuis la campagne 2001-2002. De cette période à aujourd'hui, deux modes opératoires ont été expérimentés. Dans le premier cas, des produits étaient distribués aux coopératives, et il leur revenait de traiter elles-mêmes leurs plantations. Dans le second cas, des structures spécialisées avaient été sollicitées pour faire le travail à la place du producteur. Ces deux approches ont connu des succès, mais aussi des limites. Vous qui êtes des journalistes qui vous intéressez aux problèmes agricoles, vous savez qu'on a souvent parlé de fuites et de ventes parallèles de ces produits. Les sociétés contactées pour le traitement des champs ont même quelquefois été dénoncées pour non-respect des cahiers des charges, quand on ne parle pas de marginalisation des producteurs individuels. C'est donc tirant les leçons de tout ça que le Comité de gestion de la filière café-cacao (Cgfcc) a redéfini une nouvelle approche. Pour bien répondre aux aspirations des producteurs, nous avons décidé de mieux impliquer les différents partenaires qui interviennent dans l'opération. Je vous cite pêle-mêle, l'Anader, le Comité départemental de suivi et de commercialisation du café et du cacao, l'Ace- ci pour une bonne supervision dans la distribution et l'utilisation des produits, Hydrochem Afrique et j'en passe. Nous avons surtout mis le producteur lui-même au centre de toutes les décisions afin de mieux maîtriser les déperditions constatées naguère et d'atteindre dans le temps les objectifs fixés.
N.V.: Dans le passé, on a estimé à travers les méthodes opératoires utilisées qu'on était dans la meilleure voie. Mais au finish on a été plein de regrets. Qu'est-ce qui vous fait croire que cette fois est la bonne ?
P.D.: On n'a jamais rien réussi totalement dans la vie. Toute oeuvre humaine est perfectible. Ce qui a été fait par nos prédécesseurs n'était pas forcément mauvais au départ. Ces approches nous ont servi de base de réflexion à partir de laquelle nous avons imaginé des correctifs ensemble avec les producteurs. Il s'agit de faire en sorte que le programme du traitement phytosanitaire connaisse le plus grand succès possible au niveau à la fois des coopératives et des producteurs individuels.
N.V.: Vous avez parlé d'insectes puis de maladie. Comment se présentera concrètement l'opération cette année ?
P.D.: Disons que pour la présente campagne, il a été envisagé de traiter 500.000 hectares contre les insectes qui, traditionnellement, sont à la base de 30 à 40% de pertes de la production rationnelle de cacao. Nous prévoyons aussi de traiter 312.500 hectares contre la maladie qu'on appelle la pourriture brune. Nous veillerons à ce que l'opération soit correctement menée et ce, grâce à l'appui technique de l'Anader et à la supervision des comités départementaux de suivi.
N.V.: Mais le problème de la cacaoculture ivoirienne n'est pas seulement une simple question de traitement phytosanitaire.
P.D.: Tout à fait. Je suis à mesure de vous dire que le Cgfcc est conscient de l'ampleur des problèmes dans la filière et veut se donner les moyens de bien les résoudre. Mais je me bornerai à parler uniquement de ce qui concerne le Fdpcc. Nous savons, par exemple, grâce à une étude du Cnra, que 19% du verger sont vieux de plus de 30 ans; 46% de plus de 20 ans, et 78% de plus de 15 ans. Cette situation est une menace pour l'avenir de la cacaoculture ivoirienne. Nous avons pour mission d'aider à la restauration de ce verger. C'est un vaste programme qui comporte plusieurs volets. Je peux vous citer, par exemple, la réhabilitation des vieilles et improductives cacaoyères, la formation des coopératives de producteurs et les producteurs individuels, la réhabilitation et l'entretien des pistes café-cacao pour l'évacuation aisée du produit.
Il y a aussi l'amélioration des jachères par des légumineuses et la mise en place de nouvelles plantations sur des jachères avec du matériel végétal amélioré. Ce programme de renouvellement des vergers à travers des techniques de régénération fait donc partie des priorités du président Anoh Gilbert (ndlr, président du Cgfcc) et son équipe.
N.V.: Il paraît aussi que la qualité du cacao ivoirien laisse à désirer.
P.D.: C'est un peu vrai, mais c'est aussi l'une des préoccupations du Cgfcc. En fait, l'amélioration de la productivité dont nous venons de parler est couplée avec l'amélioration de la qualité. Il est de notoriété publique que la qualité du produit commence depuis le champ par le choix du sol, du matériel végétal et par le respect des itinéraires techniques. Nous disposons d'études qui vont nous guider à mieux intégrer toutes les opérations post-récoltes dans la vie professionnelle du producteur. La Côte d'Ivoire ne devra plus être le premier producteur mondial en terme de quantité simplement, mais surtout elle doit aussi plastronner au niveau de la qualité de sa production.
Propos recueillis par J-S Lia
Notre Voie: Monsieur l'Administrateur provisoire du Fdpcc, pourquoi tout ce grand bruit pour un simple lancement d'opération phytosanitaire ?
Patrice Domoraud: A la vérité, nous ne savons pas si nous avons fait beaucoup de bruits. Nous avons juste voulu mobiliser l'ensemble des producteurs de café-cacao et toutes les structures partenaires dans ce que nous faisons pour aller en guerre sans faille contre les insectes et autres maladies qui, ces dernières années, ont considérablement gêné la production. La prise de conscience par tous de cet impératif majeur méritait ce que vous considérez comme du bruit, et qui, pour nous, doit être le catalyseur de notre politique en la matière.
N.V.: Ce n'est tout de même pas un programme nouveau pour ce que nous savons. C'est quelque chose qui se fait depuis 2002.
P.D.: Vous avez parfaitement raison de dire que l'opération de traitement phytosanitaire des vergers de cacaoyers se fait depuis la campagne 2001-2002. De cette période à aujourd'hui, deux modes opératoires ont été expérimentés. Dans le premier cas, des produits étaient distribués aux coopératives, et il leur revenait de traiter elles-mêmes leurs plantations. Dans le second cas, des structures spécialisées avaient été sollicitées pour faire le travail à la place du producteur. Ces deux approches ont connu des succès, mais aussi des limites. Vous qui êtes des journalistes qui vous intéressez aux problèmes agricoles, vous savez qu'on a souvent parlé de fuites et de ventes parallèles de ces produits. Les sociétés contactées pour le traitement des champs ont même quelquefois été dénoncées pour non-respect des cahiers des charges, quand on ne parle pas de marginalisation des producteurs individuels. C'est donc tirant les leçons de tout ça que le Comité de gestion de la filière café-cacao (Cgfcc) a redéfini une nouvelle approche. Pour bien répondre aux aspirations des producteurs, nous avons décidé de mieux impliquer les différents partenaires qui interviennent dans l'opération. Je vous cite pêle-mêle, l'Anader, le Comité départemental de suivi et de commercialisation du café et du cacao, l'Ace- ci pour une bonne supervision dans la distribution et l'utilisation des produits, Hydrochem Afrique et j'en passe. Nous avons surtout mis le producteur lui-même au centre de toutes les décisions afin de mieux maîtriser les déperditions constatées naguère et d'atteindre dans le temps les objectifs fixés.
N.V.: Dans le passé, on a estimé à travers les méthodes opératoires utilisées qu'on était dans la meilleure voie. Mais au finish on a été plein de regrets. Qu'est-ce qui vous fait croire que cette fois est la bonne ?
P.D.: On n'a jamais rien réussi totalement dans la vie. Toute oeuvre humaine est perfectible. Ce qui a été fait par nos prédécesseurs n'était pas forcément mauvais au départ. Ces approches nous ont servi de base de réflexion à partir de laquelle nous avons imaginé des correctifs ensemble avec les producteurs. Il s'agit de faire en sorte que le programme du traitement phytosanitaire connaisse le plus grand succès possible au niveau à la fois des coopératives et des producteurs individuels.
N.V.: Vous avez parlé d'insectes puis de maladie. Comment se présentera concrètement l'opération cette année ?
P.D.: Disons que pour la présente campagne, il a été envisagé de traiter 500.000 hectares contre les insectes qui, traditionnellement, sont à la base de 30 à 40% de pertes de la production rationnelle de cacao. Nous prévoyons aussi de traiter 312.500 hectares contre la maladie qu'on appelle la pourriture brune. Nous veillerons à ce que l'opération soit correctement menée et ce, grâce à l'appui technique de l'Anader et à la supervision des comités départementaux de suivi.
N.V.: Mais le problème de la cacaoculture ivoirienne n'est pas seulement une simple question de traitement phytosanitaire.
P.D.: Tout à fait. Je suis à mesure de vous dire que le Cgfcc est conscient de l'ampleur des problèmes dans la filière et veut se donner les moyens de bien les résoudre. Mais je me bornerai à parler uniquement de ce qui concerne le Fdpcc. Nous savons, par exemple, grâce à une étude du Cnra, que 19% du verger sont vieux de plus de 30 ans; 46% de plus de 20 ans, et 78% de plus de 15 ans. Cette situation est une menace pour l'avenir de la cacaoculture ivoirienne. Nous avons pour mission d'aider à la restauration de ce verger. C'est un vaste programme qui comporte plusieurs volets. Je peux vous citer, par exemple, la réhabilitation des vieilles et improductives cacaoyères, la formation des coopératives de producteurs et les producteurs individuels, la réhabilitation et l'entretien des pistes café-cacao pour l'évacuation aisée du produit.
Il y a aussi l'amélioration des jachères par des légumineuses et la mise en place de nouvelles plantations sur des jachères avec du matériel végétal amélioré. Ce programme de renouvellement des vergers à travers des techniques de régénération fait donc partie des priorités du président Anoh Gilbert (ndlr, président du Cgfcc) et son équipe.
N.V.: Il paraît aussi que la qualité du cacao ivoirien laisse à désirer.
P.D.: C'est un peu vrai, mais c'est aussi l'une des préoccupations du Cgfcc. En fait, l'amélioration de la productivité dont nous venons de parler est couplée avec l'amélioration de la qualité. Il est de notoriété publique que la qualité du produit commence depuis le champ par le choix du sol, du matériel végétal et par le respect des itinéraires techniques. Nous disposons d'études qui vont nous guider à mieux intégrer toutes les opérations post-récoltes dans la vie professionnelle du producteur. La Côte d'Ivoire ne devra plus être le premier producteur mondial en terme de quantité simplement, mais surtout elle doit aussi plastronner au niveau de la qualité de sa production.
Propos recueillis par J-S Lia