Le président de l'Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d'Ivoire était en tournée dans la région des 18 Montagnes. Un voyage qui a mis à nu l'ampleur de la crise que vit le parti arc-en-ciel.
Un périple de 6 jours (Du 24 au 29 juillet). 15 localités visitées : Bangolo, Logoualé, Nidrou, Totodrou, Guiglo-Gbéan, Kouibly, Facobly, Sipilou, Yorodougou, Biankouma, Bin-Houyé, Zouan-Hounien, Mahapleu, Danané et Man. Neuf meetings et six escales. De longues et pénibles chevauchées sur des pistes presqu'impraticables. Voici succinctement décrite, la tournée à l’Ouest du président de l'Union pour la démocratie et pour la paix (Udpci), Albert Mabri Toikeusse, à la tête d'une forte délégation. Une mission qui s'imposait au successeur du général Robert Guéi. L'actualité du parti étant marquée par de multiples départs, les sorties musclées de Siki Blon Blaise (son conseiller) contre sa gestion… Autant de couacs qui obligeaient Mabri à aller s'enquérir du moral de la base et connaître son poids réel face à celui qui se pose désormais comme son ennemi juré dans le département de Man.
Reprise en main d'un bastion
L'un des premiers défis que cherchait à relever le patron du parti arc-en-ciel en se lançant dans les montagnes de l'Ouest était de démontrer à tous que contrairement aux idées véhiculées, l'Udpci restait toujours débout dans les zones où elle a été lâchée par plusieurs cadres. Le député Yoro Louti à Yorodougou, Mme Tia Monné, présidente du Conseil général de Biankouma, Noutoua Youdé de Bin-Houyé, Oulé Tia Séraphin de Mahapleu… pour ne citer que ceux-là, sont tous partis. Il lui fallait venir reprendre la main dans les localités qui étaient sous le contrôle parfait de ces grosses pointures du parti. Et l'on peut dire, sans risque de se tromper, que la tournée aura permis à Mabri de démontrer qu'il n'a quasiment rien perdu de sa superbe dans ces villes. Logoualé, la terre natale de Siki Blon Blaise, est sortie pour accueillir en triomphe l'héritier de Guéi. Danses et chants étaient au rendez-vous. Scénario presqu'identique dans toutes les autres villes visitées. Sans les clés dont faisaient office ses anciens compagnons, Mabri est parvenu à ouvrir les portes des villages les plus reculés. Le médecin candidat à l'élection présidentielle, a, d'ailleurs à chaque étape, laissé éclater son sentiment de satisfaction. Fier de se sentir encore si présent dans les cœurs des filles et fils de ces contrées. « Je voudrais que vous notiez la vérité du terrain. En vérité, vous voyez que ceux qui partent, partent seuls avec dans leurs bagages, les quelques petits papiers qu'ils avaient déposés à l'Udpci. Mais les populations les ont abandonnés. Et c'est comme ça pour tous sans exception », a-t-il lancé à Bin-Houyé. L'autre équation que le ministre des Transports espérait résoudre en se lançant dans les hauteurs de l'Ouest est celle liée à ses rapports avec son conseiller Siki Blon Blaise. A ce niveau, son passage dans les différentes villes aura surtout permis de sentir la profondeur de la crise.
Les équations à résoudre
Cette guéguerre souterraine qui a surtout éclatée après la visite du chef de l'Etat dans l'Ouest montagneux, a provoqué des divisions profondes au sein des bases. Les partisans du président du conseil général de Man, surnommé le «Bulldozer», reprenant les mots de leur champion, accusent le premier responsable de l'Udpci de «mauvaise gestion» et d'«avarice». Ceux de Mabri voient en Blon Blaise «un vendu». Quelqu'un sur qui s'appui le chef de l'Etat pour casser l'Udpci. Gbagbo aurait demandé au candidat de l'Udpci de retirer sa candidature afin de lui laisser le champ libre à l'Ouest. En contrepartie, Mabri recevrait le poste de Premier ministre après la réélection du chef de l'Etat, avance-t-on dans le camp des «Mabrïstes».
Blon, un saboteur ?
C'est devant le refus de Mabri, que « Bulldozer » aurait été « recruté » pour casser le parti en deux ou au moins l'affaiblir. D'où tous les propos insultants et à la limite dégradants de Blon contre «son filleul» d'hier. «Bulldozer» qui a toujours démenti ces accusations aura toutefois affiché clairement cette intention de sabotage lors de cette tournée de Mabri. Organisant des contre-manifestations, il n'a cessé de réunir les populations d'un côté au moment où le président de son parti les invitait à un meeting de l'autre. Deux cas flagrants. Alors que la rencontre avec la population de Logoualé avait lieu, il organisait à Bogouiné, localité située à 15 km de son village maternel, une cérémonie de don de motos aux coordinateurs locaux. Le prétexte trouvé était l'installation d'un nouveau coordinateur local du parti. Comment comprendre qu'un membre de la direction veuille installer un représentant local du parti pendant que le président du parti est à 15 km en meeting ? Fait notable, c'est que l'homme dont Blon annonçait l'investiture, un militant visiblement plus engagé, n'était pas au rendez-vous de Bogouiné. Il a répondu à l'appel de son président à Logoualé.
Qu'importe, le « Bulldozer » a tenu sa manifestation. Mission accomplie pour lui. Car, sur 10 coordinations que compte la localité, 9 étaient à Bogouiné. Tous les chefs de villages, exception faite du chef central, y étaient aussi. Selon des indiscrétions, chaque gardien de la tradition présent, a reçu une enveloppe de 100 mille Fcfa de la part de Blon. Deuxième fait. A Man, Mabri organise un meeting géant pour clôturer sa tournée. Blon tient, à quelques mètres de là, une manifestation à « la place de la paix ». Tous s'attendent à ce qu'il réponde aux discours de Mabri et autres Blé Guirao. Que non ! Les observateurs ont du mal à comprendre ce qui urgeait autant pour que Blon veuille absolument parler ce même jour. Le concerné expliquera le caractère de sa cérémonie lui-même en ces termes : « La rencontre d'aujourd'hui (Ndlr : mercredi 29 juillet) n'est pas un meeting. C'est une journée de reconnaissance. Elle est programmée depuis 6 mois. C'est un hommage que je rends aux matrones qui ont donné vie à des enfants dans cette ville pendant la guerre. J'ai voulu également y associer les chefs traditionnels et les religieux ». Plus tard, devant la presse, dans la soirée de la manifestation, Blon a fait la victime : « Vous étiez là. Je n'ai même pas dit le nom de Mabri. Pourtant lui a passé le temps à m'insulter ». Pourtant, dans un moment d'oubli, il se dévoilera en avouant que son intention est de «montrer à Flindé et Mabri qu'ils ne sont rien à Man». Même si la mobilisation de son président était largement au-dessus de la sienne, «Bulldozer» aura tout de même réussi à plonger la ville dans une ambiance maussade là où son patron voulait une fête. Aujourd'hui, à l'issue de cette tournée dans l'Ouest, l'on retiendra que Mabri garde toujours la main sur ses troupes des sous-préfectures de Man et environs. Il gagnerait par contre à régler rapidement l'équation Blon Blaise. Ce dernier, un vrai «dinosaure» au plan local, pourrait sérieusement fausser tous les calculs du parti arc-en-ciel dans les principaux chefs-lieux.
BKI, envoyé spécial
Un périple de 6 jours (Du 24 au 29 juillet). 15 localités visitées : Bangolo, Logoualé, Nidrou, Totodrou, Guiglo-Gbéan, Kouibly, Facobly, Sipilou, Yorodougou, Biankouma, Bin-Houyé, Zouan-Hounien, Mahapleu, Danané et Man. Neuf meetings et six escales. De longues et pénibles chevauchées sur des pistes presqu'impraticables. Voici succinctement décrite, la tournée à l’Ouest du président de l'Union pour la démocratie et pour la paix (Udpci), Albert Mabri Toikeusse, à la tête d'une forte délégation. Une mission qui s'imposait au successeur du général Robert Guéi. L'actualité du parti étant marquée par de multiples départs, les sorties musclées de Siki Blon Blaise (son conseiller) contre sa gestion… Autant de couacs qui obligeaient Mabri à aller s'enquérir du moral de la base et connaître son poids réel face à celui qui se pose désormais comme son ennemi juré dans le département de Man.
Reprise en main d'un bastion
L'un des premiers défis que cherchait à relever le patron du parti arc-en-ciel en se lançant dans les montagnes de l'Ouest était de démontrer à tous que contrairement aux idées véhiculées, l'Udpci restait toujours débout dans les zones où elle a été lâchée par plusieurs cadres. Le député Yoro Louti à Yorodougou, Mme Tia Monné, présidente du Conseil général de Biankouma, Noutoua Youdé de Bin-Houyé, Oulé Tia Séraphin de Mahapleu… pour ne citer que ceux-là, sont tous partis. Il lui fallait venir reprendre la main dans les localités qui étaient sous le contrôle parfait de ces grosses pointures du parti. Et l'on peut dire, sans risque de se tromper, que la tournée aura permis à Mabri de démontrer qu'il n'a quasiment rien perdu de sa superbe dans ces villes. Logoualé, la terre natale de Siki Blon Blaise, est sortie pour accueillir en triomphe l'héritier de Guéi. Danses et chants étaient au rendez-vous. Scénario presqu'identique dans toutes les autres villes visitées. Sans les clés dont faisaient office ses anciens compagnons, Mabri est parvenu à ouvrir les portes des villages les plus reculés. Le médecin candidat à l'élection présidentielle, a, d'ailleurs à chaque étape, laissé éclater son sentiment de satisfaction. Fier de se sentir encore si présent dans les cœurs des filles et fils de ces contrées. « Je voudrais que vous notiez la vérité du terrain. En vérité, vous voyez que ceux qui partent, partent seuls avec dans leurs bagages, les quelques petits papiers qu'ils avaient déposés à l'Udpci. Mais les populations les ont abandonnés. Et c'est comme ça pour tous sans exception », a-t-il lancé à Bin-Houyé. L'autre équation que le ministre des Transports espérait résoudre en se lançant dans les hauteurs de l'Ouest est celle liée à ses rapports avec son conseiller Siki Blon Blaise. A ce niveau, son passage dans les différentes villes aura surtout permis de sentir la profondeur de la crise.
Les équations à résoudre
Cette guéguerre souterraine qui a surtout éclatée après la visite du chef de l'Etat dans l'Ouest montagneux, a provoqué des divisions profondes au sein des bases. Les partisans du président du conseil général de Man, surnommé le «Bulldozer», reprenant les mots de leur champion, accusent le premier responsable de l'Udpci de «mauvaise gestion» et d'«avarice». Ceux de Mabri voient en Blon Blaise «un vendu». Quelqu'un sur qui s'appui le chef de l'Etat pour casser l'Udpci. Gbagbo aurait demandé au candidat de l'Udpci de retirer sa candidature afin de lui laisser le champ libre à l'Ouest. En contrepartie, Mabri recevrait le poste de Premier ministre après la réélection du chef de l'Etat, avance-t-on dans le camp des «Mabrïstes».
Blon, un saboteur ?
C'est devant le refus de Mabri, que « Bulldozer » aurait été « recruté » pour casser le parti en deux ou au moins l'affaiblir. D'où tous les propos insultants et à la limite dégradants de Blon contre «son filleul» d'hier. «Bulldozer» qui a toujours démenti ces accusations aura toutefois affiché clairement cette intention de sabotage lors de cette tournée de Mabri. Organisant des contre-manifestations, il n'a cessé de réunir les populations d'un côté au moment où le président de son parti les invitait à un meeting de l'autre. Deux cas flagrants. Alors que la rencontre avec la population de Logoualé avait lieu, il organisait à Bogouiné, localité située à 15 km de son village maternel, une cérémonie de don de motos aux coordinateurs locaux. Le prétexte trouvé était l'installation d'un nouveau coordinateur local du parti. Comment comprendre qu'un membre de la direction veuille installer un représentant local du parti pendant que le président du parti est à 15 km en meeting ? Fait notable, c'est que l'homme dont Blon annonçait l'investiture, un militant visiblement plus engagé, n'était pas au rendez-vous de Bogouiné. Il a répondu à l'appel de son président à Logoualé.
Qu'importe, le « Bulldozer » a tenu sa manifestation. Mission accomplie pour lui. Car, sur 10 coordinations que compte la localité, 9 étaient à Bogouiné. Tous les chefs de villages, exception faite du chef central, y étaient aussi. Selon des indiscrétions, chaque gardien de la tradition présent, a reçu une enveloppe de 100 mille Fcfa de la part de Blon. Deuxième fait. A Man, Mabri organise un meeting géant pour clôturer sa tournée. Blon tient, à quelques mètres de là, une manifestation à « la place de la paix ». Tous s'attendent à ce qu'il réponde aux discours de Mabri et autres Blé Guirao. Que non ! Les observateurs ont du mal à comprendre ce qui urgeait autant pour que Blon veuille absolument parler ce même jour. Le concerné expliquera le caractère de sa cérémonie lui-même en ces termes : « La rencontre d'aujourd'hui (Ndlr : mercredi 29 juillet) n'est pas un meeting. C'est une journée de reconnaissance. Elle est programmée depuis 6 mois. C'est un hommage que je rends aux matrones qui ont donné vie à des enfants dans cette ville pendant la guerre. J'ai voulu également y associer les chefs traditionnels et les religieux ». Plus tard, devant la presse, dans la soirée de la manifestation, Blon a fait la victime : « Vous étiez là. Je n'ai même pas dit le nom de Mabri. Pourtant lui a passé le temps à m'insulter ». Pourtant, dans un moment d'oubli, il se dévoilera en avouant que son intention est de «montrer à Flindé et Mabri qu'ils ne sont rien à Man». Même si la mobilisation de son président était largement au-dessus de la sienne, «Bulldozer» aura tout de même réussi à plonger la ville dans une ambiance maussade là où son patron voulait une fête. Aujourd'hui, à l'issue de cette tournée dans l'Ouest, l'on retiendra que Mabri garde toujours la main sur ses troupes des sous-préfectures de Man et environs. Il gagnerait par contre à régler rapidement l'équation Blon Blaise. Ce dernier, un vrai «dinosaure» au plan local, pourrait sérieusement fausser tous les calculs du parti arc-en-ciel dans les principaux chefs-lieux.
BKI, envoyé spécial