"Personne ne nous a associé aux préparatifs de ces obsèques. Il paraît que c`est désormais le 19 septembre que cela se fera à Kabacouma. Dans tous les cas l`UDPCI sera présente ". Ces propos sont de Mabri Toikeusse, président de l`union pour la démocratie et la paix en Côte d`Ivoire (UDPCI). Les paroles du premier responsable du parti arc-en-ciel traduisent les sentiments de milliers de militants tenus à l`écart de ce qui devrait être l`ultime adieu à l`inspirateur de l`UDPCI, Robert Guéi, tombé aux premières heures de la finissante crise armée ivoirienne. A Kabacouma où il s`était rendu dans la matinée du dimanche pour un meeting, Mabri Toikeusse a pu constater que cette inhumation est bien la seule affaire de Franck Guéi, fils aîné du défunt. Ce dernier qui s`affiche beaucoup plus comme un farouche anti-Mabri qu`un pro-Laurent Gbagbo convaincu, évite, écarte même de ces préparatifs tout individu fidèle ou supposé tel au ministre des transports. C`est ainsi qu`un Mayéré Wohi Sylvain, cadre à la retraite, neveu de la famille Guéi et surtout secrétaire de section UDPCI, récemment admis au bureau politique du parti, ignore tout des travaux devant amener à la réussite des funérailles de son oncle. Chez les Dan pourtant comme chez beaucoup de peuples en Côte d`Ivoire, le neveu devrait être au four et au moulin en pareille situation. Dans la modeste cour du défunt les travaux de construction d`un caveau, un autre, vont bon train. Mais il est bien évident que les dates annoncées ne seront pas tenues. D`ailleurs, le chef du village, Doh Sahi et le porte-parole des Guéi ont officiellement sollicité des autorités le report de ces dates. " Nous souhaitons que la cérémonie soit reportée d`une vingtaine de jours pour nous permettre d`être totalement prêts ". Ainsi, le 19 septembre a été proposé coïncidant du coup avec la date anniversaire de la disparition de Robert Guéi. Ironie du sort, cette date symbolique a toujours été le souhait des militants de l`UDPCI avec à leur tête Mabri Toikeusse. Franck Guéi très actif sur le terrain de ces préparatifs, est encadré par la frange militante FPI et la mouvance présidentielle du village. A sa tête l`adjoint au maire de Biankouma, Sigui Albert. Ce dernier qui a flirté avec plusieurs partis politiques au gré de ses intérêts n`est plus officiellement à l`UDTCI de Tia Monnet Beritine Aude. Il est (re)devenu un chantre de la refondation faisant barrage à tous ceux qui comme les militants UDPCI veulent offrir les suffrages de Kabacouma à un autre candidat. L`aîné des Guéi s`est offert un autre tuteur, Blon Blaise, le tout puissant président du conseil général de Man. Le bulldozer a transposé son inimitié actuelle avec Mabri sur les terres de Kabacouma. " J`ai appelé Tonton Blon à mes côtés pour qu`il me donne des conseils, car il a de l`expérience ", explique Franck. Pour Blon Blaise " Mabri a détourné l`argent devant servir à la construction de la première sépulture de Guéi à Kabacouma. Il ne pense qu`à son ventre, au matériel. Moi, c`est le volet humain de l`héritage de Guéi qui m`interesse ". Rappelons que, pour la construction de ce premier caveau, aujourd`hui à l`abandon, un comité avait été mis sur pied comprenant le maire de Biankouma, Blondé Siaba, sous la supervision de Blon Blaise. L`entrepreneur a été choisi par les enfants Guéi. Le bulldozer sait donc très bien de quoi il parle et beaucoup de révélations pourraient donc être faites le moment venu. Par ailleurs, une chose étonne les observateurs à quelques jours de l`événement. C`est qu`aucun comité d`organisation n`existe officiellement à ce jour. Personne dans le village n`est au fait de son existence. Il est vrai que c`est l`Etat qui organise, mais cela n`exclut pas une organisation interne. Ce comité n`existe ni à Abidjan, ni sur le terrain à Kabacouma. C`est le silence total. A Kabacouma aujourd`hui, une certitude s`est installée. Le corps de Robert Guéi reposera sur ses terres. En témoignent les travaux en cours et l`implication personnelle de Franck Guéi longtemps opposé au projet. Pour la date, prière attendre. Quant à la participation de tous, notamment l`ensemble du village pour le dernier hommage à son illustre fils, rien n`est moins sûr. " Si les choses sont effectives, nous viendrons. Car seule compte pour nous la mémoire de "papa Roméo" et non tous ces agissements politiciens", a tranché Bamba François, un fils du village.
SAKO OUMAR
Correspondant région des montagnes
SAKO OUMAR
Correspondant région des montagnes
