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Économie Publié le vendredi 4 septembre 2009 | Nord-Sud

Absence de panneaux de signalisation, de bandes blanches : Les piétons livrés aux véhicules

Conduire un véhicule à Abidjan n’est pas chose facile si vous n’êtes pas un ‘’ rodé’’. Les piétons sont désorientés par l’absence ou disparition des bandes blanches. Les carrefours et les virages sont dangereux à cause du manque de panneaux de signalisations.

La route précède le développement, dit l’assertion. Mais en Côte d’Ivoire, elle précède désormais la mort. Chaque année, au moins 5000 accidents de la circulation surviennent sur les routes ivoiriennes causant des milliers de pertes en vie humaine. Une bonne partie de ces drames est liée à l’absence ou la disparation des bandes blanches et autres panneaux de signalisation. « Dans ce pays, on utilise la route pour les campagnes politiques. Malheureusement, après ces campagnes on vient s’asseoir et on oublie cette infrastructure routière qui est utile pour le développement», s’indigne un conducteur de Massa qui fait la ligne Daloa-Abidjan. Selon M. Assa Ale­xandre, président de l’Ong « Piéton en danger », 59% des accidents de la circulation en 2008 sont provoqués par le manque de panneaux ou de bandes sécurisantes qui servent à la visibilité et au passage des piétons. Elles ont presque toutes disparu sur les grandes voies du pays, au moment où ailleurs, l’on parle déjà de bandes dites «podotactiles ». Celles-ci sont appliquées sur les trottoirs aux abords des passages aménagés pour les piétons et servent à indiquer aux personnes mal-voyantes la proximité de la rue. Sur le boulevard Giscard d’Estaing, ce sont plutôt ces bandes qui ne sont plus « voyantes ». « Les carrefours de Treichville, Marcory et de Koumassi sont traversés chaque jour par environ 5.000 piétons. Imaginez le nombre de personnes qui traversent ces grandes intersections dans le mois et dans l’année», interroge Assa Yobouët Ale­xandre. L’Ong à retracé ces indications en 2008, mais beaucoup reste à faire. Sur l’autoroute qui mène à Abobo, c’est le même constat. En plusieurs carrefours, les piétons sont obligés de braver les automobilistes à qui rien n’indique le droit des premiers. Au niveau de l’université d’Abobo-Adjamé, aucune bande n’est visible. Pareil au rond-point du Banco et celui de mairie. Ces carrefours sont traversés chaque jour par des milliers de piétons qui voient ainsi leur vie exposée. La commune de Yopougon n’y échappe pas. « Au niveau du carrefour Ficgayo et du carrefour Siporex, faute de bandes blanches la traversée de la route se fait toujours la peur au ventre », déplore Fofana Bema, chauffeur de Gbaka sur la ligne Adjamé-Yopougon. Les bandes n’existent plus sur l’autoroute du Nord et le boulevard Latrille de Cocody. Le problème ne concerne pas que les artères de la capitale économique. Sur les voies nationales, difficile de rouler la nuit. Il y a beaucoup de sorties de route à cause du manque de bandes blanches », ajoute M. Assa. « Lorsque vous allez à Akoupé, vous serez servi de bande blanche d’Abidjan à Adzopé. Mais, après Adzopé, il n’y a plus de bande blanche. Or, ces bandes nous permettent de limiter la voie en roulant. En leur absence, le goudron est tout noir et vous pouvez à tout moment faire une sortie de route. Vous êtes obligé de rouler doucement », affirme un transporteur de cette ligne. Mais, ce serait encore mieux si l’insécurité routière s’arrêtait là.

Pas de panneaux de signalisation

Malheureusement, il faut aussi compter avec l’absence remarquable des panneaux de signalisation sur nos routes. Quand il en existe, ils sont exploités à d’autres fins... « A la place Akwaba de Port-Bouët, par exemple, il devait y avoir un panneau stop pour insister sur la priorité, pour les automobilistes qui viennent de l’aéroport. Pour nous qui sommes habitués à cette voie, c’est facile de s’en sortir sans panneau. Mais, pour les étrangers où les nouveaux chauffeurs, c’est difficile. Et cette défaillance est souvent source d’accident », relate Aliou G., un chauffeur de taxi qui fait la ligne gare de Bassam-Gonzagueville. Presque tout le boulevard est confronté à ce problème. Au niveau du carrefour Solibra, quelques panneaux stop sont visibles, mais, en lieu et place des signaux, ce sont les affiches. A Abobo où on enregistre beaucoup d’accidents, les panneaux sont rares. Au niveau des carrefours « Anador », Matenin (Avocatier), aux ronds-points de la gare et de Samaké, l’absence des panneaux de signalisation de sens giratoire et de priorité est à décrier. « Au carrefour Matenin, il y a très souvent des accidents parce que ceux qui viennent de la Plaque ne respectent pas la priorité », explique Hamed, un chauffeur de wôrô-wôrô qui fait la ligne. Ce même désordre se constate au rond-point de Samaké. Cocody, la commune de luxe, ne fait pas exception. Au carrefour Saint-Jean de Cocody, devant la statue, le panneau stop est recouvert d’affiches publicitaires. Il ne sert plus à rien. Au célèbre « Carrefour de la vie » sur le boulevard Latrille qui en dit long par son nom, le panneau giratoire est recouvert d’affiches. Le sens giratoire ne s’aperçoit qu’à moitié. Sur le même Latrille, au « Glacier les Oscars », il n’y a ni feux tricolores ni panneaux stop. Ce qui fait de ce carrefour l’un des nombreux points d’accident de la capitale économique. On se rappelle de l’accident du garde de sécurité du président de la République, Me Bahi Patrice, à ce carrefour. Que sont advenus ces panneaux de signalisation ? «Les panneaux sont souvent volés pour aller faire des marmites », se désole M. Assa. Au vu et au su de tous. Sécurité routière, vous avez dit sécurité routière ?

Raphaël Tanoh
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