Les médicaments ont des effets secondaires dits indésirables sur l'organisme. La mort ou des maladies graves surviennent dès la prise de certains d'entre eux. Enquête.
« Aucun médicament n'est dépourvu de risques », affirme l'Organisation mondiale de la Santé (Oms). Parallèlement à ses effets bénéfiques préventifs ou curatifs, le médicament peut avoir des effets nocifs, pouvant être parfois mortels. Toutes les populations du monde sont touchées par ces effets secondaires dits « indésirables ». Ce sont des réactions de l'organisme « non souhaitées » suite à la prise d'un remède en respectant la dose recommandée. Ces effets indésirables peuvent être neurologiques, psychologiques ou comportementaux, cutanés ou digestifs. Ils sont variés et concernent quasiment tous les médicaments. Annick, jeune étudiante résidant à la cité universitaire d'Abobo II, en a fait les frais. Elle a subi les effets secondaires d'un antibiotique. Pour traiter des infections respiratoires, son médecin lui prescrit une boîte de Floxine 400 mg. La patiente devait avaler 1 comprimé tous les matin et soir pendant 5 jours. Tout se complique après le premier jour du traitement. «Le deuxième jour, je ne me sentais pas bien. Après la prise du comprimé, quand je marchais, j'avais l'impression de flotter dans l'air », explique-t-elle. Elle poursuit : « Je me rendais chez une tante. En cours de chemin, j'ai dû me retourner parce que je ne savais plus où je me rendais», se souvient-elle. La jeune fille a pensé qu'elle devenait folle. De retour dans sa chambre, une lecture attentive de la notice lui a permis de constater qu'elle avait des troubles de mémoire. « J'ai carrément arrêté le traitement », affirme-t-elle. Des troubles de mémoire, Bernard en a connu en prenant l'antipaludique Artequine. Le médicament censé le guérir l'a fait souffrir pendant une semaine. « Au début, je ne savais pas lequel des médicaments me donnait tant le vertige. C'est après avoir réconsulté le médecin que je l'ai découvert. Il m'a fait arrêter le traitement et m'en a prescrit un autre », ajoute Bernard. Si les premiers cas cités se sont limités à des désagréments passagers, il arrive souvent que les effets indésirables conduisent à la mort. C'est le cas de la tante de Cindy qui est décédée en absorbant des antiretroviraux. En effet, la maladie de la dame a empiré lorsqu'elle a commencé le traitement. « Elle faisait la diarrhée. Elle était mal en point. Le troisième jour, nous l'avons évacuée au Chu de Treichville. Quelques heures après, son médecin-traitant nous annonce qu'elle a rendu l'âme », relate la jeune fille. Selon les propos du médecin rapportés par Cindy, la tante déclarée séropositive n'a pas supporté les anti-retro-viraux qui devaient l'aider à survivre à son infection. Un autre médecin dont la patiente a été victime des effets nocifs des antiretroviraux estime que tous les médicaments sont potentiellement toxiques. Selon lui, les médecins font très souvent des contre-prescriptions parce qu'aucun examen n'est réalisé au préalable. On prescrit au malade des médicaments pour calmer son mal sans même savoir s'il est allergique à un ou plusieurs constituants du remède. Cela entraîne quelque fois des désastres.
Des désastres médicamenteux
Au dire d'un spécialiste, les effets secondaires sont dus aux erreurs de prescription. Il peut s'agir de la prescription d'un mauvais médicament, ou d'une posologie erronée appliquée à un bon médicament. La mort peut être provoquée par un trouble médical, génétique ou allergique qui n'a pas été détecté lors de la consultation. D'où la nécessité des examens. Il ajoute que les effets indésirables d'un même produit peuvent varier d'un patient à l'autre. L'Oms atteste que tous les médicaments ont à la fois des effets bénéfiques et un risque de nocivité. On peut réduire au maximum ce risque en veillant à ce que les prescriptions soient sûres, efficaces et utilisées par le bon patient, à la posologie et au moment convenables. Selon un autre médecin qui a requis l'anonymat (le sujet est très sensible), certains médicaments entraînent des maladies qui peuvent tuer tôt ou tard. Il s'agit de défaillances bien précises selon l'Oms : L'amidopyrine qui est un anti-inflammatoire favorise une anomalie leucocytaire. Un leucocyte est un globule blanc dont la fonction principale est de détruire les bactéries, les champignons et les virus, et de transformer des substances toxiques. Selon le praticien, une anomalie au niveau de ces organes peut entraîner plus tard la mort. Le clioquinol est une substance très utilisée comme antiseptique bactérien et fongistatique (substance qui stoppe la croissance des champignons pathogènes). On l'utilise très couramment dans le traitement des infections cutanées, telles que la gale. Cette substance donne des déficiences visuelles à la longue. L'érythromycine, un antibiotique utilisé contre les mêmes infections sensibles à la pénicilline, provoque des lésions graves au foie. Le traitement est de 2ème choix pour les personnes allergiques à la pénicilline. Le patient est exposé à d'autres maladies très graves qui peuvent le conduire à la mort immédiatement ou plus tard. Un cardiologue a noté qu'il faut se méfier des contraceptifs oraux. « Je reçois des femmes qui ont des caillots sanguins, connus sous le nom de thromboembolie. La majorité de ces femmes ont pris des contraceptifs oraux dans le passé ou certaines mêmes les prennent toujours », constate-t-il. Il continue : « la pilule favorise la thromboembolie, ce n'est plus un secret pour personne ». Il a, par la même occasion, évoqué un médicament prescrit aux femmes enceintes pour leur éviter la nausée le matin. C'était entre 1958 et 1961. Ce médicament, en apparence anodin, a causé des drames épouvantables. En effet, la thalidomide, prescrite à des femmes enceintes, a abouti à la naissance de « monstres phocomèles », c'est-à-dire d'enfants privés de bras et de jambes. Outre l'aspect dramatique pour ces enfants et leurs familles, cette affaire a mis en évidence la responsabilité médicale et pharmaceutique. Certains médicaments peuvent causer la mort. Mais, cela n'est perceptible que lors dd’une autopsie. C'est le cas de la Pop star Michael Jackson dont l'autopsie a révélé qu'il a été tué par des doses mortelles de Propofol, un anesthésiant puissant.
Minimiser les dégâts
L'Oms contribue à la sécurité mondiale des médicaments au moyen de son Programme international de La pharmacovigilance (qui a pour objectif de prévenir et de réduire les risques liés aux médicaments), mis en place dans les années 1960. Dans le cadre de cet effort de coopération, les États membres et l'Oms travaillent ensemble pour déterminer les liens possibles entre l'utilisation d'un médicament et des effets secondaires liés à son utilisation. Près d'une centaine de pays a mis en place des systèmes nationaux de notification des effets, indésirables à la base de données gérée par le Centre collaborateur de l'Oms, l'Uppsala Monitoring Centre. Lorsque des signaux révélateurs d'effets indésirables des médicaments apparaissent, l'Oms communique les résultats à tous ses États membres. Cette organisation transmet rapidement aux autorités sanitaires nationales les informations nouvelles sur les effets indésirables graves des produits pharmaceutiques. En plus, elle forme aussi des professionnels de la santé à la pharmacovigilance pour les médicaments nouveaux ou complexes (par exemple les antirétroviraux contre le Vih).
Adélaïde Konin (Stagiaire)
« Aucun médicament n'est dépourvu de risques », affirme l'Organisation mondiale de la Santé (Oms). Parallèlement à ses effets bénéfiques préventifs ou curatifs, le médicament peut avoir des effets nocifs, pouvant être parfois mortels. Toutes les populations du monde sont touchées par ces effets secondaires dits « indésirables ». Ce sont des réactions de l'organisme « non souhaitées » suite à la prise d'un remède en respectant la dose recommandée. Ces effets indésirables peuvent être neurologiques, psychologiques ou comportementaux, cutanés ou digestifs. Ils sont variés et concernent quasiment tous les médicaments. Annick, jeune étudiante résidant à la cité universitaire d'Abobo II, en a fait les frais. Elle a subi les effets secondaires d'un antibiotique. Pour traiter des infections respiratoires, son médecin lui prescrit une boîte de Floxine 400 mg. La patiente devait avaler 1 comprimé tous les matin et soir pendant 5 jours. Tout se complique après le premier jour du traitement. «Le deuxième jour, je ne me sentais pas bien. Après la prise du comprimé, quand je marchais, j'avais l'impression de flotter dans l'air », explique-t-elle. Elle poursuit : « Je me rendais chez une tante. En cours de chemin, j'ai dû me retourner parce que je ne savais plus où je me rendais», se souvient-elle. La jeune fille a pensé qu'elle devenait folle. De retour dans sa chambre, une lecture attentive de la notice lui a permis de constater qu'elle avait des troubles de mémoire. « J'ai carrément arrêté le traitement », affirme-t-elle. Des troubles de mémoire, Bernard en a connu en prenant l'antipaludique Artequine. Le médicament censé le guérir l'a fait souffrir pendant une semaine. « Au début, je ne savais pas lequel des médicaments me donnait tant le vertige. C'est après avoir réconsulté le médecin que je l'ai découvert. Il m'a fait arrêter le traitement et m'en a prescrit un autre », ajoute Bernard. Si les premiers cas cités se sont limités à des désagréments passagers, il arrive souvent que les effets indésirables conduisent à la mort. C'est le cas de la tante de Cindy qui est décédée en absorbant des antiretroviraux. En effet, la maladie de la dame a empiré lorsqu'elle a commencé le traitement. « Elle faisait la diarrhée. Elle était mal en point. Le troisième jour, nous l'avons évacuée au Chu de Treichville. Quelques heures après, son médecin-traitant nous annonce qu'elle a rendu l'âme », relate la jeune fille. Selon les propos du médecin rapportés par Cindy, la tante déclarée séropositive n'a pas supporté les anti-retro-viraux qui devaient l'aider à survivre à son infection. Un autre médecin dont la patiente a été victime des effets nocifs des antiretroviraux estime que tous les médicaments sont potentiellement toxiques. Selon lui, les médecins font très souvent des contre-prescriptions parce qu'aucun examen n'est réalisé au préalable. On prescrit au malade des médicaments pour calmer son mal sans même savoir s'il est allergique à un ou plusieurs constituants du remède. Cela entraîne quelque fois des désastres.
Des désastres médicamenteux
Au dire d'un spécialiste, les effets secondaires sont dus aux erreurs de prescription. Il peut s'agir de la prescription d'un mauvais médicament, ou d'une posologie erronée appliquée à un bon médicament. La mort peut être provoquée par un trouble médical, génétique ou allergique qui n'a pas été détecté lors de la consultation. D'où la nécessité des examens. Il ajoute que les effets indésirables d'un même produit peuvent varier d'un patient à l'autre. L'Oms atteste que tous les médicaments ont à la fois des effets bénéfiques et un risque de nocivité. On peut réduire au maximum ce risque en veillant à ce que les prescriptions soient sûres, efficaces et utilisées par le bon patient, à la posologie et au moment convenables. Selon un autre médecin qui a requis l'anonymat (le sujet est très sensible), certains médicaments entraînent des maladies qui peuvent tuer tôt ou tard. Il s'agit de défaillances bien précises selon l'Oms : L'amidopyrine qui est un anti-inflammatoire favorise une anomalie leucocytaire. Un leucocyte est un globule blanc dont la fonction principale est de détruire les bactéries, les champignons et les virus, et de transformer des substances toxiques. Selon le praticien, une anomalie au niveau de ces organes peut entraîner plus tard la mort. Le clioquinol est une substance très utilisée comme antiseptique bactérien et fongistatique (substance qui stoppe la croissance des champignons pathogènes). On l'utilise très couramment dans le traitement des infections cutanées, telles que la gale. Cette substance donne des déficiences visuelles à la longue. L'érythromycine, un antibiotique utilisé contre les mêmes infections sensibles à la pénicilline, provoque des lésions graves au foie. Le traitement est de 2ème choix pour les personnes allergiques à la pénicilline. Le patient est exposé à d'autres maladies très graves qui peuvent le conduire à la mort immédiatement ou plus tard. Un cardiologue a noté qu'il faut se méfier des contraceptifs oraux. « Je reçois des femmes qui ont des caillots sanguins, connus sous le nom de thromboembolie. La majorité de ces femmes ont pris des contraceptifs oraux dans le passé ou certaines mêmes les prennent toujours », constate-t-il. Il continue : « la pilule favorise la thromboembolie, ce n'est plus un secret pour personne ». Il a, par la même occasion, évoqué un médicament prescrit aux femmes enceintes pour leur éviter la nausée le matin. C'était entre 1958 et 1961. Ce médicament, en apparence anodin, a causé des drames épouvantables. En effet, la thalidomide, prescrite à des femmes enceintes, a abouti à la naissance de « monstres phocomèles », c'est-à-dire d'enfants privés de bras et de jambes. Outre l'aspect dramatique pour ces enfants et leurs familles, cette affaire a mis en évidence la responsabilité médicale et pharmaceutique. Certains médicaments peuvent causer la mort. Mais, cela n'est perceptible que lors dd’une autopsie. C'est le cas de la Pop star Michael Jackson dont l'autopsie a révélé qu'il a été tué par des doses mortelles de Propofol, un anesthésiant puissant.
Minimiser les dégâts
L'Oms contribue à la sécurité mondiale des médicaments au moyen de son Programme international de La pharmacovigilance (qui a pour objectif de prévenir et de réduire les risques liés aux médicaments), mis en place dans les années 1960. Dans le cadre de cet effort de coopération, les États membres et l'Oms travaillent ensemble pour déterminer les liens possibles entre l'utilisation d'un médicament et des effets secondaires liés à son utilisation. Près d'une centaine de pays a mis en place des systèmes nationaux de notification des effets, indésirables à la base de données gérée par le Centre collaborateur de l'Oms, l'Uppsala Monitoring Centre. Lorsque des signaux révélateurs d'effets indésirables des médicaments apparaissent, l'Oms communique les résultats à tous ses États membres. Cette organisation transmet rapidement aux autorités sanitaires nationales les informations nouvelles sur les effets indésirables graves des produits pharmaceutiques. En plus, elle forme aussi des professionnels de la santé à la pharmacovigilance pour les médicaments nouveaux ou complexes (par exemple les antirétroviraux contre le Vih).
Adélaïde Konin (Stagiaire)