Un vrai casse-tête. Malgré les mises en garde et les actions sur le terrain, les Forces de défense et de sécurité, tout comme les Forces armées des forces nouvelles (Fafn) s’adonnent à leur jeu favori : le racket tous azimuts. Pour protester contre cette pratique, les chauffeurs de Côte d’Ivoire ont décidé depuis hier de prendre leur destin en mains en entamant une grève illimitée contre l’Etat de Côte d’Ivoire qui chapeaute ces différentes forces armées. Ainsi, depuis ce lundi 27 juillet, tous les camions gros porteurs et poids lourds sont immobilisés au parking du port d`Abidjan, dans les corridors de Tiébissou, Yamoussoukro, Bouaké, Ferkéssedougou, Ouangolodougou, Man et Pogo. Même son de cloche à toutes les frontières jouxtant les villes susmentionnées. Selon le Syndicat national des chauffeurs de transport terrestre de Côte d’Ivoire (Synacttci) les frontières ivoiro-ghanéenne, burkinabé, malienne, guinéenne, libérienne ont enregistré depuis 6 h du matin l’immobilisation des gros camions. En zone Cno (Centre, nord et ouest), les camionneurs, qui ont préféré observer ce qui se passe dans les autres localités, pourraient également entrer dans la danse. M. Sory Ibrahima Haïdara, 2ème secrétaire du Synacttci, a expliqué que les chauffeurs déboursent 100 000 Fcfa pour obtenir le macaron de l’Oic (Office ivoirien des chargeurs) afin de pouvoir rallier sans encombre le sud au nord. Mais à Bouaké, les Fafn leur demandent de payer encore d’autres taxes avant de traverser la zone. Celles-ci sont estimées à 350 000 Fcfa. « Si le Port d’Abidjan met tout en œuvre pour que les routiers de l’extérieur reviennent en Côte d’Ivoire, il importe d’alléger la tâche de ceux qui partent d’Abidjan. Nous sommes obligés de garer nos camions. Nous avons interpellé à plusieurs reprises les autorités de ce pays, mais rien n’y fit. Si les tracasseries continuent, nous irons ailleurs. Surtout au Ghana qui, n’est pas très éloigné et où il n’y a pas de tracasseries», a prévenu le Synacttci. L’on annonce l’entrée en scène des chauffeurs de cars, minicars (gbaka, taxis compteurs, taxis communaux, bennes). Ceux-ci pourraient également se joindre à cette grève dès ce matin. Faut-il le rappeler, à l’occasion de la première réunion élargie des conducteurs routiers de l’Afrique de l’ouest (Cscrao), les 15 et 16 mai 2009 à Sikasso, au Mali, la Côte d’Ivoire et le Bénin avaient été interpellés sur ‘‘les pratiques anormales lors du trafic routier inter-Etats’’. A cet effet, il avait été surtout recommandé à l’endroit de la Côte d’Ivoire, ‘‘la levée des barrages non autorisés jusqu’à destination ; la cessation de toutes formes de rackets et de pratiques anormales sur les routes dans les zones Cno de Côte d’Ivoire’’.
Jean Eric ADINGRA
Jean Eric ADINGRA