Le Professeur Achy Ossey Bertin, est agrégé de Biophysique et médecin nucléaire en poste au CHU de Cocody. Il parle de la médecine nucléaire en Côte d’Ivoire, de ses applications et des ambitions de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour la Côte d’Ivoire.
Notre Voie : Professeur, pouvez-vous définir la médecine nucléaire ?
Achy Ossey Bertin : La médecine nucléaire par son volet diagnostic, cherche et trouve certaines maladies par les images scintigraphiques et permet de doser certaines substances hormonales et marqueurs tumoraux dans le sang, révélatrices de certaines maladies graves en évolution et ce, grâce au rayon gamma. Le rayon gamma est identique en tout point de vue au rayon X utilisé en radiologie conventionnelle et sa variante scanner X. La seule différence se situe au niveau de l’origine de ces deux rayonnements électromagnétiques au niveau des atomes des réactifs que nous utilisons pour faire ces deux types d’imagerie médicale. Les RX radiologiques proviennent du cortège électronique des atomes alors que les rayons gamma utilisés en médecine nucléaire sont émis par les noyaux atomiques des réactifs que nous utilisons et ce, par transformation autrement appelée désintégration nucléaire. L’origine nucléaire du rayon gamma a conféré le nom de médecine nucléaire à cette discipline de la méd ecine. Il existe aussi un volet thérapeutique pour soigner certains cancers que nous n’appliquons pas encore en Côte d’Ivoire, faute de moyen adéquat.
N.V. :Comment expliquez-vous la méconnaissance de cette science et de votre service par le grand public ?
A.O.B. : Malheureusement, la publicité n’a pas été bien faite autour du service de biophysique et médecine nucléaire. C’est pour cela que je m’emploie maintenant à le faire connaître. Je n’ai pas pu le mettre dans le CHU de Cocody, faute de place. Il a été logé dans le laboratoire de biophysique de l’UFR des sciences médicales (ex faculté de médecine), collé au CHU de Cocody. Ce qui fait que bien peu de gens connaissent l’existence de ce service de médecine nucléaire…
N.V. : Vos confrères médecins vous réfèrent-ils des malades ?
A.O.B. : Ils sont très peu les médecins qui me réfèrent leurs patients alors qu’il y a beaucoup de pathologies médicales et chirurgicales dont le diagnostic et le traitement relèvent de la médecine nucléaire.
N.V. : Professeur, comment a été créé le service de médecine nucléaire et à quel stade se trouve cette médecine en Côte d’Ivoire?
A.O.B. : Ce qui existe maintenant en médecine nucléaire en Côte d’Ivoire, c’est un petit service de médecine nucléaire pour la scintigraphie et les dosages radio immunologiques d’hormones et marqueurs tumoraux que les Nations unies par leur sous organisme, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), ont créé à la simple demande que nous avons adressée au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à Abidjan. En effet, en 1990, nous nous sommes rendus au PNUD où nous avons formulé une demande qui a été agréée, et c’est à partir de là que, progressivement, ce petit service de médecine nucléaire logé à l’Unité de formation et de recherche des sciences médicales (ex faculté de médecine) a vu le jour dans le laboratoire de biophysique. On a dû réaménager quelques bureaux pour installer ce matériel de pointe de scintigraphie et de dosages radioimmunologiques ultra-sensibles. Le montant total de cet équipement qui nous a été donné à titre gracieux par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), pour le compte de la Côte d’Ivoire, a été évalué à 350 millions de Fcfa. Ma formation de médecin nucléaire en France (Paris, Clermont Ferrand et Tours) qui a duré 6 ans, a été entièrement prise en charge par l’AIEA pour un coût total de 115 millions Fcfa répartis en bourse de stage et paiement des structures hospitalo-universitaires où je faisais mon stage et mes études post-universitaires. Qu’il me soit permis ici et maintenant, pour l’opportunité que me donne votre journal, de saluer avec déférence et témoigner ma respectueuse gratitude au conseil des gouverneurs de l’AIEA de Vienne (Autriche) ainsi qu’à tous mes maîtres des universités et C.H.U de France (Paris, Clermont Ferrand et Tours) qui m’ont distillé un peu de leur savoir et savoir- faire en médecine nucléaire.
N.V. : Peut-on avoir une idée précise de l’apport de cette nouvelle discipline médicale?
A.O.B. : Du point de vue du coût, une scintigraphie, à Abidjan, vaut cinquante mille francs CFA (50.000FCFA). En Europe, elle vaut 500. 000 FCFA sinon 1,5 million TTC pour quelques patients qui ont les moyens financiers pour aller faire cet examen en Europe (billet d’avion, coût de l’examen, pré-consultation, frais d’hôtel, transport urbain, restauration, etc.).
Les autres méthodes d’imagerie ont leurs performances et leurs indications, mais ne peuvent, dans certains domaines, apporter la satisfaction diagnostic voulue. Seule la médecine nucléaire permet ce bond qualitatif en imagerie médicale. A cela il faut ajouter la particularité du traitement des cancers des os où qu’ils se trouvent sur le squelette, le cancer différencié de la thyroïde sans compter les multiples dosages ultrasensibles d’hormones et de marqueurs tumoraux révélateurs de redoutables maladies en évolution. D’où l’importance de la création de ce service central de médecine nucléaire en Côte d’Ivoire pour utiliser le terme consacré par le donateur qu’est l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) basée à Vienne en Autriche.
N.V. : Selon des informations en notre possession, l’AIEA veut faire de votre service, le centre de référence de la médecine nucléaire de l’Afrique de l’Ouest. Vous confirmez ?
A.O.B. : Votre information est juste. Les autorités de AIEA m’ont, en effet, adressé en décembre 2008, un courrier dans lequel elles veulent faire de la Côte d’Ivoire, le centre de référence de cette discipline médicale en Afrique de l’Ouest. Elles m’ont d’ailleurs nommé coordonnateur de ce vaste projet scientifique d’intérêt médical qui va couvrir la période de janvier 2009 à janvier 2012. Un expert dépêché par l’AIEA nous a rendu visite du 03 au 05 décembre dernier. Au cours d’une séance de travail, l’expert nous a fait savoir que les autorités de l’AIEA ont voté un budget important de plusieurs centaines de millions de francs CFA pour l’équipement d’un service moderne de médecine nucléaire à Abidjan et pour la formation du personnel supplémentaire qui va y exercer. La contre partie ivoirienne est la construction des locaux qui doivent abriter ce matériel médical de pointe. Il s’agit de salles d’examens, de soins, des bureaux et des salles spécialisées propres à la médecine nucléaire pour le diagnostic aisé et le traitement efficace de plusieurs maladies humaines dont certains cancers. J’en appelle et je supplie les autorités ministérielles et présidentielles pour qu’elles lancent la procédure d’urgence pour que les locaux qui doivent abriter ce matériel de pointe de médecine nucléaire soit construits dans un délai raisonnable. Le projet de médecine nucléaire a démarré depuis le 1er janvier 2009 et les autorités de l’AIEA m’ont donné l’assurance de me faire parvenir le matériel de diagnostic et de soins de médecine nucléaire pour le compte de la Côte d’Ivoire dès que les locaux qui doivent les abriter seront prêts. Les locaux de quelques millions de nos francs constituent la contribution de notre pays pour que nous ayons gratuitement plusieurs centaines de millions de francs d’équipement de haute technologie pour créer un service de médecine nucléaire précieux pour la médecine moderne dans la prise en charge de patients souffrant de multiples affections dont certains cancers.
N.V. : Quand on parle de médecine nucléaire, on voit aussi le péril nucléaire. Pouvez-vous rassurez les populations sur les risques encourus ?
A.O.B. : Je rassure la communauté médicale et l’ensemble de la population. Il n’y a aucun risque, ni par rapport aux doses, ni par rapport au risque de prolifération dans les conditions d’exercice actuelles de la médecine nucléaire si ce n’est qu’une scintigraphie ne doit pas être pratiquée chez une femme enceinte au cours du premier trimestre et par extension, comme à la radiologie, avant le sixième mois de grossesse, et nous y veillons. L’énergie du rayon gamma que nous utilisons en médecine nucléaire est faible. Elle est comparable à celle des Rayons X utilisés pour le diagnostic en médecine. Une autre preuve de l’innocuité de la médecine nucléaire vient du fait que c’est aux Etats-Unies d’Amérique où la pharmacovigilance est la plus pointue et la plus pointilleuse que la médecine nucléaire est la plus développée au monde. D’ailleurs, c’est un ingénieur biomédical américain nommé Anger Ho qui a mis au point en 1952, pour la première fois, la gamma caméra, appareil qui sert à faire l’imagerie nucléaire qu’est la scintigraphie.
Intreview réalisée par Coulibaly Zié Oumar
Notre Voie : Professeur, pouvez-vous définir la médecine nucléaire ?
Achy Ossey Bertin : La médecine nucléaire par son volet diagnostic, cherche et trouve certaines maladies par les images scintigraphiques et permet de doser certaines substances hormonales et marqueurs tumoraux dans le sang, révélatrices de certaines maladies graves en évolution et ce, grâce au rayon gamma. Le rayon gamma est identique en tout point de vue au rayon X utilisé en radiologie conventionnelle et sa variante scanner X. La seule différence se situe au niveau de l’origine de ces deux rayonnements électromagnétiques au niveau des atomes des réactifs que nous utilisons pour faire ces deux types d’imagerie médicale. Les RX radiologiques proviennent du cortège électronique des atomes alors que les rayons gamma utilisés en médecine nucléaire sont émis par les noyaux atomiques des réactifs que nous utilisons et ce, par transformation autrement appelée désintégration nucléaire. L’origine nucléaire du rayon gamma a conféré le nom de médecine nucléaire à cette discipline de la méd ecine. Il existe aussi un volet thérapeutique pour soigner certains cancers que nous n’appliquons pas encore en Côte d’Ivoire, faute de moyen adéquat.
N.V. :Comment expliquez-vous la méconnaissance de cette science et de votre service par le grand public ?
A.O.B. : Malheureusement, la publicité n’a pas été bien faite autour du service de biophysique et médecine nucléaire. C’est pour cela que je m’emploie maintenant à le faire connaître. Je n’ai pas pu le mettre dans le CHU de Cocody, faute de place. Il a été logé dans le laboratoire de biophysique de l’UFR des sciences médicales (ex faculté de médecine), collé au CHU de Cocody. Ce qui fait que bien peu de gens connaissent l’existence de ce service de médecine nucléaire…
N.V. : Vos confrères médecins vous réfèrent-ils des malades ?
A.O.B. : Ils sont très peu les médecins qui me réfèrent leurs patients alors qu’il y a beaucoup de pathologies médicales et chirurgicales dont le diagnostic et le traitement relèvent de la médecine nucléaire.
N.V. : Professeur, comment a été créé le service de médecine nucléaire et à quel stade se trouve cette médecine en Côte d’Ivoire?
A.O.B. : Ce qui existe maintenant en médecine nucléaire en Côte d’Ivoire, c’est un petit service de médecine nucléaire pour la scintigraphie et les dosages radio immunologiques d’hormones et marqueurs tumoraux que les Nations unies par leur sous organisme, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), ont créé à la simple demande que nous avons adressée au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à Abidjan. En effet, en 1990, nous nous sommes rendus au PNUD où nous avons formulé une demande qui a été agréée, et c’est à partir de là que, progressivement, ce petit service de médecine nucléaire logé à l’Unité de formation et de recherche des sciences médicales (ex faculté de médecine) a vu le jour dans le laboratoire de biophysique. On a dû réaménager quelques bureaux pour installer ce matériel de pointe de scintigraphie et de dosages radioimmunologiques ultra-sensibles. Le montant total de cet équipement qui nous a été donné à titre gracieux par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), pour le compte de la Côte d’Ivoire, a été évalué à 350 millions de Fcfa. Ma formation de médecin nucléaire en France (Paris, Clermont Ferrand et Tours) qui a duré 6 ans, a été entièrement prise en charge par l’AIEA pour un coût total de 115 millions Fcfa répartis en bourse de stage et paiement des structures hospitalo-universitaires où je faisais mon stage et mes études post-universitaires. Qu’il me soit permis ici et maintenant, pour l’opportunité que me donne votre journal, de saluer avec déférence et témoigner ma respectueuse gratitude au conseil des gouverneurs de l’AIEA de Vienne (Autriche) ainsi qu’à tous mes maîtres des universités et C.H.U de France (Paris, Clermont Ferrand et Tours) qui m’ont distillé un peu de leur savoir et savoir- faire en médecine nucléaire.
N.V. : Peut-on avoir une idée précise de l’apport de cette nouvelle discipline médicale?
A.O.B. : Du point de vue du coût, une scintigraphie, à Abidjan, vaut cinquante mille francs CFA (50.000FCFA). En Europe, elle vaut 500. 000 FCFA sinon 1,5 million TTC pour quelques patients qui ont les moyens financiers pour aller faire cet examen en Europe (billet d’avion, coût de l’examen, pré-consultation, frais d’hôtel, transport urbain, restauration, etc.).
Les autres méthodes d’imagerie ont leurs performances et leurs indications, mais ne peuvent, dans certains domaines, apporter la satisfaction diagnostic voulue. Seule la médecine nucléaire permet ce bond qualitatif en imagerie médicale. A cela il faut ajouter la particularité du traitement des cancers des os où qu’ils se trouvent sur le squelette, le cancer différencié de la thyroïde sans compter les multiples dosages ultrasensibles d’hormones et de marqueurs tumoraux révélateurs de redoutables maladies en évolution. D’où l’importance de la création de ce service central de médecine nucléaire en Côte d’Ivoire pour utiliser le terme consacré par le donateur qu’est l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) basée à Vienne en Autriche.
N.V. : Selon des informations en notre possession, l’AIEA veut faire de votre service, le centre de référence de la médecine nucléaire de l’Afrique de l’Ouest. Vous confirmez ?
A.O.B. : Votre information est juste. Les autorités de AIEA m’ont, en effet, adressé en décembre 2008, un courrier dans lequel elles veulent faire de la Côte d’Ivoire, le centre de référence de cette discipline médicale en Afrique de l’Ouest. Elles m’ont d’ailleurs nommé coordonnateur de ce vaste projet scientifique d’intérêt médical qui va couvrir la période de janvier 2009 à janvier 2012. Un expert dépêché par l’AIEA nous a rendu visite du 03 au 05 décembre dernier. Au cours d’une séance de travail, l’expert nous a fait savoir que les autorités de l’AIEA ont voté un budget important de plusieurs centaines de millions de francs CFA pour l’équipement d’un service moderne de médecine nucléaire à Abidjan et pour la formation du personnel supplémentaire qui va y exercer. La contre partie ivoirienne est la construction des locaux qui doivent abriter ce matériel médical de pointe. Il s’agit de salles d’examens, de soins, des bureaux et des salles spécialisées propres à la médecine nucléaire pour le diagnostic aisé et le traitement efficace de plusieurs maladies humaines dont certains cancers. J’en appelle et je supplie les autorités ministérielles et présidentielles pour qu’elles lancent la procédure d’urgence pour que les locaux qui doivent abriter ce matériel de pointe de médecine nucléaire soit construits dans un délai raisonnable. Le projet de médecine nucléaire a démarré depuis le 1er janvier 2009 et les autorités de l’AIEA m’ont donné l’assurance de me faire parvenir le matériel de diagnostic et de soins de médecine nucléaire pour le compte de la Côte d’Ivoire dès que les locaux qui doivent les abriter seront prêts. Les locaux de quelques millions de nos francs constituent la contribution de notre pays pour que nous ayons gratuitement plusieurs centaines de millions de francs d’équipement de haute technologie pour créer un service de médecine nucléaire précieux pour la médecine moderne dans la prise en charge de patients souffrant de multiples affections dont certains cancers.
N.V. : Quand on parle de médecine nucléaire, on voit aussi le péril nucléaire. Pouvez-vous rassurez les populations sur les risques encourus ?
A.O.B. : Je rassure la communauté médicale et l’ensemble de la population. Il n’y a aucun risque, ni par rapport aux doses, ni par rapport au risque de prolifération dans les conditions d’exercice actuelles de la médecine nucléaire si ce n’est qu’une scintigraphie ne doit pas être pratiquée chez une femme enceinte au cours du premier trimestre et par extension, comme à la radiologie, avant le sixième mois de grossesse, et nous y veillons. L’énergie du rayon gamma que nous utilisons en médecine nucléaire est faible. Elle est comparable à celle des Rayons X utilisés pour le diagnostic en médecine. Une autre preuve de l’innocuité de la médecine nucléaire vient du fait que c’est aux Etats-Unies d’Amérique où la pharmacovigilance est la plus pointue et la plus pointilleuse que la médecine nucléaire est la plus développée au monde. D’ailleurs, c’est un ingénieur biomédical américain nommé Anger Ho qui a mis au point en 1952, pour la première fois, la gamma caméra, appareil qui sert à faire l’imagerie nucléaire qu’est la scintigraphie.
Intreview réalisée par Coulibaly Zié Oumar