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Société Publié le mercredi 16 septembre 2009 | Nord-Sud

Drame à Aboisso : Les familles des défunts réclament justice

Le drame du koutoukou subvenu à Aboisso a endeuillé de nombreuses familles, qui réclament justice. Nord-Sud Quotidien est allé à la rencontre des familles des victimes.

Le quartier commerce d’Aboisso, situé en plein centre ville, lieu très fréquenté par les inconditionnels de l’alcool frelaté (Koutoukou, KTK), connaît une ambiance particulière ce lundi 14 septembre. Quelques bistrots sont fermés. Ceux qui sont ouverts ne grouillent pas de monde comme au quotidien notamment à partir de 16 heures. Non loin de ces bistrots qui jonchent les rues, se trouve la cour de Palé Délimité, le coiffeur décédé samedi. Il est mort après consommation d’alcool frelaté. Dans cette cour, l’atmosphère est lourde. Il est environ 18h30. La tristesse se lit sur les visages. Bamba Geneviève, la trentaine, petite amie de Palé Délimité, est assise sur une chaise pliante, la main droite sur la joue. Elle a du mal à se remettre du décès précoce de son ami. A côté d’elle, des visiteurs, parents et connaissances venus présenter les condoléances. La gorge nouée par la douleur, elle explique les faits. «Samedi je l’ai laissé à la maison pour aller au travail aux environs de 8 heures. Quelques temps après, je reçois un coup de fil. On me demande de rentrer urgemment à la maison parce que Palé est agonisant. J’arrive, la scène est insoutenable. Il bavait et respirait à peine. Nous l’avons conduit au Chr d’A­bois­so mais il avait déjà rendu l’â­me » raconte-t-elle encore sous le choc. En ajoutant que «le matin il est allé boire une tournée de koutoukou. Ce qu’il a l’habitude de faire. Cette fois-ci il a ressenti de fortes douleurs abdominales». L’inhumation a été faite dimanche à Aboisso. «Vraiment, nous souhaitons que la lumière soit faite sur cette affaire devant laquelle nous sommes impuissants», exhorte-t-elle. Palé Délimité laisse derrière lui une fillette de 6 ans et une famille dans la douleur. De l’autre côté du quartier commerce, se trouve la famille de Tanoh Fien Haoua. Là-bas, on est plutôt tourné vers les préparatifs des funérailles. Aucune date de l’inhumation n’est encore arrêtée. On pouvait voir aussi la tristesse sur les visages. Son frère cadet, Omar, est marqué par la disparition brutale de son aîné. «Le samedi matin, j’étais assis dans la cour quand mon frère a commencé à avoir un malaise. Il se plaignait de douleur au ven­tre et de fortes brûlures au niveau de la gorge. Il s’efforçait de vomir mais en vain. Il s’affaiblissait. Aidé par une cousine, nous l’avons transporté d’urgence au Chr de la ville. Tout semblait aller mieux, quand le médecin, nous annonce après qu’il est décédé. Nous sommes vraiment attristés par ce qui s’est passé. Nous attendons les résultats des enquêtes de la police », raconte-t-il.

Les survivants du «koutoukou» à problème

Les deux autres victimes du « KTK », admis samedi au Chr d’Aboisso sont hors de danger selon des sources médicales. Kattié Ehui, 29 ans, couturier, que nous avons rencontré lundi au Chr avait l’air inquiet. Placé sous perfusion, il était assis devant les visiteurs le regard perdu dans la salle. Il accepte néanmoins de parler de sa mésaventure. «Le vendredi 11 septembre à la descente du boulot. Je me suis rendu dans un bistrot situé derrière le Chr. C’était entre 18 et 19 heures. Cet endroit, je le fréquente régulièrement. Mais, ce jour-là, après avoir pris deux verres de koutoukou, j’ai ressenti de petites douleurs que j’ai crues passagères. Le soir, j’ai même mangé. Ce n’est que le lendemain matin (Samedi 12 septembre) que j’ai piqué une crise. J’ai été évacué à l’hôpital. Aujourd’hui, je me sens un peu bien », explique-t-il avec regret. Assoukon Adjehi, garagiste, 29 ans, est aussi admis dans la même salle d’hospitalisation. Apparemment il semble porter encore les séquelles. Couché sur son lit, il est également mis sous perfusion. Il tente de se redresser pour échanger avec les visiteurs, mais n’y arrive pas. Il se recou­che donc. Il essaie de prononcer quelques mots. « C’est samedi à 9 h30 que je suis allé dans le bistrot de Bernard au quartier commerce. Après 2 verres de koutoukou, je me suis senti mal. Je ressentais des douleurs au ventre. Je commencé à vomir. C’est une tantie du quartier qui a appelé les secours et j’ai été évacué dans cet hôpital», explique-t-il avec remords en fixant sa femme et sa fille venues lui rendre visite. Malgré la triste nouvelle qui a frappé la ville d’Aboisso, des inconditionnels du « KTK » n’ont pas encore rompu le cordon. Lundi, aux environs de 19 heures, des friands prenaient place dans les bistrots pour savourer cette boisson très prisée dans le Sanwi. C’est le cas de Assagou Gerard, peintre en bâtiment, un inconditionnel de cette boisson, vante les qualités de cette boisson. «Le koutoukou fonctionne comme un stimulant. Lorsque je le prends j’arrive à faire mon boulot sans problème. Ça me donne plus de force. Je prends 3 verres le matin et 4 verres le soir. Si je continue de fréquenter les bistrots, ça dépend du lieu, de la bouteille et aussi du fournisseur» soutient-il, devant un verre de «KTK» au gingembre. Nikiéma Jean, vendeur de viande au marché d’A­boisso, acquiesce de la tête à ses propos. Ce dernier est aussi un adepte du «koutoukou». Il affirme qu’il fréquente depuis deux ans ce bistrot. «Comme il l’a dit ça dépend du lieu. Cela fait deux ans que je fréquente ce bistrot. Je fais confiance à la vendeuse».

Emmanuelle Kanga, Correspondante régionale.
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