Barack Obama, le nouveau président américain, évoquait récemment ses années à Harvard : « J’en suis sorti avec un diplôme et des dettes jusqu’à la fin de mes jours. » Un bon résumé de la situation des étudiants américains. En 2004, deux tiers d’entre eux avaient recours à des prêts pour financer leurs quatre ans d’études, contre moins de 50 % il y a dix ans. Et les montants empruntés explosent : 19 200 dollars en moyenne, en hausse de 58 % depuis 1993, tandis que 7 % des étudiants ont contracté une dette d’au moins 40 000 dollars ! En cause, l’envol des frais d’inscription (50 % de hausse depuis 1990), la stagnation des aides financières d’Etat, mais aussi le manque de scrupules des organismes de crédit, qui refilent sans trop de mal à cette clientèle peu avertie des prêts dont les taux d’intérêt peuvent atteindre 20 %. Contrairement au Royaume-Uni ou aux pays du nord de l’Europe, l’Etat ne garantit pas les prêts et aucun dispositif ne vient limiter les remboursements. Voilà pourquoi Martin, qui a emprunté 73 000 dollars à un taux de 18 % pour étudier dans une école de cuisine de Chicago, se retrouve avec des mensualités de 1 100 dollars, soit l’équivalent de son salaire ! Avec les agios, sa dette atteint aujourd’hui la somme faramineuse de 98 000 dollars. Conséquence : beaucoup de jeunes diplômés abandonnent leur vocation d’enseignant ou d’infirmière pour des métiers mieux payés, retardent leur mariage ou l’achat d’un appartement… Surtout, on estime que quelque 170 000 lycéens (22 %) renoncent à s’inscrire à l’université. Le Congrès, inquiet de cette situation, a promis de prendre des mesures. En attendant, les facs ont accru leurs aides et modulent le montant des droits en fonction du revenu des familles. Ainsi, au-dessous de 45 000 dollars de revenus annuels, les élèves sont désormais dispensés de frais d’inscription à Stanford, où les deux tiers des étudiants reçoivent une bourse. Il est vrai qu’une année à Stanford revient, hébergement compris, à 45 608 dollars
Hélène Vissière
Source : Le Point
Hélène Vissière
Source : Le Point