Les travaux de remise en état des sites de coordination ne sont pas entièrement achevés comme tente de le faire croire l'organisateur des élections.
La Commission électorale indépendante (Cei) est à la manœuvre. A l'issue d'une réunion technique convoquée samedi par le Premier ministre, et à laquelle ont participé toutes les structures techniques et institutions impliquées dans le processus électoral, elle a diffusé un communiqué rassurant le 2 août. L'institution présidée par Robert Beugré Mambé y affirme que le traitement des données s'étend « progressivement » à l'ensemble des centres de coordination. Elle précise que les travaux de remise en état desdits centres sont entièrement achevés. Dans les colonnes de Fraternité Matin (édition du lundi 3 août), son porte-parole, Bamba Yacouba, insiste : « Nous avons fini les travaux, Sagem doit donc être en mesure de travailler. » Il informe surtout l'opinion de ce que la Cei, qui a bouclé sa part de travail, attend désormais que les structures techniques lui livrent tranquillement, au plus tard le 24 août, la liste électorale provisoire.
La Cei a-t-elle réellement accompli sa part de travail ?
La réponse est non ! Contrairement à ce qu'avance l'institution chargée des élections, tous les sites de coordination ne sont pas encore fonctionnels pour le traitement des données recueillies lors de l'opération d'identification et d'enrôlement électoral. Jusqu'à hier, seulement 35 centres étaient utilisables sur un total de 70, y compris le site central. Tous les autres présentent des problèmes informatiques ou d'alimentation en électricité. Ce qui empêche leur ouverture ou une utilisation par à-coups.
Pour comprendre ces difficultés techniques, il convient de rappeler que les centres abritent du matériel informatique de pointe. Les opérateurs y numérisent les données et les transmettent par satellite au site central. Ces équipements doivent être sécurisés par une alimentation idoine en électricité. Pourtant, alors que la Cei soutient que tous les centres sont opérationnels, certains attendent toujours un simple disjoncteur pour le compteur électrique. Dans d'autres centres, les prises du réseau électrique n'existent pas. Parfois, la climatisation est hors-service. Une dizaine de centres attendent que la Cei écrive simplement à la Cie (Compagnie ivoirienne d'électricité) pour adapter le compteur à la demande de tension.
Par ailleurs, malgré l'aide de l'Onuci (Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire), la Cei n'a pu installer et équiper que 11 centres en groupe électrogène. Selon une source bien informée, Sagem Sécurité a été sollicité pour équiper d'autres centres. L'opérateur français a ainsi fourni 39 groupes électrogènes à autant de centres. Tous ces faits incitent finalement à conclure que l'institution dirigée par Mambé Beugré ne donne pas la bonne information aux Ivoiriens. Pourquoi une telle agitation qui ressemble fort à une fuite de responsabilités. Faut-il le rappeler, selon l'Accord politique de Ouagadougou (Apo), l'Institut national de la statistique (INS) et Sagem Sécurité élaborent la liste électorale « sous la responsabilité de la Cei. » Tout comme il revenait à l'organisateur des élections de procéder au « recensement électoral, avec collecte des données biométriques. » Mieux, cette structure a tout fait pour mettre la main sur le projet d'équipement des centres de coordination. Selon la convention qui le lie à l'opérateur français, l'Etat devait mettre à la disposition de celui-ci les infrastructures nécessaires à la bonne conduite de sa mission.
C'est ainsi que dès la fin 2008, la Primature a entrepris de lancer un appel d'offres pour les centres de coordination. Les fonds ont même été mis en place pour le paiement des factures. Près de 600 millions, selon nos sources. La Cei saisit alors la Primature par courrier pour exiger que le dossier lui soit transmis, car relevant de sa compétence. Sur instructions du Premier ministre, le projet est transféré à Mambé avec son budget. Selon une source très bien informée, la Primature a découvert que la Cei avait déjà passé beaucoup de marchés de gré à gré avec des entreprises peu outillées. Ce qui explique l'empressement de Guillaume Soro à se débarrasser d'une vraie bombe à retardement. Mais, il sera obligé de s'y impliquer. Car, jusqu'au début du mois de juin, les centres de coordinations n'étaient pas toujours aux normes requises. C'est sous la pression du Premier ministre, que le nombre de centres prêts sera porté à la trentaine en un mois.
Pire, bien qu'interpellée pendant des mois sur les difficultés liées à l'alimentation en électricité, la Cei n'a quasiment rien fait. En désespoir de cause, Sagem a dû diligenter un audit de cet aspect qui a révélé la mauvaise qualité du travail réalisé par plusieurs entreprises choisies selon des critères peu transparents.
Kesy B. Jacob
La Commission électorale indépendante (Cei) est à la manœuvre. A l'issue d'une réunion technique convoquée samedi par le Premier ministre, et à laquelle ont participé toutes les structures techniques et institutions impliquées dans le processus électoral, elle a diffusé un communiqué rassurant le 2 août. L'institution présidée par Robert Beugré Mambé y affirme que le traitement des données s'étend « progressivement » à l'ensemble des centres de coordination. Elle précise que les travaux de remise en état desdits centres sont entièrement achevés. Dans les colonnes de Fraternité Matin (édition du lundi 3 août), son porte-parole, Bamba Yacouba, insiste : « Nous avons fini les travaux, Sagem doit donc être en mesure de travailler. » Il informe surtout l'opinion de ce que la Cei, qui a bouclé sa part de travail, attend désormais que les structures techniques lui livrent tranquillement, au plus tard le 24 août, la liste électorale provisoire.
La Cei a-t-elle réellement accompli sa part de travail ?
La réponse est non ! Contrairement à ce qu'avance l'institution chargée des élections, tous les sites de coordination ne sont pas encore fonctionnels pour le traitement des données recueillies lors de l'opération d'identification et d'enrôlement électoral. Jusqu'à hier, seulement 35 centres étaient utilisables sur un total de 70, y compris le site central. Tous les autres présentent des problèmes informatiques ou d'alimentation en électricité. Ce qui empêche leur ouverture ou une utilisation par à-coups.
Pour comprendre ces difficultés techniques, il convient de rappeler que les centres abritent du matériel informatique de pointe. Les opérateurs y numérisent les données et les transmettent par satellite au site central. Ces équipements doivent être sécurisés par une alimentation idoine en électricité. Pourtant, alors que la Cei soutient que tous les centres sont opérationnels, certains attendent toujours un simple disjoncteur pour le compteur électrique. Dans d'autres centres, les prises du réseau électrique n'existent pas. Parfois, la climatisation est hors-service. Une dizaine de centres attendent que la Cei écrive simplement à la Cie (Compagnie ivoirienne d'électricité) pour adapter le compteur à la demande de tension.
Par ailleurs, malgré l'aide de l'Onuci (Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire), la Cei n'a pu installer et équiper que 11 centres en groupe électrogène. Selon une source bien informée, Sagem Sécurité a été sollicité pour équiper d'autres centres. L'opérateur français a ainsi fourni 39 groupes électrogènes à autant de centres. Tous ces faits incitent finalement à conclure que l'institution dirigée par Mambé Beugré ne donne pas la bonne information aux Ivoiriens. Pourquoi une telle agitation qui ressemble fort à une fuite de responsabilités. Faut-il le rappeler, selon l'Accord politique de Ouagadougou (Apo), l'Institut national de la statistique (INS) et Sagem Sécurité élaborent la liste électorale « sous la responsabilité de la Cei. » Tout comme il revenait à l'organisateur des élections de procéder au « recensement électoral, avec collecte des données biométriques. » Mieux, cette structure a tout fait pour mettre la main sur le projet d'équipement des centres de coordination. Selon la convention qui le lie à l'opérateur français, l'Etat devait mettre à la disposition de celui-ci les infrastructures nécessaires à la bonne conduite de sa mission.
C'est ainsi que dès la fin 2008, la Primature a entrepris de lancer un appel d'offres pour les centres de coordination. Les fonds ont même été mis en place pour le paiement des factures. Près de 600 millions, selon nos sources. La Cei saisit alors la Primature par courrier pour exiger que le dossier lui soit transmis, car relevant de sa compétence. Sur instructions du Premier ministre, le projet est transféré à Mambé avec son budget. Selon une source très bien informée, la Primature a découvert que la Cei avait déjà passé beaucoup de marchés de gré à gré avec des entreprises peu outillées. Ce qui explique l'empressement de Guillaume Soro à se débarrasser d'une vraie bombe à retardement. Mais, il sera obligé de s'y impliquer. Car, jusqu'au début du mois de juin, les centres de coordinations n'étaient pas toujours aux normes requises. C'est sous la pression du Premier ministre, que le nombre de centres prêts sera porté à la trentaine en un mois.
Pire, bien qu'interpellée pendant des mois sur les difficultés liées à l'alimentation en électricité, la Cei n'a quasiment rien fait. En désespoir de cause, Sagem a dû diligenter un audit de cet aspect qui a révélé la mauvaise qualité du travail réalisé par plusieurs entreprises choisies selon des critères peu transparents.
Kesy B. Jacob